Cominal: Comtor d'Apchier.
champouirau, chapurriau, chapurriat, chapurreau, la franja del meu cul, parlem chapurriau, escriure en chapurriau, ortografía chapurriau, gramática chapurriau, lo chapurriau de Aguaviva o Aiguaiva, origen del chapurriau, dicsionari chapurriau, yo parlo chapurriau; chapurriau de Beseit, Matarranya, Matarraña, Litera, Llitera, Mezquín, Mesquí, Caspe, Casp, Aragó, aragonés, Frederic Mistral, Loís Alibèrt, Ribagorça, Ribagorsa, Ribagorza, astí parlem chapurriau, occitan, ocsitá, òc, och, hoc
lunes, 8 de enero de 2024
Lexique roman; Biais - Bizon
Cominal: Comtor d'Apchier.
miércoles, 18 de octubre de 2023
XXXV, Doas coblas farai en aqest son
XXXV.
Doas coblas farai en aqest son
Qu' eu trametrai a 'N Bertran d' Avignon,
E sapza be que dinz Castelnou son,
E li Franceis nos estan d' eviron;
E membra m be de cela cui hom son,
Que soven det en broc e 'n esperon;
E crit m' enseigna, e desplec mon leon,
Per qu' eu o man a Bertram d' Avignon,
Hoc, a 'N Bertram.
A 'N Bertram Folc man com hom esserat
Per so qu' el aia de venir volontat,
Qu' el jorn estam nos e 'l caval armat;
E puois al vespre, can tost avem sopat,
Nos fan la gaita entr' el mur e 'l fossat;
Et ab Franceis non an ges entregat,
Enans i son maint colps pres e donat;
Et aizo a mais de tres mes passat,
E 'l i a pois tot soau sojornat,
Pois se parti de nos ses comiat
lunes, 9 de octubre de 2023
Claire, Clara; Anduse, Anduze, Anduza
Claire d' Anduse.
En greu esmay et en greu pessamen
An mes mon cor, et en granda error,
Li
lauzengier e 'lh fals devinador,
Abayssador de joy e de
joven,
Quar vos, qu' ieu am mais que res qu' el mon sia,
An
fait de me departir e lonhar,
Si qu' ieu no us puesc vezer ni
remirar,
Don muer de dol, d' ira e de feunia.
Selh
que m blasma vostr' amor, ni m defen
Non podon far en re mon cor
mellor,
Ni 'l dous dezir qu' ieu ai de vos maior,
Ni l' enveya
ni 'l dezir ni 'l talen;
E non es hom, tan mos enemicx sia,
S'
il n' aug dir ben, que no 'l tenha en car;
E, si 'n ditz mal, mais
no m pot dir ni far
Neguna re que a plazer me sia.
Ja
no us donetz, belhs amics, espaven
Que ja ves vos aia cor
trichador,
Ni qu' ie us camge per nul autr' amador,
Si m
pregavon d' autras donas un cen;
Qu' amors, que m te per vos en sa
bailia,
Vol que mon cor vos estuy e vos gar,
E farai o; e, s'
ieu pogues emblar
Mon cors, tals l' a que jamais non l' auria.
Amicx,
tan ai d' ira e de feunia
Quar no vos vey, que quant ieu cug
chantar
Planh e sospir, per qu' ieu no puesc so far
A mas
coblas qu' el cor complir volria.
//
https://fr.wikipedia.org/wiki/Clara_d%27Anduza
Clara d'Anduze, est une trobairitz de langue occitane, sans doute issue de la famille des seigneurs d’Anduze, dans le Gard, est née aux environs de l'an 1200. Elle était aimée du troubadour Huc ou Uc de Saint-Circ, amour partagé.
Son existence n'est pas assurée, elle se base sur la razo d'Uc de Saint-Circ qui la mentionne et un poème qui lui est attribué publié dans un manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France, ms. C, BnF fr. 856.
En greu esmai et en greu pessamen
an mes mon cor et en granda error
li lauzengier e.l fals devinador,
abaissador de joi e de joven;
quar vos qu'ieu am mais que res qu'el mon sia
an fait de me departir e lonhar,
si qu'ieu no.us puesc vezer ni remirar,
don muer de dol, d'ira e de feunia.
Cel que.m blasma vostr' amor ni.m defen
non pot en far en re mon cor meillor,
ni.l dous dezir qu'ieu ai de vos major
ni l'enveja ni.l dezir ni.l talen;
e non es om, tan mos enemics sia,
si.l n'aug dir ben, que non lo tenh' en car,
e, si 'n ditz mal, mais no.m pot dir ni far
neguna re que a plazer me sia.
Ja no.us donetz, bels amics, espaven
que ja ves vos aja cor trichador,
ni qu'ie.us camge per nul autr' amador
si.m pregavon d’autras donas un cen;
qu'amors que.m te per vos en sa bailia
vol que mon cor vos estui e vos gar,
e farai o; e s'ieu pogues emblar
mon cor, tals l'a que jamais non l'auria.
Amics, tan ai d'ira e de feunia
quar no vos vey, que quan ieu cug chantar,
planh e sospir, per qu'ieu non puesc so far
ab mas coblas que.l cors complir volria.
Traduction de Raoul Goût et André Berry:
« En grave émoi et grave inquiétude ils ont mis mon cœur et aussi en grande détresse les médisants et les espions menteurs qui rabaissent joie et jeunesse car pour vous que j'aime plus que tout au monde ils vous ont fait partir et vous éloigner de moi à tel point que si je ne puis vous voir ni vous regarder j'en meurs de douleur, de colère et de rancœur.
Ceux qui me blâment de mon amour pour vous ou veulent me l'interdire ne peuvent en rien rendre mon cœur meilleur ni faire croître encore mon doux désir de vous non plus que mon envie, mes désirs, mon attente et il n'y a pas un homme, fût il mon ennemi que je ne tienne en estime si je l'entends dire du bien de vous, mais s'il dit du mal, tout ce qu'il peut dire ou faire ne me sera jamais plaisir.
N'ayez pas de crainte, bel ami qu'envers vous je n'aie jamais le cœur trompeur ni ne vous délaisse pour quelque autre amoureux, même si cent dames m'en priaient, car mon amour pour vous me tient en sa possession, et veut que je vous consacre et vous garde mon cœur ainsi je ferai, et si je le pouvais être mon cœur, tel l'a qui jamais ne l'aurait.
Ami, j'éprouve tant de colère et de désespoir de ne pas vous voir que lorsque je pense chanter, je me plains et je soupire parce que je ne puis faire avec mes couplets ce que mon cœur voudrait accomplir. »
En grèu esmai a été repris par:
Aiga Linda, album Barrutladas, interprété par Hervé Robert (chant, chifonie) et René Huré (clarinette).
Duo Dedoceo, concert Le chemin de Regordane, interprété par Pascal Jaussaud (chant, vielle à roue) et Valère Kaletka (guitare électrique).
À Anduze, un buste dans le parc des Cordeliers, porte son nom.
Clara d'Anduze trobairitz Un spectacle du gargamelatheatre; texte:
Anne Clément; mise en scène: Michel Froelhy
https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb33021783w.public
http://www.editions-alcide.com/livre-Petit_dictionnaire_des_%C3%A9crivains_du_Gard-328-1-1-0-1.html
https://archive.org/stream/posiesdeucdesa00ucde#page/n31/mode/2up
http://www.siefar.org/dictionnaire/fr/Clara_d%27Anduze/Fortun%C3%A9e_Briquet
Lettre à Clara d'Anduze par Lionel Bourg.
Lecture faite par Lionel BOURG à Grigny ( Rhône)
Cette lettre de 1989 écrite par Lionel BOURG est actuellement épuisée chez son Editeur Jacques BREMOND
(Ce dernier nous a joyeusement promis de la rééditer en claquant sa main contre celle de Lionel BOURG à GRIGNY -Rhône - le week-end dernier – Dont Acte …).
Je vous l'offre en attendant et pour inaugurer ce nouvel album qui sera le réceptacle de toutes les lettres écrites ou à écrire à toute sorte de Femmes Pathétiques... La liste en est, vous en conviendrez, immémoriale...
J’accueillerais toute lettre personnelle ou éditée dans cet esprit particulier. Une sorte de remise en écoute de voix s’adressant aux femmes de manière recevable et sensible à leurs limbes silencieuses.
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Revenir sur ses pas. Marcher comme si rien n'avait été. Comme si cette morne journée de février ne contenait pas toutes celles vécues ici ou ailleurs, là où la brume frange de ses apparitions des pierres que tant de passants foulèrent. Je me suis arrêté un instant. Tout était gris. Le ciel, la garrigue, les strates même, accumulées pour je ne sais quelle ferveur, les rues soudain plus tristes, ce jardin où, me promenant, je contemplais le singulier visage d'une femme morte depuis des siècles, et dont , inexplicablement, je ne pouvais abandonner le regard immobile.
A quoi songez-vous, Clara ? Et quel amour vous ronge ?
Vous demeurez en ces lieux, aussi improbable qu'aux temps où, folle peut-être, vous composiez des poèmes pour les dire en secret à celui que vous aimiez. Vous êtes là. Distante. Présente de toute cette distance qui tient en votre façon un peu hautaine de jauger le silence, cependant que vous semblez vouloir retenir le promeneur, mêlant à cette invite un refus péremptoire : déjà loin, si loin, vous savez sans doute que ne s'étreignent vraiment, après tant de leurres, que ceux qui délaissent à la poussière la peur de ne pas être aimés.
Si lointaine. Si proche pourtant. Et ce n'est pas facilement faire jouer les mots : vous découvrant une nouvelle fois, j'ai compris davantage en quelle inaccessible patrie résident celles que l’on désire de cet amour plus fort que les vaines raisons qui nous font exister.
J’ai marché. Il y avait le ciel, les nuages, le gris des calcaires, toute cette lumière vague des nuages où passe une tristesse qui ressemble à la seule forme admissible du bonheur. Voyez-vous, je n’éprouve jamais plus fortement le sentiment de vivre qu’en ces moments comme suspendus entre deux rives inconciliables. Il y faut cette brume. Ces pierres chiffrées. Ces traces dont il importe peu alors de connaître l’origine : elles sont là, métissant leurs langages, livrant leur impassibilité aux interrogations qui restent retenues. Elles disent une sorte de paix. Une manière de repos. Et si j’en relève les empreintes, collectionnant les figures énigmatiques, c’est sans doute parce qu’en ces gravures de rien, ces marques élémentaires, quelque chose n’en finit pas de me parler du monde qui, tangible, évident, n’en demeure pas moins dissimulé sous ses propres dehors, et barré, raturé par l’errance qui nous voue à rechercher une présence aussitôt dérobée.
Et je voudrais qu’il pleuve, maintenant, que le ciel fût pleinement gris, haché de ce bleu si sombre qu’il est à la nuit une espèce de supplique, avec, çà et là, ces trouées claires, ces passages miraculeux ouverts dans l’épaisseur des ombres et que des oiseaux seuls, souverainement seuls, toisent un instant avant de s’y engouffrer pour se jeter de l’autre côté du monde et des choses. Et la pluie tomberait. Longue. Interminable. Une pluie d’avril ou de septembre, une eau sous laquelle il me serait possible d’aller, hurlant des hymnes incongrus, des mots stupides, criant peut-être « je t’aime », ou « je me fiche de tout », ou « je vis », une pluie qui me ferait l’égal de cet arbre qui, d’avoir été mille fois dépouillé, d’abriter en son tronc, sous l’écorce, des insectes qui le ruinent, essaie de se tenir debout face à tout, face à cette détresse sans borne et cette inextricable beauté d’un ciel déchiré sur la terre.
Peut-être est-ce pour cela que je vous écris, Clara , pour cette déchirure. Pour ces regards que je ne puis croiser sans baisser les yeux, sans même savoir ce qui gît derrière eux, comme si, à l’extrémité de j’ignore quelle nuit, une neige tombait, dont je ne saurais retenir que d’infimes étoiles bientôt fondues entre mes doigts et pareilles à des larmes.
Puis à nouveau , le ciel. Les pierres nues. Et, devant moi, la lente, l’invincible crue de la lumière. Je vous ai longtemps contemplée. Me retournant une ultime fois, vous paraissiez sourire à l’inacceptable.
Derrière le parc, un chemin secret entre deux murs. Passage étroit, préludant à quelque initiation. Parmi les grès, des blocs de tuf fourmillant de traces végétales :réseau de feuilles, de tiges, morceaux de bois inscrits en creux, mémoire d’une boue sans âge où pourrissait la vie. Il y avait quelque chose de poignant dans cette sente. La certitude peut-être, irréfléchie, qu’on ne parvient jamais à combler la faille où l’on erre, rêvant à des visages ou fomentant, du plus loin de ses songes, des paradis brisés, des édens invivables.
Ma vie, Clara, qu’est-ce donc que ma vie ?
Une promenade obstinée sur une berge. Une déambulation hasardeuse.
J’aurai vu, de l’autre côté, la lèvre où je crus devoir vivre. Pour ne pas crever tout de suite. Pour continuer à marcher sous la pluie. Serrer tout contre moi cette femme que j’aime. Et si rien n’aura été qu’un trou béant, qu’une patiente, peut-être irrévocable déchirure, c’est ici, arpentant une à une les journées ordinaires, que je tente de faire de mes jours autre chose que leur banale insuffisance. Comme vous. Comme celle qui me sourit. Qui est là. Seule. Criblée d’amour et comme foudroyée par la douceur lancinante des étoiles.
jueves, 28 de marzo de 2024
Lexique roman; Garra - Gavarer
Garra, s. f., jambe, cuisse.
Garde se que mal non dia,
Quar autramen gran drech seria.
Que om li ne trenches la garra.
Brev. d'amor. Rochegude, Gloss. Ms.
Qu'il se garde qu'il ne dise mal, car autrement grande justice serait qu'on lui en coupât la jambe.
(chap. Garra, garres. A Fondespala ña una banda de música que se diu garres altes. Estirá la garra vol di morís.)
Garric, Guarric, s. m., chêne, yeuse.
Pus chai la fuelha del garric.
E. Cairel: Pus chai.
Puisque tombe la feuille du chêne.
Pos dels vertz folhs vei clarzir los guarrics.
Pierre d'Auvergne: De josta 'ls.
Puisque je vois les chênes s'éclaircir des vertes feuilles.
CAT. Garrig.
2. Gariga, Guarriga, s. f., chênaie, lieu planté de chênes.
La gariga de Puy de Peira.
Tit. de 1247. Arch. du Roy., J. 302.
La chênaie de Pui-de-Pierre.
CAT. Garriga (La Garriga, Barcelona; Las Garrigas, Les Garrigues, comarca de Lérida, Lleida.)
Gart, Guart, s. m., gars, garçon, valet, goujat, misérable.
Guartz, tu perdras la testa, se tu i mens.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 111.
Gars, tu perdras la tête, si tu y mens.
Dreitz ni razo no i vei mais tener gaire,
Quan per aver es un gartz emperaire.
Marcabrus: Auiatz de chan.
Droit ni raison je n'y vois plus tenir guère, quand par argent un gars est empereur.
Adj. Mos parsoniers es tan gualartz
Que vol la terr' a mos enfans,
Et ieu vuelh li 'n dar, tan sui guartz!
Bertrand de Born: Ges de far.
Mon copartageant est si perfide qu'il veut la terre à mes enfants, et moi je veux lui en donner, tant je suis misérable!
ANC. FR. Le povre gars estoit banni de France.
Clément Marot, t. II, p. 180.
2. Garsi, s. m., garçon.
L' autra es vielha, et a un pauc garsi.
P. Cardinal: Prop a guerra.
L'autre est vieille, et a un petit garçon.
3. Garso, s. m., valet, goujat, garçon.
Las regnas romp a un randon,
E vay derrocar lo guarzon.
V. de S. Honorat.
Les rênes rompt d'un coup, et va abattre le valet.
Li fols e ill garso naturau.
Marcabrus: Bella m' es.
Les fous et les goujats bâtards.
- Varlet, jongleur.
Un non truep en cent garsos
Que gart sos,
Mais volon burdir
De chansos falaburdir.
P. Cardinal: De sirventes.
Un je ne trouve en cent jongleurs qui garde air, mais ils veulent s'amuser à bredouiller chansons.
ANC. FR. Un truant o un garson.
Eustache Deschamps, p. 63.
CAT. Garsó. ESP. Garzón. IT. Garzone. (chap. Mosso de cuadra, no d'Esquadra, com la polissía de la republiqueta.)
4. Gasso, s. m., valet.
Qui pus ha cavals et autras bestias, pus li fay mestiers estables e gassos.
V. et Vert., fol. 87.
Qui plus a chevaux et autres bêtes, plus lui fait besoin étables et valets.
5. Garsonia, s. f., folie de jeune homme étourderie.
Totz es de garsonia
Que met gran manentia
Pel cap puditz.
Marcabrus: Soudadier. Var.
Est tout d' étourderie qui met grande richesse pour le chef pourri.
ANC. ESP.
En la fin jaze el precio de la caballeria
La qual as tu tornada en pura garzonia.
V. de S. Millán, cop. 265.
6. Garsonailla, s. f., canaille.
Per conseill de garsonailla.
Marcabrus: Cant l'aura.
Par conseil de canaille.
ANC. FR. Une multitude de racaille et de garçonaille mauvaise.
Not. des mss. de la bibl. dite de Bourgogne, p. 10.
Car il n'i a fors garçonaille.
G. Guiart, t. I, p. 151.
7. Agarissonar, v., mener en goujat.
Part. pas. Esser vilmens tractatz e remenatz et agarissonatz.
V. et Vert., fol. 51.
Être durement traité et tracassé et mené en goujat.
Garular, du lat. garrulus, babiller, répéter, gazouiller, murmurer.
Segon que li yretgue garulo. Cat. dels apost. de Roma, fol. 11.
Selon ce que les hérétiques répètent.
ANC. CAT. Garrullar.
2. Garueilh, s. m., lat. garritus, babil, gazouillement, murmure.
L'auzelet, uns, dui e trei,
Penson d'amor e de dompnei,
E contra 'l rai si fan garueilh.
Aimeri de Sarlat: Quan si cargo 'l.
Les oiselets, un, deux et trois, pensent d'amour et de caresse, et contre le rayon (du soleil) se font gazouillement.
PORT. Garrulo. IT. Garrito. (chap. Garrulo, garrulos. ESP. Garrulo, rústico, zafio.)
Garuna, s. f., garenne.
En boscs ni en garuna.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 15.
En bois ni en garenne.
2. Varena, s. f., garenne, bois, taillis.
Quant vi venir F. per la varena.
Lo chaval abat en la varena.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 71 et 80.
Quand il vit venir Folquet par la garenne.
Abat le cheval dans la garenne.
(N. E. Inherited from Middle French garenne, garanne, from Old French garenne, garanne, guarenne, from Medieval Latin warenna, itself of Germanic origin; from or related to Old High German warōn (“to be wary”) and werren (“to forbid”), through Proto-Germanic *warōną (“to heed, be careful”) and Proto-Germanic *warjaną (“ward off, defend against”), from Proto-Indo-European *wer- (“to become aware; take heed”).
Unclear if has relationship to Gaulish varenna (“enclosed area”); if any it is likely not a direct one. Also compare English warren.)
Gasarma, s. f., guisarme.
Cascus porta sa apcha o sa destrau,
O lansa o gasarma o arc manan.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 82.
Chacun porte sa cognée ou sa hache d'armes, ou lance ou guisarme ou arc manuel.
Que tuh portan gazarmas. Roman de Fierabras, v. 2363.
Qui tous portent guisarmes.
ANC. FR. De fer dur forgièrent lors armes,
Coutiaus, espées et guisarmes.
Roman de la Rose, v. 9680.
Hache ou guisarme.
Monstrelet, t. II, fol. 32.
Gasc, Guasc, adj., Gascon. (chap. ESP. Gascón, de la Gascuña.)
Cals donas son pus belas
O Gascas o Englesas?...
Respondetz: Si no us pesa,
Senher, genser es Guasca.
Amanieu des Escas: En aquel mes.
Quelles dames sont plus belles ou Gasconnes ou Anglaises?...
Répondez: Si ne vous déplaît, seigneur, plus belle est la Gasconne.
Subst. Quo fes lo Guasc que traisses del afan.
Peyrols: Pus flum Jordan.
Comme fit le Gascon que vous tirâtes de la peine.
2. Gasco, Guasco, adj., gascon.
Tal dompna don sui amaire,
Non ges a la lei gascona.
Pierre d'Auvergne: Ab fina joia.
Telle dame dont je suis amoureux, non point à la manière gasconne.
Substantiv. Quar li Frances no son Gasco.
A. Daniel: D'autra guisa.
Car les Français ne sont pas les Gascons.
ESP. Gascón. (chap. Gascón, gascona; apellit de alguns que defenen lo chapurriau.)
3. Engasconir, v., engasconner.
Que m cugei engasconir.
Giraud de Borneil: Aital cansoneta.
Vu que je faillis m' engasconner.
Gast, Guast, adj., lat. vastatus, désert, dévasté, solitaire, abandonné.
La terra torna guasta, non y a noyriguier.
Que fara l'islla de Lerins?
Ar tornara gasta e boscoza.
V. de S. Honorat.
La terre redevient déserte, il n'y a pas de producteurs.
Que fera l'île de Lerins? maintenant elle redeviendra déserte et boisée.
Fig. Pretz es estortz qu' era guastz e malmes.
Aimeri de Peguilain: En aquel.
Mérite est délivré qui était abandonné et maltraité.
ANC. FR. Si s'en va par la terre gaste
Tot belement et tot sanz haste.
Roman du Renart, t. III, p. 122.
Devant une gaste meson
Don chéu furent li chevron.
Fables et cont. anc., t. IV, p. 4.
Tot trovèrent le païs gast.
Roman de Brut, t. 1, p. 31.
ANC. CAT. Guast. IT. Guasto. (ESP. Devastado, desierto, abandonado.)
2. Gast, Guast, s. m., dévastation, désert, solitude.
Lo gast dels orts e de las vinhas.
Tit. de 1265. DOAT, t. CLXXII, fol. 143.
La dévastation des jardins et des vignes.
Ni pesada ni tast
De nulha creatura que passes per lo guast. V. de S. Honorat.
Ni empreinte de pied ni vestige de nulle créature qui passât par le désert.
ANC. FR. Par li grant gast k'il firent e par le lonc sejor.
Roman de Rou, v. 1057.
Que il entrassent en la terre de Bonivent, et que il la meissent à gast et à destruction.
La cité mist toute à gast et à destruction.
Il mistrent tout le pays à gast par feu et par occision.
Rec. des hist. de Fr., t. V, p. 242, 313 et 235.
Hors les calamités de l'aer, du guast des bêtes brutes.
Rabelais, liv. IV, ch. 61.
CAT. Gasto. ANC. ESP. Guasto. ESP. MOD. PORT. Gasto. IT. Guasto.
3. Gastament, s. m., altération, corruption.
Las vapors de mar, per actio del solelh, prendo gastament.
Per que, entre si fregan, no prengo gastament.
Eluc. de las propr., fol. 152 et 61.
Les vapeurs de mer, par action du soleil, prennent altération.
Pour que, frottant entre soi, ils ne prennent altération.
CAT. Gastament. ESP. Gastamiento. IT. Gastamento. (chap. Gastamén, gastamens.)
4. Gastaire, Gastador, s. m., dévastateur, prodigue, dissipateur, dépensier.
L' autr' es del sieu gastaire.
(chap. L'atre es del seu gastadó.)
T. d'Albertet et de Pierre: En Peire.
L'autre est dissipateur du sien.
Un gastaire luxurios.
Deudes de Prades, Poëme sur les Vertus.
Un prodigue luxurieux.
Tots malfactors et gastadors.
Tit. de 1464. DOAT, t. CXXIX. (Non paginé.)
Tous malfaiteurs et dévastateurs.
CAT. ESP. PORT. Gastador. IT. Guastatore. (chap. Gastadó, gastadós, gastadora, gastadores; pródigo, dissipadó, derrochadó, malversadó; té les mans foradades : per los forats li cauen les monedes.)
5. Gastayritz, s. f., dépensière.
Adj. Quar mala molher es... gastayritz et sumptuoza.
Eluc. de las propr., fol. 71.
Car mauvaise femme est... dépensière et prodigue.
6. Gastar, Guastar, v., gâter, détruire, ravager, endommager.
Quant hom gast e destrui.
Rambaud de Vaqueiras: Leu sonetz.
Quand on gâte et détruit.
Ab fals cosselh gaston l' autrui sabrier.
P. Vidal: Drogoman.
Avec faux conseils gâtent le goût d'autrui.
Eran C M cavayers en cavalhs, que... corseyavan tota la terra e la gastavan. Philomena.
Étaient cent mille cavaliers en chevaux, qui... parcouraient toute la terre et la ravageaient.
- Dissiper, gaspiller.
L'autrui pan guasta e despen,
E 'l sieu met en luoc salvador.
Pierre d'Auvergne: Belha m' es la.
Le pain d'autrui gaspille et dépense, et met le sien en lieu de salut.
Ges dels ricx torneiadors,
Sitot se guaston l' aver,
Non pot a mon cor plazer.
Bertrand de Born: S'abrils e fuelhas.
Point des riches coureurs de tournois, bien qu'ils dissipent l'avoir, ne peut plaire à mon coeur.
Gastet e despendet tot son heritatge en glotonias.
V. et Vert., fol. 49.
Dissipa et dépensa tout son héritage en gourmandises.
Part. pas. Pueis no sap en qual part fuga
Selh qui del fuec es guastatz.
Marcabrus: Dirai vos.
Puis ne sait en quelle part il fuie celui qui est endommagé du feu.
Totas honors e tuig fag benestan
Foron gastat.
Aimeri de Peguilain: Totas honors.
Tous honneurs et tous faits bienséants furent détruits.
ANC. FR. Qu'il li gaste son pays.
Roman de Partonopex de Blois.
Alla piller et gaster tout le plat païs.
Amyot, Trad. de Plutarque, V. de Pyrrhus.
Depuis il rasa les murs de leur ville, destruisit et gasta tout leur plat païs.
Amyot, Trad. de Plutarque, V. de Flaminius.
ANC. CAT. ANC. ESP. Guastar. CAT. MOD. ESP. MOD. PORT. Gastar.
IT. Guastare. (chap. Gastá: gasto, gastes, gaste, gastem o gastam, gastéu o gastáu, gasten; gastat, gastats, gastada, gastades.)
7. Degastatiu, adj., dévastatif, capable de dévaster, corruptif.
De humors degastativa. Eluc. de las propr., fol. 25.
Corruptive des humeurs.
8. Degastament, s. m., altération, corruption.
Lors humors prendo gran degastament.
Per degastament d'humors.
Eluc. de las propr., fol. 28 et 83.
Leurs humeurs prennent grande altération.
Par corruption d'humeurs.
9. Degastaire, Degastador, s. m., dévastateur, dissipateur, prodigue.
Prodigues, so es degastaire de las soas causas.
(chap. Pródigo, aixó es gastadó de les seues coses.)
Trad. du Code de Justinien, fol. 5.
Prodigue, c'est dissipateur de ses choses.
Degastayre de trops bes.
Eluc. de las propr., fol. 112.
Dissipateur de beaucoup de biens.
Adject. No sia avars ni degastaire.
Trad. de la Règle de S. Benoît, fol. 17.
Qu'il ne soit avare ni prodigue.
- Transgresseur.
Que tenguesso la regla, e que no fosso degastadors. Philomena.
Qui tinssent la règle, et qui ne fussent transgresseurs.
ANC. FR. Mangeurs et degasteurs.
Monstrelet, t. I, fol. 184.
ANC. CAT. Deguastador. (chap. Desgastadó, desgastadós, desgastadora, desgastadores: que desgaste.)
10. Desgatairitjz, s. f., dépensière, prodigue.
Adj. Paubrieyra gent menada dura,
E ricor desgatairitz endura.
Libre de Senequa.
Pauvreté bien menée dure, et richesse dépensière endure.
11. Deguais, s. m., déchet, ruine, dégât.
Ben es tornada en deguais
La beutat qu'ilh avia.
Rambaud de Vaqueiras: D'una dona.
Bien est tournée en déchet la beauté qu'elle avait.
12. Degalhier, adj., prodigue, dissipateur.
Cest nos fai degalhiers, envios e metens.
Pierre de Corbiac: El nom de.
Celui-ci nous fait prodigues, envieux et dépensants.
Lo fai... luxurios e degalhier. V. et Vert., fol. 20.
Le fait... luxurieux et prodigue.
Cell que despen en avareza
Non es larx, ans es degaliers.
Gui Folquet: Escrit trop.
Celui qui dépense en avarice n'est pas généreux, mais est prodigue.
13. Degatier, s. m., surveillant des dégâts, garde champêtre.
Los degatiers... no devo far composicio ni accordier.
Ord. des R. de Fr., 1463, t. XVI, p. 132.
Les gardes champêtres... ne doivent faire composition ni accord.
14. Degastar, v., dévaster, ruiner, détruire, détériorer.
Coma la candela que ren sa clardat e se mezeissa degasta.
Aquel flagels si es l'espaza ab que la prima generacios corra contra l' autra, et en aisi si degastaran.
Liv. de Sydrac, fol. 76 et 48.
Comme la chandelle qui donne sa clarté et soi-même se détruit.
Ce fléau est l'épée avec quoi la première génération courra contre l'autre, et par ainsi se détruiront.
Part. pas. Trastot lo pays es ades degastatz. Roman de Fierabras, v. 92.
Tout le pays est incessamment dévasté.
ANC. FR.
L'isle de Corse avoient prebée et degastée.
Rec. des hist. de Fr., t. V, p. 252.
Ils degastent leurs puissances et consument leurs forces, et, par leurs violences, les assaillis se exercitent aux armes.
Œuvres d'Alain Chartier, p. 365.
Après qu'iceluy duc eut moult degasté le pays.
Monstrelet, t. 1, fol. 52.
ANC. CAT. Deguastar. CAT. MOD. ANC. ESP. Degastar (desgastar).
IT. Diguastare. (chap. Desgastá.)
Gastal, s. m., gâteau.
Anc nulhs francs hom non dec sofrir
Qu' aitals gastaus fummos tengues.
Marcabrus: Pois l' iverns.
Oncques nul franc homme ne dût souffrir qu'il tînt de tels gâteaux enfumés.
ANC. FR. Que li gastiax qui est ceianz...
Qu'est-ce, dame, avon-nos gastel?
- Oïl, certes, et boen et bel.
Nouv. rec. de fables et cont. anc., t. 1, p. 110.
Asquanz li denouent gastels.
G. Gaimar, Poëme d'Haveloc, v. 129.
Cil qu'il ateint à coup dessus son basterel
Jamais ne mengera de miche ne de gastel.
Combat des Trente.
Gatge, Gatghe, Gaje, s, m., du lat. vadimonium, gage, caution, garantie, engagement, assurance.
Ja mos huelhs messongiers, traidors,
Non creirai mais, ni fiansa ses gatge.
G. Faidit: Tant ai sufert.
Jamais mes yeux mensongers, traîtres, je ne croirai plus, ni traité sans gage.
Devon donar gatge o fermansa. Trad. du Code de Justinien, fol. 10. Doivent donner gage ou assurance.
Loc. Baros, metetz en gatge
Castels e vilas e ciutatz.
Bertrand de Born: Be m play lo.
Barons, mettez en gage châteaux et villes et cités.
Pus mon cor tenetz en gatge.
Arnaud de Marueil: Dona sel que.
Puisque vous tenez mon coeur en gage.
Aquest sieus hom qu' amors reten en gatge.
G. Faidit: Pel messatgier.
Ce sien homme qu'amour retient en gage.
La ley lombarda permet gatghe de batalha.
L'Arbre de Batalhas, fol. 230.
La loi lombarde permet gage de bataille.
- Testament.
En lur gaje layssavan establit
C' om los meses en I vaysel de fust.
V. de S. Trophime.
Dans leur testament laissaient ordonné qu'on les mît en un cercueil de bois.
ANC. CAT. Gatge. ESP. Gage (gaje, gajes del oficio). IT. Gaggio.
(chap. Gache, gaches; tamé testamén, testamens, radera voluntat.)
2. Gadi, Gazi, s. m., disposition testamentaire, volonté dernière.
Alcuna de las personas es morta ab intestat, so es ses gadi.
Si lo paire o la maire fan testament, so es si dono lor gadi.
Trad. du Code de Justinien, fol. 15.
Aucune des personnes est morte ab intestat, c'est-à-dire sans disposition testamentaire.
Si le père ou la mère font testament, c'est-à-dire s'ils donnent leur disposition testamentaire.
Quant ac auzit lo dig gazi. Brev. d'amor, fol. 101.
Quand eut entendu ladite volonté dernière.
Filla maridada non pot far gazi o derairana volontat, ses consel de paire.
Statuts de Montpellier, de 1304.
Fille mariée ne peut faire disposition testamentaire ou dernière volonté, sans conseil de père.
3. Gatgier, s. m., garant, caution.
D'aquesta adoptio coma bos gatgiers, so dis sanh Paul.
V. et Vert., fol. 39.
Comme bon garant de cette adoption, ce dit saint Paul.
ANC. FR. Aprochant de ces gageurs. Hist. macar., t. 1, p. 220.
ANC. ESP. Gagero.
4. Gatgieyra, Gajaria, s. f., prêt sur gage, nantissement.
En aquest mandamen son devedadas usuras e motas baratas per esperanza de gazanhar, e gatgieyras. V. et Vert., fol. 3.
Dans ce commandement sont défendues usures et beaucoup de tromperies et prêts sur gages par espérance de gagner.
Consentir literas d' ostages ny gajarias.
Statuts de Provence. BOMY, p. 4.
Consentir lettres d' ôtages et nantissements.
5. Gaziaire, Gaziador, s. m., exécuteur testamentaire.
El gaziaire... establit del mercadier mort.
Statuts de Montpellier, de 1258.
L'exécuteur testamentaire... établi du marchand mort.
En son testament fara gaziadors; aquil gaziador son entendut tutors d'aquels enfans, si, en aquel testamen, alcuns autres tutors expressamen non era establit. Statuts de Montpellier, de 1205.
En son testament il fera des exécuteurs testamentaires; ces exécuteurs testamentaires sont censés tuteurs de ces enfants, si, en ce testament, aucun autre tuteur n'était expressément établi.
6. Gatgar, Gatjar, v., gager, prendre des gages.
Per gatjar pastors e boyers.
Folquet de Lunel: E nom del.
Pour gager pasteurs et bouviers.
- Engager.
Per lor propria authoritat penhurar et gatgar.
Tit. du XIIIe siècle. DOAT, t. CXVIII, fol. 88.
Par leur propre autorité hypothéquer et engager.
Puescon... gajar e revocar los precaris.
Statuts de Provence. BOMY, p. 4.
Puissent... engager et révoquer les précaires.
ANC. FR. On viendra, on nous gagera,
Quanque avons nous sera osté.
Farce de Pathelin, p. 28.
Toutefois, se voyant gagez et obligez par ostages.
Amyot, Trad. de Plutarque, V. de Romulus.
7. Engatge, s. m., enjeu.
Per joc es hom trop mal volgut,
Cant hom non pren engatge per faiso.
T. de Faure et de Falconet: En Falconet.
Pour jeu on est très mal voulu, quand on ne prend enjeu par forme.
8. Engatgar, Enguatgar, Engatjar, Enguatjar, v., engager.
Ella pusca engatgar, vendre et alienar.
Tit. de 1398. DOAT, t. XXXIX, fol. 206.
Qu'elle puisse engager, vendre et aliéner.
Car mi podetz donar,
... O vendr' o engatjar,
Plus que si m'aviatz comprat.
Amanieu des Escas: A vos que ieu.
Car vous me pouvez donner... ou vendre ou engager, mieux que si vous m'aviez acheté.
Que lo sieu ben enguatge.
Bertrand de Born: Belh m' es.
Que le sien bien il engage.
ANC. CAT. Engatjar. IT. Ingaggiare. (chap. Engachá.)
9. Sobregatge, Sobregaje, s. m., surgage.
Mon Santongier man, e mon sobregaje,
Qu' ar ai comprat gran sen ab gran folaje.
G. Faidit: Tant ai.
A mon Saintongier je mande, en mon surgage, que maintenant j'ai acquis grand sens avec grande folie.
Gau, s. m., rapidité, élan, promptitude.
Dans la langue francique, gahen signifiait se hâter. Schiller, Gloss.
teuton., p. 340 et 348. (N. E. gehen, alemán: ir. Eile : prisa.)
Loc. Passet sotz Rossilho del prumier gau.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 6.
Passa sous Rossillon du premier élan.
Gau, s. m., forêt.
Bagaudae dicti quasi sylvicolae; gau enim lingua gallica sylvam sonat.
Altaserra, Rer. aquit., p. 134.
Abans eu passaria la mar a nau,
E ceria C ans ermi e gau, (N. E. Ceria : sería.)
Que ja vos mi metatz ab lui cabau.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 17.
Je passerais la mer avec navire, et je serais cent ans ermite en forêt, avant que jamais vous me mettiez avec lui supérieur.
ANC. FR. Audigier ne volt faire noces en pré,
En bois, ne en rivière, n' en gaut ramé.
Fables et cont. anc., t. IV, p. 232.
Conmence à corner si haut
Que retentir en fait le gaut...
Que cler chantent parmi le gaut
Loriol et le papegaut.
Roman du Renart, t II, p. 240, et t. III, p. 323.
2. Gas, s. m., forêt, bois.
Un jorn intra en us gas grans e pleniers,
Et auzit una nau de charpentiers.
Essenhet lhi la via per gas antis.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 87 et 85.
Un jour entre en certains bois grands et touffus, et entendit une cognée de charpentiers.
Lui enseigna la route par forêts antiques.
3. Gaudina, s. f., bois, forêt.
Pres de tres ans en la gaudina,
Hon avian mot paura cozina.
V. de S. Honorat.
Près de trois ans dans la forêt, où ils avaient moult pauvre cuisine.
- Bosquet, bocage.
Per plays e per la gaudina
Auch de chans la contenso.
Marcabrus: L' yverns.
Par bois et par le bocage j'entends la dispute des chants.
Pus que la rosa en la gaudina. V. de S. Honorat.
Plus que la rose dans le bosquet.
ANC. FR. Tant chemine
Par bois, par plain et par gaudine.
Roman du Renart, t. II, p. 343.
En cele grant forest me met
Al plus espès de la gaudine.
Marie de France, t. I, p. 182.
Tant trespassent chans et gaudines.
G. Guiart, t. II, p. 188.
Gauch, Gaug, Gaut, Guaug, s. m., lat. gaudium, joie, plaisir, bonheur, gaîté.
On trouvait dans Ennius le mot gau employé pour gaudium.
Ennius, ut memorat, replet te laetificans gau. Auson., Idyl. 12.
Gaug ai ieu tal que mil dolen
Serian del mieu gaug manen,
E del mieu gaug tuit miei paren
Viurian ab gaug ses manjar.
Rambaud d'Orange: Ab nou cor.
J'ai telle joie que mille aflligés seraient riches de ma joie, et de ma joie tous mes parents vivraient avec joie sans manger.
Amors vol gauch, e guerpis los enics.
Pierre d'Auvergne: De josta 'ls.
Amour veut joie, et délaisse les tristes.
Loc. Dieus, vostr'amor e 'l guaug celestial.
Bernard de Venzenac: Lo pair' e 'l filh.
Dieu, votre amour et la joie céleste.
Am Dieu s'es adormitz els gautz celestials. V. de S. Honorat.
Avec Dieu s'est endormi dans les joies célestes.
Loc. fig. En pur gaug me banh.
J. Estève de Beziers: Aissi cum.
En pure joie je me baigne.
Adv. comp. Ieu chantarai de gauz e voluntos.
G. Pierre de Casals: Ieu chantarai.
Je chanterai avec joie et volontiers.
Tuich li cortes que ren sabon d'amar
La devon dir de gaug e volontiers.
Aimeri de Bellinoi: Meravilh.
Tous les courtois qui savent chose d'aimer la doivent dire avec joie et volontiers.
CAT. Gotg (goig). ANC. ESP. Gaudio. ESP. MOD. PORT. Gozo. IT. Gaudio.
(chap. Goch, gochs; gochet: cussigañes a La Fresneda, per ejemple.)
2. Gaudi, s. m., gaudium, joie, bonheur, félicité.
Co fo natz, lor parent e lor amix s'ajustero al gaudi del efant.
Demostra lo gaudi que agro... Lo gaudi que l'angels nunciet als pastors.
Sermons en prov., fol. 17 et 19.
Comme il fut né, leurs parents et leurs amis se réunirent pour la joie (provenant) de l'enfant.
Montre la joie qu'ils eurent... Le bonheur que l'ange annonça aux pasteurs.
3. Gaudida, Gausida, Gauzia, Jauzida, s. f., jouissance, possession.
Lo frug, so es la gauzida de las cosas de la heretat.
Trad. du Code de Justinien, fol. 17.
Le fruit, c'est la jouissance des choses de l'hérédité.
De tot l'aver de sa bayllia,
De la gausida e del fruch,
Fasia tres parts.
Trad. d'un Évangile apocryphe.
De tout l'avoir de son administration, de la jouissance et du fruit, il faisait trois parts.
Deg aver lo frug et la gaudida.
Tit. du XIIIe siècle. DOAT, t. CXXXIV, fol. 23.
Doit avoir le fruit et la jouissance.
Ad amor, es tan pauca la gauzia
De vos que mais desir que ren del mon.
Faidit de Belistar: Tot atressi.
A l'égard de l'amour, est si petite la jouissance de vous que je désire plus que chose du monde.
Bels semblans me guida,
Que m dis que jauzida
N' aurai ses fallia.
Giraud de Borneil: Ab semblan.
Belle manière me guide, qui me dit que jouissance j'en aurai sans faute.
4. Gauzimen, Jauzimen, s. m., lat. gaudimonium, jouissance, plaisir, bonheur.
Quar m' agr' ops q' ab la novella flor
Uns novells jois mi dones jauzimen.
Aimeri de Sarlat: Quan si cargo 'l.
Car j'aurais besoin qu'avec la nouvelle fleur une nouvelle joie me donnât jouissance.
En pert tot jauzimen,
Tal desconort mi dona.
Peyrols: Manta gens.
J'en perds tout plaisir, tel découragement elle me donne.
Pos fui en vostra comanda
Ab petit de gauzimen.
B. Zorgi: Atressi com.
Depuis que je fus en votre service avec peu de jouissance.
Prov. Qui semena en pena,
Aquel cuelh en jauzimen.
P. Cardinal: Jhesum Crist.
Qui sème en peine, celui-là recueille en plaisir.
ANC. CAT. Gaudiment, jausiment. ANC. ESP. Goziamento. IT. Godimento.
5. Gaudensa, s. f., jouissance, possession.
O d'autras gaudensas.
Tit. de 1291. DOAT, t. CLXXV, fol. 222.
Ou d'autres jouissances.
6. Gaus, adj., gai, joyeux.
Bel cors, plasent e gaus,
De totas beltaz claus.
Richard de Barbezieux: Altressi com.
Beau corps, agréable et joyeux, clef de toutes beautés.
CAT. Gosos. ESP. PORT. Gozoso. IT. Gaudioso. (chap. Gochós, gochosos, gochosa, gochoses.)
7. Gavios, adj., joyeux, content.
Gavios
Fora mot, s'ieu fos
Am vos.
Leys d'amors, fol. 123.
Je serais moult joyeux, si je fusse avec vous.
Home sanguinenc sompnia de causas gaviosas.
Eluc. de las propr., fol. 78.
Homme sanguin songe de choses joyeuses.
8. Gauzion, Jauzion, adj., joyeux, gai, heureux.
Un ric joy jauzion que n' ai.
G. Faidit: Hueimais tanh.
Une riche joie joyeuse que j'en ai.
Belha domna jauzionda.
B. de Ventadour: Tant ai mon.
Belle dame gaie.
Quar res ses vos no m pot far jauzion.
Berenger de Palasol: De la gensor.
Car rien sans vous ne me peut faire heureux.
9. Gaudire, Jauzire, adj., jouissant, joyeux, heureux.
No serai jauzire
De lieys ni de s'amor.
B. de Ventadour: Lanquan vey.
Je ne serai jouissant d'elle ni de son amour.
Ab vos reman, si m voletz far jauzire.
A. Sabata: Fis amicx sui.
Avec vous je reste, si vous me voulez faire joyeux.
S' ieu fos fals, enganans e traire
Encontr' amor, adonc for' ieu gaudire.
Jordan de Bonels: S'ira d' amor.
Si je fusse faux, trompant et traître envers amour, alors je serais heureux.
10. Gaudir, Gauzir, Jauzir, v., lat. gaudere, jouir, se réjouir, obtenir,
posséder.
Si m lais Dieus s' amor jauzir.
Arnaud de Marueil: A guisa de.
Si Dieu me laisse posséder son amour.
Dieus qu' el mon capdelha,
Si 'l play, me don jauzir.
B. de Ventadour: Lanquan vey.
Que Dieu qui gouverne le monde, s'il lui plaît, me donne à jouir.
Per els jau tal amia
Cui platz mos bes e ma joia.
Raimond de Castelnau: Ges sitot.
Par eux je possède telle amie à qui plaît mon bien et mon bonheur.
Una ves o mais m' en gausiria.
T. de Prévost et de Savari: Savaric.
Une fois ou plus je m'en réjouirais.
Part. prés. Ab los joyos deu hom esser jauzens.
H. Brunet: Cuendas razos.
Avec les joyeux on doit être se réjouissant.
S'ira d'amor tengues amic gauden.
Jordan de Bonels: S'ira d'amor.
Si tristesse d'amour tenait un amant se réjouissant.
De la mort de Terric fon el jauzens,
E la parlet e volc, e fo cossens.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 65.
De la mort de Thierry il fut se réjouissant, et l'ordonna et voulut, et fut consentant.
Subst. Quan mi mostretz vostra faisso,
Sobre totz jauzens fui joios.
Gavaudan le Vieux: Dezemparatz.
Quand vous me montrâtes votre façon, au-dessus de tous les jouissants je fus joyeux.
Part. pas. Er ai ieu joy e sui jauzitz.
G. Rudel: Belh m' es l'estius.
Maintenant j'ai joie et suis réjoui.
Toza, be 'n fora gauzitz.
Giraud de Borneil: L'autr' ier.
Jeune fille, bien j'en serais réjoui.
ANC. FR.
Signors, dist Floripars, or soiés tuit joiant.
Roman de Fierabras en vers français.
CAT. Gaudir, gausir, jausir. ANC. IT. Gaudire. IT. MOD. Gaudere.
(chap. Chalá, disfrutá. ESP. Gozar, disfrutar.)
11. Esjauzida, s. f., joie, réjouissance.
N' atent bon' esjauzida,
S' a lei platz que mos ditz acuoill.
Cercamons: Ges per lo.
J'en attends bonne jouissance, s'il lui plaît qu'elle accueille mes paroles.
12. Esgauziment, Esjauzimen, s. m., joie, jouissance, contentement.
Adoncs lur creys novels esjauzimens.
Peyrols: Tug miey cossir.
Alors leur croît nouveau contentement.
De gran alegrier et esgauziment.
Eluc. de las propr., fol. 161.
De grande allégresse et contentement.
ANC. FR. Autre n'avera de mei nul esjoïssement.
Roman de Horn, fol. 94.
13. Esjauzire, s. m., joyeux, content, heureux.
Qui m fos amics verais
Ni de mos bes esjauzire.
Giraud de Borneil: Ges aissi del.
Qui me fût ami vrai et joyeux de mes biens.
14. Esgauzir, Esjauzir, Ejauzir, v., réjouir, féliciter, applaudir.
No s deu hom per trop ben esjauzir,
Ni ja per mal hom fort no s desesper.
P. Rogiers: No sai don chan.
On ne se doit pour grand bien réjouir, ni jamais pour mal homme fort ne se désespère.
Quant que m fezes ejauzir,
Amors era m fai plorar.
Rambaud de Vaqueiras: Del rei d' Arago.
Combien que vous me fîtes réjouir, amour maintenant me fait pleurer.
Ieu no suy drutz, ni drutz no m fenh,
Ni nulhs joys d'amor no m'esjau.
Pierre d'Auvergne: Belha m'es.
Je ne suis amant, ni ne me feins amant, ni nulle joie d'amour ne me réjouit.
Qui s' esgau a l'ora qu' es destreis.
Pierre d'Auvergne: De josta 'ls.
Qui se réjouit à l'heure qu'il est opprimé.
Qui honora son paire s'esjauzira de sos fils. Trad. de Bède, fol. 70.
Qui honore son père se réjouira de ses fils.
ANC. FR. Le père del juste esjoït en moi; cil que engendre le sage esjoïra en lui. Que ton père et ta mère esjoïssent yceluy que toi engendra.
Trad. du liv. des Proverbes, ch. XXIII, v, 24.
Il s'esjoïssoit forment des faiz et des biaus commencemenz de son fil.
Rec. des hist. de Fr., t. VI, p. 131.
Qu'on vante du soleil la chevelure blonde
De ce qu'elle esjouit tout l'enclos de ce monde.
Premières œuvres de Desportes, fol. 22.
Riens n'est fors l'or qui l'avare esjouysse.
J. Marot, t. V, p. 202.
Ces nouvelles esjouirent fort Galba.
Amyot, Trad. de Plutarque, V. de Galba.
14. Congauzir, v., congratuler, féliciter.
Can viron Jaufre venir,
Van lo mantenen aculhir
E congauzir et abrassar.
Roman de Jaufre, fol. 49.
Quand ils virent Jaufre venir, ils vont sur-le-champ l'accueillir et féliciter et embrasser.
Ab cal se poiria congauzir e lauzar
Del ben e del servizi.
Izarn: Diguas me tu.
Avec lequel il se pourrait réjouir et louer du bien et du service.
Fig. Vertatz la vol, dreytura la congau.
P. Cardinal: Caritatz es.
Vérité la veut, droiture la congratule.
- Approuver.
Non es plazens a Dieu, ni o congau.
G. Fabre de Narbonne: Pus dels.
N'est pas agréable à Dieu, ni ne l' approuve.
16. Joi, Joy, s. m., joie, plaisir, bonheur.
Totz temps sec joy ir' e dolors,
E tos temps ira jois e bes;
E ja non crey, s' ira non fos,
Que ja saupes hom jois que s'es.
B. de Ventadour: Ja mos chantars.
Tristesse et douleur suit toujours joie, et joie et bonheur toujours tristesse, et je ne crois pas, si tristesse ne fût, que jamais on sût ce que c'est que joie.
Vos etz lo meus joys premiers,
E si seretz vos lo derriers.
B. de Ventadour: Pel dols chant.
Vous êtes le mien premier bonheur, et aussi vous serez le dernier.
Belha domna, on que siatz,
Joys sia ab vos, e joy aiatz.
Peyrols: Atressi.
Belle dame, où que vous soyez, que bonheur soit avec vous, et que vous ayez bonheur.
Loc. fig. Ilh m' es de joy tors e palais e cambra.
A. Daniel: Lo ferm voler.
Elle m'est de joie tour et palais et chambre.
ANC. IT.
Und' ogni gioi per me son vane e voite.
Pannucio del Bagno, canz. 47.
Voyez d'autres exemples dans les notes sur Guittone d'Arezzo, p. 231 et 171.
ANC. CAT. Joi.
17. Joia, s. f., joie, bonheur.
Cui platz mos bes e ma joia.
Raimond de Castelnau: Ges sitot.
A qui plaît mon bien et mon bonheur.
Loc. En menan gran joia. V. de S. Honorat.
En mènent grande joie.
Adv. comp. De totas partz y venron a gran joya.
Rambaud de Vaqueiras: Truan mala.
De toutes parts y vinrent à grande joie.
- Présent, cadeau, joyau, joujou.
Costuma es e cortezia de noble espos, can ve a sa espoza, que li aporte de sas joyas e de sos dos. V. et Vert., fol. 45.
C'est coutume et courtoisie de noble époux, quand il vient à son épouse, qu'il lui apporte de ses joyaux et de ses dons.
Vay li dar grantz joias e deniers e cavalls. V. de S. Honorat.
Va lui donner grands cadeaux et deniers et chevaux.
S'en era fort enamoratz e l'avia mandatz sos messages e sas joias.
V. de Raimond de Miraval.
S'en était fort enamouré et lui avait envoyé ses messages et ses présents.
Deron joias a Maria...
Al enfant deron tres besanz
Per semblant de joias d'enfanz.
Trad. d'un Évangile apocryphe.
Donnèrent cadeaux à Marie... A l'enfant donnèrent trois besans par manière de joujoux d'enfants.
ANC. CAT. ESP. Joya. PORT. Joya, joia. IT. Gioia. (chap. Joya, joyes.)
18. Joyel, Joell, s. m., joyau.
Vos devetz autreiar...
Bon' amor ambeduy,
E que prendatz de luy
Joyels, e 'l de vos.
Amanieu des Escas: En aquel mes.
Vous vous devez octroyer... bon amour tous les deux, et que vous preniez de lui joyaux, et lui de vous.
An menesprezat nossas e totz ajustamens carnals e los joells e totz los paramens mundas. V. et Vert., fol. 96.
Ont méprisé noces et tous ajustements charnels et les joyaux et toutes les parures mondaines.
ANC. FR. Chapel, anel, fermail, çainture
Ou joel de bele faiture.
Roman de la Rose, v. 9810.
CAT. Joyell. ESP. Joyel. IT. Gioiello.
19. Jais, s. m., joie.
Enans l'ira venra 'l jais.
Giraud de Borneil: Quan branca.
Avant la tristesse viendra la joie.
Per Dieu, no s fraingna nostre jais.
Rambaud d'Orange: Entre gel.
Pour Dieu, que notre joie ne se brise.
Tota gen crestiana...
Volgr' agues tan de jai
Cum ieu, ses fencha vana.
B. de Ventadour: Quan la doss' aura.
Toute gent chrétienne... je voudrais qu'elle eût autant de joie que moi, sans feinte vaine.
20. Joyosa, s. f., Joyeuse.
On appelait ainsi l'épée de Charlemagne. Par extension on donna ce nom à d'autres épées.
Consec lo prince en sa rota,
Joyosa dintz lo cor li bota.
V. de S. Honorat.
Poursuit le prince dans sa déroute, Joyeuse dans le corps lui met.
ESP. Joyosa (nombre de la espada de Carlomagno.)
21. Jai, adj., joyeux.
Qui jais non es, com chantara?
Pistoleta: Manta gent.
Qui n'est pas joyeux, comment chantera-t-il?
No m puesc mudar no m sovena
D' un' amor don ieu sui jays.
Arnaud de Marueil: Belh m' es quan.
Je ne puis changer que je ne me souvienne d'un amour dont je suis joyeux.
22. Joyos, adj., joyeux.
Del altrui joy sui joyos.
E. Cairel: Si cum selh.
De la joie d'autrui je suis joyeux.
Pus lo dous temps ve jogan e rizen,
Guais e floritz, joyos, de bel semblan.
H. Brunet: Pus lo dous.
Puisque le doux temps vient jouant et riant, gai et fleuri, joyeux, de belle apparence.
ANC. FR. Li dus si fu joios é liez.
Roman de Rou, v. 11470.
Et cil s'en fait *jolox et liez.
Fables et cont. anc., t. II, p. 157.
Cum joiose chose.
Anc. trad. du Psaut. de Corbie, ps. 132.
CAT. Joyos. IT. Gioioso.
23. Joyosamen, adv., joyeusement.
Mas ieu chan joyosamen.
Gaubert, Moine de Puicibot: Si res valgues.
Mais je chante joyeusement.
Per qu' el recipio joyozament. Eluc. de las propr., fol. 77.
C'est pourquoi ils le recevaient joyeusement.
24. Conjoissensa, s. f. jouissance, délectation.
Bonaurada vida es conjoissensa de Deu. Trad. de Bède, fol. 37.
Vie bienheureuse est jouissance de Dieu.
25. Conjoir, v., fêter, affectionner, savourer, goûter.
Cel que cosjois et ama lo liam de charitat, deu chaptener sa lengua de mal dire.
Si cum aurelia non conjois vianda. Trad. de Bède, fol. 21 et 43.
Celui qui affectionne et aime le lien de charité, doit maintenir sa langue de mal dire.
De même que l'oreille ne savoure pas aliment.
ANC. FR. Li rois Gontranz l' acola et le conjoï moult longuement.
Rec. des hist. de Fr., t. III, p. 222.
Li rois les conjoit et acole.
Roman du Renart, t. III, p. 235.
Il fut moult conjoï des habitans.
Monstrelet, t. II, fol. 157.
26. Gai, Guai, adj., gai, joyeux, riant.
Mout ai estat cuendes e gais.
Le Comte de Poitiers: Pus de chantar.
Moult j'ai été gracieux et gai.
Quar mos amics es lo plus guais,
Per qu'ieu sui cuendeta e guaia.
La Comtesse de Die: Ab joi et ab.
Car mon ami est le plus gai, c'est pourquoi je suis accorte et gaie.
Ab son gay e leugier
Vuelh far gaya chanso,
Car de gaya razo
Son mieu gay cossirier.
Albertet: Ab son.
Avec air gai et léger je veux faire gaie chanson, car de gai sujet sont mes gais pensers.
Loc. Aissi m sol amor e domneis
Tenir gai, coma l'aiga 'l peis.
Rambaud de Vaqueiras: No m' agrad.
Ainsi a coutume amour et courtoisie de me tenir gai, comme l'eau le poisson.
ANC. CAT. Gay. IT. Gaio.
27. Sobregais, adj., très gai.
La sobregaya companhia.
Leys d'amors, La Loubère, p. 17.
La très gaie compagnie.
28. Guayamen, adv., gaîment.
Tan mi plai la guaya sazos
Que vei guayamen comensar.
Pons de Capdueil: Miels qu'om no pot.
Tant me plaît la gaie saison que je vois gaîment commencer.
ANC. CAT. Gayament. IT. Gaiamente.
29. Gayeza, Guaieza, Gaeza, s. f., gaîté, contentement, allégresse. Guaieza e fina beutatz
Estan ab lieys nueg e dia.
Giraud de Salignac: Per solatz.
Gaîté et pure beauté sont avec elle nuit et jour.
Mout bas fora meza
Valors,
Deportz e guayeza,
Si no fos amors.
Peyrols: Quora qu'amors.
Moult bas serait mise valeur, amusement et gaîté, si ne fût amour.
Loc. Me ten en tal gayeza,
La franca res, que en pur gaug me banh.
J. Estève de Béziers: Aissi cum.
Me tient en tel contentement, le franc objet, que je me baigne en pure joie.
ANC. CAT. Gaieza, gaeza. IT. Gaiezza.
30. Gaiada, s. f., plaisanterie, moquerie.
Ieu vei soven per gaiada
Recebre gran coltelada.
Un troubadour anonyme, Coblas esparsas.
Je vois souvent pour plaisanterie recevoir grande estafilade.
(N. E. Cualquiera conocerá el gay saber, la poesía provenzal, occitana.)
Gaunha, s. f., ouïe de poisson, amygdale.
Han pulmo o qualque re en loc de polmo, cum... peyshos gaunhas, ab las quals atyro ayre. Eluc. de las propr., fol. 231.
Ont poumon ou quelque chose au lieu de poumon, comme... poissons (ont) ouïes, avec lesquelles ils attirent l'air.
IT. Gavigne. (ESP. Agalla, agallas; chap. Agalla, agalles.)
Gauta, s. f., joue.
Pustella en la gauta.
A. Daniel: Autet e bas.
Abcès en la joue.
Aquilh que son ferit en una gauta devon tener l'altra aparelhada.
(chap. Aquells que son ferits a una galta deuen tindre l'atra preparada : aparellada. Pun 2: Galtada, galtades; bufetada, bufetades.)
Regla de S. Benezeg, fol. 25.
Ceux qui sont frappés sur une joue doivent tenir l'autre apprêtée.
(N. E. ESP. literal: Aquellos que son heridos en una mejilla deben tener la otra aparejada, preparada.)
- Bouche, mâchoire.
Amors m' afrena la gauta.
A. Daniel: Autet e bas.
Amours m'enfrène la bouche.
Venquet en ferentz
Ab una gauta d'asne, mil payans enfugentz.
Pierre de Corbiac: El nom de.
Vainquit en frappant avec une mâchoire d'âne, mettant en fuite mille païens.
CAT. Galta. IT. Gota. (chap. Galta, galtes; no digáu mejilla, mejilles; carrillada, carrillades.)
Sur le mot gota, le dictionnaire d'Alberti dit:
Voce tolta dal provenzale gauta.
2. Gautada, s. f., soufflet.
Mas qui m vol donar gautada. Brev. d'amor, fol. 64.
(chap. Pero qui me vol fotre (doná) una galtada, bufetada.)
Mais qui me veut donner soufflet.
Venc, e donec li una gran gautada.
Hist. abr. de la Bible, fol. 61.
Vint, et lui donna un grand soufflet.
Pueys en la cara de grans gautadas.
Épître de Matfre Ermengaud à sa soeur.
Puis sur la face de grands soufflets.
ANC. CAT. Galtada. ANC. IT. Gautata. IT. MOD. Gotata. (chap. galtada, galtades; bufetada, bufetades.)
Le dictionnaire d'Alberti porte:
Alcuni antichi dissero anche gautata, che è maniera provenzale.
3. Gauteiar, v., souffleter.
Lo gauteiero, e lhi escupiro e la cara.
(chap. Lo van galtejá, abufetejá y lo van escupiñá a la cara. A Nostre Siñó.)
Cat. dels apost. de Roma, fol. 108.
Le souffletèrent, et lui crachèrent sur le visage.
Part. pas. Gauteiatz et escopitz. Contricio e penas ifernals.
(chap. Galtejat, abufetejat, y escupiñat.)
Souffleté et conspué.
Gavarer, s. m., ronce, buisson.
Non cuelh hom figas en espinas, ni razim en gavarer.
(chap. No cull hom : se cullen figues a les espines, ni raím a les romigueres; gavarrera, gabarrera.)
Trad. du N.-Test. S. Luc, c. 6.
On ne cueille pas figues sur épines, ni raisin sur ronce.
CAT. Gavarrera. ESP. Gavanco (zarza, zarzamora)
(chap. Picaesquenes; gavarrera, gabarrera, gavarreres, gabarreres, garrabera, garravera, garraveres, garraberes; romiguera, romigueres.)