Mostrando las entradas para la consulta dire ordenadas por relevancia. Ordenar por fecha Mostrar todas las entradas
Mostrando las entradas para la consulta dire ordenadas por relevancia. Ordenar por fecha Mostrar todas las entradas

jueves, 19 de octubre de 2023

XII, Ar faray, sitot no m platz

XII.


Ar faray, sitot no m platz

Chantar verses ni chansos,

Sirventes en son joyos,

E sai qu' en seray blasmatz;

Mas del senhor suy servire

Que per nos suferc martir

Et en crotz deynhet morir,

Per qu' ieu no m tem de ver dire.


Quar vey qu' el temps s' es camjatz

E 'ls auzelletz de lurs sos;

E paratges que chai jos

E vilas coutz son prezatz,

Clercx e Frances cuy azire,

Qu' ieu per ver vey dregz delir

E merces e pretz veuzir;

Dieus m' en do so qu' ieu 'n dezire.


Tant es grans lur cobeytatz

Que dreytura n' es al jos,

Et enjans e tracios

Es dreitz per elhs apellatz,

Don pretz, dos, solatz e rire

Franh, e vezem car tenir

Los malvatz que ges servir

Non podon dieu ni ver dire.


Per qu' ieu suy al cor iratz,

Quar aissi s pert ad estros

Per sofracha d' omes bos

Aquest segle ves totz latz,

Qu' ieu vey qu' hom met en azire

Drechura per fals mentir,

E 'l tort ans qu' el drech escrir

E 'l mals enans qu' el bes dire.


Joglars, ben son desamatz

La flor dels valens baros

Cuy cortz, dompneyars e dos

Plazion joys e solatz;

Qu' er, si re als voletz dire,

Vos pessaran descarnir,

Quar ja no 'ls pot abellir,

Qu' aver aver lur tolh rire.


Lo valens coms, sens fench dire,

Mante pretz e s fa grazir

D' Astarac, e 'l platz servir

E donar e joy e rire.


Guillaume Anelier de Toulouse.

domingo, 10 de diciembre de 2023

Guillaume Anelier de Toulouse. Ara farai, sitot no m platz

Guillaume Anelier de Toulouse.


Ara farai, sitot no m platz

Chantar verses ni chansos,

Sirventes en est son joyos,

E sai qu' en seray blasmatz;

Mas del Senhor suy servire

Que per nos suferc martir

Et en crotz denhet morir,

Per qu' ieu no m tem de ver dire.


Quar vey quel temps s' es camjatz

E 'ls auzelets de lurs sos,

E paratges que chai jos,

E vilas coutz son prezatz

Clercx e Frances cuy azire;

Qu' ieu per ver lur vey dregz delir,

E merces e pretz veuzir;

Dieus m' en do so qu' ieu 'n dezire.


Tant es grans lur cobeytatz

Que dreytura n' es al jos,

Et engans e tracios

Es dreitz per elhs apellatz:

Don pretz, dos, solatz e rire

Franh, e vezem car tenir

Los malvatz, que ges servir

Non podon Dieu, ni ver dire.


Per qu' ieu suy al cor iratz,

Quar aissi s pert ad estros,

Per sofracha d' omes bos,

Aquest segles ves totz latz;

Qu' ieu vey qu' hom met en azire

Drechura per fals mentir,

E 'l tort ans qu' el drech escrir,

E 'l mals enans qu' el bes dire.


Joglars ben son dezamatz,

La flors dels valens baros,

Cuy cortz, domneyars e dos

Plazion, joys e solatz;

Qu' er si re als voletz dire

Vos pessaran d' escarnir,

Quar ja no 'ls pot abellir

Qu' aver; aver lur tolh rire.


Lo valens coms, sens fench dire,

Mante pretz e s fa grazir

D' Astarac, e 'l platz servir

E donar e joy e rire.


domingo, 30 de julio de 2023

De l' origine de nostre Vulgaire François, que les anciens appelloient Roman, & dont procede la difference de l' orthographe, & du parler.

LIVRE HUICTIESME

De l' origine de nostre Vulgaire François, que les anciens appelloient Roman, & dont procede la difference de l' orthographe, & du parler.

De l' origine de nostre Vulgaire François, que les anciens appelloient Roman, & dont procede la difference de l' orthographe, & du parler.

CHAPITRE I.

Nostre France appellee au temps passé Gaule, eut sa langue originaire qui se continua longuement en son naïf, comme toute autre. Or est-il qu' en la mutation des langues il y a deux propositions generales que l' on peut recueillir des evenemens: La premiere est un changement qui procede de nos esprits, comme ainsi soit que selon la diversité des temps, les habits, les magistrats, voire les Republiques prennent divers plis sous un mesme peuple: aussi combien qu' en un pays il n' y ait transmigration de nouvelles peuplees, toutesfois successivement en mesme ordre que toute autre chose, se changent les langues par une taisible alluvion. Et pour cette cause disoit un ancien Poëte de Rome que beaucoup de paroles renaistroient, desquelles l' usage estoit perdu: Et au contraire que quelques autres perdroient leur vogue qui avoient esté en credit.

Outre cette mutation qui se presente sans y penser, il s' en trouve une autre que quelques uns appellent corruption, lors qu' un pays estant par la force des armes subjugué, il est contraint pour complaire au victorieux d' apprendre sa langue. Et reçoit cette forme encores autre consideration, d' autant que quelquesfois le pays vaincu est tellement nettoyé des premiers habitateurs, que les nouvelles colonies y plantent du tout leurs langues. Quelquesfois aussi n' y a si universelle mutation, ains advient, ou que pour la necessité des affaires qui s' offrent en un pays vaincu avec le victorieux, ou pour luy agreer par une servitude taisible, & si ainsi me le faut dire, par une volontaire contrainte, nous apprenons avec les loix de nostre Seigneur, par un mesme moyen son langage. De celles cy quant est des langues dont nous avons cognoissance, sont la Françoise, & l' Espagnole, & lors ne se fait generale mutation, ains entons sur nostre langue ancienne la plus grande partie des mots, ou manieres de dire de l' estranger, nous les faisans par longue traite de temps propres, tout ainsi que leurs façons: Le Latin estoit la langue premiere de l' Italien: Ce neantmoins par laps de temps, le Got, le Lombard, le François, & de nostre temps l' Espagnol y ont tellement mis du leur, que vous la voyez estre composee de ces cinq: & toutesfois n' y a rien qui soit pur Latin, pur Got, pur Lombard, pur François, pur Espagnol. Et l' Anglois (que les anciens appellerent Anglosaxon) bien qu' il apportast nouveau parler au pays, où il fit sa residence, si est-ce que pour le present encores se ressent-il de grande quantité de nos mots par la domination qu' entreprist sur luy le Normand. Et qui plus est n' ayant totalement, & si ainsi je l' ose dire, de fonds en comble desraciné sa vieille langue, encores retient-il plusieurs dictions Latines, que les Romains avoient semees en la grand Bretagne, lors qu' ils y planterent leurs victoires. Ce qu' à grand peine recognoistrez vous en l' Allemant sur lequel le Romain ne sceut que bien peu enjamber: De cette mesme façon nos anciens Gaulois (comme recite nostre Langey) accreurent leur Vulgaire jusques vers les parties du Levant, où ils firent plusieurs conquestes. De maniere que cette proposition semble estre du tout necessaire, si de plusieurs particularitez nous alambiquons un universel, que selon la diversité des conquestes & remuemens de nouveaux menages, les Langues reçoivent corruption plus ou moins, selon la longueur du temps, que les conquereurs demeurent en possession du pays par eux conquis.

Ces reigles generales presupposées, qui semblent par un discours de nature estre veritables & infaillibles, nostre Gaule eut semblablement sa langue originaire, toutesfois ny plus ny moins que l' Italienne, & l' Espagnole, aussi a elle receu ses mutations, & a l' on basty un nouveau langage sur les fondemens de l' ancien. Les mots toutesfois empruntez ou des nouvelles flottes de gens estrangers, qui desbonderent dans les Gaules, ou des victorieux qui s' en impatroniserent: je dy des nouvelles flottes de gens estrangers, comme des Grecs, & Phocenses, qui prindrent terre ferme à Marseille, ainsi que plusieurs estiment. Je dy des victorieux, comme premierement des Romains, puis des François: Ainsi la langue dont nous usons aujourd'huy selon mon jugement est composée, part de l' ancienne Gauloise, part de la Latine, part de la Françoise, & si ainsi le voulez, elle a plusieurs grandes symbolisations avec la Gregeoise. Et encores le trafic & commerce que nous eusmes sous les regnes du Roy François I. & Henry II. avec l' Italien, nous apporta aussi plusieurs mots affectez de ce pays là. Tous les termes neantmoins de ces Langues estrangeres accommodez au cours de l' ancienne Gauloise. Mais sur tout est infiniement nostre Vulgaire redeuable aux Romains, voire le peut-on dire plustost Romain qu' autrement, encores qu' il retienne grande quantité de mots & du Gaulois & du François.

Et a fin que l' on ne pense que je jette cette pierre à coup perdu, jamais peuple ne fut si jaloux de l' auctorité de sa Langue, comme fut l' ancien Romain. Valere le grand au deuxiesme livre de ses histoires, parlant de la grandeur de Rome, dit que l' on peut bien recueillir combien les anciens Magistrats de cette ville avoient eu la Majesté du peuple, & de l' Empire en recommandation, de tant qu' entre toutes les coustumes tres-religieusement par eux observees ils avoient avec une perseverance infinie accoustumé de ne respondre aux Ambassadeurs de la Grece qu' en Latin, & les contraignoient mesmement de parler Latin à eux par truchemens, & non seulement dans la ville de Rome, mais aussi au milieu de la Grece & de l' Asie, jaçoit que d' ailleurs entre tous les peuples la Langue Grecque eut grand credit. Et faisoient cela (dit Valere) a fin que l' honneur de la langue Latine s' espandist par tout l' Univers. Plutarque en la vie de Caton, dit que luy passant par Athenes, ores qu' il sçeust parler le Grec, si voulut-il haranguer aux Atheniens en Latin, se faisant entendre par son truchement. Suetone raconte que Tibere portoit tel respect à sa Langue, que voulant user en plain Senat du mot de Monopole, qui estoit emprunté du Grec, ce fut avecque une certaine preface, demandant congé de ce faire: & luy mesme une autresfois fit effacer d' un Decret du Senat le mot d' Embleme, comme estant mandié d' une autre Langue que de la Latine, enjoignant tres-estroitement que si l' on ne pouvoit trouver diction propre qui peust representer celle-là en Latin, pour le moins que l' on en usast par un contour de langage: En cas semblable Claudius l' un des successeurs de Tybere fit non seulement razer de la matrice des Juges un personnage d' honneur, mais qui plus est luy osta le nom & tiltre de Citoyen de Rome: parce que combien qu' il sçeust fort bien parler Grec, toutesfois il estoit ignorant de la Langue Latine. De cette mesme opinion vint aussi que les Romains ayans vaincu quelques Provinces, ils y establissoient Preteurs, Presidens, ou Proconsuls annuels, qui administroient la Justice en Latin. Bref sainct Augustin au 19. livre de la Cité de Dieu nous rend tres-asseurez de ce discours, quand il dit au chap. 7. Opera data est ut imperiosa civitas non solum iugum, verum etiam Linguam suam domitis gentibus imponeret. Qui est à dire, on besongna de telle façon, que cette superbe ville non seulement ne se contenta d' asservir, mais aussi voulut espandre sa langue par toutes les nations subjuguees. Cela fut cause que les Gaulois sujects à cest Empire s' adonnerent, qui plus, qui moins, à parler, & entendre la Langue Latine, tant pour se rendre obeïssans, que pour entendre leur bon droit. Et à tant emprunterent des Romains une grande partie de leurs mots, & trouverez és endroicts ausquels le Romain establit plus longuement son Empire (comme en un pays de Provence & contrees circonvoisines) le langage approcher beaucoup plus de celuy de Rome. Ainsi s' eschangea nostre vieille Langue Gauloise en un Vulgaire Romain, tellement que là où nos vieux Gaulois avoient leur propre langage que l' on appelloit Walon, ceux qui leur succederent appellerent le langage plus moderne, Roman: parce qu' il sembloit avoir pris son origine des mots Romains, que l' on avoit, ou adoptez, ou naturalisez en ce pays avec l' ancienne Grammaire Gauloise. Vous commencerez de recognoistre cela dés le temps de Sidonius Apollinaris Evesque de Clermont, lequel au troisiesme de ses lettres congratuloit à Hecdice Gentil-homme Auvergnac que la Noblesse d' Auvergne contemnoit le langage Gaulois pour s' addonner à un autre beaucoup plus exquis: c' estoit vraysemblablement le Romain que nous affectasmes de telle façon, que quelquesuns parlans de nostre pays, l' appelloient quelquesfois Romanie, & nous pareillement Romains. Au deuxiesme Concil de Tours, Ne quis Britannum, aut Romanum in Armorico sine Metropolitanorum comprovincialium voluntate, aut litteris Episcoporum ordinare praesumat: Auquel passage le mot de Romanus est pris pour François, ou Gaulois demeurant en la Bretagne. Luithprand en son premier livre parlant de Guy Comte de Spolete, & Berenger Comte de Fourjule, qui d' une esperance affamee dés le vivant de Charles le Chauve Empereur, partageoient ses Provinces entr'eux, dit que Berenger se donnoit pour son lot l' Italie, & Guy Franciam, quam Romanam vocat. Au supplément de Rheginon, où il est parlé de Louys d' Outremer, qui estoit en Angleterre pendant la prison de Charles le Simple son Pere. Interim Ludovicus, Rex Galliae Romanae filius Caroli, &c. Et quand vous voyez au trente-septiesme tiltre de la Loy Salique deux articles portans, Si Romanus Francum ligaverit sine caussa MCC. den. qui faciunt solidos XXX. culpabilis iudicetur. Si verò Francus Romanum ligaverit sine caussa DC. den. qui faciunt solidos XV. culpabilis iudicetur. Sous ce mot de Romanus, on entend parler du Gaulois. De là vint aussi qu' on appella Roman nostre nouveau langage. Vray que pource qu' il estoit corrompu du vray Romain, je trouve un passage où on l' appelle Rustique Roman. Au Concil tenu en la ville d' Arles l' an 851. article dix-septiesme l' on commande aux Ecclesiastics de faire des Homilies contenans toutes instructions qui appartenoient à l' edification de nostre Foy. Et easdem Homilias quisque transferre studeat in Rusticam Romanam, aut Theodoscam, quò facilius cuncti poßint intelligere quae dicuntur. C' estoit qu' il vouloit qu' on translatast ces Homilies en la langue Françoise, ou Germanique, que les Italiens appellent encores aujourd'huy Tudesque: par ce que nous commandions lors à l' Allemagne, ainsi qu' à la France. Depuis par un long succés de temps parler Roman n' estoit autre chose que ce que nous disons parler François. J' ay veu une vieille traduction qu' une Damoiselle fit des Fables d' Esope, portant ces vers:

Au finement de cest escrit 

Qu' en Romans ay tourné, & dit, 

Me nommeray par remembrance, 

Marie ay nom, si suis de France, 

Per l' amour le Comte Guillaume,

Le plus vaillant de ce Royaume, 

M' entremis de ce livre faire, 

Et de l' Anglois en Roman traire. 

Isope appelle-l'on cil livre, 

Qu' on translata, & fit escrire, 

De Griu en Latin le tourna, 

Et li Roy Auvert qui l' ama 

Le translata puis en Anglois, 

Et je l' ay tourné en François.

Auquel lieu vous voyez que cette Damoiselle use du mot de Roman, & François indifferemment pour une mesme signification. Chose qui estoit encores en usage du temps de Charles le Quint, sous lequel frere Guillaume de Nangy, ayant traduit en François l' Histoire de France, qu' il avoit composee en Latin, dit ainsi sur le commencement de son œuvre. Je frere Guillaume de Nangy ay translaté de Latin en Roman à la requeste des bonnes gens ce que j' avois autresfois fait en Latin, & comme ainsi soit que le Roman fut le langage Courtisan de France, tous ceux qui s' amusoient d' escrire les faicts heroïques de nos Chevaliers, premierement en Vers, puis en Prose, appellerent leurs œuvres Romans, & non seulement ceux-là, mais aussi presque tous autres, comme nous voyons le Roman de la Roze, où il n' est discouru que de l' Amour, & de la Philosophie. Cela apporta entre nous une distinction de deux langages, l' un comme j' ay dit, appellé Roman, & l' autre Walon, qui approchoit plus pres de la naïveté du vieux Gaulois; distinction qui s' est transmise jusques à nous: car aux pays bas ils se disent parler le Walon, & que nous parlons le Roman.

Or advient-il ordinairement que nos langages tant en particulier comme en general, accompagnent la disposition de nos esprits: car si vous vous arrestez au particulier, mal-aisément trouverez-vous un homme brusque en ses mœurs, qui n' ait la parole de mesme, & peu de personnes tardives, & Saturniennes, qui n' ayent aussi un langage morne, & lent. Le general va de mesme: Ainsi voyez-vous entre nous autres François, le Normand assez advisé en ses affaires trainer quelque peu sa parole, au contraire le Gascon escarbillat par dessus tous, parler d' une promptitude de langue, nom commune à l' Angevin & Manceau, de quelque peu, ains de beaucoup moins eschauffez en leurs affaires. & l' Espagnol haut à la main produit un Vulgaire superbe & plain de piaffe. L' Allemant esloigné du luxe parle un langage fort rude. Et lors que les Italiens degenerans de l' ancienne force du Romain, firent plus profession de la delicatesse que de la vertu, aussi formerent-ils peu à peu de ce langage masle Romain, un Vulgaire tout effeminé & molasse. Parce que presque tous leurs mots se terminent és cinq voyelles, & d' avantage voulurent racler la rencontre de deux consonantes qui estoient trop rudes à leurs aureilles delicates, de ces mots de optimus, maximus, factus, firent uns ottimo, maßimo, fatto: ainsi en prit-il à nos Gaulois, non pas quant à la delicatesse de laquelle ils furent tousjours esloignez, mais eschangeans leur langue Walonne en la Romaine, comme ceux qui avoient l' esprit plus brusque & prompt que les Romains, & par consequent le langage vray-semblablement plus court: aussi transplantans la langue Romaine chez eux, ils accourcirent les paroles de ces mots, CorpusTempusAsperum, & autres semblables dont ils firent, Corps, Temps, & Aspre, avec une prononciation (comme il est à croire) de toutes les lettres. Or que l' ancien Gaulois eust un langage court nous l' apprenons, entr'autres, de Diodore, & de cette mesme brieueté (briefveté) de langage prit son origine & essence entre nous l' E feminin incognu à toutes autres nations: lettre qui est moitoyenne entre la voyelle & la consonante prononcee trop affectément en la fin d' une diction. Car elle n' est plaine voyelle en la fin d' un vers où les deux syllabes ne sont comptees que pour une, & qui prononcera à la fin d' un mot le T, ou S, trop affectément, il tombera fort aisément sans y penser en l' affectation d' un E, feminin: Et pour autant que nos Gaulois apprenoient malaisément de Latin comme une langue non accordante avec la leur, de ces mots, Scribere, Schola, Stabiliter, Species, & autres qui de soy estoient de difficile prononciation, pour la rencontre des deux consonantes, a fin de se la rendre facile, ils dirent, Escripre, Escole, Establir, Espece, en la mesme façon que nous voyons encore le Gascon, & Auvergnac pour Schola, & Stephanus dire Eschola, & Estephanus: Ainsi s' estudiant le Gaulois de parler au moins mal qu' il luy estoit possible son Roman, d' un multum, il façonna un moult, d' un ultra, un oultreLupusLoupdulcis, douls, comme nous voyons l' Escossois voulant representer nostre langue par un escorche, ou pour mieux dire par un Escoce François, pour Madame, dire Moudam. Enquoy il n' est pas encore hors de propos, ny impertinent de remarquer en passant que l' v, ainsi que nous le prononçons maintenant en François, nous est du tout propre, & pareillement venant de l' ancien estoc des Gaulois, comme ne se trouvant nation en tout le Ponant qui le prononce de telle façon que nous: Tous les autres, je veux dire, l' Allemant, l' Italien, l' Espagnol, l' Anglois, l' Escosssois, le Polonois, le prononçans en forme de la diphthongue Grecque *gr, le tout en la mesme maniere que les Latins mesmes en userent sur le declin de leur Empire, encores que je sçache bien que quelques-uns se rendent d' advis contraire. Par ainsi nos anciens Gaulois empruntans, comme j' ay dit, du Romain leurs paroles, & les naturalisans entre eux selon la commodité de leurs esprits & de leur Langue, les redigeoient vray-semblablement par escrit comme ils les prononçoient, toutesfois comme toutes choses s' amendent, voyant le monde par un jugement plus delicat tels mots proferez avec toutes leurs lettres estre un peu trop rudes au son des aureilles, on reforma au long aller cette grossiere façon de parler en une plus douce, & au lieu d' Escripre, Eschole, Establir, Temps, Corps, Aspre, douls, outre, mout, Loup, avec prononciation de chaque lettre, & element, l' on s' accoustuma de dire, école, etablir, Tans, Cors, âpre, doux, outre, mout, Lou: vray que tousjours est demeuré l' ancien son en ces mots Espece, & Esperer, mais peut estre que quelque jour viendront-ils au rang des autres, aussi bien que de nostre temps ce mot d' honneste (auquel en ma jeunesse j' ay veu prononcer la lettre de S,) s' est maintenant tourné en un E, fort long. Ainsi se changea cette aspreté qui resultoit du concours & heurt des consonantes, toutesfois parce que l' escriture n' offençoit point les aureilles, elle demeura tousjours en son entier, prenant la prononciation autre ply: & delà à mon jugement voyons nous l' escriture ne se rapporter à la prononciation. Chose qui a excité grandement quelques notables esprits du commencement du regne du Roy Henry II. Car comme ainsi soit que le temps eust lors produit une pepiniere de braves Poëtes, aussi chacun diversement prit cette querelle en main, les aucuns estans pour le party qu' il falloit du tout accorder l' escriture au parler, s' y rendans mesmement extremes. Les autres nageans entre deux eaux, voulurent apporter quelque mediocrité entre les deux extremitez. Ce nonobstant apres plusieurs tracassemens, en fin encores est on retourné à nostre vieille coustume, fors que de quelques paroles on en a osté les consonantes trop esloignees de la prononciation, comme la lettre de P, des mots de Temps, Corps, & Escripre, ayant en cecy pratiqué ce que Ciceron disoit en son Orateur, qu' il avoit laissé l' usage de parler au peuple, & s' en estoit reservé la science. Question certes qui n' est pas à negliger, & sur laquelle je me donnay carriere en une Epistre que j' escrivois à feu Monsieur Ramus, qui est au second livre de mes Lettres. Quintilian au chap. 13. du second livre de ses Institutions Oratoires parlant des anciens Romains. Peut-estre (dit-il) parloient-ils, tout ainsi comme ils escrivoient. Qui monstre que de son temps, on en usoit autrement. Maintenant il me suffit d' avoir discouru dont est provenuë la diversité qui se trouve en nostre langue entre le Parler & l' Orthographe.

martes, 19 de diciembre de 2023

Lexique roman, AL: Al - Alzona

AL, ALS, AS, art. masc. ind. sing. et pl., au, aux.

Sing. Benanansa non pot negus aver

De nulha re, mas d'aquo qu'al cor plai.

Folquet de Marseille: S'al cor plaques. (= plagues)

Personne ne peut avoir bien-être de nulle chose, excepté de ce qui plaît au coeur.

Plur. D'aisso sai grat als autres trobadors.

Arnaud de Marueil: L' ensenhamentz.

Je sais gré de ceci aux autres troubadours.

AS, contraction d' ALS, se rencontre rarement chez les troubadours, surtout dans les bons manuscrits.

CAT. ESP. ANC. PORT. IT. AL au singulier.


AL, adj. indét., lat. alius, autre.

Ni AL res no m fai viure.

P. Rogiers: Tan no plou.

Ni autre chose ne me fait vivre.

Que de ren AL no s rancura ni s clama.

B. de Ventadour: Be m'an perdut.

Qu'il ne se plaint ni se réclame d'autre chose.

Subst. Qu'assatz vei que tot l'als qu'om fai

Abayss e sordei e dechai.

P. Rogiers: Tant ai mon.

Vu que je vois assez que toute autre chose qu'on fait baisse et s' avilit et déchoit.

ANC. FR. Ne donna or, argent ne covre,

Plonc ne estain, airain ne al.

Roman du Renart, t. IV, p. 102.

L'ancien catalan employait als, soit comme adjectif, soit comme adverbe. 

ANC. ESP.

Al non significaba, como diz la lection.

Milagros de Nuestra Señora, cop. 41.

E qui al quisiere serie su ocasion.

Poema del Cid, v. 3472.

Le Dictionnaire de l'Académie de Lisbonne dit que AL est un ancien

pronom indéclinable, signifiant aliud, et les nombreux exemples qu'il cite

sont tous de l'emploi d' AL comme substantif neutre.

Mais on trouve aussi dans l'ancien portugais AL adjectif.

Mesura nen deus nen AL ren...

De querer

AL ben en quant' eu vivo for se non vos.

Cancion. do coll. dos Nobres, fol. 43 et 42.

2. Altre, Autre, adj. indét., lat. alter, autre.

Que totz es autres qu'anc no fon.

Qu'en altra terra eu moria.

B. de Ventadour: Peyrols; Tuit sel que.

Qu'il est tout autre qu'il ne fut jamais.

Qu'en autre terre je mourrais.

Subst.

Qu'autra del mon no m platz ni m'abelis.

Rambaud de Vaqueiras: Del rei d'Aragon.

Qu'autre du monde ne me plaît ni me charme.

Jutga enaissi los altres com tu volrias esser jutgaz.

Trad. de Bède, fol. 65.

Juge les autres ainsi que tu voudrais être jugé.

Substantiv. et corrélativ. avec l' adjectif numéral UN.

E l'us en l'autre no si puesca fizar.

Bertrand de Born: Ieu m' escondisc.

Et l'un ne se puisse fier en l'autre.

ANC. FR. De l'altre part.

Anc. trad. des liv. des Rois, fol. 22.

Vanter è mentir, l'un è l'altre est folie...

De l'une part et d'altre gran perte recoillirent.

Roman de Rou, v. 1686, 1689.

ANC. ESP.

Tenien un contra altro los rostros retornados.

El sacrificio de la misa, cop. 13.

CAT. Altre. ESP. MOD. Otro. PORT. Outro. IT. Altro.

Employé explétivement avec les substantifs personnels NOS, VOS.

E nos autres em tug d'aquel eys sen.

Raimond de Castelnau: Mon sirventes.

Et nous autres nous sommes tous de ce même sentiment.

El aura merce de vos autres.

Roman de la prise de Jérusalem, fol. 1.

Il aura merci de vous autres.

ANC. FR. Nos autres aymons la patience de Dieu.

Crespet, trad. de Tertullien.

CAT. Nos altres (nosaltres). ESP. Nos otros (nosotros). PORT. Nos outros. IT. Noi altri.

(N. E. catalán nosaltres, vosaltres se parece algo a nos autres, ¿no? 

Chapurriau, natros, natres, vatros, vatres

lengua valenciana, nosatros: mosatros, etc.)

Adv. comp. Qu' otra mar passessan est autr' an.

B. Carbonel: Per espassar.

Qu'ils passassent outre mer, cet an prochain.

L'autre dia per un mati.

Gavaudan le vieux: L'autre dia.

L'autre jour par un matin.

L'autre jorn cost' una via.

Gui d' Uisel: L'autre jorn.

L'autre jour près d'un chemin.

L'autr'ier fuy en paradis.

Le moine de Montaudon: L'autr'ier.

L'autre jour je fus en paradis.

ANC. FR. Membrez-vos des Normanz k'il vos firent l'autr'ier.

Roman de Rou, v. 2969.

3. Altrui, Autrui, adj. indét., qui est d'autrui, d'un autre.

E de l' autrui joy suy joyos. E. Cairel: Si cum.

Et je suis joyeux de la joie d'autrui.

E sap gran ren de las autrui cansos.

V. d' Hugues de Pena.

Et il sut beaucoup des chansons d'autrui.

Subst. Qu'ieu cas so qu'autrui pren.

B. de Ventadour: Conort.

Que je chasse ce qu'autrui prend.

E 'l reis conquier l'autrui e 'l sieu defen.

Bertrand de Born: Gent fai.

Et le roi conquiert le bien d'autrui et défend le sien.

ANC. FR.

Ne altrui eritez par forche ne prendreient.

Roman de Rou, v. 790.

Et rendent l'autrui chatel. Joinville, p. 10.

La meilleure partie des hommes ayme mieus atteindre et ravir l' autruy par travail, que jouir du leur en repos et en sûreté.

Contes d' Eutrapel, fol. 158.

Je n'i vi cottes brodées ni le roy ni les autrui. Joinville, p. 7.

L'ancien italien l'a employé adjectivement pour les choses.

ANC. IT. Ciò, che ora è nostro, altrui fu già.

Guittone d' Arezzo, Lett. 3.

ANC. CAT. Altruy. PORT. Outrem. IT. Altrui.

4. Atressi, adv., de même, pareillement.

Paura era nostra Dona e Joseph atressi.

La nobla Leyczon.

Notre Dame était pauvre et Joseph aussi.

Conj. comp. Atressi cum la candela

Que si meteyssa destruy.

P. Raimond de Toulouse: Atressi cum.

Ainsi que la chandelle qui se détruit elle-même.

C' atressi m nafra amors,

Com vos, de sa lansa.

Rambaud de Vaqueiras: Engles.

L'amour me blesse, ainsi que vous, de sa lance.

ANC. FR.

Li roiz en fu blasmé et Gerberde altressi.

Roman de Rou, v. 4394.

Li blanc moine de l'ordre de Cystiaus erent altressi en discorde. 

(N.E. Císter, Cistell, Cystiaus, etc.)

Villehardouin, p. 45.

Tout autressi com fraint nois e ivers.

Le roi de Navarre, chanson 36.

Autresi se tapissent come oisiax priz en reiz.

Roman de Rou, v. 3493.

ANC. CAT. Altresi. ESP. Otrosí. ANC. PORT. Outrossi. PORT. MOD. Outrosim. IT. Altresì.

5. Atretal, Altretal, adj., le même, tel, pareil.

Gardatz non deveigna

Altretal de vos.

P. de la Caravane: D'un sirventes.

Prenez garde qu'il ne devienne tel que vous.

Totas las dopt e las mescre,

Quar sai que atretal se son.

B. de Ventadour: Quan vei la.

Je les crains et les mécrois toutes, car je sais qu'elles sont les mêmes.

Adv. Mas l'usatge del escorpion te,

Qu'auci rizen, et ilh fetz atretal.

G. Faidit: Ben a amors.

Mais elle tient l'usage du scorpion, qui tue en riant, et elle fit de même.

Prép. comp. Blanc' e fresc' atretal

Cum par neus a Nadal.

B. de Ventadour: Lo gens temps.

Blanche et fraîche ainsi que la neige paraît à Noël.

ANC. FR. E li dus a sor sainz jurés

Ke atretel loier atendent.

Tout altretel pensé out li reis Loeis.

Roman de Rou, v. 9497 et 3889.

ANC. CAT. Altretal. ESP. Otrotal. IT. Altrettale.

6. Atrestan, Atretan, adv., autant, de même, ainsi.

Ar agues ieu mil marcx de fin argen

Et atrestan de fin aur e de ros.

Pistoleta: Ar agues.

Que j'eusse maintenant mille marcs d'argent fin et autant d'or fin et roux.

C' atretan mi plai lo volers

D'un lop.

P. Cardinal: De sirventes.

Qu'autant me plaît le vouloir d'un loup.

ANC. FR. En tot li mond n'a altretant.

Roman de Rou, v. 12585.

CAT. Altretant. ESP. Otrotanto (otro tanto). PORT. Outrotanto. IT. Altrettanto.

7. Altercar, v., lat. altercari, disputer.

Del guardamen de la regla alques fraires altercavo et contendio.

Cat. dels apost. de Roma, fol. 213.

Quelques frères disputaient et contestaient sur l' observance de la règle.

ANC. FR. Ainsi comme les diz... alterquoient et debattoient ensemble.

Lett. de rem., 1459. Carpentier, t. 1, col. 175.

CAT. ESP. PORT. Altercar. IT. Altercare.

8. Altercatio, s. f., lat. altercatio, altercation, dispute.

De que ac gran altercatio... Del qual es grans altercatios.

Cat. dels apost. de Roma, fol. 69 et 124.

De quoi il y eut grande altercation... Duquel est grande altercation.

CAT. Altercació. ESP. Altercación. PORT. Altercação. IT. Altercazione.

9. Alienar, v., lat. alienare, aliéner.

Si alcus hom, quant veng a mort, laisset una causa ad autre, en tal convent qu'el non la alienes ad autre, el non la deu alienar per neguna guisa. Trad. du Code de Justinien, fol. 40.

Si quelque homme, quand il vint à trépas, laissa une chose à un autre, en telle condition qu'il ne l' aliénât à autrui, il ne la doit aliéner en aucune manière.

CAT. ESP. PORT. Alienar. IT. Alienare.

10. Alienatio, s. f., lat. alienatio, aliénation, vente.

Ben val la alienatios per aquella partida.

Trad. du Code de Justinien, fol. 40.

L' aliénation vaut bien pour cette partie.

En tant que serian alienations... voluntarias.

Statuts de Provence. Julien, t. 1, p. 255.

En tant que les aliénations seraient volontaires.

- Aliénation mentale.

Alienatio o desmemoriament

Eluc. de las propr., fol. 50.

Aliénation ou perte de mémoire.

CAT. Alienació. ESP. Alienación. PORT. Alienação. IT. Alienazione.

11. Alienansa, s. f., aliénation.

Entro que... l' alienansa sia facha.

Cout. d' Alais, Arch. du Roy., K, 714.

Jusqu'à ce que... l' aliénation soit faite.

12. Alhondres, adv., lat. aliunde, ailleurs.

Mas l'amor, qu'en me s'es enpreza,

No m laissa alhondres anar. 

R. Vidal de Bezaudun: Unas novas.

(N. E. ¿En qué lengua se escribía en Besalú en tiempos de Ramón Vidal?

- No confundir alhondres con A Londres.)

Mais l'amour, qui s'est éprise en moi, ne me laisse pas aller ailleurs.

Si cauza, alondre emblada, a Monpeslier trobada es.

Statuts de Montpellier de 1204. 

(N. E. Misma pregunta para Montpellier en 1204. Pedro II de Aragón sabía la respuesta.)

Si chose, dérobée ailleurs, est trouvée à Montpellier.

IT. Altronde.

13. Alhors, adv., ailleurs.

Ce mot composé, soit des mots latins ALIA HORA, soit des mots romans AL HORA, d'abord adverbe de temps, est devenu adverbe de lieu, comme on a dit l'espace d'une heure, tandis qu' espace ne s' appliquait primitivement qu'à l' étendue.

Mas forsa d'amor m'en rete,

Que no m laissa virar alhors.

Arnaud de Marueil: Ab pauc.

Mais force d'amour m'en retient, qui ne me laisse tourner ailleurs.

ANC. FR. En Normendie vint, aler aillors ne sout.

Roman de Rou, v. 2528.

Il vosist miex estre aillors.

Roman du Renart, t. II, p. 202.

ANC. PORT. De me partir de vos per nulla ren

E yr morar allur sen vosso ben.

… E sen meu grad allur morei.

Cancion. do coll. dos Nobres, col. 90.


14. Alterar, v., lat. alterare, altérer, détériorer.

La qual altera la compleccio.

Trad. d' Albucasis, fol. 2.

Laquelle altère la complexion.

CAT. ESP. PORT. Alterar. IT. Alterare.

15. Alteracio, s. f., lat. alteratio, altération.

Sosmes a mantas alteracios.

Eluc. de las propr., fol. 31.

Soumis à maintes altérations.

CAT. Alteració. ESP. Alteración. PORT. Alteração. IT. Alterazione.

16. Alteratiu, adj., qui altère, altératif.

Del ayre alterativa.

Eluc. de las propr., fol. 268.

Altérative de l'air.

ANC. ESP. IT. Alterativo.

17. Alterable, adj., altérable.

Aiga de ploia es de leu alterabla.

Eluc. de las propr., fol. 136.

Eau de pluie est facilement altérable.

ESP. Alterable, IT. Alterabile.


Ala, s. f., lat. ala, aile.

Quan vey l' alaudeta mover (la laudeta)

De joi sas alas contra 'l rai.

B. de Ventadour: Quan vey.

Quand je vois l' alouette mouvoir de joie ses ailes contre le rayon.

Se penh ab alas als talos. Brev. d'amor, fol. 32.

Il se peint avec des ailes aux talons.

Fig. Aisso que oratio pervenga davan Dieu, coven que aia doas alas que la porton al cel: so son dejunis et almornas... ses aquestas doas alas, oratio non pot volar entro a Dieu. V. et Vert., fol. 90.

Afin que l' oraison parvienne devant Dieu, il convient qu'elle ait deux ailes qui la portent au ciel: ce sont jeûnes et aumônes... sans ces deux ailes, l' oraison ne peut voler jusqu'à Dieu.

Loc. La lor amor m' agra ferit sotz l' ala,

S' amar degues.

T. de B. de Ventadour et d' Alb. de Sisteron: En amors.

Leur amour m' eût frappé sous l' aile, si je dusse aimer.

- Partie d'un bâtiment.

Pero si ben vol amparar

Lo castel, l' ala ni 'l bastos,

Passar pot Escotz et Engles.

Pierre du Vilar: Sendatz vermelhs.

Pourtant s'il veut bien défendre le château, l'aile et le bastion, il peut passer Écossais et Anglais.

CAT. ESP. PORT. IT. Ala.

2. Alat, adj., lat. alatus, ailé.

Aladas et quaysh cum menudas moscas.

Eluc. de las propr., fol. 251.

Ailées et quasi comme petites mouches.

CAT. Alat. ESP. PORT. Alado. IT. Alato.

3. Alapens, adj., à ailes pendantes.

E s'es per natura alapens. Deudes de Prades, Auz. cass.

Et s'il est naturellement aux ailes pendantes.

CAT. Alabax. ESP. Alicaído.

4. Eissalatar, v., déployer.

Part. pas. Si non bat fort, e 'l bec non bada,

Ni te la coa eissalatada,

Sas es de cors; no i a dopte.

Deudes de Prades, Auz. cass.

S'il ne bat fort, et n' ouvre le bec, ni ne tient la queue déployée, il est sain de corps; il n'y a pas de doute.

Alabarda, s. f., hallebarde.

Securim palatinam qua regum satellites et corporum custodes armantur;

Halle, Atrium palatii; Bard, veteri Germanorum sive Celtarum vocabulo,

Securis. 

Voyez Cluverius, Germ. antiq., lib. I, cap. 44; J. Lipsi epist. 44 ad

Belgas; Mayans, t. II, p. 231, etc.; Denina, t. III, p. 3.

Portavo una alabarda d'una ma et a l' autra una torcha alucada.

Tit. de 1534. DOAT, t. CIV, fol. 315.

Ils portaient une hallebarde d'une main et à l'autre une torche allumée.

CAT. ESP. PORT. IT. Alabarda.


Alabaustre, s. m., lat. alabastrites, albâtre.

El sepulcre del alabaustre.

Cat. dels apost. de Roma, fol. 201.

Le sépulcre d' albâtre.

CAT. Alabastre. ESP. PORT. IT. Alabastro.

CAT. Alabastre. ESP. PORT. IT. Alabastro.

Alars, s. m., enjambée, bond.

L' emporta a grans sauts et alars. V. de S. Honorat.

L' emporte à grands sauts et bonds.


Alauza, s. f., lat. alauda, alouette

(N. E. laudeta; alaudeta, puede ser una errata: la laudeta por 

l'alaudeta.)

La langue latine avait emprunté ce mot à la langue des Gaulois.

Gallico vocabulo... legioni nomen dederat alaudae.

Plinio, lib. XI, c. 37.

Vocabulo quoque gallico alauda etiam appellabatur.

Suetonius, in Julius Caesar, c. 24

César en levant une légion lui avait donné le nom latin galerita, alouette;

mais comme les soldats qui composaient cette légion étaient de la Gaule transalpine, le mot gaulois alauda prévalut.

Grégoire de Tours, lib. IV, c. 30, dit:

Avis corydalus quam alaudam vocamus.

Voyez Vossius, de Vit. serm. l. 1, c. 2; Hauteserre, Rer. Aquit., l. I, c. 7;

Fortia d' Urban, Disc. sur les ann. du Hainaut, t. V, p. 412.

Una alauza li gitara. DEUDES DE PRADES, Auz. cass.

Lui jettera une alouette.

Ayssi fuio Rollan com alauza esparvier.

Roman de Fierabras, v. 4668.

Ils fuient Roland ainsi que l' alouette l' épervier.

ANC. FR. Plustost passans que le vol d' une aloue.

Œuvres d' Alain Chartier, p. 712.

Al matin al poin que l' aloe

La douce chançonete loe.

Guill. Guiart, Carpentier, t. I, col. 140.

ESP. Alondra. IT. Allodola.

2. Alaudeta, Alauzeta, s. f., alouette.

Quan vey l' alaudeta mover

De joi sas alas contra 'l rai.

B. de Ventadour: Quan vey l'alaudeta.

Quand je vois l'alouette mouvoir de joie ses ailes contre le rayon.

E pueis l'effan ne fes aussels,

Alauzetas et estornels.

Trad. de l' Évang. de l' Enfance.

Et puis l'enfant en fit des oiseaux, alouettes et étourneaux.

(estornino, estorninos)

ANC. FR. L' aloëte liève ses chans. Roman de la Violette, p. 275.

Alban, adj., lat. albus, blanc.

(N. E. Montalbán, Montblanc, Montblanch, etc.)

E peinh sos peills cum s' er' auras;

Ben a trent' ans que for' albas,

Si no fos lo negrezimen.

Le moine de Montaudon: Pus Peyre.

Et il peint ses cheveux comme s'il était évaporé; il y a bien trente ans qu'il serait blanc, si ce ne fût la peinture noire.

ESP: Albo (blanco). PORT. Alvo. IT. Albo.

2. Alba, s. f., lat. alba, aube. (N. E. Auba)

Bo mati, ans que fos alba. 

Philomena.

Bon matin, avant qu'il fût l'aube.

Dieus! qual enueg

Mi fai la nueg!

Per qu'ieu desir l'alba.

H. de la Bachélerie: Per grazir.

Dieu! quel ennui me fait la nuit! c'est pourquoi je désire l'aube.

Fig. E tu yest l'alba del dia

Don lo tieus filhs solelhs es.

P. Cardinal: Vera Vergena.

Et tu es l'aube du jour dont ton fils est le soleil.

ANC. FR. Tu forjas l'albe e le soleil.

Anc. tr. du psaut. de Corbie, ps. 73.

CAT. ESP. Alba. PORT. Alva. IT. Alba.

- Aubade, sorte de poésie qu'on chantait à l'aube du jour.

Vuelh far alb' ab son novelh.

H. de la Bachélerie: Per grazir.

Je veux faire une aubade avec un air nouveau.

Car, qui sap dansas far

E coblas e baladas

D' azaut maiestradas,

Albas et sirventes.

G. Riquier: El nom del ver.

Car, qui sait faire danses et couplets et ballades composées avec grâce,

aubades et sirventes.

CAT. ESP. Albada.

- Aube, vêtement blanc pour les prêtres.

Aisso meteys nos significa l' alba e la sotzsencha de que se vieston los ministres de sancta gleya, cant devon servir a l'autar.

V. et Vert., fol. 97.

L'aube et la sous-ceinture dont se revêtent les ministres de la sainte église, quand ils doivent servir à l'autel, cela même nous signifie.

CAT. ESP. Alba. PORT. Alva.

3. Albeta, s. f., petite aube.

Un bon mati,

Enans de l' albeta.

Un troubadour anonyme: Per amor.

Un bon matin, avant la petite aube.

4. Albor, s. f., aube.

E intrec a Beziers un matin à l' albor, (no suele ser à, sino a)

E enquer jorns no fo.

Guillaume de Tudela.

Et il entra à Beziers un matin à l'aube, et il ne fut pas encore jour.

Qu'ab sa resplendor

Tud' altra clardor, (: claror)

Quo 'l dia l' estela d' albor.

J. Esteve: S'un vay be.

Qu'avec son éclat éteint autre clarté, comme le jour l' étoile de l'aube.

- Blancheur, albeur.

A blancor perteno candor, albor.

Eluc. de las propr., fol. 205.

A la blancheur appartiennent candeur, albeur.

ANC. CAT. ESP. Albor. PORT. Alvorada. IT. Albore.

5. Albaysia, s. f., temps clair, beau temps.

Apres ellas, s'en van las barcas dreyta via

De pelegrins c' avian esperat l' albaysia.

V. de S. Honorat.

Après elles, s'en vont droit chemin les barques de pélerins qui avaient attendu le temps clair.

6. Album, s. m., lat. album, blanc, album.

Coto enbegut en album de huou... Album del huel.

Trad. d' Albucasis, fol. 5 et 6.

Coton imbu dans le blanc d' oeuf... Blanc de l' oeil.

IT. Album.

7. Albuge, s. f., lat. albugo, taie blanche dans l'oeil.

S' albuges o mailla hi creys, aisi 'l guerretz.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Si taie blanche ou maille lui croît, vous le guérirez ainsi.

Oudin et Cotgrave donnent le mot albugine pour français.

IT. Albugine.

8. Albugine, adj., blanc, blanchâtre.

La humiditat albuginea.

Trad. d'Albucasis, fol. 19.

L' humidité blanchâtre.

9. Albuginenc, adj., blanc, blanchâtre.

La prumiera humor es albuginenca.

Eluc. de las propr., fol. 36.

La première humeur est blanchâtre.

10. Albificar, v., blanchir, rendre blanc.

Entro que sia albificat.

Trad. d'Albucasis, fol. 3.

Jusqu'à ce qu'il soit blanchi.

11. Azalbar, v., blanchir, éclaircir.

Part. pas.

Domna, ben fon saubut et azalbat

Lo luns mati.

G. Rainols d' Apt: Auzir cugei.

Dame, bien fut connu et éclairci le lundi matin.

12. Dealbatiu, adj., blanchissant, blanchisseur.

De sanc mestrual receptiva et d'el en layt dealbativa.

Eluc. de las propr., fol. 51.

Receveuse du sang menstruel et blanchisseuse de lui en lait.

13. Dealbatio, s. f., blancheur, blanchissage.

Pren dealbatio.

Eluc. de las propr., fol. 273.

Prend blancheur.

14. Dealbar, v., lat. dealbare, blanchir.

O tals lauzengiers escuzan e dealbon a persona totz sos mals.

V. et Vert., deuxième trad., fol. 32.

Ou tels flatteurs excusent et blanchissent à une personne toutes ses fautes.

Part. pas. Coma sepulcre que es dealbatz per deforas.

V. et Vert., fol. 94.

(N. E. QUINTANETA)

Comme un sépulcre qui est blanchi par dehors.

15. Subalbenc, adj., sous-blanchissant.

Lor natural color, que deu esser subalbenca.

Eluc. de las propr., fol. 265.

Leur couleur naturelle, qui doit être sous-blanchissante.


Alban, s. m., aubrier, sorte d'oiseau de proie.

Venon al Castel-Nou, don se moc un alban

Que venc devas senestre sai a la destra man,

Et anec tant can poc encontra sus volan.

Guillaume de Tudela.

Ils viennent à Château-Neuf, d'où s' élança un aubrier qui vint devers la gauche en çà à la main droite, et il alla tant qu'il put à l' encontre sus en

volant.

2. Albanel, s. m., haubereau, hobereau.

D' albanel, de gavanh, d' autres auzels ferens.

P. de Corbiac: El nom de.

De haubereau, de goéland, d'autres oiseaux carnassiers.

IT. Albanella.


Albar, s. m., aubier, obier, aubour.

Un saug fil d' albar. P. Vidal: Ges pel temps.

Un sureau fils d' aubier.

2. Alborn, s. m., lat. alburnum, aubier, obier, aubour.

Ab arc manal d' alborn. (manual, de ma)

Pierre d' Auvergne: Chantarai.

Avec un arc manuel d' aubour.

E li traisses tot entorn,

Sagetas ab arc d' alborn.

Guillaume de Berguedan: Un sirventes.

Et lui tirassiez tout autour flèches avec un arc d' aubier.

ANC FR.

Arc d' aubour porte et sajettes d' acier...

Il prend son arc d' aubor.

R. de Garin, Du Cange, t. I, col. 670.

Car vous estes mieux digne de pendre à I ambour.

Que d' espouser roïne de si haute tenour.

Poëme de Hugues Capet, fol. 15.

CAT. Albenc. 

ESP. Alborno. (alburno. Del lat. alburnum; var. alborno.) 

m. Bot. Albura (capa de la madera). “Distinguiéndose por esta razón en él dos partes: una, central, que es leño propiamente, y otra, periférica, que se llama albura o alburno.” Colmeiro, Botánica, ed. 1871. t. 1. p. 78.

- N. E. sauce blanco, salix alba; chap. sarguera.)

3. Albareda, s. f., albarède, lieu planté d' aubiers.

Coma albareda per sauzeda. Leys d'amors, fol. 68.

Comme albarède pour saussaie.

Prats o aiguas, o albaredas. 

Titre de 1271, arch. de la mais. de Lentillac. 

Prés ou eaux, ou albarèdes.


Albaran, s. m., quittance, acquit.

Le mot arabe barat signifie diploma regium, imprimis quo immunitas

aut privilegium alicui conceditur.

Castel, Lexicon heptagl.

Per loqual testimoni lo present albaran ay de ma man propra seignad.

Tit. de 1428, Hist. de Nîmes, t. III, pr., p. 228.

Pour lequel témoignage j'ai signé de ma propre main la présente quittance.

Sagellar carta ni letra ni albaran que contenga obligacion de deniers.

Cartulaire de Montpellier, fol. 81.

Sceller charte ni lettre ni quittance qui contienne obligation de deniers.

ANC. FR. Ne doit rien lever du voiturier qui aura payé audit Beziers, en fesant foi de l' albare et cartel signé du commis.

Tit. de 1540. Carpentier, t. 1, col. 141.

CAT. Albará. ESP. Albaram (albarán). PORT. Alvará.


Alberc, s. m., demeure, logement, maison.

Primitivement l'ancienne langue allemande a dit heri-berg, (Herberge) de l'armée, camp, ou montagne (Berg); dans la basse latinité, heribergus a

signifié logement de l'armée, logement public; et enfin le sens a été restreint au simple logement.

Schilter, Gloss. teutonic., donne divers exemples d' heriberga, employé par la langue francique dans l'acception de tabernaculum, demeure.

Bi then heribergon dhero herdon.

(Bi then, English: by the; Hirte, Hirt, Hüter)

Près les tabernacles des bergers.

Cant. cant. I, 8.

Voyez Juste Lipse, Epist. 44, ad Belgas.

Per mandamen de son senhor,

Vas l' alberc d' En Bascol s'en cor.

R. Vidal de Bezaudun: Unas novas.

Par ordre de son seigneur, il court vers la demeure du seigneur Bascol.

Tan feron que lo conduisseron a Tripoli en un alberc.

V. de Geoffroi Rudel.

Ils firent tant qu'ils le conduisirent à Tripoli en un logement.

Fig. Del alberc e del pays

E del lignage de David.

Trad. d'un Évang. apocr.

De la maison et du pays et du lignage de David.

- Droit de gîte.

Vingt sols... que l'om li pag quad an per alberg.

Tit. de 1216, DOAT, t. CXXIX, fol. 155.

Vingt sous... qu'on lui paie chaque année pour droit de gîte.

ANC. FR.

Ne cuidoie que ci fussent fait mi herbert.

Roman de Berte, p. 52.

CAT. Alberg. ANC. ESP. Albergo. ESP. MOD. PORT. Albergue. IT. Albergo.

2. Alberga, Alberja, s. f., barraque, tente, campement.

Per totas las albergas an li grayle sonat.

Roman de Fierabras, v. 3882.

Les cors ont sonné par tous les campements.

(grayle, cors: chap. gralla, gralles, corv, corvs)

Fan alberjas bastir e traps dressar.

Roman de Gerard de Rossillon, fol. 72.

Ils font bâtir baraques et dresser tentes.

ANC. FR. Là fit tendre ses herberges et i demeura aucuns jours.

Rec. des hist. de Fr., t. V, p. 236.

- Droit d' albergue, de gîte.

El coms avia alberga ab tans companhos que menaria.

Tit. de 1221, Arch. du Roy., J, 309.

Le comte avait droit de gîte avec autant de compagnons qu'il mènerait.

Demandar a me ni a mos homes tolta, ni quista, ni alberga.

Tit. de 1217 du Rouergue, Arch. du Roy.

Demander à moi ni à mes hommes tolte, ni quiste, ni albergue.

L' alberga a IIII manjar et disnar.

Tit. de 1135. Bosc, mém. du Rouergue, t. III, p. 203.

L' albergue à manger et dîner pour quatre personnes.

3. Albergue, s. m., droit de gîte.

Donec albergue can venran ni tornaran.

Tit. de 1190. DOAT, t. CXIV, fol. 242.

Il donna droit de gîte quand ils viendront et retourneront.

4. Alberguaria, s. f., demeure, campement.

Segur pot estar dedins s' albergaria.

G. Figueiras: Un nou sirventes.

Il peut rester sûr dans sa demeure.

E Frances los esgardan de lor alberguaria.

Roman de Fierabras, v. 1321.

Et les Français les regardent de leur campement.

ANC. FR.

Qui avoeques Constance a pris hebergerie.

Roman de Berte, p. 83.

- Droit de gîte.

Donec als homes de l' abadia... albergaria en las suas maisos.

Tit. de 1190. DOAT, t. CXIV, fol. 242.

Il donna aux hommes de l'abbaye... droit de gîte dans les siennes maisons.

ANC. CAT. ANC. ESP. Albergaria. ESP. MOD. Alberguería. PORT. Albergaria. IT. Albergheria.

5. Albergada, s. f., campement, gîte.

Tals cuia venir

Ab falsa croisada,

Qu'el n' er' a fozir

Ses fog d' albergada.

Tomiers: De chantar.

Tel pense venir avec fausse croisade, qu'il lui sera à s' enfuir sans feu de gîte.

Tro al jorn que vist lo pueg

E 'l castel e las albergadas.

Roman de Jaufre, fol. 53.

Jusqu'au jour qu'il vit la montagne et le château et les campements.

ANC. ESP. Albergada.

6. Alberjazo, s. f., gîte, logement.

A nuh prengatz alberjazo.

Roman de Gerard de Rossillon, fol. 84.

A la nuit prenez gîte.

IT. Albergagione.

7. Albergamen, s. m., demeure, logement.

Albergen els reials albergamens.

Roman de Gerard de Rossillon, fol. 106.

Hébergent aux royales demeures.

ANC. FR.

A Rostemont sur Meuse ont pris hébergement.

Roman de Berte, p. 14.

ANC. PORT. IT. Albergamento.

8. Alberguatge, s. m., logement, demeure.

Et ab totz vens ieu penrai vas totz latz alberguatge.

Rambaud de Vaqueiras: Ben sai.

Et avec tous vents je prendrai logement de tous côtés.

- Droit de gîte.

Alberjatge ni tolta, ni talha.

Charte de Besse en Auvergne de 1270.

Droit de gîte ni tolte, ni taille.

9. Albergaire, Arbergador, s. m., hôte, logeur.

En cui sens es albergaire.

Pierre d' Auvergne: Gent es.

En qui sens est hôte.

Sufertan freit e langor,

Com dison l' arbergador.

T. d' Auz. Figera et d' Aimeri de Peguilain: Bertrand.

Souffrant froid et langueur, comme disent les logeurs.

ANC. FR. Quoique songeur,

Son coeur soit d' ennui herbergeur.

Œuvres d' Alain Chartier, p. 647.

ANC. CAT. ANC. ESP. ANC. PORT. Albergador.

IT. Albergatore.

10. Alberguier, s. m., logeur, aubergiste.

Ad alberguiers de romieus.

Cartulaire de Montpellier, fol. 43.

À logeurs de pélerins.

CAT. Alberguer. ESP. Alberguero.

11. Alberguar, v., héberger, loger.

… Et aculhir los pros,

Et alberguar cui que volgues deissendre.

Pistoleta: Ar agues.

Et accueillir les preux, et héberger quiconque voulût descendre.

Albergar los viandans paures que no podon logar ostal.

V. et Vert., fol. 79.

Héberger les voyageurs pauvres qui ne peuvent louer demeure.

E s'a lieis platz, albergarai

Pres de lieis.

G. Rudel: Lanquan.

Et s'il lui plaît, j' hébergerai près d'elle.

Part. pas. Ben autamens soi albergatz

Am lo comt' Enric.

P. Vidal: Neu ni gel.

Je suis hébergé bien haut avec le comte Henri.

CAT. ESP. PORT. Albergar. IT. Albergare.

12. Desalbergar, v., déloger, sortir de la maison.

Part. pas. E cant foron desalbergat.

Trad. d'un Évang. apocr.

Et quand ils furent sortis de la maison.

IT. Disalbergare.


Albespin, s. m., lat. albaspina, aubépin.

En un vergier, sotz fuelha d' albespi,

Tenc la domna son amic costa si.

Un troubadour anonyme: En un vergier.

Dans un verger, sous la feuille de l' aubépin, la dame tint son ami près d'elle.

2. Albespin, adj., d' aubépin.

Lanquan lo temps renovella

E par la flors albespina,

E son florit albespi.

G. Rudel: Lanquan.

Quand le temps se renouvelle et que la fleur d' aubépin paraît, et que les aubépins sont fleuris.

(ESP. Abeto.)



Alcafit, s., m., alcade, titre de magistrature maure conservé par les Espagnols.

E 'lh feric l' alcafit de Tortosa.

Philomena.

Et il frappa l'alcade de Tortose.

CAT. ESP. Alcade (alcaide, alcalde). PORT. Alcaide. IT. Alcado.

(N. E. Glosario etimológico: Cadí cast., mall. y port., cadis, cadisos, pl. cat., cadins, pl. cat. y val. De cadí, juez. Sousa.; Kaid. Gobernador en el antiguo reino de Argel. De áid "ductor" en R. Martín, "alcaide" en P. de Alcalá; Al çaid, said, zayt, Cid, etc..)


Alcali, s. m., arabe al-kali, soude, alcali.

Pren de alcali e de caus non extinta.

Trad. d'Albucasis, fol. 9.

Prends de l' alcali et de la chaux non éteinte.

(chap. Pren de sossa y de cals viva.)

CAT. Alkali. ESP. Álcali. PORT. Alkali. IT. Alcali.


Alcavot, Alcaot, s. m., maquereau, débauché, libertin.

Ribautz et alcavotz et jogadors.

V. et Vert., fol. 80.

Ribauds et maquereaux et joueurs.

Et alcaotz e gran colpiers.

Leys d'amors, fol. 147.

Et libertin et grand batailleur.

ESP. Alcahuete, alcahuetón.


Alcion, s. m., lat. alcyon, alcyon.

Un auzel mari dit alcion.

Eluc. de las propr., fol. 276.

Un oiseau marin dit alcyon.

ESP. Alción. PORT. Alcyon. IT. Alcione.


Alcoto, s. m., cotte-de-mailles, pourpoint piqué.

Un ausberg ac vestit ses alcoto.

El pihts, sobre l' ausberc, per l' alcoto.

Roman de Gerard de Rossillon, fol. 73 et 56.

Eut vêtu un haubert sans cotte-de-mailles. 

A la poitrine, sur le haubert, à travers la cotte-de-mailles.

ANC. FR. Et desrompu li hauberc fremilon,

Si ke desouz feirent li aqueton.

Roman de Gerard de Vienne, Bekker, v. 2493.


Alcun, adj. ind., lat. aliquem, aucun, un, quelque.

Ad augun hom dens los termis de la saubetat.

Titre de 1080.

A aucun homme dans les limites de la sauveté.

Alcus homes se esforsson de viure, e fan alcunas penedensas e motas bonas obras. V. et Vert., fol. 9.

Quelques hommes s' efforcent de vivre, et font quelques pénitences et beaucoup de bonnes oeuvres.

ANC. FR. Manda les aucuns des seigneurs de son royaume.

Œuvres d' Alain Chartier, p. 239.

Et de ta bouche aucuns mots gracieux.

C. Marot. t. I, p. 366.

Quelquefois il s' emploie corrélativement, et signifie l'un, l'autre.

Subst. ind. Qui sap d'Amor quan bona es?

Alcun orguelh, alcun reblan.

Arnaud de Cotignac: Lo vers comens.

Qui sait d'Amour quand il est bon? il traite l'un fièrement, il caresse l'autre.

CAT. ESP. Algún. PORT. Algum. IT. Alcuno.

2. Alque, adj. indét., lat. aliquem, quelque.

Que, s'il plai, de s'amor me dentz

Far alque novel entresentz.

P. du Vilar: Sendatz vermelhs.

Que, s'il lui plaît, elle me daigne faire quelque nouveau témoignage de son amour.

CAT. ESP. Algún. PORT. Algum. IT. Alcuno.

3. Alques, s. indét., quelque chose, un peu, quelque peu.

Desesperatz ab alques d' esperanza.

Folquet de Marseille: Ja no.

Désespéré avec un peu d' espérance.

Adverbial. Una res m'a aleujat

Alques de mon pessamen.

Cadenet: S'ieu pogues.

Une chose m'a un peu soulagé de mon chagrin.

Mesura m'a ensenhat tan,

Qu'ieu m sai alques guardar de dan.

Garin le Brun: Nueg e jorn.

Raison m'a tant instruit, que je sais quelque peu me garder de dommage.

ANC. FR. Auques a joie, auques dolor.

Roman de Partonopeus de Blois, t. 1, p. 31. (Partonopex)

4. Alquant, s. rel. ind., lat. aliquanti, quelques uns.

Alquant s'en tornen aval arrenso.

Poëme sur Boece.

Quelques uns s'en retournent là-bas par-derrière.

IT. Alquanti.

5. Alquantet, adv., un peu, tant soit peu.

Cum hom ha alquantet profeitat en aquesta gracia.

Trad. de Bède, fol. 18.

Comme on a un peu profité en cette grâce.

Alectori, s. m., lat. alectoria, alectorienne.

Alectori es peyra que se engendra el ventre del capo... El engendra et porta la preciosa dita alectori.

Eluc. de las propr., fol. 185 et 146.

L' alectorienne est une pierre qui s' engendre dans le ventre du chapon... Il engendre et porte la précieuse dite alectorienne.

ANC. FR. Alectoire tenent à bon

Ki creist el ventre del chiapon.

Trad. de Marbode, col. 1642.

ESP. PORT. Alectoria. IT. Alettoria.


Aleitos, adj., gr. *, misérable, coupable.

Anc no cuidei vezer que fos tant aleitos,

Que no m valguessan armas ni sant ni orazos.

Guillaume de Tudela.

Oncques je ne crus voir que je fusse si misérable, que ne me valussent armes ni saint ni oraisons.


Alena, s. f., alène.

Voyez Wachter, Gloss. germ.; Leibnitz, p. 52.

Lengas plus esmoludas que razors ni que alena.

V. et Vert., fol. 25.

Langues plus effilées que rasoir et qu' alène.

ANC. FR. Il luy feit percer la langue avec trois coups d' alesne.

Amyot, Trad. de Plutarque, vie d' Artaxerxe.

CAT. Alena. ESP. Alesna.


Aleph, s. m., première lettre de l' alphabet hébreu, a. 

(N. E. También del arameo: caldeo: siriaco)

Digas me que vol dire aleph,

Ieu te dirai que vol dire beph.

Trad. de l' Évang. de l'Enfance.

Dis-moi ce que veut dire a, je te dirai ce que veut dire b.


Alferan, s. m., auferant, cheval entier.

Des étymologistes ont avancé que ferran, dit d'abord de la couleur du

poil du cheval, a ensuite désigné le cheval même.

Il est plus probable que alferan vient de waranio, cheval entier, cheval de guerre.

Charlemagne, dans le capitulaire de Villis, c. 13, ordonne

Ut equos amissarios, id est waraniones, bene provideant.

(N. E. garañón, garañones; war, en inglés, guerra.)

Baluzio, Capit. reg. Fr., t. 1, p. 333.

Voyez Eccard, Leg. franc. Salic., p. 13 et 76, aux notes.

(N. E. Ley sálica, Loy Salique: )

Denant l' emperador dichen de l' alferan.

Roman de Fierabras, v. 3924.

Il descend de l' auferant devant l' empereur.

Per que t prec, messagiers, que brocs,

Tan cum poiras, ton alferan.

G. Adhemar: Ben fora oimais.

C'est pourquoi je te prie, messager, que tu piques, autant que tu pourras, ton auferant.

ANC. FR. Desus un auferrant gascon.

Roman du Renart, t. IV, p. 419.

L' en li ameine un destrier auferrant.

Roman de Gerard de Vienne, Bekker, V. 295.


Algorisme, s. m., algorithme, art du calcul.

L' abac e l' algorisme aprezi. (apressi)

P. de Corbiac: El nom de.

J' appris l' arithmétique et l'art du calcul.

ANC. FR.

Qu'on peut juger ung chiffre en algorisme.

J. Marot, t. V, p. 80.

ANC. ESP. Alguarismo. ESP. MOD. Algoritmo. PORT. Algarismo. 

IT. Algorismo.


Alh, Aill, s. m., lat. alium, ail. 

Prendetz sol una dolsa d' aill.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Prenez seulement une gousse d' ail.

Alh reprem autras odors et pudors.

Eluc. de las propr., fol. 199.

L' ail réprime autres odeurs et puanteurs.

Loc. Ni no faria

Per clercia

Valen d'un aylh.

Un troubadour anonyme: Dieus vos salve.

Et ne ferait pour clergé la valeur d'un ail.

Nég. expl.

E 'l coms non es d'un aill crezut.

Rambaud de Vaqueiras: Leu sonet.

Et le comte n'est pas cru d'un ail.

Un sirventes, cui motz non falh,

Ai fag, qu'anc no m costet un alh.

Bertrand de Born: Un sirventes.

J'ai fait un sirvente, auquel mot ne manque, qui jamais ne me coûta un ail.

ANC. FR. Ceste vantance ne pris II alz peleiz.

Roman de Gerard de Vienne, Bekker, v. 1223.

ANC. CAT. Ayl. CAT. MOD. All. ESP. Ajo. PORT. Alho. IT. Aglio.


2. Alhada, s. f., aillade, ailloli.

Causas trop caudas quals so fort alhada, etc.

Qui vol per locs pudens passar de forts alhadas se sol armar.

Eluc. de las propr., fol. 100 et 199.

Choses trop chaudes, telles que sont forte aillade, etc.

Qui veut passer par des lieux puants a coutume de s' armer de fortes aillades.

ANC. FR. Puante haleine... alors qu'il mangea tant d' aillade.

Rabelais, liv. II, ch. 32.

ANC. CAT. Allada. CAT. MOD. Alioli. IT. Agliata.


Aliet, s. m., aliet, faucon pêcheur.

Aliet, autrament dit moysheta, es un petit auzel de rapina.

Eluc. de las propr., fol. 141.

Aliet, autrement dit mouette, est un petit oiseau de rapine.

ANC. FR. Si comme aigles, ailliers et escoufles.

Bible histor., Borel, p. 7.

IT. Alieto.


Aliment, s. m., lat. alimentum, aliment.

Home, qui pot viure ses aliment algu temps, no pot viure ses aspiracio et respiracio a penas per un moment.

Eluc. de las propr., fol. 19.

L' homme, qui peut vivre quelque temps sans aliment, ne peut à peine vivre pendant un moment sans aspiration et respiration.

Cant lo semenador semena lo semenc,

L'una tomba en las peyras, ont ha poc aliment.

L' Evangeli de li quatre Semencz.

Quand le semeur sème la semence, l'une tombe dans les pierres, où elle a peu d'aliment.

CAT. Aliment. ESP. PORT. IT. Alimento.


Aliscamps, du lat. Elysios campos, élysée, cimetière.

La ville d' Arles, sous la domination romaine, avait des théâtres, des cirques, etc., des champs-élysées, où les morts étaient déposés, et qui, lors de l' établissement du christianisme, conservèrent la même destination.

L'auteur de la Vie de S. Honorat, celui de la Vie de S. Trophime, parlent des Aliscamps d'Arles; les chrétiens étrangers avaient la dévotion de s'y

faire enterrer.

E promet a totz los crestians

Qu'el sementeri jagran d' Alisquamps,

Lo sieu regne ses tot destorbament.

V. de S. Trophime.

Et promet à tous les chrétiens qui reposeront au cimetière d' Aliscamps, son royaume sans contestation.

Quand S. Honorat fut nommé évêque d'Arles, les électeurs s' étaient réunis à Aliscamps.

Als vases d' Aliscamps,

Aqui se fey l' acamps.

V. de S. Honorat.

Aux tombeaux d' Aliscamps, là se fit l' assemblée.

On trouve le même mot dans des récits concernant d'autres pays de la

France.

ESP. Campos elíseos. PORT. Campos eliseos. IT. Campi elisi.


Alkimia, s. f., arabe al-kimia, chimie, alchimie.

Aquels que curo saber las operacios d' alkimia.

Eluc. de las propr., fol. 24.

Ceux qui prennent soin de savoir les opérations d' alchimie.

CAT. ESP. PORT. Alquimia. IT. Alchimia.


Allebolus, s. m., allebolus, figure de mots.

Allebolus es estranha sentensa, so es improprietat de sentensa.

Allebolus se desshen de doas dictios grecas: la una es alleos, que vol dire estranh, e l'autra es bole, que vol dire sentenza; et ayssi allebolus vol dire estranha sentensa. Leys (d') amors, fol. 104.

Allebolus est une sentence étrange, c'est-à-dire une impropriété de sentence.

Allebolus se dérive de deux mots grecs: l'un est alleos, qui veut dire étrange, et l'autre est bole, qui veut dire sentence; et ainsi allebolus veut dire sentence étrange.

Ce mot a été altéré; il faudrait probablement *gr allocotus,

absurda, monstrosa verba et plane absona a consuetudine linguae.

Voyez Lucian., Rhet. Praec., 17.


Allegoria, s. m., lat. allegoria, du grec *gr et *gr, allégorie, figure de mots.

Allegoria est alieni loquium, aliud enim sonat, aliud intelligitur, ut,

Tres in littore cervos

Conspicit errantes,

VIRG., Aeneida, l. 1, v. 184,

ubi tres duces belli punici, vel tria bella punica, significantur.

Isidor., Orig., I, 36.

Allegoria es una figura per laqual hom ditz una cauza et autra n' enten.

Leys d'amors, fol. 134.

L' allégorie est une figure par laquelle on dit une chose et on en entend une autre.

C' aitan vol dir, per dreich' alegoria, Jerusalem.

Lanfranc Cigala: Si mos chans.

Qu'autant veut dire, par droite allégorie, Jérusalem.

Adv. comp. Las cals causas son dichas per allegoria.

Trad. de l' Ép. de S. Paul aux Galates.

Lesquelles choses sont dites par allégorie.

CAT. ESP. PORT. IT. Allegoria.

2. Allegorialmen, adv., allégoriquement.

Que vol aysso dire allegorialmen.

Leys d'amors, fol. 140.

Que veut dire ceci allégoriquement.


Alleluia, s. m., alleluia. 

Alleluya e 'ls autres cants d' alegrier.

Eluc. de las propr., fol. 127.

Alleluia et les autres chants d' allégresse.

Cant l' alleluia si disia. V. de S. Honorat.

Lorsque l' alleluia se disait.

CAT. ESP. Aleluya. IT. Alleluja.


Alleotheta, s. f., aléotète, antistichon, figure de mots.

Il est à croire que l'auteur a voulu former un substantif de l'adjectif grec

*gr, transposé.

Voyez le Trésor d' Henri Estienne, Lond., col. 1868.

Per una figura apelada alleotheta o antitosis.

Leys d'amors, fol. 79.

Par une figure appelée aléotète ou antitose.

Cette figure consiste à changer une lettre en une autre.


Allizio, s. f., lat. allisio, froissement.

Que en el l' ayre fassa plus fort allisio e percussio.

Eluc. de las propr., fol. 15.

Qu'en lui l'air fasse plus fort froissement et frappement.


2. Collisio, s. f., lat. collisio, collision, froissement.

Collisio de vent e de so.

Per lor feriment et collisio.

Eluc. de las propr., fol. 15 et 131.

Froissement de vent et de son.

Par leur frappement et froissement.

- Vice du discours, collision.

Vici qu'om apela collizio, que vol dire aspra e desacordabla contentios de sillabas.

Collizios es ajustamens de motas dictios que han motas consonans en una sillaba, coma fortz, francz, ferms, etc.

Leys d'amors, fol. 8 et 109.

Vice qu'on appelle collision, qui veut dire âpre et discordante occurrence de syllabes.

Collision est la réunion de diverses expressions qui ont plusieurs consonnes en une syllabe, comme fort, franc, ferme, etc.


Allopicia, s. f., lat. alopecia, pelade, alopécie.

Els calvtz et en aquels que han allopicia...

Mirt val contra allopicia et cazement de pels.

Eluc. de las propr., fol. 34 et 214.

Aux chauves et en ceux qui ont alopécie... Myrte vaut contre alopécie et chute de poils.

CAT. Alopecia. ANC. ESP. Alopicia. PORT. Alopesia. IT. Alopicia.


Alluvio, s. f., lat. alluvio, débordement, alluvion.


Alluvio lava la terra don fa passage, et lavan la degasta.

Eluc. de las propr., fol. 152.

L' alluvion lave la terre par où elle fait passage, et en la lavant la gâte.

ESP. Aluvión. PORT. Alluvião. IT. Alluvione.

Alm, adj., lat. almus, nourricier.

Mayre alma.

Eluc. de las propr., fol. 157.

Mère nourricière.

ANC. FR.

Et me paissant de vostre alme présence.

Facet. nuits de Straparole, t. 1, p. 9.

ESP. IT. Almo.


Almassor, s. m., almansor, chef de Sarrasins.

Miels saup Lozoics deslivrar

Guillelme, e 'l fes ric secors

Ad Aurenga, quan l' almassors

A Tibaut l' ac fait asetjar.

Bertrand de Born le fils: Quant vey lo temps.

Louis sut mieux délivrer Guillaume, et lui fournit à Orange un puissant secours, quand l' almansor l' eut fait assiéger par Thibaud.

Lo filh delh almassor de Cordoa.

Philomena.

Le fils de l' almansor de Cordoue.

ANC. FR. Entor lui vienent et roi et aumaçor.

Roman d'Agolant, Bekker, v. 184.


Almatist, s. m., lat. amethistus, améthyste.

Almatist, peira mout dura,

D' ebrietat assegura.

Brev. d'amor, fol. 40.

L' améthyste, pierre très dure, garantit d' ivresse.

Cors gent format e car e just,

Blanc e lis plus qu'us almatist.

Guillaume de Cabestaing: Ar vey qu'em.

Corps bien formé et précieux et parfait, pur et poli plus qu'une améthyste.

ANC FR. Vermeille comme une amathiste.

Villon, p. 25.

CAT. Amatista. ANC. ESP. Ametisto. ESP. MOD. Amatista. PORT. Amethysto, Ametysta. IT. Ametisto, Amatista.


Almatrac, s. m., matelas.

Per tapis e per almatracx.

R. Vidal de Bezaudun: En aquel.

Sur tapis et sur matelas.

E mans almatras per jazer.

P. Vidal: Mai o acobra.

Et maints matelas pour coucher.

CAT. Matalas (matalàs). IT. Materasso. 

(N. E. ESP. colchón; chap. madalap.)


Almussa, s. f., lat. almutium, aumusse.

L' aumusse était jadis une partie de l' habillement qui servait, ainsi que le chaperon, à couvrir et garantir la tête. Les princes et les grands portaient l' aumusse garnie de fourrures; dans la suite les ecclésiastiques ne la conservèrent que comme un ornement que les chanoines placent aujourd'hui sur le bras gauche.

Et ac almussa d' escarlata,

Tota de sebelin orlada.

Roman de. Jaufre, fol. 56.

Et eut une aumusse d' écarlate, tout ourlée de fourrure.

E non deu esser coms ni reys,

Ni lunhs autr' oms tan poderos,

Que port almussa, mas sol nos.

P. Vidal: Abril issic.

Et il ne doit être comte ni roi, ni nul autre homme si puissant, qui porte aumusse, excepté seulement nous.

ANC. FR. A leur assemblée l' empereur osta l' aumusse et chaperon tout jus.

Chr. de Fland., ch. 105. Du Cange, t. 1, col. 326.

CAT. Almussa. PORT. Mursa. IT. Mozzetta. (ESP. Almuza.)


2. Almucella, s. f., petite aumusse.

Almucella, II deners.

Cartulaire de Montpellier, fol. 114.

Petite aumusse, deux deniers.

ANC. FR. Ne l' avoit daigné saluer ne oster s' aumussette... Pour cause d'une aumussette ou barrette.

Lett. de rém., 1376, 1380. Carpentier, t. 1, col. 387.


Alna, Auna, s. f., lat. ulna, aune, sorte de mesure.

D' alna falsa, VII sols.

Charte de Montferrand de 1248.

D'une aune fausse, sept sous.

Qu'ab quatr' aunas de filat. P. Cardinal: Tartarassa.

Qu'avec quatre aunes de toile.

ANC. CAT. Alna, auna. ANC. ESP. Alna. IT. Auna.

(ESP. albúmina del huevo)

7. Albuge, s. f., lat. albugo, taie blanche dans l'oeil.

S' albuges o mailla hi creys, aisi 'l guerretz.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Si taie blanche ou maille lui croît, vous le guérirez ainsi.

Oudin et Cotgrave donnent le mot albugine pour français.

IT. Albugine.

8. Albugine, adj., blanc, blanchâtre.

La humiditat albuginea.

Trad. d'Albucasis, fol. 19.

L' humidité blanchâtre.

9. Albuginenc, adj., blanc, blanchâtre.

La prumiera humor es albuginenca.

Eluc. de las propr., fol. 36.

La première humeur est blanchâtre.

10. Albificar, v., blanchir, rendre blanc.

Entro que sia albificat.

Trad. d'Albucasis, fol. 3.

Jusqu'à ce qu'il soit blanchi.

11. Azalbar, v., blanchir, éclaircir.

Part. pas.

Domna, ben fon saubut et azalbat

Lo luns mati.

G. Rainols d' Apt: Auzir cugei.

Dame, bien fut connu et éclairci le lundi matin.

12. Dealbatiu, adj., blanchissant, blanchisseur.

De sanc mestrual receptiva et d'el en layt dealbativa.

Eluc. de las propr., fol. 51.

Receveuse du sang menstruel et blanchisseuse de lui en lait.

13. Dealbatio, s. f., blancheur, blanchissage.

Pren dealbatio.

Eluc. de las propr., fol. 273.

Prend blancheur.

14. Dealbar, v., lat. dealbare, blanchir.

O tals lauzengiers escuzan e dealbon a persona totz sos mals.

V. et Vert., deuxième trad., fol. 32.

Ou tels flatteurs excusent et blanchissent à une personne toutes ses fautes.

Part. pas. Coma sepulcre que es dealbatz per deforas.

V. et Vert., fol. 94.

(N. E. QUINTANETA)

Comme un sépulcre qui est blanchi par dehors.

15. Subalbenc, adj., sous-blanchissant.

Lor natural color, que deu esser subalbenca.

Eluc. de las propr., fol. 265.

Leur couleur naturelle, qui doit être sous-blanchissante.


Alban, s. m., aubrier, sorte d'oiseau de proie.

Venon al Castel-Nou, don se moc un alban

Que venc devas senestre sai a la destra man,

Et anec tant can poc encontra sus volan.

Guillaume de Tudela.

Ils viennent à Château-Neuf, d'où s' élança un aubrier qui vint devers la gauche en çà à la main droite, et il alla tant qu'il put à l' encontre sus en

volant.

2. Albanel, s. m., haubereau, hobereau.

D' albanel, de gavanh, d' autres auzels ferens.

P. de Corbiac: El nom de.

De haubereau, de goéland, d'autres oiseaux carnassiers.

IT. Albanella.


Albar, s. m., aubier, obier, aubour.

Un saug fil d' albar. P. Vidal: Ges pel temps.

Un sureau fils d' aubier.

2. Alborn, s. m., lat. alburnum, aubier, obier, aubour.

Ab arc manal d' alborn. (manual, de ma)

Pierre d' Auvergne: Chantarai.

Avec un arc manuel d' aubour.

E li traisses tot entorn,

Sagetas ab arc d' alborn.

Guillaume de Berguedan: Un sirventes.

Et lui tirassiez tout autour flèches avec un arc d' aubier.

ANC FR.

Arc d' aubour porte et sajettes d' acier...

Il prend son arc d' aubor.

R. de Garin, Du Cange, t. I, col. 670.

Car vous estes mieux digne de pendre à I ambour.

Que d' espouser roïne de si haute tenour.

Poëme de Hugues Capet, fol. 15.

CAT. Albenc. 

ESP. Alborno. (alburno. Del lat. alburnum; var. alborno.) 

m. Bot. Albura (capa de la madera). “Distinguiéndose por esta razón en él dos partes: una, central, que es leño propiamente, y otra, periférica, que se llama albura o alburno.” Colmeiro, Botánica, ed. 1871. t. 1. p. 78.

- N. E. sauce blanco, salix alba; chap. sarguera.)

3. Albareda, s. f., albarède, lieu planté d' aubiers.

Coma albareda per sauzeda. Leys d'amors, fol. 68.

Comme albarède pour saussaie.

Prats o aiguas, o albaredas. 

Titre de 1271, arch. de la mais. de Lentillac. 

Prés ou eaux, ou albarèdes.


Albaran, s. m., quittance, acquit.

Le mot arabe barat signifie diploma regium, imprimis quo immunitas

aut privilegium alicui conceditur.

Castel, Lexicon heptagl.

Per loqual testimoni lo present albaran ay de ma man propra seignad.

Tit. de 1428, Hist. de Nîmes, t. III, pr., p. 228.

Pour lequel témoignage j'ai signé de ma propre main la présente quittance.

Sagellar carta ni letra ni albaran que contenga obligacion de deniers.

Cartulaire de Montpellier, fol. 81.

Sceller charte ni lettre ni quittance qui contienne obligation de deniers.

ANC. FR. Ne doit rien lever du voiturier qui aura payé audit Beziers, en fesant foi de l' albare et cartel signé du commis.

Tit. de 1540. Carpentier, t. 1, col. 141.

CAT. Albará. ESP. Albaram (albarán). PORT. Alvará.


Alberc, s. m., demeure, logement, maison.

Primitivement l'ancienne langue allemande a dit heri-berg, (Herberge) de l'armée, camp, ou montagne (Berg); dans la basse latinité, heribergus a

signifié logement de l'armée, logement public; et enfin le sens a été restreint au simple logement.

Schilter, Gloss. teutonic., donne divers exemples d' heriberga, employé par la langue francique dans l'acception de tabernaculum, demeure.

Bi then heribergon dhero herdon.

(Bi then, English: by the; Hirte, Hirt, Hüter)

Près les tabernacles des bergers.

Cant. cant. I, 8.

Voyez Juste Lipse, Epist. 44, ad Belgas.

Per mandamen de son senhor,

Vas l' alberc d' En Bascol s'en cor.

R. Vidal de Bezaudun: Unas novas.

Par ordre de son seigneur, il court vers la demeure du seigneur Bascol.

Tan feron que lo conduisseron a Tripoli en un alberc.

V. de Geoffroi Rudel.

Ils firent tant qu'ils le conduisirent à Tripoli en un logement.

Fig. Del alberc e del pays

E del lignage de David.

Trad. d'un Évang. apocr.

De la maison et du pays et du lignage de David.

- Droit de gîte.

Vingt sols... que l'om li pag quad an per alberg.

Tit. de 1216, DOAT, t. CXXIX, fol. 155.

Vingt sous... qu'on lui paie chaque année pour droit de gîte.

ANC. FR.

Ne cuidoie que ci fussent fait mi herbert.

Roman de Berte, p. 52.

CAT. Alberg. ANC. ESP. Albergo. ESP. MOD. PORT. Albergue. IT. Albergo.

2. Alberga, Alberja, s. f., barraque, tente, campement.

Per totas las albergas an li grayle sonat.

Roman de Fierabras, v. 3882.

Les cors ont sonné par tous les campements.

(grayle, cors: chap. gralla, gralles, corv, corvs)

Fan alberjas bastir e traps dressar.

Roman de Gerard de Rossillon, fol. 72.

Ils font bâtir baraques et dresser tentes.

ANC. FR. Là fit tendre ses herberges et i demeura aucuns jours.

Rec. des hist. de Fr., t. V, p. 236.

- Droit d' albergue, de gîte.

El coms avia alberga ab tans companhos que menaria.

Tit. de 1221, Arch. du Roy., J, 309.

Le comte avait droit de gîte avec autant de compagnons qu'il mènerait.

Demandar a me ni a mos homes tolta, ni quista, ni alberga.

Tit. de 1217 du Rouergue, Arch. du Roy.

Demander à moi ni à mes hommes tolte, ni quiste, ni albergue.

L' alberga a IIII manjar et disnar.

Tit. de 1135. Bosc, mém. du Rouergue, t. III, p. 203.

L' albergue à manger et dîner pour quatre personnes.

3. Albergue, s. m., droit de gîte.

Donec albergue can venran ni tornaran.

Tit. de 1190. DOAT, t. CXIV, fol. 242.

Il donna droit de gîte quand ils viendront et retourneront.

4. Alberguaria, s. f., demeure, campement.

Segur pot estar dedins s' albergaria.

G. Figueiras: Un nou sirventes.

Il peut rester sûr dans sa demeure.

E Frances los esgardan de lor alberguaria.

Roman de Fierabras, v. 1321.

Et les Français les regardent de leur campement.

ANC. FR.

Qui avoeques Constance a pris hebergerie.

Roman de Berte, p. 83.

- Droit de gîte.

Donec als homes de l' abadia... albergaria en las suas maisos.

Tit. de 1190. DOAT, t. CXIV, fol. 242.

Il donna aux hommes de l'abbaye... droit de gîte dans les siennes maisons.

ANC. CAT. ANC. ESP. Albergaria. ESP. MOD. Alberguería. PORT. Albergaria. IT. Albergheria.

5. Albergada, s. f., campement, gîte.

Tals cuia venir

Ab falsa croisada,

Qu'el n' er' a fozir

Ses fog d' albergada.

Tomiers: De chantar.

Tel pense venir avec fausse croisade, qu'il lui sera à s' enfuir sans feu de gîte.

Tro al jorn que vist lo pueg

E 'l castel e las albergadas.

Roman de Jaufre, fol. 53.

Jusqu'au jour qu'il vit la montagne et le château et les campements.

ANC. ESP. Albergada.

6. Alberjazo, s. f., gîte, logement.

A nuh prengatz alberjazo.

Roman de Gerard de Rossillon, fol. 84.

A la nuit prenez gîte.

IT. Albergagione.

7. Albergamen, s. m., demeure, logement.

Albergen els reials albergamens.

Roman de Gerard de Rossillon, fol. 106.

Hébergent aux royales demeures.

ANC. FR.

A Rostemont sur Meuse ont pris hébergement.

Roman de Berte, p. 14.

ANC. PORT. IT. Albergamento.

8. Alberguatge, s. m., logement, demeure.

Et ab totz vens ieu penrai vas totz latz alberguatge.

Rambaud de Vaqueiras: Ben sai.

Et avec tous vents je prendrai logement de tous côtés.

- Droit de gîte.

Alberjatge ni tolta, ni talha.

Charte de Besse en Auvergne de 1270.

Droit de gîte ni tolte, ni taille.

9. Albergaire, Arbergador, s. m., hôte, logeur.

En cui sens es albergaire.

Pierre d' Auvergne: Gent es.

En qui sens est hôte.

Sufertan freit e langor,

Com dison l' arbergador.

T. d' Auz. Figera et d' Aimeri de Peguilain: Bertrand.

Souffrant froid et langueur, comme disent les logeurs.

ANC. FR. Quoique songeur,

Son coeur soit d' ennui herbergeur.

Œuvres d' Alain Chartier, p. 647.

ANC. CAT. ANC. ESP. ANC. PORT. Albergador.

IT. Albergatore.

10. Alberguier, s. m., logeur, aubergiste.

Ad alberguiers de romieus.

Cartulaire de Montpellier, fol. 43.

À logeurs de pélerins.

CAT. Alberguer. ESP. Alberguero.

11. Alberguar, v., héberger, loger.

… Et aculhir los pros,

Et alberguar cui que volgues deissendre.

Pistoleta: Ar agues.

Et accueillir les preux, et héberger quiconque voulût descendre.

Albergar los viandans paures que no podon logar ostal.

V. et Vert., fol. 79.

Héberger les voyageurs pauvres qui ne peuvent louer demeure.

E s'a lieis platz, albergarai

Pres de lieis.

G. Rudel: Lanquan.

Et s'il lui plaît, j' hébergerai près d'elle.

Part. pas. Ben autamens soi albergatz

Am lo comt' Enric.

P. Vidal: Neu ni gel.

Je suis hébergé bien haut avec le comte Henri.

CAT. ESP. PORT. Albergar. IT. Albergare.

12. Desalbergar, v., déloger, sortir de la maison.

Part. pas. E cant foron desalbergat.

Trad. d'un Évang. apocr.

Et quand ils furent sortis de la maison.

IT. Disalbergare.


Albespin, s. m., lat. albaspina, aubépin.

En un vergier, sotz fuelha d' albespi,

Tenc la domna son amic costa si.

Un troubadour anonyme: En un vergier.

Dans un verger, sous la feuille de l' aubépin, la dame tint son ami près d'elle.

2. Albespin, adj., d' aubépin.

Lanquan lo temps renovella

E par la flors albespina,

E son florit albespi.

G. Rudel: Lanquan.

Quand le temps se renouvelle et que la fleur d' aubépin paraît, et que les aubépins sont fleuris.

(ESP. Abeto.)



Alcafit, s., m., alcade, titre de magistrature maure conservé par les Espagnols.

E 'lh feric l' alcafit de Tortosa.

Philomena.

Et il frappa l'alcade de Tortose.

CAT. ESP. Alcade (alcaide, alcalde). PORT. Alcaide. IT. Alcado.

(N. E. Glosario etimológico: Cadí cast., mall. y port., cadis, cadisos, pl. cat., cadins, pl. cat. y val. De cadí, juez. Sousa.; Kaid. Gobernador en el antiguo reino de Argel. De áid "ductor" en R. Martín, "alcaide" en P. de Alcalá; Al çaid, said, zayt, Cid, etc..)


Alcali, s. m., arabe al-kali, soude, alcali.

Pren de alcali e de caus non extinta.

Trad. d'Albucasis, fol. 9.

Prends de l' alcali et de la chaux non éteinte.

(chap. Pren de sossa y de cals viva.)

CAT. Alkali. ESP. Álcali. PORT. Alkali. IT. Alcali.


Alcavot, Alcaot, s. m., maquereau, débauché, libertin.

Ribautz et alcavotz et jogadors.

V. et Vert., fol. 80.

Ribauds et maquereaux et joueurs.

Et alcaotz e gran colpiers.

Leys d'amors, fol. 147.

Et libertin et grand batailleur.

ESP. Alcahuete, alcahuetón.


Alcion, s. m., lat. alcyon, alcyon.

Un auzel mari dit alcion.

Eluc. de las propr., fol. 276.

Un oiseau marin dit alcyon.

ESP. Alción. PORT. Alcyon. IT. Alcione.


Alcoto, s. m., cotte-de-mailles, pourpoint piqué.

Un ausberg ac vestit ses alcoto.

El pihts, sobre l' ausberc, per l' alcoto.

Roman de Gerard de Rossillon, fol. 73 et 56.

Eut vêtu un haubert sans cotte-de-mailles. 

A la poitrine, sur le haubert, à travers la cotte-de-mailles.

ANC. FR. Et desrompu li hauberc fremilon,

Si ke desouz feirent li aqueton.

Roman de Gerard de Vienne, Bekker, v. 2493.


Alcun, adj. ind., lat. aliquem, aucun, un, quelque.

Ad augun hom dens los termis de la saubetat.

Titre de 1080.

A aucun homme dans les limites de la sauveté.

Alcus homes se esforsson de viure, e fan alcunas penedensas e motas bonas obras. V. et Vert., fol. 9.

Quelques hommes s' efforcent de vivre, et font quelques pénitences et beaucoup de bonnes oeuvres.

ANC. FR. Manda les aucuns des seigneurs de son royaume.

Œuvres d' Alain Chartier, p. 239.

Et de ta bouche aucuns mots gracieux.

C. Marot. t. I, p. 366.

Quelquefois il s' emploie corrélativement, et signifie l'un, l'autre.

Subst. ind. Qui sap d'Amor quan bona es?

Alcun orguelh, alcun reblan.

Arnaud de Cotignac: Lo vers comens.

Qui sait d'Amour quand il est bon? il traite l'un fièrement, il caresse l'autre.

CAT. ESP. Algún. PORT. Algum. IT. Alcuno.

2. Alque, adj. indét., lat. aliquem, quelque.

Que, s'il plai, de s'amor me dentz

Far alque novel entresentz.

P. du Vilar: Sendatz vermelhs.

Que, s'il lui plaît, elle me daigne faire quelque nouveau témoignage de son amour.

CAT. ESP. Algún. PORT. Algum. IT. Alcuno.

3. Alques, s. indét., quelque chose, un peu, quelque peu.

Desesperatz ab alques d' esperanza.

Folquet de Marseille: Ja no.

Désespéré avec un peu d' espérance.

Adverbial. Una res m'a aleujat

Alques de mon pessamen.

Cadenet: S'ieu pogues.

Une chose m'a un peu soulagé de mon chagrin.

Mesura m'a ensenhat tan,

Qu'ieu m sai alques guardar de dan.

Garin le Brun: Nueg e jorn.

Raison m'a tant instruit, que je sais quelque peu me garder de dommage.

ANC. FR. Auques a joie, auques dolor.

Roman de Partonopeus de Blois, t. 1, p. 31. (Partonopex)

4. Alquant, s. rel. ind., lat. aliquanti, quelques uns.

Alquant s'en tornen aval arrenso.

Poëme sur Boece.

Quelques uns s'en retournent là-bas par-derrière.

IT. Alquanti.

5. Alquantet, adv., un peu, tant soit peu.

Cum hom ha alquantet profeitat en aquesta gracia.

Trad. de Bède, fol. 18.

Comme on a un peu profité en cette grâce.

Alectori, s. m., lat. alectoria, alectorienne.

Alectori es peyra que se engendra el ventre del capo... El engendra et porta la preciosa dita alectori.

Eluc. de las propr., fol. 185 et 146.

L' alectorienne est une pierre qui s' engendre dans le ventre du chapon... Il engendre et porte la précieuse dite alectorienne.

ANC. FR. Alectoire tenent à bon

Ki creist el ventre del chiapon.

Trad. de Marbode, col. 1642.

ESP. PORT. Alectoria. IT. Alettoria.


Aleitos, adj., gr. *, misérable, coupable.

Anc no cuidei vezer que fos tant aleitos,

Que no m valguessan armas ni sant ni orazos.

Guillaume de Tudela.

Oncques je ne crus voir que je fusse si misérable, que ne me valussent armes ni saint ni oraisons.


Alena, s. f., alène.

Voyez Wachter, Gloss. germ.; Leibnitz, p. 52.

Lengas plus esmoludas que razors ni que alena.

V. et Vert., fol. 25.

Langues plus effilées que rasoir et qu' alène.

ANC. FR. Il luy feit percer la langue avec trois coups d' alesne.

Amyot, Trad. de Plutarque, vie d' Artaxerxe.

CAT. Alena. ESP. Alesna.


Aleph, s. m., première lettre de l' alphabet hébreu, a. 

(N. E. También del arameo: caldeo: siriaco)

Digas me que vol dire aleph,

Ieu te dirai que vol dire beph.

Trad. de l' Évang. de l'Enfance.

Dis-moi ce que veut dire a, je te dirai ce que veut dire b.


Alferan, s. m., auferant, cheval entier.

Des étymologistes ont avancé que ferran, dit d'abord de la couleur du

poil du cheval, a ensuite désigné le cheval même.

Il est plus probable que alferan vient de waranio, cheval entier, cheval de guerre.

Charlemagne, dans le capitulaire de Villis, c. 13, ordonne

Ut equos amissarios, id est waraniones, bene provideant.

(N. E. garañón, garañones; war, en inglés, guerra.)

Baluzio, Capit. reg. Fr., t. 1, p. 333.

Voyez Eccard, Leg. franc. Salic., p. 13 et 76, aux notes.

Denant l' emperador dichen de l' alferan.

Roman de Fierabras, v. 3924.

Il descend de l' auferant devant l' empereur.

Per que t prec, messagiers, que brocs,

Tan cum poiras, ton alferan.

G. Adhemar: Ben fora oimais.

C'est pourquoi je te prie, messager, que tu piques, autant que tu pourras, ton auferant.

ANC. FR. Desus un auferrant gascon.

Roman du Renart, t. IV, p. 419.

L' en li ameine un destrier auferrant.

Roman de Gerard de Vienne, Bekker, V. 295.


Algorisme, s. m., algorithme, art du calcul.

L' abac e l' algorisme aprezi. (apressi)

P. de Corbiac: El nom de.

J' appris l' arithmétique et l'art du calcul.

ANC. FR.

Qu'on peut juger ung chiffre en algorisme.

J. Marot, t. V, p. 80.

ANC. ESP. Alguarismo. ESP. MOD. Algoritmo. PORT. Algarismo. 

IT. Algorismo.


Alh, Aill, s. m., lat. alium, ail. 

Prendetz sol una dolsa d' aill.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Prenez seulement une gousse d' ail.

Alh reprem autras odors et pudors.

Eluc. de las propr., fol. 199.

L' ail réprime autres odeurs et puanteurs.

Loc. Ni no faria

Per clercia

Valen d'un aylh.

Un troubadour anonyme: Dieus vos salve.

Et ne ferait pour clergé la valeur d'un ail.

Nég. expl.

E 'l coms non es d'un aill crezut.

Rambaud de Vaqueiras: Leu sonet.

Et le comte n'est pas cru d'un ail.

Un sirventes, cui motz non falh,

Ai fag, qu'anc no m costet un alh.

Bertrand de Born: Un sirventes.

J'ai fait un sirvente, auquel mot ne manque, qui jamais ne me coûta un ail.

ANC. FR. Ceste vantance ne pris II alz peleiz.

Roman de Gerard de Vienne, Bekker, v. 1223.

ANC. CAT. Ayl. CAT. MOD. All. ESP. Ajo. PORT. Alho. IT. Aglio.


2. Alhada, s. f., aillade, ailloli.

Causas trop caudas quals so fort alhada, etc.

Qui vol per locs pudens passar de forts alhadas se sol armar.

Eluc. de las propr., fol. 100 et 199.

Choses trop chaudes, telles que sont forte aillade, etc.

Qui veut passer par des lieux puants a coutume de s' armer de fortes aillades.

ANC. FR. Puante haleine... alors qu'il mangea tant d' aillade.

Rabelais, liv. II, ch. 32.

ANC. CAT. Allada. CAT. MOD. Alioli. IT. Agliata.


Aliet, s. m., aliet, faucon pêcheur.

Aliet, autrament dit moysheta, es un petit auzel de rapina.

Eluc. de las propr., fol. 141.

Aliet, autrement dit mouette, est un petit oiseau de rapine.

ANC. FR. Si comme aigles, ailliers et escoufles.

Bible histor., Borel, p. 7.

IT. Alieto.


Aliment, s. m., lat. alimentum, aliment.

Home, qui pot viure ses aliment algu temps, no pot viure ses aspiracio et respiracio a penas per un moment.

Eluc. de las propr., fol. 19.

L' homme, qui peut vivre quelque temps sans aliment, ne peut à peine vivre pendant un moment sans aspiration et respiration.

Cant lo semenador semena lo semenc,

L'una tomba en las peyras, ont ha poc aliment.

L' Evangeli de li quatre Semencz.

Quand le semeur sème la semence, l'une tombe dans les pierres, où elle a peu d'aliment.

CAT. Aliment. ESP. PORT. IT. Alimento.


Aliscamps, du lat. Elysios campos, élysée, cimetière.

La ville d' Arles, sous la domination romaine, avait des théâtres, des cirques, etc., des champs-élysées, où les morts étaient déposés, et qui, lors de l' établissement du christianisme, conservèrent la même destination.

L'auteur de la Vie de S. Honorat, celui de la Vie de S. Trophime, parlent des Aliscamps d'Arles; les chrétiens étrangers avaient la dévotion de s'y

faire enterrer.

E promet a totz los crestians

Qu'el sementeri jagran d' Alisquamps,

Lo sieu regne ses tot destorbament.

V. de S. Trophime.

Et promet à tous les chrétiens qui reposeront au cimetière d' Aliscamps, son royaume sans contestation.

Quand S. Honorat fut nommé évêque d'Arles, les électeurs s' étaient réunis à Aliscamps.

Als vases d' Aliscamps,

Aqui se fey l' acamps.

V. de S. Honorat.

Aux tombeaux d' Aliscamps, là se fit l' assemblée.

On trouve le même mot dans des récits concernant d'autres pays de la

France.

ESP. Campos elíseos. PORT. Campos eliseos. IT. Campi elisi.


Alkimia, s. f., arabe al-kimia, chimie, alchimie.

Aquels que curo saber las operacios d' alkimia.

Eluc. de las propr., fol. 24.

Ceux qui prennent soin de savoir les opérations d' alchimie.

CAT. ESP. PORT. Alquimia. IT. Alchimia.


Allebolus, s. m., allebolus, figure de mots.

Allebolus es estranha sentensa, so es improprietat de sentensa.

Allebolus se desshen de doas dictios grecas: la una es alleos, que vol dire estranh, e l'autra es bole, que vol dire sentenza; et ayssi allebolus vol dire estranha sentensa. Leys (d') amors, fol. 104.

Allebolus est une sentence étrange, c'est-à-dire une impropriété de sentence.

Allebolus se dérive de deux mots grecs: l'un est alleos, qui veut dire étrange, et l'autre est bole, qui veut dire sentence; et ainsi allebolus veut dire sentence étrange.

Ce mot a été altéré; il faudrait probablement *gr allocotus,

absurda, monstrosa verba et plane absona a consuetudine linguae.

Voyez Lucian., Rhet. Praec., 17.


Allegoria, s. m., lat. allegoria, du grec *gr et *gr, allégorie, figure de mots.

Allegoria est alieni loquium, aliud enim sonat, aliud intelligitur, ut,

Tres in littore cervos

Conspicit errantes,

VIRG., Aeneida, l. 1, v. 184,

ubi tres duces belli punici, vel tria bella punica, significantur.

Isidor., Orig., I, 36.

Allegoria es una figura per laqual hom ditz una cauza et autra n' enten.

Leys d'amors, fol. 134.

L' allégorie est une figure par laquelle on dit une chose et on en entend une autre.

C' aitan vol dir, per dreich' alegoria, Jerusalem.

Lanfranc Cigala: Si mos chans.

Qu'autant veut dire, par droite allégorie, Jérusalem.

Adv. comp. Las cals causas son dichas per allegoria.

Trad. de l' Ép. de S. Paul aux Galates.

Lesquelles choses sont dites par allégorie.

CAT. ESP. PORT. IT. Allegoria.

2. Allegorialmen, adv., allégoriquement.

Que vol aysso dire allegorialmen.

Leys d'amors, fol. 140.

Que veut dire ceci allégoriquement.


Alleluia, s. m., alleluia. 

Alleluya e 'ls autres cants d' alegrier.

Eluc. de las propr., fol. 127.

Alleluia et les autres chants d' allégresse.

Cant l' alleluia si disia. V. de S. Honorat.

Lorsque l' alleluia se disait.

CAT. ESP. Aleluya. IT. Alleluja.


Alleotheta, s. f., aléotète, antistichon, figure de mots.

Il est à croire que l'auteur a voulu former un substantif de l'adjectif grec

*gr, transposé.

Voyez le Trésor d' Henri Estienne, Lond., col. 1868.

Per una figura apelada alleotheta o antitosis.

Leys d'amors, fol. 79.

Par une figure appelée aléotète ou antitose.

Cette figure consiste à changer une lettre en une autre.


Allizio, s. f., lat. allisio, froissement.

Que en el l' ayre fassa plus fort allisio e percussio.

Eluc. de las propr., fol. 15.

Qu'en lui l'air fasse plus fort froissement et frappement.


2. Collisio, s. f., lat. collisio, collision, froissement.

Collisio de vent e de so.

Per lor feriment et collisio.

Eluc. de las propr., fol. 15 et 131.

Froissement de vent et de son.

Par leur frappement et froissement.

- Vice du discours, collision.

Vici qu'om apela collizio, que vol dire aspra e desacordabla contentios de sillabas.

Collizios es ajustamens de motas dictios que han motas consonans en una sillaba, coma fortz, francz, ferms, etc.

Leys d'amors, fol. 8 et 109.

Vice qu'on appelle collision, qui veut dire âpre et discordante occurrence de syllabes.

Collision est la réunion de diverses expressions qui ont plusieurs consonnes en une syllabe, comme fort, franc, ferme, etc.


Allopicia, s. f., lat. alopecia, pelade, alopécie.

Els calvtz et en aquels que han allopicia...

Mirt val contra allopicia et cazement de pels.

Eluc. de las propr., fol. 34 et 214.

Aux chauves et en ceux qui ont alopécie... Myrte vaut contre alopécie et chute de poils.

CAT. Alopecia. ANC. ESP. Alopicia. PORT. Alopesia. IT. Alopicia.


Alluvio, s. f., lat. alluvio, débordement, alluvion.


Alluvio lava la terra don fa passage, et lavan la degasta.

Eluc. de las propr., fol. 152.

L' alluvion lave la terre par où elle fait passage, et en la lavant la gâte.

ESP. Aluvión. PORT. Alluvião. IT. Alluvione.

Alm, adj., lat. almus, nourricier.

Mayre alma.

Eluc. de las propr., fol. 157.

Mère nourricière.

ANC. FR.

Et me paissant de vostre alme présence.

Facet. nuits de Straparole, t. 1, p. 9.

ESP. IT. Almo.


Almassor, s. m., almansor, chef de Sarrasins.

Miels saup Lozoics deslivrar

Guillelme, e 'l fes ric secors

Ad Aurenga, quan l' almassors

A Tibaut l' ac fait asetjar.

Bertrand de Born le fils: Quant vey lo temps.

Louis sut mieux délivrer Guillaume, et lui fournit à Orange un puissant secours, quand l' almansor l' eut fait assiéger par Thibaud.

Lo filh delh almassor de Cordoa.

Philomena.

Le fils de l' almansor de Cordoue.

ANC. FR. Entor lui vienent et roi et aumaçor.

Roman d'Agolant, Bekker, v. 184.


Almatist, s. m., lat. amethistus, améthyste.

Almatist, peira mout dura,

D' ebrietat assegura.

Brev. d'amor, fol. 40.

L' améthyste, pierre très dure, garantit d' ivresse.

Cors gent format e car e just,

Blanc e lis plus qu'us almatist.

Guillaume de Cabestaing: Ar vey qu'em.

Corps bien formé et précieux et parfait, pur et poli plus qu'une améthyste.

ANC FR. Vermeille comme une amathiste.

Villon, p. 25.

CAT. Amatista. ANC. ESP. Ametisto. ESP. MOD. Amatista. PORT. Amethysto, Ametysta. IT. Ametisto, Amatista.


Almatrac, s. m., matelas.

Per tapis e per almatracx.

R. Vidal de Bezaudun: En aquel.

Sur tapis et sur matelas.

E mans almatras per jazer.

P. Vidal: Mai o acobra.

Et maints matelas pour coucher.

CAT. Matalas (matalàs). IT. Materasso. 

(N. E. ESP. colchón; chap. madalap.)


Almussa, s. f., lat. almutium, aumusse.

L' aumusse était jadis une partie de l' habillement qui servait, ainsi que le chaperon, à couvrir et garantir la tête. Les princes et les grands portaient l' aumusse garnie de fourrures; dans la suite les ecclésiastiques ne la conservèrent que comme un ornement que les chanoines placent aujourd'hui sur le bras gauche.

Et ac almussa d' escarlata,

Tota de sebelin orlada.

Roman de. Jaufre, fol. 56.

Et eut une aumusse d' écarlate, tout ourlée de fourrure.

E non deu esser coms ni reys,

Ni lunhs autr' oms tan poderos,

Que port almussa, mas sol nos.

P. Vidal: Abril issic.

Et il ne doit être comte ni roi, ni nul autre homme si puissant, qui porte aumusse, excepté seulement nous.

ANC. FR. A leur assemblée l' empereur osta l' aumusse et chaperon tout jus.

Chr. de Fland., ch. 105. Du Cange, t. 1, col. 326.

CAT. Almussa. PORT. Mursa. IT. Mozzetta. (ESP. Almuza.)


2. Almucella, s. f., petite aumusse.

Almucella, II deners.

Cartulaire de Montpellier, fol. 114.

Petite aumusse, deux deniers.

ANC. FR. Ne l' avoit daigné saluer ne oster s' aumussette... Pour cause d'une aumussette ou barrette.

Lett. de rém., 1376, 1380. Carpentier, t. 1, col. 387.


Alna, Auna, s. f., lat. ulna, aune, sorte de mesure.

D' alna falsa, VII sols.

Charte de Montferrand de 1248.

D'une aune fausse, sept sous.

Qu'ab quatr' aunas de filat. P. Cardinal: Tartarassa.

Qu'avec quatre aunes de toile.

ANC. CAT. Alna, auna. ANC. ESP. Alna. IT. Auna.


Aloa, s. f., sorte d'arbre, aloès.

Aloa es aybre aromatic qui naysh en India.

Eluc. de las propr., fol. 198.

Aloès est arbre aromatique qui naît en Inde.

2. Aloen, Aloes, s. m., lat. aloe, plante, aloès.

De l' aloen li donaretz

Sus en la carn enpolverat.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Vous lui donnerez de l' aloès en poudre sur la chair.

- Suc de cette plante.

Aloe es suc de la herba dita aloen.

Eluc. de las propr., fol. 199.

Aloès est le suc de la plante dite aloès.

De mirra e d' aloes.

Passio de Maria.

De myrrhe et d' aloès.

Aportet mirra et aloe.

Hist. abr. de la Bible, fol. 66.

Apporta myrrhe et aloès.

ANC CAT. ANC. ESP. Aloes. ESP. MOD. PORT. Aloe.

IT. Aloè.


Aloc, Alluc, s. m., aleu.

Bodin, Rech. hist. sur Saumur, dérive aleud du celtique leud, vassal et

d' A privatif.

Aissi cum cel qu'a estat ses segnor,

En son aloc, franchamen et en patz.

Le moine de Montaudon: Aissi com cel.

De même que celui qui a été, dans son aleu, sans seigneur, librement et en paix.

Et de vos teng mon aloc e mon feu.

Folquet de Romans: Ma bella dompna.

Et je tiens de vous mon aleu et mon fief.

Loc. Si Gerard Rossilho en alluc tenc.

Roman de Gerard de Rossillon, fol. 19.

Si Gérard tient Roussillon en aleu.

ANC. FR. Challe li Chauf, entends: Mains te tiennent pour sage.

Partie tiens de toi de mon grant héritage,

Et d' aluef en tiens je la très plus grand partie.

Rom. franc. de Gerard de Rossillon, fol. 21.

CAT. Alou. ESP. Alodio. IT. Allodio.

Alps, (N. E. Aups, vivaroaupenc) s. m., lat. Alpes, Alpes, monts élevés.

On a avancé avec beaucoup de vraisemblance que, dans la langue celtique ou gauloise, Alp a signifié originairement haute montagne. Isidore de Séville l' avait dit; Vossius l'a confirmé par une explication.

Servius, à l'occasion de ce vers,

Alpini Boreae nunc hinc, nunc flatibus illinc,

Virgilio, Aeneida, IV, v. 442,

dit sur le mot alpini:

Quae Gallorum lingua alti montes vocantur.

Les exemples suivants prouveront que les troubadours employaient le mot dans cette acception.

Perque Karlles, secretamen,

A tapin, si mes en la via

Sus per los Alps de Lombardia.

E passa per los Alps de Pueymont a en sus.

V. de S. Honorat.

C'est pourquoi Charles, secrètement, en tapinois, se mit en route au-dessus par les Alpes de Lombardie. Et il passe par les Alpes de Piémont au-dessus.

ESP. Alpes. IT. Alpe.


Alpha, s. m., nom de la lettre grecque a, alpha.

Alpha et O, comensament e fi... Dieus, que es alpha et O, so es a

dire comensament et fi. 

Eluc. de las propr., fol. 105 et 279.

Alpha et oméga, commencement et fin... Dieu, qui est alpha et oméga, c'est-à-dire commencement et fin.

IT. Alfa.


Alphabet, s. m., lat. alphabetum, (N. E. griego alpha, a, beta, b) alphabet.

Escriven pel paviment las letras del alphabet, so es a dire del a b c.

Eluc. de las propr., fol. 130.

Écrivant sur le pavé les lettres de l'alphabet, c'est-à-dire de l' a b c.

CAT. Alfabet. ESP. PORT. IT. Alfabeto.


Alquitran, s. m., arab. al-kitran, goudron.

Pres del foc alquitran, et la ola umpleg.

Guillaume de Tudela.

Il prit le goudron du feu, et emplit le pot.

ANC. FR. Pour ce que ses mains estoient souillées dudit goutron... pour lui aidier à goutrener.

Lett. de rém., 1457. Carpentier, t. II, col. 602.

ANC. CAT. Alquitra (quitrà) (chap. alquitrá). ESP. Alquitrán. PORT. Alcatrão. 

IT. Catrame.

Alt, Aut, adj., lat. altus, haut, élevé.

E fan sacrifici far en un taulier alt de tres pes o plus.

Liv. de Sydrac, fol. 31.

Et font faire sacrifice en un tréteau haut de trois pieds ou plus.

El nauchier, can ve be lo temps clar,

Que s cocha e cor, tro qu'es en auta mar.

Pierre Espagnol: Entre que.

Le nocher, quand il voit bien le temps clair, qui se hâte et court, jusqu'à ce qu'il soit en haute mer.

Fig. E sabes be que ieu soi gentils et auta de riqueza e jove d'ans.

V. de Gaucelm Faidit.

Et vous savez bien que je suis gentille et haute de richesses et jeune d'ans.

Tant quant chascus ama plus son prosme, tant er alts el regne de Deu.

Trad. de Bède, fol. 23.

Autant comme chacun aime plus son prochain, autant il sera élevé au royaume de Dieu.

Subst. Elacios dejeta los alts.

Trad. de Bède, fol. 65.

Orgeuil abaisse les élevés.

Que de bassez fez aus e d' auz aussors.

Aimeri de Peguilain: Totz hom.

Que de bas il fit hauts et de hauts plus hauts.

Adv. On hom plus aut es pueiat,

Mas pot en bas chazer.

B. Zorgi: On hom.

D'autant plus un homme est monté haut, plus il peut tomber en bas.

Quar es tant alt puiatz

Lo desirs que m turmenta.

Arnaud de Marueil: Ses joi.

Car le désir qui me tourmente est monté si haut. 

Adv. comp. Era m fai d' aut en bas chazer.

Rambaud de Vaqueiras: No m'agrad.

Maintenant me fait tomber de haut en bas.

E crida tan can pot en aut.

R. Vidal de Bezaudun: Unas novas.

Et crie autant qu'il peut en haut.

Que aut e bas denfra sa terra

Pogues intrar ses tota guerra.

V. de S. Honorat.

Qu'il pût par tout entrer dans sa terre sans aucune guerre.

Comparatif. Del loc alsor

Jos al terral.

A. Daniel: Chanson d'un mot.

Du lieu plus élevé en bas à terre.

Superlatif. Quan chai la fuelha

Dels aussors entrecims.

A. Daniel: Quan chai.

Quand tombe la feuille des plus hautes cimes.

On per Melchior e Gaspard

Fon adzoratz l' Altisme tos.

P. du Vilar: Sendatz.

Où fut adoré l'enfant Très-Haut par Melchior et Gaspard.

Subst. Car als tieus precx s' umilia l' Auzismes.

P. Cardinal: Vera Vergena.

Car le Très-Haut est indulgent à tes prières.

Volc esser semblans al Altisme.

Liv. de Sydrac, fol. 9.

Il voulut être semblable au Très-Haut.

Tant es sobre los aussors.

A. Daniel: Mot eran.

Tant il est sur les plus hauts.

ANC FR. Devant l' arche à l' alt Deu... Et sur els tuz plus halt parut de l' espalde en amunt.

Anc. trad. des liv. des Rois, fol. 6 et 12.

La cité fermie de halz murs et de haltes tors.

Villehardouin, p. 29.

Cum venimes en halt mer. G. Gaimar, Haveloc, v. 582.

Et la dame fu en la tor

De son castel montée halt.

Chrétien de Troyes, Hist. litt., t. XV, p. 241.

Sus el palais hauçor.

Roman de Guillaume au court nez.

Et aussi le sien cuer haultisme.

J. de Meung, Trésor, v. 839.

CAT. Alt, altisme. ESP. PORT. Alto (Altísimo). IT. Alto, altismo.

2. Naut, adj., haut.

Tors e naut castels. Leys d'amors, fol. 29.

Tours et hauts châteaux.

Avia senhoria nauta e bassa.

Tit. du XIIIe siécle, DOAT, t. VIII, fol. 264.

Avait seigneurie haute et basse.

3. Altamen, autament, adv., en lieu haut, hautement.

E conois que miels m' estai

Que si trop altament ames.

G. Amiels: Breu vers.

Et je connais que cela m'est mieux que si j' aimasse en lieu trop élevé.

Cridan autament Narbona davant totz.

Philomena.

Crient hautement Narbonne devant tous.

CAT. Altament. ESP. PORT. IT. Altamente.

4. Autet, adv., hautement.

E 'l rossinhols autet e clar

Leva sa votz e mov son chan.

B. de Ventadour: Quant erba.

Et le rossignol haut et clair élève sa voix et commence son chant.

5. Alteza, Auteza, s. f., hautesse, hauteur, lieu haut, altesse.

La largueza, la longueza, l' auteza e la pregundeza.

Tr. de l' Épître de S. Paul aux Ephésiens.

La largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur.

Gloria sia a Dieu en las autezas, e pas sia en terra als homes de bona voluntat. V. et Vert., fol. 105.

Gloire soit à Dieu dans les lieux hauts, et paix soit en terre aux hommes de bonne volonté.

L' alteza de la Deitat. Leys d'amors, fol. 118.

La hauteur de la Divinité.

Regina d' auteza

E de senhoria.

Perdigon: Verges.

Reine de hautesse et de seigneurie.

CAT. Altesa. ESP. PORT. Alteza. IT. Altezza.

6. Nauteza, s. f., hauteur.

Nauteza et eminencia.

Eluc. de las propr., fol. 160.

Hauteur et éminence.

7. Altura, s. f., élévation, hauteur.

Senher, trop parlatz ricamen,

Quar vos sentetz en altura.

Le moine de Montaudon: Autra vetz.

Seigneur, vous parlez trop impérieusement, parce que vous vous sentez en élévation.

CAT. ESP. PORT. IT. Altura.

8. Alzor, s. f., haut rang, hauteur.

En rictatz et en alzors.

Peyrols: Camjat ai.

En puissances et en hauts rangs.

9. Altiu, Autiu, adj., hautain, élevé, fier.

Mas hom autius

Er greu manens.

P. Vidal: Ges guar.

Mais homme hautain sera difficilement riche.

Si vos qu'es altiva

De pres sobrautiu.

Un troubadour anonyme: Si 'l dous jois.

Si vous qui êtes élevée d'un mérite très supérieur.

Et anc servidor meyns autiu

Non ac la bella a cui servi Tristans.

Raimond de Miraval: Be m'agrada.

Et oncques la belle que Tristan servit n'eut un serviteur moins fier.

CAT. Altiu. ESP. PORT. Altivo.

10. Sobraltius, Sobrautiu, adj., très haut, très élevé, supérieur.

Car lo sobraltius valers

De lei cui sui finz servire

Es tant sobre tot consire.

B. Calvo: Temps e.

Car le très haut mérite de celle dont je suis fidèle serviteur est tant au-dessus de toute pensée.

Vostra grans valors

Es tan per drech sobrautiva.

P. Bremon Ricas Novas: Be volgra.

Votre grand mérite est si justement supérieur.

11. Sobrenaut, adj., sur-haut.

Lor sobrenautas partidas.

Eluc. de las propr., fol. 161.

Leurs parties sur-hautes.

12. Alsar, Ausar, v., hausser, exhausser.

Et ai aussat lur pretz e lur valor.

B. de Ventadour: En amor truep.

Et j'ai haussé leur prix et leur mérite.

Cum elha s' auça, cel a del cap polsat.

Poëme sur Boece.

Comme elle se hausse, elle a frappé de la tête le ciel.

Qui s' umilia si s' alsa, a qui s' alsa plus que non deu, trasbucha.

Liv. de Sydrac, fol. 131.

Qui s' humilie assurément s' exhausse, et qui s' exhausse plus qu'il ne doit, trébuche.

CAT. Alsar. ESP. Alzar. IT. Alzare.

13. Essalsamen, Eissauchamenz, Issalsamen, s. m., élévation, avantage.

El essalsamens dels fols non es mas blasmes.

Trad. de Bède, fol. 36.

L' élévation des fous n'est que blâme.

Co fo als crestians mult gran eissauchamenz.

P. de Corbiac: El nom de.

Ce fut pour les chrétiens un très grand avantage.

Sa dignetat e son yssaussamen.

V. et Vert., fol. 9.

Sa dignité et son élévation.

ANC. CAT. Exalçament, IT. Inalzamento. 

(ESP. “Exalzamiento”, exaltación)

14. Exaltatio, s. f., lat. exaltatio, exaltation.

La exaltatio de sancta +.

Calendrier provençal.

L' exaltation de la sainte croix.

CAT. Exaltació. ESP. Exaltación. PORT. Exaltação. IT. Esaltazione.

15. Esalsar, Exaltar, Eyssausar, Issausar, v., élever, exhausser, exaucer.

Toz hom que se esalsa er humiliatz.

Trad. de Bède, fol. 24.

Tout homme qui s' élève sera abaissé.

E sobre totz yssaussa son pretz gen.

Pons de la Garde: D'un sirventes.

Et élève sur tous son mérite gentil.

Eysxausar la sancta fe crestiana.

Philomena.

Exhausser la sainte foi chrétienne.

Ab que s cuion eyssausar e formir.

P. Cardinal: Tot atressi.

Avec quoi ils croient s' exhausser et orner.

Part. pas. Qui s' umilia er esalsaz.

Trad. de Bède, fol. 24.

Qui s' humilie sera exhaussé.

Totz hom que se humilia sera exaltatz.

Cat. dels apost. de Roma, fol. 31.

Tout homme qui s' humilie sera élevé.

Leu sera acabatz

Mos precx et yssaussat.

Le moine de Foissan: Cor ai.

Bientôt ma prière sera achevée et exaucée.

ANC. CAT. Exalsar. ANC. ESP. Exalzar. (mod. Exaltar) IT. Inalzare.


Altar, Autar, s. m., lat. altare, autel.

Las croz e li altar.

H. de S.-Cyr: Canson que.

Les croix et les autels.

El altar major.

Tit. de 1257. DOAT, t. CXL, fol. 171. 

Au plus grand autel.

Lo san sacrifici de l' autar. V. et Vert., fol. 5.

Le saint sacrifice de l'autel.

ANC. FR. Un altel pur Deu servir leva.

Anc. trad. des liv. des Rois, fol. 9.

CAT. ESP. PORT. Altar. IT. Altare.

Altar, Autar, altare, autel. Beceite, Beseit. Retablo, retaule, retrotabulum


Altea, s. f., guimauve.

La aigua en laqual son coytz altea e semensa de li.

Trad. d'Albucasis, fol. 17.

L'eau dans laquelle sont cuites guimauve et graine de lin.

ESP. IT. Altea. 

(N. E. Malva, malvaviscoAlthaea officinalis; en lengua valenciana, alteza; localidad de Alicante que da nombre a un modelo de SEAT.)


Aluda, s. f., alue, alude, peau de basane colorée.

(N. E. peau de mouton - de l'arabe bîtana qui donne bazana en provençal).

Voyez Labbe, Anc. Gloss.; Sainte-Palaye, col. 683.

Aludas... per dotzena... Si las aludas no s vendon.

Tit. du XIIIe sièc. DOAT, t. LI, fol. 158.

Alues... par douzaine... Si les alues ne se vendent.

CAT. Aluda.


Alum, Alun, s. m., lat. alumen, alun.

Grana e roga e brezil,

Gudi et alun atressi

Trad. de l' Évang. de l'Enfance.

Écarlate et garance et brésil, pastel et alun aussi.

Ieu tenherai ben e lialmen ab grance et ab alum.

Cartulaire de Montpellier, fol. 117.

Je teindrai bien et loyalement avec garance et avec alun.

CAT. Alum. ESP. Alumbre. IT. Allume.

2. Alluminos, adj., lat. aluminosus, alumineux.

Ayga alluminoza et semlans de lasquals, per art o per natura, se fa... aluz et semlans.

Eluc. de las propr., fol. 272.

Eau alumineuse et semblables, desquelles, par art ou par nature, se fait... alun et semblables.

ESP. PORT. Aluminoso. IT. Alluminoso.

3. Alumenar, Enalumenar, v., aluner. 

Que no alumenarai blanc ni blau per tenher en grana enalumenada.

Cart. de Montpellier, fol. 117.

Que je n' alunerai blanc ni bleu pour teindre en écarlate alunée.

ESP. Alumbrar (de alumbre). IT. Alluminare.


Alzona, s. f., Alsonne.

Dans un lieu appelé Alsonne, se trouvaient vraisemblablement deux rochers remarquables par leurs masses, et opposés l'un à l'autre, mais à quelque distance. Des troubadours ont fait allusion à ces pierres d' Alsonne. (Alzonne)

Qu'ans cugey levesson las peyras d' Alzona,

L'una ves Paris, e l'autra ves Toleta,

Qu'ella, per aisso, m fos mala ni fellona.

G. Pierre de Cazals: D'una leu.

Je pensai qu'on enlèverait les pierres d' Alsonne, l'une vers Paris,

et l'autre vers Tolède, avant que, pour cela, elle me fût méchante ni trompeuse.

Ar sai que s tocan las peiras d' Alzona.

Raimond de Miraval: Chansoneta.

Maintenant je sais que les pierres d' Alsonne se touchent.

Dans un lieu appelé Alsonne, se trouvaient vraisemblablement deux rochers remarquables par leurs masses, et opposés l'un à l'autre, mais à quelque distance.