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viernes, 29 de septiembre de 2023

Monuments de la langue romane.

Monuments de la langue romane.


Après avoir présenté ces notions sur les troubadours et sur les cours d' amour, je terminerai ce discours préliminaire par l' indication des monuments de la langue romane, soit en prose, soit en vers, qui ont précédé (1) les ouvrages qui nous restent de ces poëtes.

(1) Quelque desir que j' aie de m' autoriser de monuments qui servissent à prouver l' existence ancienne de la langue romane, je croirais manquer aux devoirs de l' impartialité et aux règles de la critique, si je ne rejetais les pièces qui ne me paraissent pas assez authentiques. Ainsi parmi ces monuments je ne comprendrai pas cette épitaphe du comte Bernard:
Aissi jai lo comte Bernad
Fisel credeire al sang sacrat,
Que sempre prud hom es estat:
Preguem la divina bountat
Qu' aquela fi que lo tuat
Posqua soy arma aber salvat. (*:
Ici gît le comte Bernard
Fidèle croyant au sang sacré,
Qui toujours preux homme a été:
Prions la divine bonté
Que cette fin qui le tua
Puisse son ame avoir sauvé.)

On faisait remonter la date de cette épitaphe à l' an 844, époque où le comte Bernard fut tué par l' ordre de Louis-le-Débonnaire.
Borel (a) l' avait publiée avec le fragment d' une chronique attribuée à Odon Aribert. L' académie de Barcelonne (b) avait reproduit ces vers comme un monument de 844, et dom Rivet (c) les avait cités à son tour. Mais l' antiquité de cette épitaphe a été justement suspectée par les savants auteurs de l' histoire générale de Languedoc, par Lafaille dans ses annales de Toulouse, par Baluze lui-même, qui avait voulu d' abord se servir du fragment de la chronique, et enfin par l' abbé Andrès (d) et par l' abbé Simon Assemani (e).
(a) Antiquités de Castres, p. 12, Dictionnaire des termes du vieux français.
(b) Real Academia de Barcelona, t. I, 2e partie, p. 575.
(c) Hist. Litt. de la France, t. 7, avert., p. LXVIII.
(d) Dell' origine, de' progressi e dello stato d' ogni litteratura, t. I, p. 267.
(e) Se gli Arabi ebbero alcuna influenza sull' origine della poesia moderna in Europa.
Aux raisons données par ces divers critiques, j' ajouterai
1° que ce fragment de chronique n' est connu que par la publication faite par Borel;
2° que celui-ci n' a pas tenu l' engagement qu' il avait pris de publier le texte entier du manuscrit;
3° qu' on ignore aujourd'hui si le manuscrit existe encore;
4° que le prétendu auteur de la chronique, Odon Aribert, n' a été cité ni connu par aucun écrivain;
5° enfin que le style même m’ a paru n' être pas antérieur au douzième siècle.


Serments de 842.

J' ai parlé précédemment (1: Voyez t. I, p. xxij.) de ce précieux et antique monument de la langue romane, je me borne ici à une seule observation: il n' existe qu' un seul manuscrit de l' ouvrage de Nithard, qui a conservé ces serments en langue originale. C' est sur ce manuscrit qu' a été copié le texte que je publie en conservant la place exacte des lettres et des mots. Comme il a été précédemment gravé deux fac-simile (1: Par MM. de Roquefort et de Moursin) de ce texte, je n' ai pas cru nécessaire d' en publier un troisième.

Poëme sur Boece.

Après le serment de 842, le poëme sur Boece est, sans contredit, le plus ancien des monuments de la langue romane qui sont parvenus jusqu' à nous.
Il paraît que ce poëme était d' une longueur considérable; avant de décrire le manuscrit unique qui en a conservé un fragment de deux cent cinquante sept vers, je crois convenable de parler de l' abbaye de Fleury ou Saint-Benoît-sur-Loire, et de sa fameuse bibliothèque, dans laquelle ce manuscrit était encore déposé, lors de la suppression des
monastères.
Il a été fait mention pour la première fois de ce manuscrit précieux dans l' une des dissertations sur l' histoire ecclésiastique et civile de Paris, par l' abbé Lebœuf, où se trouvent deux passages de ce poëme; ils y sont intitulés: “Fragment de poésie, en langage vulgaire usité, il y a environ sept cents ans, dans les parties méridionales de la France, tiré d' un manuscrit de la bibliothèque de Saint-Benoît-sur-Loire, qui paraît être du XIe siècle.”
Il dit plus bas: “Ce que j' ai vu en 1727 dans un des volumes de la fameuse bibliothèque de l' abbaye de Fleury ou Saint-Benoît-sur-Loire.” (1: Tome II, p. 409.)
Cette abbaye fondée dans le VIe siècle, sous le règne de Clovis II, devint une des principales abbayes de la France; elle possédait le corps de saint Benoît, qui y avait été transféré du mont Cassin (2: Joan. a Bosco, Floriac. vet. Bibliot., p. 409.) en 660; et il existe des monuments historiques qui attestent qu' elle jouissait de très grands revenus.
Dans le Xe siècle, lorsque Odon, abbé de Cluni, eut réformé les moines de cette abbaye, elle devint célèbre par son école et par sa bibliothèque.
Léon VII, qui avait appelé Odon à Rome, établit le monastère de Fleury chef de l' ordre de Saint-Benoît, l' exempta de la juridiction épiscopale, et déclara l' abbé chef de tous les abbés de France.
Abbon, né à Orléans, fit ses études dans l' école de Fleury; il en fut abbé, sous le règne de Hugues Capet, jusqu' en 1004.
Il contribua beaucoup à maintenir et à propager les bonnes études.
Gauzlin, fils naturel de Hugues Capet, fut confié par son père à Abbon: ce jeune prince, élevé dans le monastère de Fleury, acquit beaucoup d' instruction, devint abbé en 1005, après la mort d' Abbon, et ensuite archevêque de Bourges, en 1013.
A cette époque on comptait cinq mille étudiants, soit religieux, soit externes, dans l' école de Fleury.
Tous les ans chaque écolier était tenu de donner deux manuscrits pour honoraires ou rétribution; ce qui rendit bientôt la bibliothèque de Fleury l' une des plus riches de la France.
Elle était pourvue non-seulement des livres que l' état religieux exigeait, mais encore des auteurs classiques; on y trouvait le traité de la République par Cicéron, traité qui a été ensuite perdu pour les lettres. (1: Hist Litt. de la France, t. V, p. 36.)
Veran qui fut abbé de Fleury, depuis 1080 jusqu' en 1095, prit soin d' entretenir les richesses de la bibliothèque. (2: Hist. Litt. de la France, t. VII, p. 102.)
Peu de temps après, et sous le règne de Louis-le-Jeune, Machaire, alors abbé, voyant que les livres dépérissaient, imposa une taxe dont le produit fut destiné à acheter du parchemin pour recopier les vieux manuscrits, et à se procurer des manuscrits nouveaux.
Voici l' ordonnance capitulaire:
“Moi abbé, voyant que les manuscrits de notre bibliothèque dépérissent par l' effet de la vétusté, par les attaques du ciron et de la teigne, voulant y remédier, et acheter soit de nouveaux manuscrits, soit des parchemins pour recopier les anciens, j' ai, dans mon chapitre, avec le consentement, et même à la prière de tout le monastère, établi et ordonné que moi et les prieurs qui relèvent de ce monastère, payerons une contribution annuelle, au jour de la Saint-Benoît d' hyver, pour ce projet si nécessaire, si utile, si louable.” (1: Joan. a Bosco, Flor. vet. Bibliot., p. 302.)
Que de richesses littéraires et dans tous les genres étaient conservées dans l' abbaye de Fleury! Malheureusement Odet de Coligni, cardinal de Châtillon, qui en fut abbé dans le XVIe siècle, ayant embrassé la réforme, les gens de son parti enlevèrent en 1561 et 1562 une grande partie des manuscrits.
Un religieux bénédictin de la congrégation de Saint-Maur dit à ce sujet: (2: Notice des manuscrits de la bibliothèque de l' église de Rouen, par l' abbé Saas, revue et corrigée par un religieux bénédictin (*), etc. Rouen, 1747, p. 12. (*) Dom Fr. René Prosper Tassin.)
“L' abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire fut exposée au pillage comme les autres. Une moitié de la célèbre bibliothèque de Fleury tomba entre les mains de M. Petau, et l' autre moitié entre celles de M. Bongart. Ce dernier s' étant retiré à la cour de l' électeur Palatin, y laissa ses richesses littéraires, et donna par-là naissance à la fameuse bibliothèque d' Heidelberg. Les manuscrits de M. Petau furent achetés par Christine, reine de Suède. Tous ces livres se trouvent aujourd'hui dans la bibliothèque du Vatican; et la France est dépouillée de ce précieux trésor, amassé par les moines de Fleury.”
Instruit que le manuscrit qui contenait les fragments d' un poëme sur Boece se trouvait encore dans la bibliothèque de Fleury en 1740, je mis les soins les plus actifs et les plus constants à en faire la recherche.
J' espérais peu de réussir, ayant eu souvent occasion de me convaincre des dilapidations et des destructions qu' avaient occasionnées les déplacements des grandes bibliothèques, sur-tout de celles des monastères.
Au mois d' octobre 1813, je découvris que ce manuscrit avait passé dans la bibliothèque de la ville d' Orléans; bientôt je pus l' examiner, le copier à loisir. (1: Je saisis avec empressement l' occasion d' offrir à M. Septier, bibliothécaire d' Orléans, l' expression publique de ma reconnaissance pour tous les soins qu' il a bien voulu prendre à ce sujet, et pour la confiance dont il m' a donné des preuves réitérées.)
Aujourd'hui il m' a été confié de nouveau, et je l' ai sous les yeux en le décrivant.
Ce manuscrit, cinquième volume de la collection intitulée Diversa Opera de l' ancienne abbaye, forme un volume in-4° en parchemin de 275 pages.
Les premières pièces de ce manuscrit sont d' une écriture qui appartient au XIIIe siècle, et même à une époque postérieure; mais comme le volume est formé de plusieurs pièces différentes, copiées à diverses époques, on trouve à la page 224 quelques sermons dont l' écriture est peut-être plus ancienne encore que celle du Poëme sur Boece.
Au milieu de la page 269, verso de la page 268, commence le fragment du Poëme sur Boece, qui remplit les pages 269 à 275.
La suite du poëme manque, et le fragment se termine au commencement d' un vers par ces mots: DE PEC...
Les connaisseurs jugeront par le fac-simile d' une ligne de l' écriture des sermons, et de quelques lignes du poëme sur Boece, que la date ancienne, accordée par l' abbé Lebœuf et autres au manuscrit, est confirmée par les règles de la diplomatique.
On peut confronter ce fac-simile avec les Specimen publiés par le P. Mabillon dans son savant ouvrage De re diplomatica.
Une circonstance très-remarquable dans le manuscrit du poëme sur Boece, c' est que plusieurs mots sont marqués d' un accent; je regarde ce signe comme une preuve d' antiquité.
Mais l' examen du langage prouve encore mieux l' époque très ancienne de la composition du poëme. J' ai cru devoir faire imprimer en entier ce qui en reste.
L' abbé Lebœuf avait dit: “L' écriture m' a paru être du XIe siècle, mais la composition du poëme peut être encore de plus ancienne date.”
Les vers imprimés par l' abbé Lebœuf sont au nombre de vingt-deux, et ils offrent deux fragments: l' un appartient au commencement du poëme, l' autre appartient au milieu de ce qui reste du manuscrit.
Court de Gebelin, dans son discours préliminaire du Dictionnaire étymologique de la langue française, avait parlé du poëme sur Boece en ces termes: “IXe siècle. On conçoit qu' il doit rester bien peu de monuments français d' un temps aussi reculé, et où la langue française était si peu cultivée. Mais moins il en reste, plus ils doivent être recueillis précieusement. De ce nombre, outre le serment de Louis-le-Germanique, est une pièce en vers, qui se trouve à la fin d' un manuscrit de Saint-Benoît-sur-Loire, p. 269 à 275. Le style raboteux et informe dans lequel elle est écrite, prouve sa haute antiquité. Elle a pour objet Boece, et commence ainsi: Nos jove omne, etc.”
Il est certain que Court de Gebelin avait jugé cet ouvrage autrement que par les fragments publiés par l' abbé Lebœuf. Plusieurs raisons ne permettent pas d' en douter.
Les savants bénédictins, auteurs de l' Histoire littéraire de la France, ont eu plus d' une fois l' occasion de s' expliquer sur l' ancienneté de ce poëme. Dans l' avertissement du tome VII, qui traite du XIe siècle, ils disent page XLVIII: “Entre les autres poésies de même nature qui nous restent du même siècle, il faut mettre celles que M. L' abbé Lebœuf a déterrées dans un très ancien manuscrit de Saint-Benoît-sur-Loire, et dont il a publié des fragments.”
Et ensuite à la page CXII du même tome VII:
“Celui en vers tiré d' un manuscrit de Fleury, et publié par M. L' abbé Lebœuf, est entièrement différent de tous les autres dont nous avons connaissance; il est vrai qu' il nous paraît plus ancien que le siècle qui nous occupe... On y découvre un dialecte qui nous montre visiblement l' origine de la langue matrice, c' est-à-dire du latin.”
Enfin dans le même avertissement de ce tome VII, page XXX, on lit:
“M. L' abbé Lebœuf, cet auteur si judicieux, nous a donné de son côté des lambeaux d' autres monuments en vers qu' il a tirés d' un manuscrit de Saint-Benoît-sur-Loire qui a été fait au XIe siècle, mais il soupçonne avec raison que les pièces en roman qu' il contient sont plus anciennes.” “Effectivemant leur rudesse et leur grossièreté montrent qu' elles appartiennent au moins au Xe siècle.”
Les bénédictins auraient pu ajouter que ce poëme est seulement en rimes masculines.
Mais pour éviter à ce sujet une discussion qui ne tournerait pas au profit de la science, je me borne à le présenter comme de la fin de ce Xe siècle. (1: L' examen des vers du poëme sur Boece prouve assez évidemment qu' ils ne sont pas les premiers qu' on ait composés en langue romane. Dans une églogue latine que rapporte Paschase Ratbert, mort en 865, à la suite de la vie de saint Adhalard, abbé de Corbie, mort en 826, les poëtes romans sont invités, ainsi les poëtes latins, à célébrer les vertus d' Adhalard:
RUSTICA concelebret ROMANA latinaque lingua (: et latina lingua)
Saxo qui, pariter plangens, pro CARMINE dicat:
Vertite huc cuncti cecinit quam maximus ille,
Et tumulum facite, et tumulo super addite CARMEN.
Act. SS. Ord. S. Bened. sæc. IV, pars I, p. 340.)

La captivité de Boece est évidemment le sujet du poëme; les imitations que l' auteur a faites quelquefois de l' ouvrage De consolatione philosophiæ, ne sont tirées que des premières pages de ce traité, circonstance qui permet de conjecturer que le poëme sur Boece était un ouvrage très étendu; les avantages que nous offre le fragment qui nous est parvenu, doivent faire vivement regretter la perte du reste.
L' extrême soin que je mets non-seulement à communiquer en entier aux savants ce monument si précieux de la littérature romane, mais encore à le leur présenter dans ses formes identiques, soit en donnant un fac-simile de quelques lignes, pour juger de l' époque du manuscrit qui le contient, soit en faisant imprimer le texte dans le même ordre qu' il s' y trouve, méritera peut-être et obtiendra sans doute quelque indulgence pour mon travail. La manière dont les lettres et les mots sont disposés dans les pages intitulées Texte du manuscrit, permettra aux personnes versées dans cette partie, de lire ce texte de la manière qui leur offrira un sens plus propre et plus clair.

Actes et titres depuis l' an 960 et suivants.

Les fragments nombreux et importants de la langue romane que j' ai recueillis dans les actes latins des Xe et XIe siècles, et que j' ai rapprochés, prouveront que l' idiôme roman était depuis long-temps la langue populaire de la France méridionale. Ces fragments sont presque tous des formules romanes insérées dans les actes de foi et hommage, afin que les parties connussent et exprimassent dans leur propre idiôme les obligations qu' elles contractaient.
On ne peut considérer sans étonnement que la plupart de ces fragments disséminés dans les actes latins par divers officiers publics, en différents temps et en différents lieux, sont en général conformes aux règles de la grammaire romane.

Poésies des Vaudois.

Si l' on rejetait l' opinion de l' existence d' une langue romane primitive, c' est-à-dire d' un idiôme intermédiaire qui, par la décomposition de la langue des Romains, et l' établissement d' un nouveau système grammatical, a fourni le type commun d' après lequel se sont successivement modifiés les divers idiômes de l' Europe latine, il serait difficile d' expliquer comment, dans les vallées du Piémont, un peuple séparé des autres par ses opinions religieuses, par ses mœurs, et sur-tout par sa pauvreté, a parlé la langue romane à une époque très ancienne et s' en est servi pour conserver et transmettre la tradition de ses dogmes religieux; circonstance qui atteste la haute antiquité de cet idiôme dans le pays que ce peuple habitait.
Le poëme de La nobla leyczon porte la date de l' an 1100. (1)
La secte religieuse des Vaudois est donc beaucoup plus ancienne qu' on ne l' a cru généralement.
Bossuet a dit de leur doctrine: “Lorsqu' ils se sont séparés, ils n' avaient que très peu de dogmes contraires aux nôtres, ou peut-être point du tout.”
(1) Ben ha MIL E CENT ancz compli entierament
Que fo scripta l' ora car sen al derier temps. (a:
Bien a mille et cent ans accomplis entièrement
Que fut écrite l' heure que nous sommes au dernier temps.)

“Conrad, abbé d' Usperg, qui a vu de près les Vaudois, a écrit que le pape Lucius (1: Lucius fut pape de 1181 à 1185.) les mit au nombre des hérétiques, à cause de quelques dogmes ou observances superstitieuses.” (2: Bossuet, Histoire des variations, liv. XI.)
Claude de Seyssel, archevêque de Turin, a déclaré que leur vie et leurs moeurs ont toujours été irréprochables parmi les hommes, et qu' ils observaient de tout leur pouvoir les commandements de Dieu.
Et Bossuet, en condamnant la Doctrine des Vaudois, a parlé de leurs mœurs en ces termes: “On me demandera peut-être ce que je crois de la vie des Vaudois, que Renier a tant vantée; j' en croirai tout ce qu' on voudra, et plus, si l' on veut; car le démon ne se soucie pas par où il tienne les hommes... Il ne faut donc pas s' étonner de la régularité apparente de leurs mœurs, puisque c' était une partie de la séduction contre laquelle nous avons été prémunis par tant d' avertissements de l' évangile.”
Quant aux livres des Vaudois, voici ce qu' en dit Bossuet:
“Au surplus, nous pourrions parler de l' âge de ces livres vaudois et des altérations qu' on y pourrait avoir faites, si on nous avait indiqué quelque bibliothèque connue où on les pût voir. Jusqu' à ce qu' on ait donné au public cette instruction nécessaire, nous ne pouvons que nous étonner de ce qu' on nous produit comme authentiques des livres qui n' ont été vus que de Perrin seul, puisque ni Aubertin, ni La Roque ne les citent que sur sa foi, sans nous dire seulement qu' il les aient jamais maniés.”
Bossuet s' exprimait ainsi en 1688, année où il publia son Histoire des variations: cependant deux ouvrages imprimés avaient indiqué les bibliothèques où se trouvaient les livres des Vaudois (1) en original.
(1) Dès 1658, Samuel Morland, dans son History of the evangelical churches of the valleys of Piemont, London, fol., avait fait imprimer le catalogue des manuscrits dont il s' était servi pour cet ouvrage, manuscrits qu' il avait déposés à la bibliothèque de l' université de Cambridge en août 1658. (a: Morland, introd.)
En 1669, Jean Léger, transcrivant, dans son Histoire générale des églises évangéliques des vallées du Piémont, Leyde, 1669 in-fol., des vers du poëme de La nobla leyczon, dit:
“Extrait d' un traité intitulé La nobla leyczon, daté de l' an 1100, qui se trouve tout entier dans un livre de parchemin, écrit à la main, en vieille lettre gothique, dont se sont trouvés deux exemplaires, l' un desquels se conserve à Cambridge, et l' autre en la bibliothèque de Genève.” (b: Léger, Hist. génér., p. 26.)
Outre ce poëme et autres qui y sont joints, la bibliothèque de Genève avait alors en dépôt divers manuscrits vaudois, ainsi que le prouve l' attestation suivante de M. Gérard, alors bibliothécaire de Genève, insérée dans l' histoire de Léger. (c: Léger, Hist. génér., p. 23.)
“Je soussigné déclare avoir reçu des mains de M. Léger, ci-devant pasteur ès vallées, i° un livre de parchemin manuscrit in-8°, contenant plusieurs traités de la doctrine des anciens Vaudois, en leur propre langue; 2° une liasse de plusieurs autres manuscrits, etc. que je conserve en la bibliothèque de cette cité, pour y avoir recours au besoin; en foi de quoi, etc., à Genève, le 10 novembre 1662, signé Gérard, pasteur du collége et bibliothécaire.”


La lecture des poésies religieuses que je publie, donnera une idée suffisante de leurs dogmes.
Quant à l' idiôme dans lequel elles sont écrites, on se convaincra que le dialecte vaudois est identiquement la langue romane; les légères modifications (1) qu' on y remarque, quand on le compare à la langue des troubadours, reçoivent des explications qui deviennent de nouvelles preuves de l' identité.
(1) Je crois convenable d' offrir le tableau des principales modifications.
Changements de voyelles.
O pour U.
Vaudois. Roman. Vaudois. Roman.
seo seu greos greus
vio viu breo breu
caitio caitiu deorian deurian
O pour A.
volrio volria
Voyelles ajoutées a la fin du mot, A, I et O.
sencza senz illi ill
aquisti aquist aiuto aiut, etc.
Suppresion de consonnes finales.
bonta bontat ma mas
verita veritat ca car, etc.
(N. E. Como ocurre en la lengua italiana, toscana, etc.)

Changement ou suppression de consonnes finales,
changement de voyelles finales dans les verbes.
Je place dans un seul tableau les modifications relatives aux verbes:
Infinitif. Vaudois. Roman.
Part. Passé. forma, salva format, salvat
compli complit
offendu, agu offendut, agut
Indicatif.
Présent.
3.e pers. Sing. po pot
1re pers. Plur. aman, sen, aven, deven amam, sem, avem, devem
2.e anna, vene annatz, venetz
3.e pon podon
Prétérit simple.
3.e pers. Sing. peche, manje pechet, manjet
Futur.
3.e pers. Sing. sere, penre, venre sera, penra, venra
1re pers. Plur. tenren, iren tenrem, irem
2.e sere, aure seretz, auretz
3.e seren, murren serem, murrem
Conditionnel.
1re pers. Plur. aurian, segrian auriam, segriam
Subjonctif.
Présent.
1re pers. Plur. faczan poisam, faczam, etc.

Il me reste à parler des manuscrits des ouvrages en dialecte vaudois.
Samuel Morland (1: Samuel Morland avait été l' envoyé de Cromwel (Cromwell) auprès du duc de Savoie.) avait déposé en 1658 à la bibliothèque de l' université de Cambridge plusieurs manuscrits dont le catalogue est au commencement de son histoire.
Ces manuscrits intéressants ne s' y trouvent plus depuis plusieurs années.
La bibliothèque de Genève possède trois manuscrits vaudois. Celui qui est coté n° 207 contient les poésies religieuses et morales; il m' a fourni les pièces qui sont imprimées de la page 73 à la page 133. (1: J' ai dû au zèle, à la sagacité et à la bienveillance de M. Favre- Bertrand de Genève une copie exacte des pièces que je publie, et quelques renseignements très détaillés et très utiles. Il me tardait d' offrir à ce littérateur distingué l' hommage public de ma juste reconnaissance.)

La nobla leyczon.

Ce poëme, qui est une histoire abrégée de l' ancien et du nouveau Testament, m' a paru assez important pour être inséré en entier. J' ai conféré le texte du manuscrit de Genève avec celui du manuscrit de Cambridge, publié par Samuel Morland. (2: Je suis porté à croire que le manuscrit de Cambridge avait été fait sur un exemplaire plus ancien que celui qui a servi pour la copie du manuscrit de Genève; dans le manuscrit de Cambridge on lit AU, avec, venant d' AB roman, et dans celui de Genève on lit CUM au lieu d' AU.)
La date de l' an 1100 qu' on lit dans ce poëme mérite toute confiance. Les personnes qui l' examineront avec attention jugeront que le manuscrit n' a pas été interpolé; les successeurs des anciens Vaudois, ni les dissidents de l' église romaine qui auraient voulu s' autoriser des opinions contenues dans ce poëme, n' auraient eu aucun intérêt à faire des changements; et s' ils avaient osé en faire, ces changements auraient bien moins porté sur la date du poëme que sur le fond des matières qu' il traite, pour les accommoder à leurs propres systêmes dogmatiques. Enfin le style même de l' ouvrage, la forme des vers, la concordance des deux manuscrits, le genre des variantes qu' ils présentent, tout se réunit en faveur de l' authenticité de ces poésies; M. Sennebier jugeait que le manuscrit de Genève est du XIIe siècle.

La barca.

C' est un poëme sur le Miserere et sur la brièveté de la vie; il contient trois cent trente-six vers; j' en rapporte quelques-uns.

Lo novel sermon.

Il contient quatre cent huit vers. Ceux que je publie donnent une idée du genre de ce poëme, qui est en grands vers. J' en cite des fragments considérables.

Lo novel confort.

Ce poëme est en stances de quatre vers qui riment toujours ensemble.

Lo payre eternal.

Il est en grands vers et divisé en stances de trois vers qui riment toujours ensemble.

Lo despreczi del mont.

Le poëme du mépris du monde ne contient que cent quinze vers.
Il ne se trouvait pas dans les manuscrits de Cambridge.

L' avangeli de li quatre semencz.

Cette pièce est de trois cents vers divisés en stances de quatre vers qui riment ensemble; elle ne se trouvait pas dans les manuscrits de Cambridge.
J. Léger aurait pu appliquer à tous ces divers poëmes ce qu' il dit spécialement de La nobla leyczon dans son Histoire des églises vaudoises, pag. 30: “Et ces sages Barbes ont voulu mettre en main de leurs peuples ce divin trésor en cette forme de rime ou de poésie en leur langue, pour en rendre la lecture plus agréable, et à ce que la jeunesse le pût plus facilement imprimer en sa mémoire.”
Je n' ai pas cru nécessaire de rapporter des fragments en prose des ouvrages dogmatiques des Vaudois (1); le traité de l' Ante-Christ porte la date de 1126. (1: Perrin, histoire des Vaudois, dans les ouvrages de Samuel Morland, de Jean Léger, etc.
La bibliothèque de Grenoble possède un manuscrit de la traduction du Nouveau-Testament en dialecte vaudois; la parabole de l' Enfant Prodigue, tirée de ce manuscrit, a été publiée par M. Champellion Figeac, dans ses Recherches sur les différents patois de la France.)

Pièces et fragments divers.

L' Oraison, la prière à la Vierge, l' extrait du mystère des vierges sages et des vierges folles, ont été tirés d' un manuscrit de la bibliothèque du Roi, coté n° 1139, dans le catalogue des manuscrits latins. Il avait appartenu jadis à l' abbaye de Saint-Martial de Limoges.
L' écriture du cahier qui contient ces pièces a paru à tous les connaisseurs être du XIe siècle (1), et même de la première moitié de ce siècle.
Il commence au fol. 32 du manuscrit, et finit au fol. 83.
L' une de ces pièces mérite une attention particulière; c' est le mystère des vierges sages et des vierges folles, dans lequel les interlocuteurs parlent tantôt latin, tantôt roman.

(1) L' abbé Lebœuf, État des sciences en France depuis le Roi Robert jusqu' à Philippe-le-Bel, page 68, donne à des vers qu' il cite de ce manuscrit la date du règne de Henri Ier, qui monta sur le trône en 1031.

Fragment de la vie de Sainte Fides d' Agen.

Fauchet l' a inséré dans son ouvrage De l' origine de la langue et poésie Françaises, 1581, in-4°, en l' intitulant: “Deux couples tirées d' un livre escrit à la main, il n' y a guieres moins de cinq cens ans, lequel le dict sieur Pithou m' a presté, contenant la vie de saincte Fides d' Agen.” (1:
La perte de ce manuscrit est à regretter; on verra dans les deux couplets que j' ai arrangés grammaticalement, sans me permettre de changer une seule lettre, que les règles de la grammaire ont été connues de l' auteur, sur-tout celle qui distingue les sujets et les régimes.
La Bibliothèque historique de la France cite, sous le n° 4412, t. I, p. 286, cette remarque tirée des recueils de M. Falconet:
“Vie de sainte Fides d' Agen, en vers rimés en
langue provençale, semblable à la catalane, écrite en 1080.”
On trouve dans Catel, Histoire des Comtes de Toulouse, p. 104, un fragment considérable d' un poëme relatif à sainte Foy de Rouergue.
Je me borne à l' indiquer.)

Planch de Sant Esteve.

L' ancien rit gallican ordonnait que les vies des saints seraient récitées à la messe du jour consacré à leur fête. Quand Pepin et Charlemagne introduisirent la
liturgie romaine, il fut permis aux églises de France de conserver du rit gallican les usages qui ne contredisaient pas le rit romain.

Ce rit défendait de faire pendant la messe toute autre lecture que celle de l' écriture sainte; de sorte que ces vies ne furent plus lues que pendant l' office de la nuit.
Mais le récit du martyre de saint Etienne se trouvant dans les actes des apôtres, les églises de France continuèrent de le chanter à la messe; et pour le mettre à la portée du peuple, il fallut le traduire en idiôme vulgaire; on le distribua en couplets, qu' on chantait alternativement avec les passages latins qu' ils expriment; ce qui fit donner à ce genre le nom de Farsia, d' Epitre Farcie. (1: Voyez Ducange, au mot Farsia.)
On retrouve encore aujourd'hui plusieurs Plaints, Complaintes de saint Etienne en vieux langage. (2: Mémoires de l' académie des inscriptions et belles-lettres, t. 17, p. 716. - Lebœuf, Traité historique et
pratique sur le chant ecclésiastique. Almanach de Troyes pour l' année 1767.)
Les Planch de Sant Esteve que je publie, sont un monument ancien de la langue romane. On en jugera par le style. Des preuves matérielles confirment cette assertion. (3: Le texte du Planch de sant Esteve a été pris 1° sur un MS. du chapitre d' Aix en Provence; ce texte était joint à un vieux martyrologe recopié en 1318, et au sujet duquel on lisait dans le MS. même: Anno domini 1318, capitulum ecclesiæ Aquensis et... voluerunt et ordinaverunt quod martyrologium VETUS scriberetur et renovaretur de novo.”
2° Sur un des processionnaux manuscrits du chapitre d' Agen.
Les deux manuscrits presque entièrement conformes n' offraient aucune différence remarquable.
(N. E. Véase Viaje literario a las iglesias de España, tomo 6, apéndice 9,
Paraphrasis epistolae, quae in die S. Stephani Protomartyris
vernaculo sermone in nonnullis ecclesiis Cataloniae populo legebatur. (V. pág. 96.) - Ex cod. epist. MS. sec. XIII. in eccl. Ageren. n. 2563. (Ager),
Aquest es lo plant de Sent Esteve

AQUEST ES LO PLANT DE SENT ESTEVE.

Lectio actuum apostolorum.

Esta liço que legirem,

dels fayts dels apostols la traurem:

lo dit Sent Luch recomptarem:

de Sent Esteve parlarem.

In diebus illis.

En aycel temps que Deus fo nat,

e fo de mort resucitat,

e pux al cel sen fo puyat,

Sent Esteve fo lapidat.

Stephanus autem plenus gratiâ et fortitudine, faciebat prodigia et signa magna in populo.

Auyats, Seyors, per qual rayso

lo lapidaren li felo,

car viron que Deus en el fo,

e feu miracles per son do.

Surrexerunt autem quidam de synagoga, quae appellatur Libertinorum, et Cyrenensium, et Alexandrinorum, et eorum qui erant a Cicilia (sic) et Asia, disputantes cum Stephano.

En contra el coren e van

li felo libertinian,

e li cruel cecilian,

els altres dalexandria.

Et non poterant resistere sapientiae, et spiritui, qui loquebatur.

Lo sant de Deu e la vertut

los mençonges a coneguts,

los pus savis a renduts muts,

los pochs els grans a tots vençuts.

Audientes autem haec, dissecabuntur cordibus suis, et stridebant dentibus in eum.

Cant an ausida sa rayso,

conegron tots que vencuts son,

dira los inflan los polbon,

les dens cruxen com a leon.

Cum autem esset Stephanus plenus Spiritu Sancto, intendens in coelum vidit gloriam Dei, et Iesum stantem a dextris virtutis Dei, et ait.

Lo Sant conec sa volentat,

no vol son cors dome armat;

mas sus el cel a esgardat.

Auyats, Seyors, com a parlat.

Ecce video coelos apertos, et filium hominis stantem a dextris virtutis Dei.

Escoltatme, nous sia greu:

la sus lo cel ubert vey eu,

e conec be lo fyl de Deu

que crucifigaren li Judeu.

Exclamantes autem voce magna, continuerunt aures suas, et impetum fecerunt unanimiter in eum.

Per co que a dit son tots irats

los fals Jueus, e an cridat:

prengamlo, que prou a parlat,

e gitemlo de la ciutat.

Et eiicientes eum extra civitatem lapidabans.

No si pot mays lerguyl celar:

lo Sant prenen per turmentar,

fors la ciutat lo van gitar,

e pensenlo dapedregar.

Et testes deposuerunt vestimenta sua secus pedes adolescentis, qui vocabatur Saulus.

Depuys als peus dun bacalar

pausan los draps per miyls lancar:

Saul lapelonli primer,

Sent Paul cels qui vingron derer.

Et lapidabant Stephanum invocantem, et dicentem.

Cant lo Sant viu las pedras venir,

dolces li son, no volch fugir:

per son Seyor sofit martir,

e comencet axi a dir:

Domine Ihesu, accipe spiritum meum.

Seyer, ver Deus, qui fist lo mon,

e nos tragist dinfern pregon,

e puys nos dest lo teu sant nom,

rech mon sperit... a mon.

Positis autem genibus clamavit voce magna, dicens.

Apres son dit sadenoylet,

don a nos exemple donet;

car per sos enemichs preget,

e co que volc el acaptet.

Domine, ne statuas illis hoc peccatum.

O ver Deus, payre glorios,

quil fiyl donest a mort per nos,

est mal quem fan perdonal los,

no nayen pena ni dolor.

Et cum hoc dixisset, obdormivit in Domino.

Cant est sermo el ac fenit,

el martiri fo aconplit,

recapta co ques volch ab Deu,

e puyesen al regne seu.

En lo qual nos dey acoylir

Jhus. qui volch per nos morir:

quens acompay ab los seus Sanç

e tots los fidels xpians.

Seyors, e dones, tuyt preguem

Sent Esteve, e reclamem,

quel nos vuyle recaptar

les animes puyam salvar. Amen. )

Ils étaient chantés dans des églises du midi de la France entre lesquelles il n' avait existé des relations d' hiérarchie, soit ecclésiastique, soit civile, que dans des temps très reculés, ce qui permet de croire que l' usage de les chanter remontait à cette époque ancienne.

Fragments de la traduction en vers de la vie de Saint Amant.
Deux ouvrages de Marc-Antoine Dominicy, jurisconsulte, né à Cahors, ont conservé divers fragments de cette traduction. (1: “Disquisitio de prærogativâ allodiorum in provinciis Narbonensi et Aquitanicâ quæ jure scripto reguntur.” Paris, 1645, in-4°. “Ansberti familia rediviva, sive superior et inferior Stemmatis beati Arnulfi linea... vindicata.” Paris, 1748 (1648), in-4°.)
Dans son traité de Praerogativa allodiorum, publié en 1645, il cite l' ancienne vie de saint Amant, évêque de Rodez, écrite en langue romane, et en vers, depuis
plus de cinq cents ans. (2: “Vetus vita sancti Amantii Ruthenorum episcopi ante quincentos annos versibus rhythmicis linguâ romanâ conscripta.” Page 55.)
Et dans sa dissertation intitulée Ansberti familia rediviva (3), publiée en 1648, il dit: “Un ancien auteur qui, depuis
six cents ans, a traduit d' un vieux auteur latin, en langue romane rustique et en vers rimés, la vie de saint Amant, évêque de Rodez, atteste, etc.
(3) “Asserit vetus auctor qui B. Amantii Ruthenensis episcopi vitam versibus rhythmicis jam
a sexcentis annis ex veteri latino auctore in rusticam romanam linguam transtulisse metrico sermone testatur; sic enim se habet.”

Si l' on adoptait cette dernière assertion de Dominicy, il faudrait admettre que la traduction en
vers romans date de la première moitié du XIe siècle. Et cette assertion n' est pas contredite par la précédente, puisque, d' une part, la dissertation Ansberti familia, etc., étant postérieure, et énonçant non une époque vague de plus de cinq cents ans, mais une époque positive et déterminée de six cents, il est évident que cette dernière assertion était le résultat des opinions de l' auteur.
Il y a plus; d' après les expressions de Dominicy, on pourrait croire que c' est dans la traduction même qu' on trouve la preuve qu' elle datait alors de six cents ans: Auctor qui... a sexcentis annis ex
veteri latino auctore in rusticam romanam linguam transtulisse metrico sermone testatur.
Je ne ferai pas à ce sujet d' autres observations, parce que l' inspection du manuscrit d' où ces fragments ont été tirés, me serait nécessaire pour arrêter une détermination; car je suis persuadé qu' en général les vers de ces fragments ont été mal copiés. Il est permis de présumer que Dominicy, ne les citant que comme preuves de faits historiques, n' aura mis ni beaucoup de soin ni beaucoup d' importance à reproduire le texte avec une rigoureuse exactitude; on en sera presque convaincu, quand
on saura qu' il s' excuse d' employer un tel langage dans la haute discussion qui l' occupe. “Je ne rougirai pas, dit-il, de produire le langage usuel et antique de ces pays, quoique barbare, puisqu' il me fournit une si noble preuve.” (1: “Nec pudebit usualem et antiquam harum regionum sermonem, licet barbarum, proferre, dum tam nobile suppeditat argumentum.” De Prærog. Allod., P. 55.)

Grammaires Romanes.

Les fragments en vers tirés de la vie de cet illustre évêque de Rodez, sont le dernier des monuments de la langue romane que j' ai cru convenable de faire connaître (2: J' ai regretté de ne pouvoir insérer une pièce que je crois appartenir au commencement de l' époque des troubadours.
C' est la Cantinella de La Santa Maria Magdalena, qu' on chantait autrefois à Marseille, et qui commence ainsi:
Allegron si los peccador
Lauzan sancta Maria
Magdalena devotament.
Ella conoc lo sieu error,
Lo mal que fach avia,
Et ac del fuec d' enfer paor
Et mes si en la via;
Per que venguet a salvament.
Allegron si, etc.

Réjouissent soi les pécheurs
En louant sainte Marie
Magdeleine dévotement.
Elle connut la sienne erreur,
Le mal que fait avait,
Et eut du feu d' enfer peur
Et mit soi en la voie;
C' est pourquoi vint à salut.
Réjouissent soi, etc.
Ce cantique contenant vingt-trois couplets, toujours terminés par le refrain
allegron si etc., était chanté, toutes les années, au jour de la seconde fête de pâques, dans la chapelle de sainte Magdeleine, où le chapitre de la cathédrale se rendait en procession. L' illustre évêque de Marseille, M. de Belzunce, supprima l' usage de chanter ces vers.
Ils sont imprimés dans l' almanach historique de Marseille de 1773, mais il m' a paru que le style en a été un peu retouché; comme je n' ai pu me procurer le texte primitif, j' ai cru ne devoir pas insérer cette pièce qui, par son ancienneté, aurait mérité un rang parmi les monuments de la langue romane que j' ai rassemblés.)

et dont la réunion forme une sorte d' introduction à la littérature des troubadours; mais, avant d' expliquer les divers genres de leurs ouvrages, il est indispensable de donner une idée des grammaires et des dictionnaires qu' a possédés cette littérature, à une époque où aucun monument des autres langues de l' Europe latine n' avait encore mérité un rang dans l' estime publique.
Il existe deux
grammaires romanes anciennes. L' une est appelée Donatus Provincialis, Donat Provençal, dont on connaît trois manuscrits, l' un à la bibliothèque Laurenziana à Florence (1: A la fin du manuscrit de la Laurenziana, on lit: “Et hæc de rhythmis dicta sufficiant; non quod plures adhuc nequeant inveniri, sed ad vitandum lectoris fastidium, finem operi meo volo imponere; sciens procul dubio librum meum emulorum vocibus lacerandum quorum esse proprium reprehendere quis ignorat? Sed si quis invidorum in mei presentia hoc opus redarguere præsumpserit, de scientiâ meâ tantum confido, quod ipsum convincam coràm omnibus manifestè. Sciens quod nullus ante me tractatum ita perfectè super his vel ad unguem ita singula declaravit: cujus Ugo nominor qui librum composui precibus Jacobi de Mora et domini Coradi Chuchii de Sterleto, ad dandam doctrinam vulgaris provincialis et ad discernendum verum a falso in dicto vulgare.”
Et au commencement du manuscrit de la bibliothèque Ambroisienne D. n° 465, on lit: “Incipit liber quem composuit Hugo Faidit precibus Jacobi de
Mona et domini Conradi de Sterleto ad dandam doctrinam vulgaris provincialis, ad discernendum inter verum et falsum vulgare.”)

l' autre à la bibliothèque Riccardi dans la même ville, et le troisième à la bibliothèque Ambroisienne à Milan.
Cette grammaire avait été citée par Bastero dans son dictionnaire intitulé: La Crusca Provenzale.
(N. E. Es mucho más que un diccionario. La Crusca Provenzale - Antonio Bastero
Antonio Bastero, catalán. Cito sólo un lugar donde afirma que la
lengua catalana era la misma que el provenzal.
“E tanto più me se ne accese il desiderio, quanto che rifletteva, che noi
Catalani non abbiamo alcuna Gramatica, o Dizionario di questa Lingua, spiegata nel nostro Volgare; ma in questa materia, vaglia il vero, confesso, che siamo stati troppo trascurati, imperciocchè (quel che è peggio) nè pure abbiamo alcuna sorte di libri, o Autori, che per via di regole gramaticali, o altramenti ci 'nsegnino a ben parlare la nostra propia, e naturale, se non se ' l Donatus Provincialis, o chiunque sotto tal nome, e titolo, alludendo a quel Donato, ch' alla prim' arte degnò poner mano scrisse la breve, ed antica Gramatica Provenzale, o Catalana, ch' è tutt' uno, che manoscritta si conserva nella Libreria Medicea Laurenziana, e in Santa Maria del Fiore di Firenze, della quale fanno menzione, e si vagliono della sua autorità i primi Letterati d' Italia (2))

La bibliothèque Laurenziana possède aussi en manuscrit une traduction latine du Donatus Provincialis; et un autre manuscrit de cette traduction se trouve à Paris dans la bibliothèque du Roi, sous le n° 7700.
L' autre grammaire, composée par
Raymond Vidal, est l' exposé de quelques règles grammaticales; et l' auteur indique par des exemples des plus célèbres troubadours, comment elles ont été observées ou négligées. C' est sur-tout aux poëtes qu' il s' adresse:
“Attendu que moi
Raimond Vidal ai vu et connu que peu d' hommes savent et ont su la droite manière de trouver, je compose ce livre, pour faire connaître et savoir lesquels des troubadours ont mieux trouvé et mieux enseigné, et pour l' instruction de ceux qui voudront apprendre comment ils doivent suivre la droite manière de trouver. (1: “Per so quar ieu Raimonz Vidals ai vist et conegut qe pauc d' omes sabon ni an saubuda la dreicha maniera de trobar, voill eu far aqest libre, per far conoisser et saber quals dels trobadors an mielz trobat et mielz ensenhat, ad aqelz q' el volran aprenre, com devon segre la dreicha maniera de trobar.”)
L' un et l' autre ouvrage reconnaissent huit parties d' oraison; ils indiquent la règle qui distingue les sujets et les régimes soit au singulier, soit au pluriel. Dans le Donatus Provincialis sont quelques parties des conjugaisons et une nomenclature considérable de verbes indiqués comme appartenant à l' une de ces conjugaisons.
Mais il y a beaucoup à desirer; les auteurs ne parlent ni des prépositions, ni des degrés de comparaison, ni d' aucune règle de syntaxe, etc. etc.
Ce qui rend le Donatus Provincialis un monument très précieux et très utile, c' est qu' il y est joint un dictionnaire de rimes pour la poésie romane; non seulement il indique un très grand nombre de mots romans, mais encore il présente, dans la plupart des rimes, différentes inflexions des verbes, et toutes les terminaisons qui fournissent les rimes sont distinguées en brèves, Estreit, et en longues, Larg.
De telles circonstances, et plusieurs autres que je ne puis indiquer ici, ne laissent aucun doute sur l' état de perfection et de fixité auquel était parvenue la langue des troubadours, regardée alors comme classique dans l' Europe latine. Et pourrait-on en être surpris quand on voit, pendant les quatre siècles antérieurs, les monuments de cette langue se succéder, sans offrir de variations notables dans les formes grammaticales?

Manuscrits des pièces des troubadours.

J' ai précédemment indiqué (1: Tome I, page 440.) les divers manuscrits où se trouvent les poésies des troubadours qui sont parvenues jusqu' à nous. Je me suis procuré des Fac Simile qui représentent l' écriture de la plupart de ces manuscrits; je me borne à joindre ici la note des renvois aux planches gravées qui sont à la fin de ce volume.

Planche I.

Cette planche offre deux écritures. L' une est celle du manuscrit à la suite duquel a été copié le manuscrit du poëme sur Boece, et l' autre est l' écriture des vers de ce poëme. J' ai déja donné à l' égard de ce manuscrit des détails que je crois suffisants. (2: Ci-dessus, page CXXXI).

Planche II.

I. Manuscrit, grand format in-folio, de la bibliothèque du Roi, n° 2701, jadis de d' Urfé et ensuite de La Vallière; ce manuscrit précieux offre la musique de beaucoup de pièces, et dans la plupart de celles où l' air n' est pas noté, le vélin est réglé et disposé pour recevoir les notes. Il est de 143 feuillets; il contient 989 pièces; chaque pièce commence par une grande lettre ornée de dessins ou ornements coloriés. L' écriture est sur deux colonnes jusqu' au folio 108 inclusivement; depuis le folio 109, l' écriture est tour-à-tour sur trois, quatre, cinq, six, et même sept colonnes. Au verso du folio 135, col. 2, et au folio 136, on trouve une écriture plus moderne, ainsi que dans une partie de la colonne du folio 4. Dans les quatre premiers feuillets sont des notices biographiques sur vingt-sept troubadours. Ce manuscrit est l' un des plus complets; mais il y a beaucoup de fautes dans le texte.
II. Manuscrit de la bibliothèque du Roi, n° 7225, format in-folio; il est de 199 feuillets, et divisé en trois parties; dans la première sont 651 pièces amoureuses, de 86 troubadours; dans la seconde 52 tensons; la troisième partie contient 159 sirventes, de 46 troubadours. Dix-huit des sirventes de Bertrand de Born sont suivis chacun d' une explication en prose. La première pièce de chaque troubadour commence par une grande lettre dans laquelle il est représenté en miniature coloriée sur un fond d' or; et ses poésies sont précédées d' une notice biographique écrite en encre rouge. On lit que l' une de ces notices, celle de Bernard de Ventadour, a été composée par Hugues de Saint-Cyr, troubadour lui-même. (1: Cette notice biographique est ainsi terminée: “Et ieu 'N Ucs de saint Circ de lui so qu' ieu ai escrit si me contet lo vescoms N Ebles de Ventedorn que fo fils de la vescomtessa qu' En Bernartz amet.”
MS. R. 7225, fol. 26, v°.)
III. Manuscrit de la bibliothèque du Roi, n° 7226, format in-folio, de 396 feuillets, ayant deux tables, l' une où les pièces sont indiquées sous le nom de leurs auteurs, et l' autre où elles le sont par lettres alphabétiques; il contient des poésies de 155 troubadours, et plusieurs pièces sans nom d' auteur. Ce manuscrit dont les derniers feuillets manquent, est le meilleur de ceux qui sont parvenus jusqu' à nous. Malheureusement il a été lacéré en beaucoup d' endroits, pour prendre les miniatures dessinées en couleur sur un grand nombre des lettres initiales de la première pièce de chaque troubadour; le premier feuillet est presque entièrement coupé.
C' est le manuscrit dont l' orthographe a été ordinairement préférée.
IV. Manuscrit de la bibliothèque du Roi, n° 7698, de 232 pages, format grand in-4°. Il n' a point de table; jusqu' à la page 188 inclusivement, il contient 362 pièces de 50 troubadours. De la page 189 à la page 210 inclusivement, sont des notices biographiques sur 22 troubadours; de la page 211 jusqu' à la fin, il contient 33 tensons et 13 pièces sans nom d' auteur; il est terminé par deux pièces d' un troubadour connu.
Ce manuscrit, comme le précédent, a été mutilé pour en prendre des vignettes qui n' offraient que des ornements très-ordinaires, à en juger par celles qui restent.
V. MS. de la bibliothèque du Vatican, n° 3205. M. de Sainte-Palaye a jugé que ce MS. était une copie du MS. n° 3794 du Vatican; il contient de plus quelques traductions en italien.
On lit sur le premier feuillet de ce manuscrit FUL. URS., c' est-à-dire Fulvio Orsini, à qui il a sans doute appartenu.

Planche III.

I. Ce manuscrit coté n° 3794 est de format in-4°, de 268 feuillets.
Jusqu' au folio 206 inclusivement, il contient des pièces amoureuses, de 51 troubadours; du folio 207 au folio 247, sont 83 sirventes, suivis de 5 descorts et de 27 tensons qui terminent le manuscrit.
Ce manuscrit très bien conservé a peu de vignettes; on y voit quelques notes marginales en italien.
II. Manuscrit de la bibliothèque du Roi, ancien n° 3204, format in-folio, de 185 feuillets.
Ce manuscrit paraît être une copie du n° 7225 de la même bibliothèque; les vignettes sont plus grandes, et le dessin n' en est point pareil.
Il est moins complet que le n° 7225. Celui-ci contient, aux folios 149 v° et 150, une pièce du roi d' Aragon, avec la réponse de Pierre Salvaire, ainsi que des couplets du comte de Foix qui ne sont pas dans l' autre manuscrit; il en est de même d' une tenson licencieuse entre le seigneur Montan et une Dame; cette tenson se trouve au folio 163 du n° 7225.
L' écriture de ces pièces est identiquement la même que celle des autres poésies du manuscrit, circonstance qui doit le faire regarder comme l' original du manuscrit 3204; ce dernier est terminé par deux pièces sans nom d' auteur, qui ne sont pas dans le n° 7225; mais elles ont été ajoutées très postérieurement, et l' écriture en est moderne.
Ce manuscrit, ancien n° 3204, contient plusieurs notes marginales de Pétrarque et du Cardinal Bembo, comme l' atteste le passage suivant, en écriture moderne, qu' on lit au verso du feuillet en papier qui précède la table: “Poesie di cento venti poeti provenzali tocco nelle margini di mano del Petrarca et del Bembo.” Et à la suite de cette note est écrit de la même main FUL. URS., ce qui permet de présumer que la note est de Fulvio Orsino (Orsini), à qui ce manuscrit a sans doute appartenu.

III. Manuscrit de la bibliothèque du Roi, n° 1091 supplément, jadis de Caumont; format in-8°, de 280 feuillets.
Les 68 premiers feuillets contiennent une partie du roman de Merlin en français. Au verso du feuillet 68, commencent les pièces en langue romane.
Au feuillet 89, le texte est d' une écriture plus ancienne et plus belle jusqu' au feuillet 111, après lequel l' écriture est à-peu-près la même qu' au commencement du texte qui est difficile à lire et très-souvent fautif.
Ce manuscrit n' a point de table.

IV. Manuscrit de la bibliothèque du Roi, n° 7614, format in-4°, de 119 feuillets, très bien conservé, sans vignettes; on y trouve des notices biographiques, en tête des pièces de chaque troubadour: ces notices sont en encre rouge.
Il contient 187 pièces amoureuses, de 34 troubadours, et 18 sirventes. La table indique 21 tensons qui ne sont pas dans le manuscrit, et qui en ont sans doute été arrachées avant la reliure, qui est très moderne.

V. Ce manuscrit était autrefois dans la bibliothèque de M. Mac-Carty à Toulouse. Il est de format in-4°, composé de plusieurs cahiers réunis, et dont l' écriture n' est pas la même. On trouve quelquefois aux marges des figures coloriées qui ont rapport aux passages à côté desquels elles sont placées.
Le texte, quoique souvent fautif, fournit des variantes très utiles.
(1: Il a été acquis en 1816 par M. Richard Heber de Londres, lors de la vente de la bibliothèque Mac-Carty. M. Heber m' a permis de le garder pendant tout le temps nécessaire pour y prendre les variantes et les pièces qui pouvaient m' être utiles.)

VI. Manuscrit cod. 43, plut. XLI de la bibliothèque Laurenziana à Florence, de 142 feuillets, format petit in-4°, avec les initiales coloriées et les titres en rouge. Il est de l' ancien fonds de la bibliothèque Médicis.

Planche IV.

I. Manuscrit qui se trouve à Londres dans la bibliothèque de sir Francis Douce. (2: Je n' avais vu de ce manuscrit que deux copies modernes, lorsque j' ai appris que l' original était dans la bibliothèque de sir Francis Douce. Il a bien voulu me le faire passer en France, et je l' ai gardé pendant quelques mois.)
Il est de format in-8°. Ce manuscrit avait appartenu à Peiresc; il contient 126 feuillets.

II. Manuscrit du Vatican 3206. C' est le plus ancien manuscrit des troubadours qui se trouve à Rome. Il est en très petit format.

III. Manuscrit du Vatican 3207; il est de 134 feuillets, format in-4°.
Il contient des notices biographiques sur plusieurs troubadours, écrites en encre rouge.

IV. Manuscrit du Vatican n° 3208, de 96 pages, format in-folio. Une note placée au haut de la première page apprend qu' il a appartenu à Fulvio Orsino.
V. Manuscrit du Vatican n° 5232, format grand in-folio (1: On croit que le manuscrit de la Saïbante à Vérone, coté n° 410, est une copie de ce manuscrit, en tête duquel on lit le procès-verbal qui suit:
“Il libro de' poeti provenzali del sig
e Aldo era tanto celebrato da lui et dal sige cavalier Salviati, che il sige Aluise Mocenigo si mosse a volerlo vedere, et conferire col suo, che hora si trova in potere del sige Fulvio Orsino. Et si trovo molto inferiore al suo, et di diligenza et di copia di poesie; di poeti non mi ricordo, ma di poesie certo. Nella corretione non v' era comparazione, per quel poco di prova che se ne fece in alcuni versi, et nelle vite de' poeti scritte con rosso, le quali parevano abbreviate in alcuni luoghi. Il volume ben e piu grosso, per essere scritto di lettera tondotta piu tosto italiana che francese o provenzale. Et hæc acta sunt presente me notario specialiter rogato del sige Mocenigo, nel portico da basso d' esso sige Aldo, essendovi anco alcuni Bolognesi hospiti, venuti alla scensa.”). Les lettres initiales des pièces offrent des miniatures représentant des troubadours. Il contient des notices biographiques.

VI. Manuscrit n° 42, plut. XLI de la bibliothèque Laurenziana à Florence, de 92 feuillets, à deux colonnes, format in-4°, très bien conservé, avec les titres et les initiales en rouge. Il vient de l' ancien fonds de la bibliothèque de Médicis.

VII. Manuscrit n° 26 de la bibliothèque Laurenziana, format in-4°, de 90 feuillets, belle écriture et belle conservation. Il avait d' abord appartenu à Benedetto Varchi, et ensuite à Carolo Strozzi.


Après avoir indiqué les monuments qui nous restent de la littérature romane, et les divers manuscrits des poésies des troubadours que j' ai consultés, je regarde comme un devoir d' exprimer ma reconnaissance envers les personnes qui ont secondé mes recherches et mes travaux.

Je dois au zèle bienveillant de M. Le comte de Blacas, ambassadeur de France à Rome, une copie de toutes les pièces des manuscrits du Vatican dont j' ai eu besoin, les fac-simile de l' écriture de ces manuscrits, et plusieurs renseignements que m' a procurés une correspondance suivie, qu' il a bien voulu entretenir avec moi. Ce n' est pas seulement comme héritier d' un nom honorablement célèbre dans l' histoire des troubadours, que M. Le comte de Blacas m' a accordé le vif intérêt dont j' ai obtenu des témoignages réitérés; ses connaissances philologiques, son goût éclairé, eussent suffi pour exciter cet intérêt en faveur d' une collection qu' il regarde comme un monument de la littérature nationale. C' est avec une vraie satisfaction que je consigne l' hommage de ma reconnaissance dans l' ouvrage même qui devra à ses bons offices une partie du succès qu' il pourra obtenir.
M. Amati, bibliothécaire du Vatican, a mis autant d' activité que d' intelligence à faire la copie des poésies des troubadours qui m' était destinée, et à la conférer avec les divers manuscrits de la célèbre bibliothèque confiée à ses soins.
J' ai à remercier pareillement M. François del Furia, bibliothécaire de la Laurenziana à Florence.
Précédemment j' ai eu occasion de dire combien je suis redevable à M. Septier, bibliothécaire à Orléans, et à M. Favre-Bertrand de Genève.
M. Fauris de Saint-Vincent m' a fourni toutes les pièces et toutes les notices qu' il a trouvées dans le précieux cabinet qu' il possède à Aix.
MM. Dacier, Langlès, et Gail, conservateurs des manuscrits de la bibliothèque du Roi, ont mis la plus grande obligeance à me communiquer les manuscrits et les renseignements qui pouvaient m' être utiles; la bienveillance accoutumée avec laquelle ils accueillent tous les gens de lettres a été pour moi plus particulière; elle est devenue un nouveau gage de leur estime et de leur amitié.
M. Méon, employé aux manuscrits du moyen âge, m' a donné plusieurs preuves de son zèle pour notre ancienne littérature, et de l' intérêt qu' il prend au succès de cette collection.
J' ai regretté que la distance des lieux ne m' ait permis que de traiter par correspondance divers points avec M. de Rochegude, ancien contre-amiral, résidant à Albi. Il publiera bientôt un recueil intitulé:
Le Parnasse Occitanien.
De tous les étrangers avec lesquels j' ai parlé de la littérature romane, M. A. W. de Schlegel est celui qui m' a paru l' avoir étudiée avec le plus de succès. Il a entrepris un essai historique sur la formation de la langue française; je ne doute pas qu' on n' y trouve et beaucoup d' érudition et beaucoup d' esprit.
Je remercie M. Firmin Didot du zèle actif et persévérant qu' il met à diriger l' impression de cette collection; grammairien exercé, littérateur distingué, il a réussi bientôt à connaître la langue romane.
M.
Fauriel, qui prépare un ouvrage sur la littérature provençale, m' a communiqué quelques-unes de ses propres recherches; j' ai eu par-fois à examiner avec lui des difficultés, et j' ai été toujours rassuré, quand mes opinions ont été d' accord avec les siennes: je l' invite à terminer et à publier cet ouvrage dont j' ose prédire l' utilité et le succès.
Enfin je nomme, avec amitié et reconnaissance, M. Pellissier, qui, depuis cinq ans, étant occupé auprès de moi à travailler sur la langue romane et sur les poésies des troubadours, est facilement parvenu à entendre la langue, à juger les auteurs, à déchiffrer et à conférer les manuscrits: il sera désormais pour moi un zélé, un savant collaborateur.

jueves, 21 de septiembre de 2023

Choix des poésies originales des troubadours. Introduction. (+ Index de Tomes)

François-Juste-Marie Raynouard

Choix des poésies originales des troubadours.

Par M. Raynouard,
membre de l' Institut Royal de France (Acad. Française, et Acad. des inscriptions et belles-lettres), officier de la légion d' honneur.

Contenant
Les Preuves historiques de l' ancienneté de la Langue romane; - Des Recherches sur l' origine et la formation de cette langue; les Éléments de sa grammaire, avant l' an 1000; - La Grammaire de la langue des Troubadours.

A Paris,
De l' imprimerie de Firmin Didot,
imprimeur du Roi, et de l' Institut, Rue Jacob, N° 24.
1816.

Raynouard, choix, poésies, troubadours, kindle

Introduction contenant les preuves historiques de l' ancienneté de la langue romane.

Les poésies originales des Troubadours, écrites en langue romane, seraient publiées presque sans utilité, si une grammaire détaillée n' expliquait en même temps les principes et le mécanisme de cet idiôme.

Rassembler les traditions historiques et les preuves matérielles qui attestent l' existence de la langue romane à des époques très reculées, remonter à son origine et à sa formation, offrir les éléments de sa

grammaire avant l' an 1000, et donner enfin les règles complettes de cette langue perfectionnée et fixée dans les ouvrages des Troubadours, tels sont les travaux préliminaires qui rempliront ce premier volume de la collection intitulée: Choix des poésies originales des Troubadours.
Sans doute ce titre ne paraîtra point déplacé à la tête même du premier volume, puisque les différents passages cités dans les exemples de la grammaire offriront déja plus de deux mille vers de ces anciens poëtes.

L' existence de la langue romane paraît dater du commencement de la monarchie française (1).

Dès ce temps reculé, les auteurs distinguent la langue romane, et la langue francique ou théotisque.

Jacques Meyer, dans ses annales de Flandres, parle en ces termes du choix qu'on fit de saint Mommolin pour évêque de Tournay.

"L' an 665, mourut saint Éloi, évêque de Tournai…

Mommolin fut choisi pour lui succéder, parce que c' était un homme d' une très sainte vie, qui savait la langue romane aussi-bien que la théotisque.” (2)

Les monuments qui appartiennent à l' histoire de France, nous montrent à l' époque du règne de Charlemagne quelques vestiges de l' idiôme roman.

(1) On a souvent répété la citation suivante, faite par Ducange dans la préface de son Glossaire, n° XIII.

"Romani etiam qui in Galliis habitabant, ita ut nec reliquiæ ibi inveniuntur, exterminati sunt. Videtur mihi indè Francos, qui in Galliis morantur, a Romanis linguam eorum, quâ usque hodie utuntur, accommodasse. Nam alii, qui circà Rhenum ac in Germaniâ remanserunt, Teutonicâ linguâ utuntur.

Quæ autem lingua eis antè naturalis fuerit ignoratur."

Luitprand. lib. 4. cap. 21.

Mais ce passage ne se trouve point dans les œuvres de Luitprand.

(2)."665. Obiit D. Eligius Tornacensis episcopus… Suffectus est episcopus

in locum ejus Momolenus, propterea quod vir esset sanctissimæ vitæ, qui romanam non minus quam Teutonicam calleret linguam."

Meyer. Annal. Flandr. p. 6.

En deux endroits des litanies Carolines, qu'on chantait alors dans les églises, le répons du peuple était en cet idiôme.

Quand le clergé chantait: Sancta Maria, etc.,

le peuple répondait à chaque fois: Ora pro nos. (lat. Ora pro nobis)

Quand le clergé priait pour le pape, pour Charlemagne, ou pour quelque prince de sa famille, etc., le peuple répondait à chaque fois: Tu lo juva (1:
Sancta Maria, ora pro nos.

Sancte Cherubin, ora pro nos.

Sancte Seraphin, ora pro nos.

Sancte Petre, ora pro nos.

Adriano summo pontifice, etc. vita:

Redemptor mundi, tu lo juva.

Sancte Petre, tu lo juva.

Karolo excellentissimo et a Deo coronato, etc. vita et victoria:

Salvator mundi, tu lo juva.

Sancte Joannis, tu lo juva.

Pipino et Karolo nobilissimis filiis ejus, vita, etc. tu lo juva.

Pipino rege Langobardorum, vita, etc. tu lo juva.

Chlodovio rege Aquitanorum, vita, etc. tu lo juva.

Omnibus judicibus et cuncto exercitui Francorum, vita et victoria:

Sancte Remegii, tu lo juva.

Marillon, Analecta vetera, p. 170.)

De ces six mots, que présentent les deux répons, LO appartient incontestablement à la langue romane, comme troisième personne du pronom personnel masculin au singulier; et NOS comme première personne indéclinable du même pronom au pluriel.

Les deux verbes ora et juva, ainsi que le pronom personnel tu, sont restés dans cette langue sans modification.

Le mot tu est très remarquable: jamais la langue latine ne l' a employé dans des litanies; c' est donc une tournure particulière.

Dans le serment de 842, cet ancien monument si souvent cité et réimprimé, on voit pro employé dans le même sens primitif de pour, comme une préposition alors en usage dans la langue romane.

Même avant le siècle de Charlemagne, on rencontre, dans les historiens étrangers, quelques indices qui peuvent s' appliquer à cet idiôme.

Vers la fin du VIe siècle, Commentiolus, général de l' empereur Maurice, faisait la guerre contre Chagan, roi des Huns. L' armée de Commentiolus étant en marche pendant la nuit, tout-à-coup un mulet renversa sa charge. Le soldat à qui appartenait ce bagage était déja très éloigné; ses compagnons le rappellèrent à cris réitérés: torna, torna, fratre, retorna.

Entendant cet avis de retourner, les troupes de Commentiolus crurent être surprises par l' ennemi, et s' enfuirent en répétant tumultuairement les mêmes cris. Le bruit en parvint jusqu' à l' armée de Chagan, et elle en prit une telle épouvante, qu' aussitôt elle s' abandonna à la fuite la plus précipitée. Ainsi ces deux armées fuyaient en même temps, sans que l' une ni l' autre fut poursuivie. Les historiens qui ont transmis le souvenir de cet événement, et qui ont conservé en lettres grecques les paroles que prononçaient les soldats de Commentiolus, assurent que ces mots, torna, torna, fratre, retorna, étaient de la langue de leur pays (1: Τῇ πατρώᾳ φωνῇ· Τόρνα, τόρνα φράτρε.
Theophan. Chronographia, fol. 218.
Éπιχωρίῳ τε γλώττῃ… ἄλλος ἄλλῳ, ῥετόρνα.

Theophylact. Hist. lib. 2, c. 15. - Histor. miscel. lib. 17.

Si ces légers vestiges de l' idiôme roman, trouvés dans des lieux et dans des temps si éloignés, nous offrent quelque intérêt, combien cet intérêt augmentera-t-il, quand nous pourrons croire que ces guerriers étaient Francs, ou Goths habitant les provinces méridionales de la France?
Je présenterai à ce sujet deux conjectures.

La première, c' est que Théophylacte, Hist. lib. 6, cap. 3, parle d' un traité conclu entre les Francs et l' empereur Maurice, pour faire la guerre contre Chagan: "Bessus et Bertus, dit-il, envoyés des Celtibériens, aujourd'hui appelés Francs, sont dans la ville. Théodoric, prince de cette nation, traitait avec l' empereur d' un tribut pour s' unir aux Romains, à l' effet de faire la guerre contre Chagan…” Quoique ce traité soit postérieur d' environ quinze ans, il est sans doute permis d' admettre qu' il existait, entre l' empereur et les Francs, des relations qui avaient précédemment amené des guerriers Francs dans l' armée de l' empereur d' Orient contre Chagan.

La seconde, c' est que ces guerriers pouvaient être des Goths, qui habitaient alors le nord de l' Espagne et le midi de la France.

Le même général Commentiolus, qui commandait l' armée de Maurice contre Chagan, avait fait la guerre aux Goths d' Espagne; il avait repris sur eux Carthagène, et il y avait résidé quelque temps, ainsi que l' atteste l' inscription suivante trouvée à Carthagène, et rapportée dans l' España Sacra, t. V, p. 75.

Quisquis ardua turrium miraris culmina

Vestibulumq. urbis duplici porta firmatum (vestibulumque)

Dextra levaq. binos positos arcos (levaque)

Quibus superum ponitur camera curba convexaq. (convexaque)

Comitiolus sic hæc fieri jussit patricius

Missus a Mauricio aug. contra hoste barbaro

Magnus virtute magister mil. Spaniæ

Sic semper Spania tali rectore lætetur

Dum poli rotantur dumq. sol circuit orbem. (dumque)

Ann. VIII, aug. ind. VIII. (Anno VIII aug., indictione VIII.)

Il est donc très vraisemblable que des Goths, vers cette époque, aient servi dans les armées commandées par Commentiolus, lorsqu' il

faisait la guerre à Chagan.)

Les mots de ces fragments sont conformes aux règles de la syntaxe romane, et ils s' accordent avec le style du serment de 842, où l' on trouve fradre employé comme fratre dans Théophane, et returnar à l' infinitif, comme retorna à l' impératif dans Théophylacte, quoique ce verbe n' existât point dans la langue latine.

Notre historien Aimoin rapporte (1) un fait bien plus difficile à expliquer.

"Justinien, dit-il, devient empereur. Aussitôt il rassemble une armée contre les barbares; il part, leur livre bataille, les met en fuite, et il a le plaisir de faire leur roi prisonnier; l' ayant fait asseoir à côté de lui sur un trône, il lui commande de restituer les provinces enlevées à l' empire; le roi répond: Je ne les donnerai point: NON, INQUIT, DABO; à quoi Justinien réplique: Tu les donneras, DARAS.”

(1: Ce mot daras est entièrement roman. Voy. page 71.).

Je n' attache point à ces diverses circonstances, ni aux conjectures qu'on peut en tirer, plus d' importance qu' elles n' en méritent, mais peut-être n' ai-je pas dû les omettre.

Un monument qui appartient plus directement à l' histoire de la langue romane, c' est l' ordonnance qu' Alboacem, fils de Mahomet Alhamar, fils de Tarif, publia en 734.

Ce prince régnait à Coimbre; son ordonnance permit aux chrétiens l' exercice de leur culte, à certaines conditions, et fut sur-tout favorable aux moines Bénédictins de Lorban; elle fut rédigée en latin, mais il s' y trouve quelques mots qui prouvent l' existence actuelle de la langue romane (2 – N. E. Voire le final de la introduction), tels que E, et, conjonction; esparte, répand; pecten, peiten, payent; peche, paye; cent, cent; apres, auprès; acolhenza, accueil.

On ne sera donc pas surpris de ce qu' un auteur, qui écrivait vers 950, Luitprand, racontant des faits historiques relatifs à l' an 728, atteste qu' alors la langue romane existait dans une partie de l' Espagne.

Ses expressions sont très remarquables:

DCCXXVIII. En ce temps furent en Espagne dix langues, comme sous Auguste et sous Tibère.
1° L' ancienne langue Espagnole; 2° la langue Cantabre; 3° la langue Grecque; 4° la langue Latine; 5° la langue Arabe; 6° la langue Chaldaïque; 7° la langue Hébraïque; 8° la langue Celtibérienne; 9° la langue Valencienne; 10° la langue Catalane”.
(1: "DCCXXVIII. Eo tempore fuerunt in Hispaniâ decem linguæ, ut sub 
Augusto et Tiberio. I Vêtus Hispana; II Cantabrica; III Græca; IV Latina; V Arabica; VI Kaldæa; VII Hebrea; VIII Celtiberica; IX Valentina; X Cathalaunica; de quibus in III lib. Strabo, ubi docet plures fuisse litterarum formas et linguas in Hispanis."

Luitprandi Ticin. Episc. Chronicon, p. 372, éd. de 1640, fol.)

Ces deux dernières étaient la langue romane même; on aura, dans le cours de cet ouvrage, l' occasion de s' en convaincre
(2: Voici à ce sujet quelques autorités:

Dans son histoire de Valence, Gaspard Escolano s' exprime ainsi:

"La tercera… Lengua maestra de las de España, es la Lemosina, y mas general que todas… Por ser la que se hablava en Proenza, y toda la Guiayna, y la Francia Gotica, y la que agora se habla en el principado de Cataluna, Reyno de Valencia, islas de Mallorca, Minorca, etc."

Gasp. Escolano. Hist. de Valencia, part. I, lib. I, cap. 14, num. 1.

Nicolas Antonio dit de même:

"Ut enim veteres Provincialis linguæ seu Valentinæ poetas."

Nic. Antonio. Bibl. Hisp. vet. præf. t. I, num. 26.

"Elucubravit ipse Jacobus I, Aragoniæ rex, vernacula gentis, hoc est

provinciali ut vocant linguâ, quæ tam in Cataloniæ, quam in Valentiæ, nec non in Montis-Pesulani, unde Maria fuit regis mater, ditionibus in usu fuit, rerum tempore suo gestarum historiam."

Nic. Antonio. Bibl. Hisp. vet. t. II, fol. 49, num. 144.)

Dans quelques titres qui concernent l' histoire d' Italie, on trouve pareillement, aux VIIIe et IXe siècles, des mots qui indiquent l' existence de la langue romane, tels que:

corre, il court (1); avent, ayant (2); ora, à-présent (3), etc.

A ces preuves matérielles, qui ne laissent aucun doute sur l' existence de la langue romane en Italie pendant les VIIIe et IXe siècles, je joindrai un témoignage bien précis, celui de Gonzon, savant Italien, qui écrivait, vers l' an 960: "C' est à tort que le moine de Saint-Gal a cru que j' ignorais la science de la grammaire, quoique je sois quelquefois arrêté par l' usage de notre langue vulgaire, qui approche du latin (4)."
(1) An 730. Murat. diss. 33.

(2) An 816. Murat. diss. 33.

(3) An 730. Cod. diplom. toscano, t. I, p. 366.

(4) "Falso putavit S. Galli monachus me remotum a scientiâ grammaticæ artis, licet aliquando retarder usu nostræ vulgaris linguæ quæ latinitati vicina est." Martène, Vet. Script. ampl. Collect. t. I, col. 298.

L' usage de cette langue vulgaire ne pouvait être un obstacle, qu' autant qu' elle était parlée journellement.

L' épitaphe du pape Grégoire V, décédé à la fin du même siècle, atteste qu' il parlait bien la langue vulgaire:
"Bruno, de la race royale des Francs, usant de l' idiôme francique, de l' idiôme vulgaire, et de l' idiôme latin, enseigna les peuples en ces trois langages.” (1:
Ante tamen Bruno, Francorum regia proles...
Usus francisca, vulgari, et voce latina,

Instituit populos eloquio triplici.

Fontanini, della Eloquenza italiana, p. 15.

Francisca signifie francique, théotisque.)

Quant à la France, des preuves positives attestent l' usage général de la langue romane au VIIIe siècle.

Il existe deux vies de saint Adhalard, abbé de Corbie, né vers l' an 750.

L' une et l' autre font mention de cet idiôme.

Un disciple d' Adhalard, Paschase Ratbert, qui a écrit la première vie, a dit: "Parlait-il la langue vulgaire? ses paroles coulaient avec douceur; parlait-il la langue barbare, appelée théotisque? il brillait par l' éloquence de la charité”. (2: "Quem si vulgò audisses, dulcifluus emanabat; si vero idem barbarâ, quam teutiscam dicunt, linguâ loqueretur, præeminebat caritatis eloquio." Bolland. Acta Sanct. Januar. t. I, p. 109.)

Gérard de Corbie, qui a écrit la seconde vie, raconte les mêmes circonstances en termes plus exprès:

"S' il parlait en langue vulgaire, c' est-à-dire, romane, on eût dit qu' il ne savait que celle-là; s' il parlait en langue theutonique, il brillait encore

plus”. (3: "Qui si vulgari, id est, romanâ linguâ, loqueretur, omnium aliarum putaretur inscius; nec mirum, erat denique in omnibus liberaliter educatus; si verò theutonicâ, enitebat perfectius." Bolland. Acta Sanct. Januar. t. I, p. 116.)

En 714, un jeune sourd-muet de naissance avait été guéri miraculeusement au tombeau de saint Germain de Paris. D' après l' historien contemporain, ce jeune garçon répéta facilement les mots qu' il entendit prononcer; et non-seulement il apprit en peu de temps à parler parfaitement la langue rustique, mais il fut bientôt en état d' étudier les lettres (1: "Unde factum est ut, tam auditu quam locutione, in brevi non solum ipsam rusticam linguam perfectè loqueretur, sed etiam litteras, in ipsâ ecclesiâ clericus effectus, discere cœpit."
Ducange Gloss. præf. n. XIII.).

Ici se place un fait très important, qui sert à prouver que la langue romane était la langue vulgaire de tous les peuples qui obéissaient à Charlemagne dans le midi de l' Europe; et l' on sait que sa domination s' étendait sur tout le midi de la France, sur une partie de l' Espagne, et sur l' Italie presque entière.

Sous son règne, un espagnol malade, pour s' être imprudemment baigné dans l' Ebre, visitait les églises de France, d' Italie, et d' Allemagne, implorant sa guérison. Il arriva jusqu' à Fulde dans la Hesse (N. E. Fulda, Hessen), au tombeau de sainte Liobe.
(2: "Alter erat de Hispaniâ qui, peccatis exigentibus, pœnæ tali addictus est, ut horribiliter quateretur tremore omnium membrorum. Cujus passionis incommodum, sicut ipse retulit, in Ibero flumine contraxit; in quâ deformitate oculos civium suorum non sustinens, ubicumque ei ire visum est, per diversa sancta locorum vagabatur. Peragrata itaque omni Gallia atque Italia, Germaniam ingressus est… Fuldam venit… Cryptam occidentalem, super quam corpus S. Bonifacii martyris quiescit, ingressus est, ac prostratus in oratione…. Quod cernens vir venerandus Firmadus presbyter et monachus… Interea subito surrexit homo et non tremebat, quia sanatus erat. Interrogatus ergo a presbytero (quoniam linguæ ejus, eo quòd esset italus, notitiam habebat), retulit se per excessum mentis, etc."

Vita S. Liobae. - Mabillon, act. SS. Bened. secul. III, pars II, p. 258.

Mabillon observe que cette vie a été écrite par Rodulfe avant que les reliques de sainte Liobe eussent été transportées par Raban Maur au mont Saint-Pierre.

Rodulfe, prêtre et moine du couvent de Fulde, très savant dans toutes les sciences, historien et poëte, mourut le VIII des ides de mars 865, selon l' histoire de Pierre le bibliothécaire, ou 866, selon Duchesne, Hist. Franc. Script.).

Le malade obtint sa guérison; un prêtre l' interrogea, et l' Espagnol lui répondit.

Comment purent-ils s' entendre?

C' est, dit l' historien contemporain, que le prêtre, à cause qu' il était italien, connaissait la langue de l' Espagnol: "Quoniam linguae ejus, eo quod esset italus, notitiam habebat."

L' histoire nous fournit plusieurs faits qui permettent d' assurer que, sous le règne de Charlemagne, l' idiôme roman avait prévalu comme idiôme vulgaire sur la langue latine, et même que cette langue n' était plus comprise par le plus grand nombre des Français.

En 787, ce prince fut dans la nécessité d' appeler de Rome quelques grammairiens, pour rétablir en France l' enseignement de la langue latine (1: "Carolus iterum a Roma artis grammaticæ et computatoriæ magistros secum adduxit in Franciam, et ubique studium litterarum expandere jussit. Ante ipsum enim domnum regem Carolum, in Galliâ nullum studium fuerat liberalium artium." Vit. Karol. Magn. Per Monach. Egolism.)

Un fait bien décisif, c' est qu' Eginhard, historien de Charlemagne, s' excuse, en quelque sorte, d' écrire sa vie en latin:
(2: "En tibi librum præclarissimi et maximi viri memoriam continentem, in quo præter illius facta, non est quod admireris, nisi forte quod homo barbarus, et romana locutione perparum exercitatus, aliquid me decenter aut commodè latinè scribere posse putaverim." Eginh. Vit. Carol.)

"Voici, dit-il, l' ouvrage que je consacre à la mémoire de ce très grand et très illustre prince; vous serez surpris que moi, homme barbare, et peu

exercé dans la langue romaine, j' aie espéré écrire en latin avec quelque politesse et quelque facilité."

Si Eginhard, secrétaire et chancelier de Charlemagne, manifeste des craintes sur son style latin, s' il se nomme barbare, c' est que la langue latine n' étant point parlée vulgairement à la cour, il n' avait pas la

certitude que son style fut exempt de fautes; en effet, l' idiôme francique était la langue vulgaire à Aix-la-Chapelle (N. E. Aachen, Aquisgrán), et dans le nord de l' empire, tandis qu' à Paris, et dans le midi de l' empire, la langue vulgaire c' était l' idiôme roman.

Enfin, si la langue latine, qui restait toujours celle de la religion et du gouvernement, n' avait cessé d' être la langue du peuple, l' historien de Louis-le-Débonnaire aurait-il cru faire de ce prince un véritable éloge, en disant qu' il parlait la langue latine, aussi bien que sa langue naturelle? (1: "Latinam vero sicut naturalem æqualiter loqui poterat."

Theganus, de Gestis Ludov. pii.)

Au commencement du IXe siècle, divers conciles furent assemblés en différents lieux de l' empire de Charlemagne, pour rétablir la discipline ecclésiastique; ceux de Tours et de Rheims, tenus en 813, décidèrent que l' instruction religieuse devait être mise à la portée du peuple.

Quoiqu'on ait cité souvent l' article XVII des actes du concile de Tours, je crois indispensable de le traduire ici en entier:

"Il a paru à notre Unité que chaque évêque devait avoir des homélies contenant les admonitions nécessaires à l' instruction des fidèles, c' est-à-dire, sur la foi catholique, selon qu' ils en pourront comprendre, sur l' éternelle récompense des bons, et l' éternelle damnation des méchants, sur la résurrection future, et le jugement dernier, enfin sur la nature des œuvres par lesquelles on peut mériter la vie éternelle ou en être exclu. Que chaque évêque traduise publiquement ces homélies en langue rustique romane ou théotisque, de manière que tous puissent comprendre ces prédications."
(1: "Visum est unitati nostræ ut quisque episcopus habeat homilias continentes necessarias admonitiones quibus subjecti erudiantur; id est de fide catholicâ, pro ut capere possint, de perpetuâ retributione bonorum, et æternâ damnatione malorum, de resurrectione quoque futurâ, et ultimo judicio, et quibus operibus possit promereri vita beata quibusve excludi; et ut easdem homilias quisque apertè transferre studeat in rusticam romanam linguam aut theotiscam, quo faciliùs cuncti possint intelligere quæ dicuntur." Labbe. Concil. t. VII, col. 1263.

D' après Borel et Pasquier, on a souvent répété que les actes du concile d' Arles de 751 contiennent un passage semblable; mais c' est une erreur.)

L' article XV des actes du concile de Rheims porte:

"Les évêques doivent prêcher les sermons et les homélies, selon la langue propre aux auditeurs, afin que tous puissent les comprendre
(2: "Ut episcopi sermones et homilias sanctorum patrum, prout omnes

intelligere possint, secundum proprietatem linguæ, prædicare studeant." Labbe Concil. t. VII, col. 1256.)

Charlemagne publia, la même année 813, un capitulaire dont l' article XV prononce:

"Les prêtres doivent prêcher de manière que le simple peuple, vulgaris populus, puisse comprendre, intelligere possit.” (3: De officio prædicatorum: "Ut juxta, quod bene vulgaris populus intelligere possit, assiduè fiat." Capit. Reg. Franc. An 813.)

Selon les conciles et les capitulaires, l' instruction religieuse se faisant en langue vulgaire, le peuple devint bientôt entièrement étranger à la langue latine; aussi lui en défendit-on l' usage dans les actes religieux

qui exigent une profession de foi. L' art. LV des capitulaires recueillis par Hérard, archevêque de Tours, et publiés dans un synode tenu en 858, porte:."Que nulles personnes ne seront admises à tenir un enfant sur les fonts baptismaux, si elles ne savent et ne comprennent, dans leur langue, l' oraison dominicale et le symbole. Il faut, dit cet article, connaître l' obligation qu'on aura contractée envers Dieu.”
(1: "Ut nemo a sacro fonte aliquem suscipiat, nisi orationem dominicam et symbolum juxta linguam suam et intellectum teneat; et omnes intelligant pactum quod cum deo fecerunt." Capitul. t. I, col. 1289.).

Il est hors de doute que, pour toute la partie méridionale de l' empire de Charlemagne, cette langue dans laquelle le peuple devait recevoir l' instruction religieuse, n' était autre que l' idiôme roman, dont Nithard nous a conservé un fragment précieux, en transcrivant les serments prononcés à Strasbourg l' an 842, par Louis-le-Germanique, et par les Français soumis à Charles-le-Chauve.

Nithard nous a transmis en latin le discours que les deux princes prononcèrent, l' un en langue romane, l' autre en langue théotisque.

Le concile de Mayence, (Mainz, Maguntia) tenu en 847, porte à l' art. II

les dispositions semblables à l' art. XVII du concile de Tours de 813, et se sert des mêmes expressions (2: Seulement un mot a été omis, sans doute par l' inadvertance du copiste. Labbe. Concil. t. VIII, col. 42.).

L' idiôme roman du serment de 842 paraît encore très grossier; il ne présente pas l' emploi de l' article.

Mais il est très vraisemblable que, dans le midi de la France, le langage était déja épuré. Le poëme d' Abbon sur le siège de Paris par les Normands, en 885 et 886, félicite l' Aquitaine, c' est-à-dire, les pays de l' autre côté de la Loire, sur la pureté et la finesse de la langue qu'on y parle.

Calliditate venis acieque, Aquitania, linguæ.

Abbo poem. lib. II, v. 471.

Le traité de Coblentz (Koblenz, Coblenza), fait en 860 entre Louis-le-Germanique et Charles-le-Chauve, fut également publié en langue théotisque ou francique, et en langue romane.

Les Capitulaires en offrent la traduction latine.

A la fin du traité on lit:
(1: "Hæc eadem domnus Karolus romana linguâ adnunciavit et eâ maximâ parte linguâ Theodiscâ recapitulavit.

Post hæc, domnus (Hludouuicus) Hludouvicus ad domnum Karolum fratrem suum linguâ romana dixit:

Nunc si vobis placet, vestrum verbum habere volo de illis hominibus qui

ad meam fidem venerunt."

Et domnus Karolus, excelsâ voce, linguâ romana dixit:

"Illis hominibus qui, etc."

Et domnus Hlotarius linguâ theodiscâ eis suprà adnunciatis capitulis se

convenire dixit, et se observaturum illa promisit.

Et tunc domnus Karolus iterum linguâ romana de pace convenit, et ut cum dei gratiâ sani et salvi irent, et ut eos sanos reviderent oravit, et adnuntiationibus finem imposuit." Cap. Reg. Franc. t. II, col. 144.)

"Charles proclama ce traité en langue romane, et en récapitula la plus grande partie en langue théotisque.

Après quoi Louis dit à son frère Charles en langue romane: Maintenant, si cela vous plaît, je voudrais avoir votre parole au sujet de ceux qui

avaient pris les armes pour moi.

Et Charles, d' une voix beaucoup plus élevée, proclama en langue romane l' amnistie demandée.

Et Lothaire donna en langue théotisque son adhésion au traité, et Charles proclama encore la paix en langue romane."

Ces monuments du IXe siècle peuvent-ils permettre de former le moindre doute sur le fait incontestable que la langue romane était alors dans la France la langue vulgaire du peuple et de l' armée?

Le texte même de Nithard le déclare expressément, lorsqu' il dit au sujet des serments de 842:

"Or le serment que chaque peuple de l' un et l' autre roi jura en sa propre langue, est ainsi en langue romane.”
(1: "Sacramentum autem quod utrorumque populus quique propriâ linguâ testatus est, romana linguâ sic se habet.")

A ces preuves historiques, qui ne laissent aucun doute sur l' existence ancienne de la langue romane, on peut ajouter des preuves matérielles:

Soit en recherchant les traces les plus reculées de l' emploi de l' article qui a été l' un des caractères innovateurs de cet idiôme; et le tableau que je présenterai à ce sujet démontrera l' emploi de l' article aux dates de 793, 810, 880, 886, 894, 924, 927, 930, 960, 994 (1: Voyez ci-après ce tableau, p. 43 et 44.);

Soit en reconnaissant les noms propres qui, dans les ouvrages latins écrits à une époque ancienne, sont désignés par une dénomination purement romane; (2: Il est peu de nos chartes anciennes qui n' offrent quelques noms de lieu (N. E. toponimia) en langue vulgaire; une circonstance ajoute encore à la preuve qui résulte de l' évidence des noms appartenant à la langue romane, c' est que l' on trouve aussi un grand nombre de noms qui appartiennent à la langue francique ou théotisque.

Voici quelques exemples pour la langue romane:

Charte de 713. "Locum de Osne."

Titre de 790. "Raymundus Raphinel…. Locum qui apellatur Lumbe

Super rivum Save…. Fiscum qui Piscarias dicitur…. Monasterio quod Cesarion dicitur." Gallia Christiana, Instr. Eccl. Lombariensis.

Titre de 806. "Villare quem dicunt Stagnole…. Villare quem vocant Agre…. In villa Ulmes." Hist. de Languedoc. Pr. t. I, col. 33.

Titre de 819. “Parrochiam de ArchavelOrgollelEncapDe Tost

PalerolsDe NovesBanieresArchesCortalbMerangesBalcebreMacianersFigolsMerlesBaienAsnet. Etc. etc."

Append. March. Hisp.)

Soit enfin en cherchant dans les écrits de la basse latinité, les traces de la réaction de la langue vulgaire sur la langue latine.
(3: An 782. "A tunc nos missi…. A tunc ipsi missi et judices…" Hist. de Languedoc. Pr. t. I, col. 25.
An 852. "Ad tunc nos…. Ad tunc ipse Ramnus asserens dixit…. Unde

Ramnus ad tunc hora præceptum imperiale et judicium ad relegendum ostendit… Ad tunc nos supradicti interrogavimus…. Ad tunc ipse Odilo se recognobit…."

Hist. de Languedoc. Pr. t. I, col. 99.

An 833. "Ad contra responderunt." Muratori, diss. 70.)


Je crois avoir prouvé d' une manière incontestable, et par les faits historiques et par les preuves matérielles, l' existence et l' ancienneté de la langue romane.

Les monuments qu' offrent différents siècles et divers pays, démontrent avec la même évidence que l' idiôme primitif s' est conservé et perfectionné dans les écrits des troubadours, et dans le langage des peuples qui habitèrent le midi de la France.

Ce fait très certain avait été reconnu et attesté par de nombreux écrivains:

Fauchet, dans son Recueil de l' origine de la Langue et Poésie Françoise, Ryme et Romans, liv. I, ch. 4, s' exprime en ces termes:

"Or ne peut-on dire que la langue de ces serments, laquelle Nithard appelle romaine, soit vraiment romaine, j' entends latine, mais plutost pareille à celle dont usent à-présent les Provençaux, Cathalans, ou ceux du Languedoc… Il faut donc nécessairement conclure que ceste langue Romaine, entendue par les soldats du roi Charles-le-Chauve, estoit ceste rustique romaine, en laquelle Charles-le-Grand vouloit que les omélies preschées aux églises, fussent translatées, afin d' estre entendues par les simples gens, comme leur langue maternelle, aux prosnes et sermons….".

Il reste à savoir pourquoi ceste langue romaine rustique a été chassée outre Loire…".

Cette dernière séparation de Hue Capet fut cause, et, à mon advis, apporta un plus grand changement; voire, si j' ose le dire, doubla la

langue romande."

Cazeneuve, dans un fragment qu' il a écrit sur cette matière, a dit:

"Ces deux langues teudisque et romaine furent usitées dans les états de nos rois, jusqu' à ce que, par le partage fait entre les enfants de Louis-le-Débonnaire, le pays qui est maintenant sujet à la couronne de France échut à Charles-le-Chauve, et ce que nos rois avoient conquis en Allemagne échut à Louis son frère, avec le titre de roi de Germanie; car dès lors commença la division des deux langues, la romaine demeurant dans les états de Charles-le-Chauve, et la teudisque dans ceux de Louis-le-Germanique.

Cependant cette langue romaine souffrit en peu de temps un notable changement; car, comme les langues suivent d' ordinaire les fortunes des états, et perdent la pureté dans leur décadence, après que l' Allemagne fut éclipsée de la couronne de France, la cour de nos rois, qui se tenoit à Aix-la-Chapelle, se tint à Paris, et d' autant que cette ville se trouva assise près de l' extrémité du royaume qui tient à l' Allemagne, et par conséquent éloigné de la Gaule Narbonoise, où étoit l' usage de la langue romaine, il arriva qu' insensiblement, à la cour de nos rois et aux provinces qui en étoient voisines, il se forma une troisième langue qui retint bien le nom de romaine, mais qui se rendit avec le temps tout-à-fait différente de l' ancienne langue romaine, laquelle pourtant demeura en sa pureté dans les provinces qui sont en-deçà de la Loire; et d' autant que les peuples de delà la Loire disoient oui, (ancienne oïl) et ceux de deçà oc, la France fut divisée en pays de langue d' oui ou Françoise, et de langue d' oc ou provençale, dont le nom est demeuré à la province auparavant appelée Septimanie.

Or que cette langue d' oc ou provençale soit la même que l' ancienne langue romaine, il se peut clairement justifier par les serments qui sont dans Nitard… Puis donc qu' il est hors de doute que notre langue d' oc ou provençale est cette même langue romaine, que les anciens François parloient devant la troisième race de nos rois, c' est-à-dire, auparavant le Xe siècle, ne pouvons-nous pas aussi, sans faire les vains, et nous donner une gloire imaginaire, assurer que c' est de notre langue qu' a pris son origine celle que nous appelons maintenant françoise?… Ce lui est toujours de l' honneur d' estre comme le cep d' où s' est provignée cette belle langue françoise

Mais quand j' aurai fait voir de plus que c' est d' elle que les langues Italienne et Espagnole ont pris leur naissance, j' ose bien assurer… qu'on n' en fera pas moins d' estime qu'on fait d' ordinaire des sources des grands fleuves, quelque petites qu' elles soient."

Huet, dans son ouvrage de l' Origine des Romans, a consacré la même opinion:

"Le langage romain fut appelé la langue provençale, non-seulement parce qu' il reçut moins d' altération dans la Provence que dans les autres cantons de la France, mais encore parce que les Provençaux s' en servoient ordinairement dans leurs compositions, etc. Les troubadours, les chanterres, les conteurs, et les jongleurs de Provence, et enfin tous ceux qui exerçoient ce qu'on y appeloit la science gaie, (N. E. gay saber) commencèrent, dès le temps de Hue Capet, à romaniser tout de bon, débitant leurs romans et leurs fabliaux composés en langage romain: car alors les Provençaux avoient plus d' usage des lettres et de la poésie que tout le reste des François

Le roman estant donc plus universellement entendu, les conteurs de Provence s' en servirent pour écrire leurs contes qui de là furent appelés romans." (chap. eres un romansé)

Je ne dois pas omettre le sentiment de l' abbé Lebœuf, qui était si versé dans cette matière; ses recherches sur les plus anciennes traductions en

idiôme français offrent le passage suivant:

"Je me contente d' avancer, comme une chose très vraisemblable, que, dans la plupart des provinces des Gaules, on parloit vulgairement une langue peu différente de celle des Provençaux, des Périgourdins, des Limousins. Je pense que cela dura jusqu' à ce que le commerce de ces provinces avec les peuples du nord et de l' Allemagne, et sur-tout celui des habitants de l' Armorique avec les Anglois, vers le XIe siècle, eussent apporté dans la Romaine rustique, une dureté qui n' y étoit pas auparavant.” (1: Mém. de l' Acad. des Inscr. Et Belles-Lettres, t. XVII, p. 718.)

Les savants auteurs de l' histoire de Languedoc ont plusieurs fois donné à ce sujet des explications aussi curieuses qu' incontestables.

"La langue latine commençoit cependant à se corrompre, et dégénéra enfin de manière qu' elle forma ce qu'on appella dans la suite la langue

romaine, qui est à-peu-près la même qu'on parle aujourd'hui dans les provinces méridionales du royaume, et qui, dès le milieu du IXe siècle, se trouvoit déja toute formée, ainsi que nous le verrons ailleurs... (2: Hist. générale du Languedoc, t. I p. 327.)

Du mélange de cette langue avec celle des barbares, et du commerce de ces derniers avec les Romains ou Gaulois d' origine, qui ne firent ensuite qu' un seul peuple, il se forma enfin une nouvelle langue qu'on appela romaine, et qui est à-peu-près la même qu'on parle encore aujourd'hui dans le pays.” (1: Hist. générale du Languedoc, t. I, p. 379.)

Au sujet du serment de 842, ils disent:

"On peut remarquer dans ces deux actes que la langue qu'on appelle romaine est presque la même que celle que parlent encore aujourd'hui les peuples de Provence, de Languedoc, et de Gascogne, et qu' elle a beaucoup moins de rapport avec la françoise.” (2: Hist. générale du Languedoc, t. I, p. 532.)

Les auteurs de l' Histoire Littéraire de la France s' expriment sur le même sujet en termes non moins affirmatifs:
(3: Hist. Lit. de la France, t. IX, p. 172.)

"Dans la suite on distingua de la poésie françoise, proprement dite, la poésie provençale: celle-ci différoit de l' autre, en ce que le génie de la langue demeura presque pur roman, au lieu que la françoise, quoique pur roman dans son origine, comme l' autre, fut adoucie peu-à-peu, tant par de nouvelles inflexions et terminaisons qu' elle reçut, que par les autres endroits qui la rapprochèrent successivement du génie françois… C' étoit la langue qu' employoient ordinairement les poëtes d' en-deçà la Loire; ceux d' au-delà versifioient au contraire en langue provençale:” (1: "Quant au nom de provençale, qu'on donna à la langue dont on se servoit dans les provinces méridionales de la France, après que les peuples des pays septentrionaux eurent adopté un idiôme différent, il est certain qu' elle ne fut pas ainsi nommée, parce qu' elle fut d' abord particulière aux peuples de la Provence proprement dite, mais à cause qu' elle comprenoit alors, sous le nom de Provençaux, tous les peuples de la partie méridionale de la France. Les divers auteurs qui ont écrit, à la fin du XIe siècle, l' histoire de la première croisade, nous en fournissent les preuves: On nomme provençaux, dit un de ces historiens, les peuples de Bourgogne, d' Auvergne, de Gascogne, de Gothie, et de Provence. Les autres s' appeloient François, mais les ennemis donnoient le nom de Francs aux uns et aux autres. Les Aquitains étoient aussi compris sous le nom de Provençaux."
Hist. gén. du Languedoc, t. II, p. 246.)

J' avais prouvé l' existence et l' ancienneté de la langue romane; je crois que les autorités que je rapporte pour démontrer son identité avec la langue des troubadours ou poetes provençaux, ne laissent aucun doute sur ce point.

Mais quel était le mécanisme, quelles étaient les formes essentielles de cette langue?

C' est ce que j' ai à examiner et à démontrer.

D' abord j' exposerai les détails relatifs à son origine, et j' en expliquerai la formation; ce qui me permettra de présenter les éléments de sa grammaire avant l' an 1000.

Et ensuite je donnerai une grammaire détaillée de la même langue, devenue celle des troubadours; et j' autoriserai toutes les règles, soit générales, soit particulières, par les citations qui seront presque toujours prises dans les écrits de ces illustres poëtes.

_______

(2) Escritura del Rey moro de Coimbra, era 772. (an. 734).

"Alboacem Iben Mahumet Alhamar, Iben Tarif, bellator fortis, vincitor

Hispaniarum, dominator Cantabriæ Gothorum, et magnæ litis Roderici. Quoniam nos constituit Allah, Illalah super gentem Nazarat, E fecit me dominatorem Colimb, et omni terræ inter Goadaluam, et Mondecum, et Goadatha per ubi esparte meum mandum. Ego ordinavi, quod Christiani de meas terras pecten dupliciter quam Mauri, et de ecclesiis per singulas XXV. pesantes de bono argento, et per monasteria peiten L. pesantes et vispesantes pecten cent santes: et Christiani habeant in Colimb suum comitem, et in Goadatha alium comitem de sua gente, qui manteneat eos in bono juzgo, secundum solent homines Christiani, et isti component rixas inter illos, et non matabunt hominem sine jussu de Alcaide; seu Aluacile Sarraceno. Sed ponent illum apres de Alcaide, et mostrabunt suos juzgos, et ille dicebit: bene est; et matabunt culpatum.

In populationibus parvis ponent suos judices, qui regant eos benè, et sine rixas. Si autem contingat homo Christianus quod matet, vel injuriet hominem Maurum, Alvacir seu Alcaide faciat de illo secundum juzgo de Mauris; si Christianus esforciaverit Sarracenam virginem, sit Maurus et recipiat illam, sin matent eum; si fuerit de marito, matent eum; si Christianus fuerit ad Mesquidam vel dixerit male de Allah, vel Mahamet, fiant Maurus, sin matent eum. Bispi de Christianis non maledicant reges Maurorum, sin moriantur. Presbyteri non faciat suas missas, nisi portis cerratis, sin pieten (peiten) X pesantes argenti: monasteria quæ sunt in meo mando habeant sua bona in pace, et pechen prædictos L. pesantes. Monasterium de Montanis, qui dicitur Laurbano, non peche nullo pesante, quoniam bona intentione monstrant mihi loca de suis venatis, e faciunt Sarracenis bona acolhenza, et nunquam invenit falsum, neque malum animum in illis, qui morant ibi, et totas suas hæreditates possideant cum pace, et bona quiete, sine rixa et sine vexatione, neque forcia de Mauris, et veniant, et vadant ad Colimbriam cum libertate per diem, et per noctem, quando meliùs velint aut nolint, emant et vendant sine pecho, tali pacto quòd non vadant foras de nostras terras sine nostro aparazmo, et benè velle; et quia sic volumus, et ut omnes sciant, facio cartam salvo conducto, et do Christianis ut habeant illam pro suo juzgo, et mostrent, cum Mauri requisiverint ab illis. Et si quis de Sarracenis non sibi observaverit nostrum juzgo in quo fecerit damnum, componant pro suo avere, vel pro sua vita, et sit juzgo de illo, sicut de Christiano usque ad sanguinem et vitam. Fuit facta carta de juzgo, æra de Christianis DCC, LXXII, secundum verò annos Arabum CXXXXVII. Luna XIII. Dulhija Alboacem, iben Mahomet Alhamar, iben Tarif rogatu Christianorum firmavi pro more .O. et dederunt pro robore duos æquos optimos, et ego confirmavi totum."

Historias de Idacio, etc. fol. 88 et 89.
(N. E. Apéndice de Carlos Romey, Historia de España etc., traducida por A. Bergnes de las Casas:

Texto Original.

Alboacem Iben Mahumet Alhamar Iben Tarif, bellator fortis, vincitor Hispaniarum, dominator CABALLARIAE Gothorum, et magnæ litis Roderici. Quoniam nos constituit Alla-Illelah super gentem Nazarat, et fecit me dominatorem Colimb, et omni terræ inter Goadaluam, et Mondecum, et Goadatha, per ubi ESPARTE meum mandum. Ego ordinavi, quod christiani de meas terras PECTEN dupliciter quam Mauri, et de ecclesiis per singulas XXV pesantes de bono argento, et per monasteria PEITEN L pesantes et vispesantes PECTEN CENT santes: et christiani habeant in Colimb suum comiten, (comitem) et in Goadatha alium comitem de suâ (suam) gente, qui manteneat eos in bono juzgo, secundum solent homines christiani, et isti component rixas inter illos, et non matabunt hominem sine jussu de alcaide, seu aluacile sarraceno. Sed ponent illum APRES de alcaide, et mostrabunt suos juzgos, et ille dicebit: bene est, et matabunt culpatum. In populationibus parvis ponent suos judices, qui regant eos benè, et sine RIXAS. Si autem contingat homo christianus quod matet, vel injuriet hominem Maurum, aluacir seu alcaide faciat de illo secundum juzgo de Mauris; si christianus esforciaverit sarracenam virginem, sit Maurus et recepiat illam, sin matent eum; si fuerit de marito matent eum; si christianus fuerit ad mesquidam vel dixerit male de Allah, vel Mahamet, fiant Maurus, sin matent eum. Bispi (episcopo: bisbe: vespe: obispo) de christianis non maledicant reges Maurorum, sin moriantur. Presbyteri non faciat suas missas, nisi portis cerratis, sin PIETEN X pesantes argenti: monasteria quæ sunt in meo mando habeant sua bona in pace, et PECHEN prædictos L pesantes. Monasterium de Montanis, qui dicitur Laurbano non PECHE nullo pesante, quoniam bona intentione mostrant mihi loca de suis venatis, E faciunt Sarracenis bona ACOLHENZA, et nunquam invenit falsum, neque malum animum in illis, qui morant ibi, et totas suas hæreditates possideant cum pace, et bona quiete, sine rixe et sine vexatione, neque FORCIA de Mauris, et veniant et vadant ad Colimbriam cum libertate per diem, et per noctem, quando melius velint aut nolint, emant et vendant sine PECHO, tali pacto quod non vadant foras de nostras terras sine nostro aparazmo, et benè velle; et quia sic volumus, et ut omnes sciant, facio kartam salvo conducto, et do christianis ut habeant illam pro suo juzgo, et mostrent cum Mauri requisiverint ab illis. Et si quis de Sarracenis non sibi observaverit nostrum juzgo in quo fecerit damnum, componant pro suo avere, vel pro sua vita, et sit juzgo de illo sicut de christiano usque ad sanguinem et vitam. Fuit facta karta de juzgo æra de christianis DCCLXXII, secundum vero annos Arabum CXXXXVII, Luna XIII, Dulbija. Alboacem iben Mahomet Alhamar iben Tarif rogatu christianorum firmavi pro more .O. (puntos elevados) et dederunt pro robore duos equos optimos, et ego confirmavi totum.
Extracto de la Monarchia Lusitana de Brito, II part., fol., 288 et seq.

Fuero de Alboacem.


“Un autor arábigo, dice un autor moderno, conservó uno de aquellos convenios (entre vencedores y vencidos), y es el que un oficial árabe, llamado Alboacem Ibn Mohamed Alhamar, hizo con la ciudad de Coimbra.”
Pero no lo hay semejante, ni en los historiadores nacionales de la conquista, ni en colección diplomática arábiga. Con efecto, no es autor arábigo el conservador del ordenamiento de Coimbra, pues estuvo antes archivado en la abadía de Lorbao, en Portugal, y se publicó al pronto en la Monarchia Lusitana, Lisboa 1609, en 4.°, part. II, p. 288- 289: después con erratas por Sandoval, Historia de los cinco obispos, Pamplona 1615, p. 88 y siguientes. En fin, Mr. Reynouard la sacó de nuevo a luz, por Sandoval, en sus Selectas de poesías originales de los Trobadores, París 1816, t. I, pág. 11. Es monumento de entidad filológica, aunque no histórica, y que bajo este título merece tener aquí su lugar, si bien todo está manifestando que no es con mucho tan antiguo como la fecha equivocada que trae lo dio a entender a Mr. Reynouard (véase cuanto se dijo sobre este punto).

Traducción del fuero de Alboacem.

"Alboacem Ibn Mohamet Alhamar Ibn Tarif, guerrero poderoso, vencedor de las Españas, arrollador de la caballería goda y de la gran liga de Rodrigo. Habiéndome puesto al frente de la nación nazarat, y habiéndome constituido gobernador de Colimb y de todo el territorio entre Goadalva, Mondeco y Goadatha, que abarca mi mando, he dispuesto lo siguiente:
pagarán los Cristianos de mis tierras tributo doble que los Moros. Pagarán las iglesias veinte y cinco piezas de plata fina por la que fuere más ordinaria, cincuenta por cada monasterio, y ciento por la catedral. Tendrán los Cristianos en Colimb un conde de su nación, y otro en Goadatha, quienes los gobernarán con arreglo a las leyes y costumbres cristianas, y sentenciarán las desavenencias que sobrevinieren entre ellos: mas a ninguno darán muerte sin disposición del alcaide o del alvacir sarraceno, ante el cual traerán al reo, manifestando sus leyes; dirá el alcaide me conformo, y matarán al culpado.
En las poblaciones cortas tendrán los Cristianos sus jueces que los gobiernen debidamente y sin contiendas. Si acaeciere que un Cristiano mate o insulte a un Moro, obrarán el alvacir o el alcaide según las leyes de los Moros. Si algún Cristiano atropellare a una doncella sarracena, tendrá que hacerse moro y desposarse con ella, y si no, se le matará; si es casada, se matará al reo.
Si un Cristiano entra en una mezquita, y si dice mal sea de Alá, o sea de Mahoma, tendrá que hacerse moro, ú debe morir. Los obispos de los Cristianos nunca han de zaherir a los reyes moros, y en tal caso, han de fenecer. Los clérigos no dirán misa sino a puertas cerradas, y de lo contrario, pagarán diez piezas de plata. Los monasterios comprendidos en mi jurisdicción disfrutarán en paz sus haciendas, pagando las cincuenta piezas sobredichas. El monasterio de la serranía, llamado Laurbao, nada pagará, por cuanto los monjes me suelen mostrar gustosos sus cazaderos, acogen a los Sarracenos, y nunca he cogido en fraude ni en maldad a los domiciliados en aquel convento; y así seguirán conservando sus fincas sin padecer tropelía ni violencia de parte de los Moros. Serán árbitros de ir y venir a Colimb de día y de noche según les plazca; y tendrán también el desahogo de vender y comprar sin pecha alguna, con tal que no salgan de nuestro territorio sin nuestra anuencia. Y por cuanto es esta nuestra voluntad, para que todos se enteren, otorgo el presente salvoconducto a los Cristianos para que lo tengan por una de sus leyes, y lo manifiesten cuantas veces lo requieran los Moros; y en caso de haber algún Sarraceno que se desentienda de cumplirlo, se le juzgará hasta costarle sangre y vida como a cualquier Cristiano. Este fuero de justicia se hizo en la era de los Cristianos, el año 772, y según los años de los Árabes, el 13 de la luna de djulhedja de 147. Yo Alboacem iben Mahomet Alhamar iben Tarif, a instancia de los Cristianos, firmo según costumbre (puntos elevados) .O. habiéndome dado en ratificación dos hermosos caballos, y lo confirmo todo.

La diferencia principal entre Brito y Sandoval estriba en que el uno trae al principio dominator caballariæ Gothorum, y el otro dominator Cantabriae Gothorum; pero este último giro está positivamente equivocado, puesto que el mismo Sandoval dice al traducir (p. 89) domador de la caballería de los Godos.
Hemos rayado (mayúsculas), a ejemplo de Mr. Reynouard, las voces del texto original que corresponden directamente a la lengua romana, (romance) como e, y, conjunción; esparte, se extiende; pecten, peiten, paguen; peche, pague; cent, ciento; apres, junto, acolhenza, acogida, etc. Hemos añadido caballería, forcia, esforciaverit. - Se advertirá el modo con que el Wad de los Árabes se expresa en aquel latín bárbaro, modo idéntico con el prohijado por los Castellanos, que trasladan la waw arábiga, como ya se ha visto, con las letras gu, que vienen a sonar como la waw, la cual se suele pronunciar en arábigo como una w doble y gutural o aspirada. Así pues Goadalva es el Alva, Goadatha el Águeda, que desaguan, el primero en el Mondego, y el segundo en el Duero, al nordeste y al norte de Coimbra. En cuanto a la fecha del acta, advertiremos, lo que no parece se haya notado por otros, que el año 147 de la hégira medió entre el 9 de marzo de 764 y el 25 de febrero de 765, y no cuadra por consiguiente, como lo expresa el diploma, con el año de 772, ni de la era de Jesucristo ni de la de España, que corresponde al de Jesucristo de 734. Añádanse tres siglos a esta fecha, y se tendrá tal vez la verdadera del acta, auténtica al parecer en parte, y adulterada y viciada indudablemente en parte; teniendo con efecto poco que extrañar el que un walí árabe haya otorgado en 447 de la hégira (1055) un fuero de resguardo a los moradores de la provincia de Coimbra, en recordando los vaivenes de aquel pueblo, tomado contra los Árabes por Alfonso el Católico, recobrado por Almanzor en 987, yermo luego por siete años, reedificado después por los Ismaelitas, quienes lo habitaron setenta años, hasta que Fernando I, hijo de Sancho el Grande, lo tomó el VIII de las calendas de agosto del año 1064.)

INDEX.

Tome 1:

Recherches

Chapitre 1

Chapitre 2 - Substantifs

Chapitre 3 - Adjectifs

Chapitre 4 - Pronoms

Chapitre 5 - noms de nombres

Chapitre 6 - Verbes

Chapitre 7 - Adverbes, Prépositions, Conjonctions

Chapitre 8 - Idiotismes

Appendice - manuscrits

Tome 2:

Dissertations troubadours

Des cours d' amour

Monuments de la langue romane

Monuments langue romane depuis 842

Actes titres 960

La nobla leyczon - Poésies des Vaudois

La Barca

Lo novel Sermon

Lo novel Confort

Lo payre eternal

Lo despreczi del mont

Avangeli quatre semencz

Diverses fragments manuscrit Abbaye Saint-Martial Limoges

Genres poésies


Tome 3:

Comte de Poitiers

Guiraud le Roux

Rambaud d' Orange

Comtesse de Die, Dia

Pierre Rogiers, Peire Rotgiers

Bernatz de Ventadorn, Bernard de Ventadour

Geoffroi Rudel, Jaufre Rudel de Blaye, Blaia

Augier - Guilhem - Guillem - Novella - Ogier

Cabestaing, Cabestany, Guillaume, Guillem, Guilhem

Alfonse II Roi Aragon - Alfonso II

Peire Ramon Tolosa, Toloza, Pierre Raimond Toulouse

Guillaume de Beziers

Bertrand de Born

Folquet de Marseille, Fulco, Foulques

Albert, marquis de Malespine, Albertet

Gavaudan le vieux

Pons de Capdueil, Capduelh, Capduoill

Arnaud de MarueilArnaut de MareuilMaruelhMarolhMarolMaroillMaruoillMeruoill

Pistoleta

Berenguer de Palasol, Palazol, Palol, Palou, Palafolls

Pierre de Barjac, Peire de Barjac

Cadenet

Sail, Salh, Saill, Scola, Escola, École, Bergerac

Rambaud, Vaqueiras, Raimbaut de Vacqueyras

Pons, Ponç de la GardaGuardiaSaguardia

Peyrols, Peirols, Peirol

Gaucelm Faidit

Guillaume de Saint-Didier, Guillem de Sant Leidier

Guiraud, Giraud, Guiraut, Giraut, Girautz de Borneil,  Bornelh, Bornelh, Borneill, Bornell, Borneil, Borneyll

Hugues, Uc, Nuc - Brunet, Brunec, Brunenc

Peire Vidal, Pierre Vidal

Peire, Pierre; Alvernha, Alverne, Auvergne

Uc, Hugues, Saint Cyr, Circ

Clara, Claire; Anduse, Anduze, Anduza

Blacas, Blacatz

Uc de La BacalariaHugues de La Bachelerie, Bachellerie

Perdigon, Perdigo.

Elias de Barjols

Raimond de Miravals, Miraval, Miravalh

Lo monge de Puicibot, Puycibot

Na Castelloza, La Dame Casteloze

Marcabrus, Marcabruns, Marcabrun (fill de Marcabrunela)

Gui d' Uisel 

Aimeric, Aimeri de Sarlat

Giraud, Guiraut de Calanson, Calanso

Giraud, Giraut, Guiraut, Salignac, Salinhac

Raimond, Raymond, Ramon, Ramon, Vidal. de Besalú

Deudes, Daude, Prades, Pradas


Guillem Magret, Guillaume Maigret

Aimeri, Aimeric, Peguilain, Peguilhan

Elias Cairels, Cairel, Cayrel

Pierre Cardinal, Peire Cardenal, Cardinal

Sordel, Sordello, Goito, Goit (italiá)

Le moine de Montaudon

Richard de Barbezieux

Blacasset

Giraud Riquier, Guirautz Riquiers 


Tome 4:

Des Tensons, des Complaintes historiques, des pièces sur les Croisades, des Sirventes historiques, des Sirventes divers, et des pièces Morales et Religieuses.

TENSONS.

I.

Senher Raymbautz, per vezer
De vos lo conort e 'l solatz
Suy sai vengutz tost e viatz,
Mais qu' ieu no suy per vostr' aver;
E vuelh saber, quan m' en irai,
Cum es de vos ni cossi us vai,
Qu' enqueron m' en lai entre nos.

Tant ai de sen e de saber,
E suy tan savis e membratz,
Quant aurai vostres faitz guardatz,
Qu' al partir en sabrai lo ver:
S' es tals lo guaps cum hom retrai,
O si n' es tant, o meinhs o mai,
Cum aug dir ni comtar de vos.

Gardatz vos que us sapchatz tener
En aisso qu' eras comensatz;
Quar hom, on plus aut es puiatz,
Plus bas chai, si s laissa chazer:
Pueys dizon tug que mal l' estai,
Per que fes, pus era non fai,
Qu' eras non te condug ni dos.

Qu' ab pro manjar et ab jazer
Pot hom estar suau malvatz;
Mas de grans afans es carguatz
Selh que bon pretz vol mantener;
Cove que s percas sai e lai
tolha e do, si cum s' eschai,
Quan ve que es luecx ni sazos.

D' aisso vuelh que digatz lo ver
S' auretz nom drutz o molheratz,
O per qual seretz apelatz,
O 'ls volretz amdos retener:
Veiaire m' es, al sen qu' ieu ai,
dic, quar ben o sai,
Per so us o dic, quar ben o sai,
Qu' a dreg los auretz ambedos.

Si voletz el segle parer,
Siatz en luec folhs ab los fatz:
Et aqui meteys vos sapchatz
Ab los savis gen captener;
Qu' aissi s cove qu' om los assai,
Ab ira 'ls us, l' autres ab jai,
Ab mal los mals, ab ben los bos.

No us fassatz de sen trop temer,
Per qu' om diga: trop es senatz;
Qu' en tal luec vos valra foldatz
On sens no us poiria valer.
Tan quant auretz pel saur ni bai,
E 'l cor aissi coindet e gai,
Grans sens no us er honors ni pros.

Senher Rambautz, ieu m' en irai,
Mas vostre respost auzirai,
Si us platz, ans que m parta de vos.

                                                  Pierre Rogiers.


II.

Peire Rogiers, a trassaillir
M' er per vos los ditz e 'ls covens
Qu' ieu ai a mi dons, totz dolens
De chantar, que m cugei sofrir;
E pus sai etz a mi vengutz,
Chantarai, si m n' ai estat mutz,
Que non vuelh remaner cofes.

Mout vos dei lauzar e grazir,
Quar anc vos venc cor ni talens
De saber mos captenemens:
E vuelh que m sapchatz alques dir;
E ja l' avers no m sia escutz,
S' ieu suy avols ni recrezutz,
Que pel ver non passetz ades.

Quar qui per aver vol mentir,
Aquelh lauzars es blasmamens,
E torn en mals ensenhamens,
E s fai als autres escarnir;
Qu' en digz non es bos pretz saubutz,
Mas als fagz es reconogutz,
E pels fagz ven lo dir apres.

Per me voletz mon nom auzir,
Quals suy o drutz; er clau las dens,
Qu' ades pueia mos pessamens
On plus de prion m' o cossir.
E dic vos ben qu' ieu no sui drutz,
Tot per so quar no sui volgutz;
Mas ben am, sol mi dons m' ames!

Peire Rogiers, cum puesc sufrir
Qu' ades am aissi solamens?
Meravil me si viu de vens;
Tort ai, si m fai mi dons murir,
S' ieu muer per lieys, farai vertutz;
Per qu' ieu cre que, si fos perdutz,
Dreg agra que plus m' azires.

Ara 'l ven en cor que m' azir,
Mas ja fo, qu' er autres sos sens,
Qu' aitals es sos captenemens;
Per qu' ieu lo y dei tos temps grazir,
Sol pel ben que m n' es escazutz.
Ja, no m' en vengues mais salutz,
Li dei tos temps estar als pes.

Si m volgues sol tan consentir
Qu' ieu tos temps fos sos entendens,
Ab bels digz n' estera jauzens,
E fera m senes fag jauzir;
E deuria n' esser cregutz,
Qu' ieu non quier tan que m fos crezutz
Mas d' un bon respieg don visques.

Bon Respieg, d' aut bas son cazutz;
E si no m recep sa vertutz,
Per cosselh li do que m pendes.

                                    Rambaud d' Orange.


Index de Tensons:

III, IV, Amicx Bernartz del Ventadorn.

V, Ara m digatz Rambautz si vos agrada,

VI, Gaucelm Faiditz ieu vos deman

VII, Perdigons, vostre sen digatz,

VIII, N Uc de la Bachallaria

IX, Gausselm no m puesc estener,

X, N Elias conseill vos deman

XI, Peire Vidal, pois far m' aven tenson,

XII, XII, En Raymbautz, ses saben

XIII, Senher Blacatz, de domna pro,

XIV, Gui Uiselh be m peza de vos

XV, Digatz, Bertrans de San Felitz


XVI, Us amicx et un' amia,

XVII, Amicx N Albertz, tensos soven 

XVIII, Monges, digatz, segon vostra sciensa

XIX, L' autr' ier fuy en paradis,

XX, Autra vetz fuy a parlamen


Complaintes Historiques.


I.


Quascus plor e' planh son dampnatge,

Sa malanansa e sa dolor,

Mas ieu las! n' ai en mon coratge

Tan gran ira e tan gran tristor

Que ja, mos jorns, planh ni plorat

Non aurai lo valen prezat,

Lo pros Vescomte, que mortz es,

De Bezers, l' ardit e 'l cortes,

Lo gai e 'l mielh adreg e 'l bon,

E 'l melhor cavallier del mon.


Mort l' an, et anc tan gran otratge

No vi hom, ni tan gran error

Mais far, ni tan gran estranhatge

De dieu et a nostre senhor,

Cum an fag li can renegat

Del fals linhatge de Pilat

Que l' an mort; e pus dieus mort pres

Per nos a salvar, semblans es

De lui, qu' es passatz al sieu pon

Per los sieus estorser laon.


Mil cavallier de gran linhatge

E mil dompnas de gran valor

Iran per la sua mort a ratge,

Mil borzes e mil servidor

Que totz foran gent heretat,

Si 'lh visques, e ric et honrat:

Ar es mortz, ai dieus! quals dans es!

Guardatz quals etz ni quo us es pres,

Ni selhs qui l' an mort qui ni don,

Qu' eras no ns acuelh ni ns respon.


A senhor tan fort deu salvatge

Esser, al gran et al menor,

Quan del sieu honrat senhoratge

Nos membrara e de l' honor

Que ns fetz et de la fezautat

Vas selhs qu' eron a mort jutjat:

Ar es mortz, ai dieus! quals dans es!

Caitieu, cum em tug a mal mes!

Vas qual part tenrem, ni ves on

Penrem port, tot lo cor m' en fon!


Ric cavallier, ric de linatge,

Ric per erguelh, ric per valor,

Ric per sen, ric per vassallatge,

Ric per dar e bon servidor,

Ric d' erguelh, ric d' umilitat,

Ric de sen e ric de foldat,

Belhs e bos, complitz de totz bes,

Anc no fo nulhs hom que us valgues;

Perdut avem en vos la fon

Don tug veniam jauzion.

Selh dieu prec que fetz trinitat

De se mezeis en deitat,

Qu' el cel, on lo maior gaugz es,

Meta l' arma, e non li pes,

Et a totz selhs qui pregatz son

De son ben soccor' et aon.

Guillaume, moine de Beziers.

https://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1968_num_11_44_1461

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Viscounts_of_B%C3%A9ziers


Index:


II, mon chan fenisc ab dol et ab maltraire

III, Si cum sel qu es tan grevatz

IV, Fortz chauza es, que tot lo maior dan

V, Cascus hom deu conoisser et entendre

VI, Ailas! per que viu lonjamen ni dura

VII, Era par ben que valors se desfai,

VIII, Anc non cugey que m pogues oblidar

IX, Belh senher dieus, quo pot esser sufritz

X, Planher vuelh En Blacatz en aquest leugier so,

XI, Molt mes greu d' En Sordel, quar l' es falhitz sos sens,

XII, Pus partit an lo cor En Sordel e 'N Bertrans

XIII, Ab marrimen et ab mala sabensa

XIV, Razos non es que hom deya chantar

XV, Ples de tristor, marritz e doloiros

XVI, Aissi quo 'l malanans,

XVII, Planhen, ploran ab desplazer


Pièces sur les croisades.


I.


Pus de chantar m' es pres talens,

Farai un vers don sui dolens;

Non serai mais obediens

De Peytau ni de Lemozi.


Ieu m' en anarai en eyssilh;

Laissarai en guerra mon filh,

En gran paor et en perilh;

E faran li mal siey vezi.


Pus lo partirs m' es aitan grieus

Del seignoratge de Peytieus,

En garda de Falco d' Angieus

Lais ma terra e son cozi.


Si Falco d' Angieus no 'lh secor

E 'l reys de cui ieu tenc m' onor,

Mal li faran tug li pluzor

Qu' el veyran jovenet meschi.


Si molt non es savis e pros,

Quant ieu serai partit de vos,

Tost l' auran abayssat en jos

Fello Guasco et Angevi.


De proeza e de valor fui,

Mais ara nos partem abdui;

Et ieu vauc m' en lay a selui

On merce clamon pelegri.


Aissi lais tot quant amar suelh,

Cavalairia et orguelh,

E vauc m' en lay, ses tot destuelh,

On li peccador penran fi.


Merce quier a mon companho,

S' and li fi tort, que lo m perdo,

Et ieu prec ne Jeshu del tro

Et en romans et en lati.


Mout ai estat cuendes e gais,

Mas nostre seingner no 'l vol mais;

Ar non posc plus soffrir lo fais,

Tant soi apropchatz de la fi.


Totz mos amicx prec a la mort

Qu' il vengan tuit al meu conort,

Qu' ancse amey joi e deport

Luenh de me et en mon aizi.


Aissi guerpisc joy et deport

E var e gris e sembeli.


Comte de Poitiers.

//

Index.

II, senhors per los nostres peccatz

III, En honor del Paire en cui es

IV, Er nos sia capdelhs e guerentia

V, So qu' hom plus vol e don es plus cochos,

VI. Ara sai eu de pretz quals l' a plus gran

VII, Era nos sia guitz Lo vers dieus Iheus Critz,

VIII, Nostre senher somonis el mezeis

IX, Pus flum Jordan ai vist e 'l monimen,

X, Ara parra qual seran enveios

XI, Per pauc de chantar no me lays,

XII, Si m laissava de chantar

XIII, Hueimais no y conosc razo

XIV, Aras pot hom conoisser e proar

XV, Lo senher que formet lo tro

XVI, Baros Ihesus qu' en crotz fon mes

XVII, Bel m' es, quan la roza floris

XVIII, Quan lo dous temps ven, e vay la freydors,

XIX, Totz hom qui ben comensa e ben fenis

XX, Tornatz es en pauc de valor

XXI, Emperaire, per mi mezeis,

XXII, Ira e dolor s' es dins mon cor asseza,

XXIII, El temps quan vey cazer fuelhas e flors,

XXIV, Qui vol aver complida amistansa

XXV, Ab grans trebalhs et ab grans marrimens


Sirventes historiques.


I.


En aquest guai sonet leugier

Me vuelh en cantan esbaudir,

Quar hom que no s dona alegrier

No sai que puesc esdevenir;

Per qu' ieu me vuelh ab joy tenir

Et ab los pros de Proensa

Qui renhan ab conoissensa

Et ab belha captenensa,

Si qu' om no 'ls en pot escarnir.


De conquerre fin pretz entier

Agra ieu talen e dezir,

Si no m' en falhisson denier

E rendas, don pogues complir

Los fagz qu' ieu volgra mantenir;

Mas pus a dieu non agensa

Qu' ieu puesca far gran valensa,

Gardar me dei de falhensa

Al meins, e d' aiso qu' ai servir.


Quar pretz no demanda ni quier

Ab sels qui volen obezir,

Mas tant quant al poder s' afier,

E que hom se guart de falhir;

Per qu' aisel que trop vol tenir

A molt petit de sciensa,

Quar l' avers non a valensa

Mas quar hom en trai guirensa,

E quar hom s' en pot far grazir.


A l' emperador dreiturier

Frederic vuelh mandar e dir

Que, si mielhs no mante l' empier,

Milan lo cuida conquerir

Ab grans faitz, e fai s' en auzir;

Don vos jur per ma crezensa

Que pauc pretz sa conoissensa

E son sen e sa sabensa,

S' en breu no l' en sap far pentir.


Dona sai ab cors plazentier,

Don negus hom no pot mal dir,

E no tem gap de lauzengier,

E sap los melhors retenir

Ab honrar et ab aculhir;

Tan gen fenis e comensa

So solatz e sa parvensa

Qu' en re non hi fai falhensa,

Et a car nom per encarzir.


Na Johana d' Est agensa

A totz los pros, ses falhensa,

Per qu' ie m vuelh ab los pros tenir.

Bernard de Ventadour.

//

Index:

II, Un sirventes on motz non falh

III, Ges de far sirventes no m tartz,

IV, Pus Ventedorn e Comborn e Segur

V, Un sirventes fatz dels malvatz barons,

VI, D' un sirventes no m qual far longor ganda,

VII, Lo coms m' a mandat e mogut,

VIII, Rassa, mes se son primier

IX, Ges no mi desconort S' ieu ai perdut,

X, Ieu chan, qu' el Reys m' en a preguat

XI, Gent fai nostre reis liouranda,

XII, Pus lo gens terminis floritz

XIII, Greu m' es deisendre carcol,

XIV, Quan vey pels vergiers desplegar

XV, Pus li baron son irat e lor peza

XVI, Al dous nou termini blanc

XVII, S' ieu fos aissi senhers e poderos

XVIII, Miez sirventes vueilh far dels reis amdos,

XIX, Non estarai mon chantar non esparja,

XX, Quan la novella flors par el verjan

XXI, Un sirventes farai novelh, plazen

XXII, Ja nuls hom pres non dira sa razon

XXIII, Del rei d' Arragon consir,

XXIV, Quor qu' om trobes Florentis orgulhos,

XXV, Sendatz vermelhs, endis e ros,

XXVI, Bel m' es cant aug lo resso

XXVII, Ab greu cossire Fau sirventes cozen; Bernard Sicart de Marjevols.

XXVIII, Foilla ni flors ni chautz temps ni freidura

XXIX, En aquell temps qu' el reys mori 'N Anfos

XXX, D' un sirventes faire Es mos pessamenz (Pierre de la Caravane)

XXXI, Quant vei lo temps renovellar, (Bertrand de Born, le fils)

XXXII, Ja de far un nou sirventes

XXXIII, Ja no vuelh do ni esmenda (Bernard de Rovenac)

XXXIV, D' un sirventes m' es grans volontatz preza, (Bernard de Rovenac)

XXXV, Doas coblas farai en aqest son

XXXVI, Seigneiras e cavals armatz

XXXVII, Ja non creirai d' En Gui de Cavaillon

XXXVIII, Estiers mon grat mi fan dir villanatge

XXXIX, Belh m' es quan d' armas aug refrim (Guillaume de Montagnagout)

XL, Guerra e trebalhs e brega m platz, (Boniface de Castellane)

XLI, Gerra mi play quan la vey comensar,

XLII, Peire salvagg', en greu pessar

XLIII, De l' arcivesque mi sap bon

XLIV Ja de chantar nulh temps no serai mutz

XLV, Un sirventes farai ses alegratge,

XLVI, En luec de verjanz floritz

XLVII, Ges no m' es greu s' eu non sui ren prezatz

XLVIII, Mout a que sovinenza

XLIX, Entre dos reis vei mogut et enpres

L, Mout fort me sui d' un chan meravillatz

LI, On hom plus aut es pueiatz,

LII, Comte Karle, ie us vuelh far entenden

LIII, Al bon rey qu' es reys de pretz car,

LIV, Nostre reys qu' es d' onor ses par (Bernard d' Auriac)

LV, Francx reys frances, per cuy son Angevi,

LVI, Ancmais per aital razo

LVII, Tant m' es l' onratz, verays ressos plazens,


Sirventes divers.


Index:

I, cominal, vielh, flac, playdes

II, mos Cominals fai ben parer

III, Comtor d' Apchier rebuzat,

IV, Ancmais tan gen no vi venir pascor,

V, Reis, pus vos de mi chantatz,

VI, Vergoigna aura breument nostre evesque cantaire,

VII, Mout mi plai quan vey dolenta

VIII, Belh m' es quan vey camjar lo senhoratge,

IX, Guerra e trebalh vei et afan

X, Quan lo dous temps d' abril

XI, Sirventes e chansos lais

XII, Ar faray, sitot no m platz

XIII, Ara farai, no m puesc tener,

XIV, no m agrad iverns ni pascors

XV, D' un sirventes a far ai gran talen,

XVI, De nuilla ren non es tan grans cardatz

XVII, Tans ricx clergues vey trasgitar

XVIII, Per espassar l' ira e la dolor

XIX, Joan Fabre, yeu ai fach un deman

XX, Messonget, un sirventes

XXI, Pus chai la fuelha del garric

XXII, Belha m' es la flors d' aguilen,

XXIII, Chantarai d' aquetz trobadors

XXIV, Pus mos coratge s' esclarzis

XXV, Auiatz de chan com enans se meillura,

XXVI, Belh m' es quan vey pels vergiers e pels pratz

XXVII, No m laissarai per paor

XXVIII, Sirventes vuelh far

XXIX, Greu m' es a durar,

XXX, Ieu ai ja vista manhta rey

XXXI, Qui se membra del segle qu' es passatz

XXXII, Lo segle m' es camjatz

XXXIII, Per lo mon fan l' us dels autres rancura

XXXIV, Del tot vey remaner valor

XXXV, Un sirventes fas en luec de jurar,

XXXVI, Falsedatz e desmezura

XXXVII, Ricx hom que greu ditz vertat e leu men,

XXXVIII, Li clerc si fan pastor

XXXIX, Per folhs tenc Polles e Lombartz

XL. Tos temps azir falsetat et enjan,

XLI, Tals cuia be Aver filh de s' espoza,

XLII, Pus ma boca parla sens

XLIII, Qui ve gran maleza faire

XLIV, Tartarassa ni voutor

XLV, Tot atressi com fortuna de ven

XLVI, Tan son valen nostre vezi,

XLVII, Razos es qu' ieu m' esbaudey,

XLVIII, Un sirventes novel vuelh comensar

XLIX, Una cieutat fo, no sai quals,

L. Pus Peyre d' Alvernhe a chantat

LI, L' autre jorn m' en pugiey al cel,

LII, De sirventes aurai gran ren perdutz,

LIII, Ab gran dreg son maint gran seignor del mon

LIV, Per tot so c' om sol valer

LV, Qui ha talen de donar

LVI, Mon sirventes tramet al cominal

LVII, Cristias vey perilhar Per colpa dels regidors,

LVIII, Qui m disses, non a dos ans,

LIX, Fortz guerra fai tot lo mon guerreiar

LX, Vertatz es atras tirada



I.


Cominal, vielh, flac, playdes,

Paubre d' aver et escas,

Tant faitz malvatz sirventes

Que del respondre sui las;

E 'l vostra cavalaria

Venra tota ad un dia,

Quant er so denan detras,

L' avol bo e 'l bo malvas.


Anc un bon mot non fezes,

Non i agues dos malvatz,

Per qu' ie us tolrai vostre ses,

Mon chan ab que us fermiatz;

Quar chantatz ab vilania;

E 'l comtessa m' en chastia

Que ten Beders e Burlas,

Que ditz que vos rebuzas.


Anc sagramen non tengues

Del tornel, quant l' avias;

Ni nul temps ver non disses,

Si mentir non cuidavas;

Et anas queren tot dia

Qu' om se fi, e qui se fia,

Tenetz lo taulier e 'ls datz,

E del joc sabetz assatz.


Qu' ie us tolia Vivares,

L' Argentiera e 'l Solas,

On lor comtes mans orbes

Mezures vos hom lo vas;

Que quant Ponstorstz vos payssia,

E Sanh Laurens vos vestia,

Siatz totz paubres e ras,

Que sieus es enquer, si us plas.


Et avetz tan de mal pres

Aras e d' aissi entras,

Que non sai cum vos tolgues

Si 'l pe no us toli o 'l nas

O 'ls huelhs, o no us aussizia;

Si no fos la confrairia

De Chassier e de Carlas,

Ab los pecols anaras.


Garin d' Apchier.


II.


Mos Cominals fai ben parer

Que si 'l saubes dire ni far

So qu' a mi degues enuiar

Qu' el en faria son poder;

Mas jovens e poders li falh,

E paubreira e veillors l' assalh;

Per qu' al guerrier non fai paor;

E non a amic ni senhor

Que no 'l tenha per enueyos,

Mas tan quant ditz nostras tensos.


E s' ieu lo vuelh ben dechazer,

Qu' el vuelha tolre mon chantar,

Ja non er qu' ilh don' a manjar,

Ni 'l vuelha albergar un ser;

Mas metray lo chan din serralh,

Per qu' el soven trembl' e badalh;

Que la verchieira de sa sor

Vendet de son gay maint pastor,

Car lai vivia ab sos lairos,

Emblan las fedas e 'ls moutos.


Anc ab armas non sap valer

Hom meinz, tant s' en volgues lauzar;

Ni als guerriers, mas ab parlar,

No saup hom meinz de dan tener;

Mas soven mov guerra et assalh

A sels que an croz e sonalh,

Don mil monge dins refeitor

Pregan, ploran, nostre senhor

Qu' en Ponstortz e 'n Sanz Laurens fos,

Si cum es vielhs e sofraitos.


Leialtat sol molt mantener,

E falsetat totz temps blasmar;

Mas al tornei la i vim laissar,

E del tot metr' en non chaler;

Per que ditz lo par de Neralh

Que home que nafre e talh,

E prenda son lige senhor,

Ni qu' el toilla castel ni tor,

No 'l deu mantener nulhs homs pros,

Per qu' el no 'l mante ni 'n randos.


Ja nulh marit non cal temer

De lui, ni sa molher gardar,

Ans lo pot laissar domneiar

Et estar ab leys a lezer;

Que quals qu' el de bois vil entalh,

Deboissar lo pot d' aital talh,

Ses pel, ses carn e ses color

E ses joven e ses vigor;

E d' ome qu' es d' aital faysos

Non deu esser maritz gelos.


Garin d' Apchier.


III.


Comtor d' Apchier rebuzat,

Pos de chan vos es laissat

Recrezut vos lays e mat,

Luenh de tota benanansa,

Vencut, de guerra sobrat,

Comtor, mal encompanhat,

Ab pauc de vi e de blat,

Plen d' enuey e de carn ransa.


Aisi prenc de vos comjatz,

Pois may de mi no chantatz,

E del vostre vielh barat,

E de vostra vielha pansa,

E del nas tort, mal talhat,

E del veser biaisat,

Que tal vos a dieus tornat

C' anas co escut e lansa.


Be us a breujat lo corril

Monlaur que tenias per vil, 

Que de may tro qu' en abril

Vos fay estar en balansa;

E non aves senhoril,

Tant aut son dur cor apil!

Que ja us trobon en plan mil,

Per que m pren de vos pezansa.


Can vos clavon lo cortil

Sil que us son deus lo capil

E tornat de brau humil,

E tout chant et alegransa;

E s' anc raubes loc mongil,

Ara us faitz dire a mil

Que dieus e l' orde clergil

Vos a tout pretz et onransa.


Pos de chantar em al som

Aiss' ie us desampar lo nom;

Tot vostr' argen torn en plom,

E vostr' afar desenansa;

Vilhet pus blanc d' un colom,

Be us menon de tom en tom,

E no sabetz qui ni com;

Tart seres mais reis de Fransa.


Cominal.


IV.


Ancmais tan gen no vi venir pascor,

Qu' el ve guarnitz de solatz e de chan,

E ve guarnitz de guerra e de mazan,

E ve guarnitz d' esmay e de paor,

E ve guarnitz de gran cavalairia,

E ve guarnitz d' una gran manentia;

Que tals sol pro cosselhar e dormir

Qu' ara vay gent bras levat aculhir.


Belh m' es quan vey que boyer e pastor

Van si marrit q' us no sap vas o s' an,

E belh quan vey que 'l ric baro metran

So don eron avar e guillador,

Qu' ara dara tals que cor non avia,

E montara 'l pages qu' aunir solia,

Que grans guerra, quant hom no i pot gandir,

Fai mal senhor vas los sieus afranquir.


Ab nulha gent no trob om tan d' amor

Ni tan de fe, segon lo mieu semblan,

Com ab los sieus, que ja no falhiran

En nulha re, sol qu' om no falha lor;

Mas a senhor qu' els sieus forsa e gualia

Non pot hom fe portar ni senhoria,

Mas ab los sieus qui los sap gen baillir

Pot hom lo sieu gardar e conquerir.


El mon non a thesaurs ni gran ricor

Que si' aunitz, sapchatz qu' ieu prez un guan,

Qu' aitan tost mor, mas non o sabon tan,

Avols cum bos; e vida ses valor

Pretz meyns que mort, e pretz mais tota via

Honor e pretz qu' aunida manentia,

Quar selh es folhs que se fai escarnir,

E selh savis que se fai gen grazir.


Al pro comte de Tolza mon senhor

Prec que 'l membre qu' il valc ni qu' il tenc dan;

E que valha a cels que valgut l' an, 

E sian ric per lui bon servidor; 

Qu' el savis dis que cel qui be volria 

Esser amatz, ames be ses bauzia, 

Car qui be vol baissar ni frevolhir 

Sos enemics, bos amics deu chauzir.


Bernard Arnaud de Montouc.


V.


Reis, pus vos de mi chantatz,

Trobat avetz chantador;

Mas tan me faitz de paor,

Per que m torn a vos forsatz,

E plazentiers vos en son:

Mas d' aitan vos ochaizon,

S' ueymais laissatz vostre fieus,

No m mandetz querre los mieus.


Qu' ieu no soy reis coronatz,

Ni hom de tan gran ricor

Que puesc' a mon for, senhor,

Defendre mas heretatz;

Mas vos, que li Turc felon

Temion mais que leon,

Reis e ducx, e coms d' Angieus,

Sufretz que Gisors es sieus!


Anc no fuy vostre juratz

E conoissi ma folor;

Que tant caval milsoudor

E tant esterlis pezatz

Donetz mon cosin Guion;

So m dizon siey companhon

Tos temps segran vostr' estrieus,

Sol tant larc vos tenga dieus.


Be m par, quan vos diziatz

Qu' ieu soli' aver valor,

Que m laysassetz ses honor,

Pueys que bon me laysavatz;

Pero dieus m' a fag tan bon

Qu' entr' el Puey et Albusson

Puesc remaner entr' els mieus,

Qu' ieu no soi sers ni juzieus.


Senher valens et honratz,

Que m' avetz donat alhor,

Si no m sembles camjador,

Ves vos m' en fora tornatz;

Mas nostre reis de saison

Rend Ussoir' e lais Usson;

E 'l cobrar es me mot lieus,

Qu' ieu n' ai sai agut sos brieus.


Qu' ieu soi mot entalentatz

De vos e de vostr' amor;

Qu' el coms, que us fes tan d' onor,

D' Engolmes n' es gen pagatz;

Que Tolvera e la mayson,

A guiza de larc baron,

Li donetz, qu' anc non fos grieus;

So m' a comtat us romieus.


Reis, hueymais me veiretz pron,

Que tal dona m' en somon,

Cui soi tan finamen sieus

Que totz sos comans m' es lieus.


Le Dauphin d' Auvergne.


VI.


Vergoigna aura breument nostre evesque cantaire,

Sol veigna lo legatz que non tarzara gaire,

E farem denan lui los sirventes retraire,

O pels mieus o pels sieus lo cuig de l' orden traire;

Qu' anc mieils non o conquis lo seigner de Belcaire;

Sol dieus gart lo legat que per aver no s vaire.


Si no s vaira 'l legatz e vol gardar dreitura,

Ades nos ostara sa falsa creatura;

Alverne, be us garnic de gran mal' aventura

Qui 'l fetz governador de la sainta escriptura;

Be s pot meravillar qui conois sa figura

Cossi s' ausa vestir de sainta vestidura.


Li vestiment son saint, mas fals' es sa persona,

Cum cel que rauba e tol e pren, e ren non dona,

Mas vai guerra mesclan plus que 'l Turcs de Mairona,

E saup mieils prezicar la comtessa d' Artona;

Si fos nostre vezis lo legatz de Narbona,

Mais non portera anel ni crossa ni corona.


Anc tan fals coronat non ac en esta terra;

Grans meravilla es cum tota gens non erra,

Que nuills hom son amic ses aver non sosterra,

E quan pot tant donar, costa il mil solz la bera;

Et ab deniers dels mortz alonga al rei sa guerra:

Aitan l' azire dieus cum el ama Englaterra.


Englaterra ama el ben e fai gran fellonia,

Que lo reis l' a cregut de mais qu' el non avia;

E quant el li promes que del frair' el creiria,

Fetz li frangner Mausac, quan lo reis lo tenia;

Mal portara honor al rei ni seignoria,

Pois no la porta a dieu ni a sa preueiria.


L' evesques me dis mal segon sa fellonia,

Et ieu li port ades honor e cortesia;

Mas s' ieu dir en volgues so qu' ieu dir en sabria,

El perdria l' evescat et ieu ma cortesia.


Le Dauphin d' Auvergne.


VII.


Mout mi plai quan vey dolenta

La malvada gent manenta

Qu' ab paratge mov contenta;

E m plai quan los vey desfar

De jorn en jorn vint o trenta,

E 'ls trop nutz ses vestimenta,

E van lur pan acaptar,

E s' ieu ment, m' amia m menta.


Vilas a costum de trueia,

Que de gent viure s' enueia;

E quant en gran ricor pueia,

L' aver lo fai folleiar;

Per que 'l deu hom la tremueia

Totas sazos tener vueia,

E 'l deu del sieu despensar,

E far sufrir vent e plueia.


Qui son vilan non aerma

En deslialtat lo ferma,

Per qu' es fols qui be no 'l merma,

Quan lo vetz sobrepuiar;

Quar vilas, pus si conferma

En tan ferm loc si referma,

De maleza non a par,

Que tot quan cossec aderma.


Ja vilan non deu hom planher,

Si 'l vetz bras o camba franher

Ni ren de sos ops sofranher,

Quar vilan, si dieus m' ampar,

A cel que pus li pot tanher,

Per planher ni per complanher,

Nuls hom no 'l deu ajudar,

Enans deu lo fag refranher.


Rassa, vilana tafura,

Plena d' enjan e d' uzura,

D' erguelh e de desmezura,

Lur faitz non pot hom durar,

Quar dieu geton a non cura

E leialtat e drechura,

Adam cuion contrafar;

Dieus lur don mal' aventura!


Bertrand de Born.


VIII.


Belh m' es quan vey camjar lo senhoratge,

E 'ls viels laisson als joves lurs maizos;

E quascus pot laissar en son linhatge

Aitans d' efans que l' us puesc' esser pros:

Adoncs m' es belh qu' el segle renovelh,

Mielhs que per flor, ni per chantar d' auzelh.

E qui dona ni senhor vol camjar

Vielh per jove ben deu renovelar.


Vielha la tenc dona pus capelaya,

Et es vielha quan cavalier non a;

Vielha la tenc si de dos drutz s' apaya,

Et es vielha si avols hom l' o fa;

Vielha la tenc s' ama dins son castelh,

Et es vielha mal' ha ops de fachelh;

Vielha la tenc pos l' ennueion juglar,

Et es vielha quan trop vuelha parlar.


Joves dona que sap honrar paratge,

Et es joves per bos fagz quan los fa;

Jove se te quant a adreg coratge

E vas bon pretz avol mestier non a;

Jove se te quan guarda son cors belh,

Et es joves dona quan be s capdelh;

Jove se te quan no y cal devinar,

Qu' ab belh jovent se guart de mal estar.


Joves es hom que lo sieu ben enguatge.

Et es joves quant es ben sofraitos;

Jove se te quan pro 'l costa ostatge,

Et es joves quan fa estraguat dos;

Jove se te quant art l' arqua e 'l vaixelh,

E fai estorn e vouta e sembelh;

Jove se te quan li plai domneiar,

Et es joves quan ben l' aman juglar.


Vielhs es ricx hom quan re no met en guatge, 

E li sobra blat e vis e bacos;

Per vielh lo tenc liura huous e formatge

A jorn carnal si e sos companhos,

Per vielh quan viest capa sobre mantelh,

E vielh si a caval qu' om sieu apelh;

Viels es quan vol un jorn en patz estar,

E vielhs si pot guandir ses baratar.


Mon sirventesc port e vielh e novelh, 

Arnaut juglar, a Richart qu' el capdelh, 

E ja thesaur vielh no vuelh' amassar, 

Qu' ab thesaur jove pot pretz guazanhar.


Bertrand de Born.


IX.


Guerra e trebalh vei et afan

Sofrir a mant baron truan;

Pauc m' es del dol e menz del dan,

Per que m vueilh alegrar chantan,

Quar ab joi vauc et ab joi pes,

E pensamens no m' enpacha,

Ni sabers no m fai sofracha

De far un novel sirventes.


Guerra m plai, sitot guerra m fan

Amors e ma domna tot l' an;

Quar per guerra vei trair' enan

Cortz e domnei, solatz e chan;

Guerra fai de vilan cortes,

Per que m plai guerra ben facha, 

E m plai quan la trega es fracha 

Dels Esterlins e dels Tornes.


Esterlins e Tornes camjan,

Tollen e meten e donan

Veirem de ill dui reis, ans d' un an,

Lo menz croi, segon mon semblan;

Pero 'l senhers coms, ducs, marques,

N' a ben sa pegnora tracha,

Mas metre lo fan per gaicha,

So dizon Gascon et Engles.


En breu veirem qual mais poiran

Sofrir lo maltrach e 'l mazan;

Mant caval bai e mant ferran

Veirem e mant elm e mant bran,

E mant colp ferir demanes,

Mant bratz, manta testa fracha,

Mant mur, manta tor desfacha,

Mant castel forsat et conques.


Ges non crei Frances ses deman

Tengan lo deseret que fan

A tort a mant baron presan;

Pero meravilha m don gran

Del seinhor dels Aragones,

Quar ab lor dan non destacha,

Pueis sai nos ades a pacha

Desmandat a coms, duc, marques.


Qui s vuelha n' aia mal o bes

O enpacha, o desenpacha,

O bratz rotz, o testa fracha,

Que tan m' es del mort com del pres.


Gay mi ten una bella res,

Avinens, joves, ben facha,

Et ai ab lei aital pacha

Com an Pisan ab Genoes.


Bertrand de Born.


X.


Quan lo dous temps d' abril

Fa 'ls arbres secs fulhar,

E 'ls auzelhs mutz cantar

Quascun en son lati,

Ben volgr' aver en mi

Poder de tal trobar,

Cum pogues castiar

Las domnas de falhir,

Que mal ni dan no m' en pogues venir.


Qu' ieu cugiey entre mil

Una lial trobar,

Tan cuiava sercar;

Totas an un trahi,

E fan o atressi

Col laire al bendar,

Que demanda son par

Per sas antas sofrir,

Per qu' el mazans totz sobre lui no s vir.


Tant an prim e subtil

Lur cor per enganar,

Qu' una non pot estar

Que sa par non gali;

Pueys s' en gab e s' en ri,

Quan la ve folleiar;

E qui d' autruy afar

Si sap tan gent formir,

Ben es semblans qu' el sieu sapch' enantir. 


E selha que del fil

A sos ops no pot far,

Ad autra en fai filar;

E ja peior mati

No us qual de mal vezi;

Que so qu' avetz plus car

Vos faran azirar,

E tal ren abelhir

Que de mil ans no vos poiretz jauzir.

Si las tenetz tan vil

Que las vulhatz blasmar,

Sempre us iran jurar,

Sobre las dens N Arpi,

Que so qu' om ditz que vi

No s fai a consirar;

E saubran vos pregar

Tan gent ab lur mentir

De lurs enjans nulhs hom no s pot guandir.


Qui en loc feminil

Cuia feutat trobar

Ben fai a castiar;

Qu' ieu dic qu' en loc cani

Vai ben sercar sai:

E qui vol comandar

Al milan ni baillar

Sos poletz per noyrir,

Ja us dels grans no m don pois per raustir.


Anc Rainartz d' Isengri

No s saup tan gent venjar,

Quan lo fetz escorjar,

E il det per escarnir

Capel e gans, com ieu fas quan m' azir.


Donas, pois castiar

No us voletz de falhir,

Amtas e dans vos n' aven a sufrir.


                                            Pierre de Bussignac.


XI.


Sirventes e chansos lais

E tot quan suelh far ni dire,

Que ja no 'n parlarai mais;

Quar des que fui natz,

Mi sui trebalhatz

Cum pogues mi dons defendre 

Dels manens malvatz;

Mas tot es niens,

Que l' aurs e l' argens,

El vis e 'l fromens

Fai ves si atraire

Dona de mal aire,

Que l' am e la bais,

E que 'l senhorey,

Sitot s' es de malvada ley.


Jamais feutres ni gambais,

Solatz, ni motz que fan rire,

Ni torneys, on hom s' eslais,

No seran prezatz,

Servitz ni honratz

Per elms ni per escutz fendre

Tals temps es tornatz!

Quar s' etz belhs e gens,

Larcx et avinens,

E non etz manens,

No vos valra gaire;

Q' us fals d' avol aire,

Vilas e putnais

Part vos non estey

Ab deniers que tenha e maney.


Era 'n faran colh e cais,

Si m vau josta lor assire,

Las falsas, cui dieus abais;

Et er me vedatz

Lo joys e 'l solatz,

Quar conosc e sai entendre

Las lurs malvestatz;

Pueys las avols gens

Diran entre dens

Qu' ieu sui mal dizens,

Et ieu, per mon paire,

Cuiava lur traire

Lo pel don lur nais

Malvestatz, e vey

Que per un lur en naisson trey.


Un pauc estan en bon plais,

Quan si podon escondire

Al prim que jovens las pais,

Tro qu' es aut montatz

Lur pretz ves totz latz,

Mas pueys lo fan bas deyssendre,

Qu' ab lur orretatz

En fan per totz sens

Lurs drutz conoyssens,

Per qu' ieu serai lens

De tornar al laire,

Si m' en puesc estraire;

Quar totz malvatz fais

Porta qui las crey,

E parec en la cub' al rey.


Ges ab donas no m' irais,

Ni ja negus no s cossire

Qu' ieu per lur mal dir engrais;

Mas tan suy iratz,

Quan vey lur beutatz

Lay, on no s' eschay, despendre,

Per qu' ay ajustatz

Aitals motz cozens

Que lur es grans sens

E castiamens,

Quar quant aug retraire

La foudatz ni braire,

Cove que s biais

E que no folley,

Ans fassa so que ben l' estey.


Mielhs mi vai qu' al rey

Ab que m melhur e non sordey.

Pierre de Bussignac.


XII.


Ar faray, sitot no m platz

Chantar verses ni chansos,

Sirventes en son joyos,

E sai qu' en seray blasmatz;

Mas del senhor suy servire

Que per nos suferc martir

Et en crotz deynhet morir,

Per qu' ieu no m tem de ver dire.


Quar vey qu' el temps s' es camjatz

E 'ls auzelletz de lurs sos;

E paratges que chai jos

E vilas coutz son prezatz,

Clercx e Frances cuy azire,

Qu' ieu per ver vey dregz delir

E merces e pretz veuzir;

Dieus m' en do so qu' ieu 'n dezire.


Tant es grans lur cobeytatz

Que dreytura n' es al jos,

Et enjans e tracios

Es dreitz per elhs apellatz,

Don pretz, dos, solatz e rire

Franh, e vezem car tenir

Los malvatz que ges servir

Non podon dieu ni ver dire.


Per qu' ieu suy al cor iratz,

Quar aissi s pert ad estros

Per sofracha d' omes bos

Aquest segle ves totz latz,

Qu' ieu vey qu' hom met en azire

Drechura per fals mentir,

E 'l tort ans qu' el drech escrir

E 'l mals enans qu' el bes dire.


Joglars, ben son desamatz

La flor dels valens baros

Cuy cortz, dompneyars e dos

Plazion joys e solatz;

Qu' er, si re als voletz dire,

Vos pessaran descarnir,

Quar ja no 'ls pot abellir,

Qu' aver aver lur tolh rire.


Lo valens coms, sens fench dire,

Mante pretz e s fa grazir

D' Astarac, e 'l platz servir

E donar e joy e rire.


Guillaume Anelier de Toulouse.


XIII.


Ara farai, no m puesc tener,

Un sirventes en est son gay,

Ab bos motz leus per retener,

Sitot chantar cum sol no m play;

Quar li ric son tan non chalen

Qu' el pretz ne perdon d' aquest mon,

Quar cobeytatz los vay vensen,

Don proeza s bayssa e s cofon.


Quar aras no ven a plazer

Joys ni deportz ni pretz veray,

Enans creys malvestatz per ver

E falsetatz contra ver vay,

E paratges pren aunimen

Per vilas coutz on totz be s fon,

Quar tan son ples de mal talen

Que tot bon fag de lor s' escon.


E qui vol de lor grat aver

Er ses merce ab cor savay,

E fara tot fach per aver

Sol que n' aya, que pueys n' er may

Honratz e tengutz per paren,

E sia vengutz no sai don;

Qu' er non es prezatz hom valen,

Si non a pro de que s' aon.


Mas us enfans cobra poder

Qu' es a paratge lums e ray,

Que ses elh no pogra valer

Ans er al bas per tos temps may,

Mas tant a pres gran honramen

De selhs de qui fetz planqua e pon,

Eychanple tal qu' ab cor temen

Son Frances, quar tan prop li son.


Don prec Ieshu Crist que poder

Li don e qu' el garde, si 'l play,

Que clercx no 'l puescon dan tener

Ab fals prezicx totz ples d' esglay,

Quar tant es grans lur trichamen

Qu' el fuecx enfernals plus preon

Ardran, quar volon tant argen

Qu' hom peccaire fan cast e mon.


A la gleiza falh son saber,

Quar vol los Frances metre lay

On non an dreg per nulh dever,

E gieton cristias a glay

Per lengatge sens cauzimen,

Quar volon lo segle redon;

Pero en camp clercx non aten,

Mas de perdon daran un mon.


Lo coms a laus de tota gen

D' Astarac, e s' espenh amon

Son pretz, et a en dar talen,

E flac cor ab luy no s' apon.


Guillaume Anelier de Toulouse.


XIV.


No m' agrad' iverns ni pascors,

Ni clar temps ni fuelhs de guarricx,

Quar mos enans me par destricx

E totz mos magers gaugz dolors;

E son maltrag tug mei lezer

E dezesperat mei esper;

E si m sol amors e dompneys

Tener guay plus que l' aigua 'l peys;

E pus d' amdui me sui partitz,

Cum hom eyssellatz e marritz,

Tot' autra vida m sembla mortz

E tot autre joy desconortz.


Pus d' amor m' es falhida 'l flors

E 'l dous frug e 'l gras e l' espicx,

Don jauzi' ab plazens predicx,

E pretz m' en sobrav' et honors,

E m fazia entr' els pros caber,

Era m fai d' aut en bas chazer;

E si no m sembles fols esfreys,

Anc flama tan tost non s' esteys

Qu' ieu for' esteyns e relenquitz

E perdutz en fagz et en digz,

Lo jorn que m venc lo desconortz

Que no m merma, cum que m' esfortz.


Pero no m comanda valors,

Si be m sui iratz et enicx,

Qu' ieu don gaug a mos enemicx

Tan qu' en oblit pretz ni lauzors;

Quar ben puesc dan e pro tener,

E sai d' irat jauzens parer

Sai entr' els Latis e 'ls Grezeis:

E 'l marques, que l' espaza m ceis,

Guerreye lai blancs e droguitz;

Et anc pus lo mons fo bastitz,

No fes nulha gens tan d' esfortz

Cum nos, quan dieus nos n' ac estortz.


Belhas armas, bos feridors,

Setges e calabres e picx,

E traucar murs nous et anticx,

E venser batalhas e tors

Vey et aug, e non puesc vezer

Ren que m puesc' ad amor valer;

E vauc sercan ab rics arneys

Guerras e coytas e torneys,

Don sui, conquerenz, enrequitz;

E pus joys d' amor m' es falhitz,

Totz lo mons me par sol uns ortz,

E mos chans no m' es mais conortz.

Lo Marques vey honrat e sors

E Campanes, e 'l coms Enricx,

Sicar, Montos e Salanicx,

E Costantinople socors,

Quar gent sabon camp retener,

E pot hom ben proar en ver;

Qu' ancmais nulha gent non ateys

Aitan gran honor apareys

Per bos vassals, valens, arditz,

E nostr' emperi conqueritz;

E dieus trameta nos esfortz

Qu' elh se trai' a cap nostre sortz.


Anc Alixandres no fetz cors,

Ni Karles ni 'l reys Lodoycx

Tant honrat; ni 'l coms N Aimericx,

Ni Rotlan ab sos ponhedors,

No saubron tan gen conquerer

Tan ric emperi per poder

Cum nos, don pueia nostra leys;

Qu' emperadors e ducx e reys

Avem fagz, e castels garnitz

Pres dels Turcx e dels Arabitz;

Et ubertz los camis e 'ls portz

De Brandis tro al bratz Sanh Jortz.


Doncs que m val conquitz ni ricors?

Qu' ieu ja m tenia per plus ricx,

Quant era amatz e fis amicx,

E m payssia cortes' amors;

N' amava mais un sol plazer

Que sai gran terr' e gran aver;

Qu' ades on plus mos poders creys,

N' ai maior ir' ab me mezeis;

Pus mos Belhs Cavaliers grazitz

E joys m' es lunhatz e faiditz,

Don no m venra jamais conortz;

Per qu' es mager l' ira e plus fortz.


Belhs dous Engles, francx et arditz,

Cortes, essenhatz, essernitz,

Vos etz de totz mos gaugz conortz,

E quar viu ses vos fatz esfortz.


Per vos er Damas envazitz

E Jerusalem conqueritz,

E 'l regnes de Suria estortz,

Qu' els Turcx o trobon en lur sortz.


Los pelegris perjurs faiditz,

Que nos an sai en camp gequitz,

Qui los manten en cort es tortz;

Que quascus val meins vius que mortz.


Rambaud de Vaqueiras.


XV.


D' un sirventes a far ai gran talen,

E farai lo, si dieus me benezia,

Quar tot lo mon vey tornar en nien,

Que negus hom l' us en l' autre no s fia;

Ans si m sirvetz, vos farai ab falsia

Tro que us aya fach lo vostre perden,

Et aissi a gran desconoissemen,

Per que ns dona dieus gran mal quascun dia,

E de tot be frachura e carestia.


De la gleysa vos dic primeiramen

Que y corr engans, e far non o deuria,

Quar cobeitatz la lassa e la pren,

Que per deniers perdonon que que sia;

E prezicon la gens la nueg e 'l dia

Que non aion enveya ni talen

De nulha ren, mas ges elhs non an sen,

E devedon renou e raubaria,

Et elhs fan lo, e d' elhs pren hom la via.


A legistas vey far gran falhimen,

E corr entr' elhs grans bautucx e bauzia,

Quar tot bon dreg fan tornar a nien,

E fan tener de tort la dreyta via,

Et en aissi dampno l' arma e la via;

Per que n' iran trastug a perdemen

Ins en yfern, e sofriran turmen

E greu dolor e peior malautia,

En escurdat, ab fera companhia.


En totz mestiers vey far galiamen

Sol que y corra nulha mercadaria,

Quar messorguier son compran e venden,

E ses mentir negus hom no us vendria;


E gieton dieu e la verge Maria

En messorgas per cobeitat d' argen.

Ailas! caytiu, quo no son conoyssen

Que als deniers donon tal senhoria

Que perdon dieu qu' els ten totz en bailia.


Ar vey lo mon mal e desconoyssen

E senes fe e de tot avol guia,

Quar hom paupres non troba ab manen

Nulh' amistat, si gazanh no y vezia;

E doncx aisselh que ns a formatz e ns cria,

E sofri mort oltra son mandamen,

Faym quascun jorn, e faym dieu de l' argen, 

E per deniers lo meten en oblia,

Et a la fin negus non porta mia.


Ancmais non ayc coratge ni talen

De repentir, mas aras si podia,

Quar quascun jorn propcham del fenimen,

Per que quascus cofessar si deuria,

Quar gran signe en vi antan un dia,

Que ploc terra e sanc verayamen;

Per so degram aver bon pessamen,

E que valgues a son par qui podia,

Et en aissi quascus s' emendaria.


A mon Azaut vai corren e ten via

Mo sirventes, quar es flors de joven,

E sobre totz yssaussa son pretz gen

E sa valor e sa gaya paria,

Et agradans es en tot luec on sia.


Pons de Teza, dieu prec que us benezia, 

Quar a totz etz de belh aculimen,

E quascun jorn creyssetz vostr' onramen, 

Per qu' ieu me suy mes en vostra bailia, 

Quar bona fi fai qui ab bon arbre s lia.


Pons de la Garde.


XVI.


De nuilla ren non es tan grans cardatz

Cum d' omes pros, e car n' es carestia,

Fai n' a plaigner uns pros qan se cambia;

Et eu dic lo pel vescomt de Burlatz,

C' auzit ai dir q' es de bon pretz camjatz,

Car no il platz jes aitan cum sol valors;

Eu non dic jes per so q' a mal so tenga,

Enanz o fatz per respeig que reveigna;

Que vida es anta e desonors

Qui non a pretz segon q' es sa ricors.


Que hom non es tan pros ni tan prezatz

Que non aia blasme de cui que sia;

E si us fols li ditz mal per follia,

Jes per aisso no s tenga per blasmatz,

Enanz s' en deu tener per ben lauzatz,

Que blasmes es del fol al pro lauzors;

Per qu' eu li prec que mon conseill reteigna, 

E cum se sol captener se capteigna,

E laisse dir als nescis lor follors,

Que ill conoissen en diran pro d' onors.


Qu' ieu ai auzit mal dire d' En Blacatz,

Que per aisso non i s refrenet un dia,

E d' En Raimon Agout que tan valia,

E del marques de cui fon Monferratz;

Que per aisso non semblet nuills iratz,

Ni non tolgron benfaig a cantadors.

Pauc vos ama, vescoms, qui us enseigna

Que de ben far hi de pretz no us soveigna;

Leu aura fait vostre fins pres son cors,

Si non avetz amics e lauzadors.


De las domnas mi platz be lur honors

De Caherci, e voill mal als seignors.


Cadenet.

XVII.


Tans ricx clergues vey trasgitar

En aissi col trasgitaire,

Que 'l filha c' an de comayre

Fan lur nepta al maridar;

Et atruep ne d' autres fols vers

Que an tan d' ipocrisia,

C' om non conoys lor bauzia 

Ni l' enjans don lor ven l' avers.


Falses clergue, e cals devers

Es fassas tan gran folia,

E qu' el be mostres tot dia?

Es be fols doncx vostres volers!

Bos pastres non deu hom preyar

Sas fedas per nulh afaire;

E que vos o vulhatz faire

Qu' es pastor, fariatz a cremar.


Qui ben vol de dieu prezicar

Non deu esser fols ventayre,

Car fols es lo prezicayre

Que ben ditz, e vuelha mal far;

E fols si no 'l destrenh temers,

E fols qui s fenh que bos sia,

E fols sel que dieus oblia,

E fols qui sec sos vas plazers


On que s' an lo devis poders

Sap cal clercx fai bona via,

E sap be la tricharia

Dels fals ples de totz mals sabers;

E sap com per otracuiar

An portels tras lor repaire,

Per on intran li cofraire

Vergonhos, can van cofessar.


Lo mal qu' ilh fan deu hom blasmar

E 'l ben grazir e retraire:

Ufana non lor play gayre,

Que aisso lor puesc ieu lauzar,

Ni ricx manjars ni ricx jazers,

Ni erguelh ni feunia;

Mas empero tota via

Fan so c' a dieu es desplazers.


A sel hom cui es fis pretz vers,

Sirventes, e cortezia,

Al mieu car senhor t' envia

Dir qu' ie 'l prec que s gar de fals clercx;


E qu' ieu soi sieus ses bauzia

Per far e dir totz sos plazers.


Bertrand Carbonel.


XVIII.


Per espassar l' ira e la dolor

C' ay dins mon cor, e per cofizamen

C' ay bon en dieu, fas lo comensamen 

D' un sirventes contra la gran folor 

Que fals clergue fan sotz bela semblansa; 

Qu' ilh dizon be, mas en vey ses doptansa 

Qu' ilh fan tot mal, don yeu ay dolor gran, 

Car sel que vai la lei de dieu mostran, 

Degra ben far, e seguir drech semdier; 

Mas cobeitat fay home messongier.


Laia cauza es tengud' al doctor,

So dis Catos, can nescis lo repren;

E qui mais val mais fay de falhimen,

Can falh en res, que us hom ses valor:

Qui prezica c' ayam en dieu fiansa,

E fassam be per la su' amistansa,

Sertas ben dis; mas lo repres deman

Qu' o dis per que fai nulh fach malestan;

Que honestat non porta costalier,

Ni fier ni franh ni fay fach de murtrier.


Ai! fals clergue, messongier, traidor,

Perjur, lairo, putanier, descrezen,

Tant faitz de mals cascun jorn a prezen

Que tot lo mon avetz mes en error:

Anc Sans Peyre non tenc captal en Fransa,

Ni fes renou, ans tenc drech la balansa

De liautat; no faitz vos pas senblan,

Que per argen anatz a tort vedan,

Pueys n' absolvetz, pueys no datz empachier, 

Pueys ses argen no y trob om deslieurier.


Non crezantz pas silh fol entendedor

Blasme totz clercx, mas los fals solamen;

Ni d' autra part no vazan entenden

C' aiso digua per doptansa de lor:

Mais que m plagra fezessan acordansa

Dels reys que an guerr' e desacordansa,

Si c' otra mar passessan est autr' an,

E 'l Pap' ab els; e lay fezesson tan

Que crestiantat s' en dones alegrier;

E valgra may, qu' encar son sa guerrier.


Ar es ben dretz, pus ieu n' ai dich blasmor,

Qu' el be qu' els fan laus e vaza dizen;

Drap de color e vaysela d' argen

Refudan tot per dieu nostre senhor:

Aissi 'ls gart dieus de mal e de pezansa

Com els non an ni erguelh ni bobansa,

Ni riquezas no van cobezeian,

Ni joc d' amor, mas autre dieu non an:

Adonc mostran can veian, qu' en l' armier

S' en vay l' arma e la carn el carnier.


Al pus privat Proensal, ses doptansa,

Que huey viva e de mais d' alegransa

Vay, sirventes, a sel on car lay van

Miey sirventes, dir qu' el pres qu' entr' enan

Sosten, qu' el gart de fals clercx, car leugier

Son a mal far e fals e messongier.


Bertrand Carbonel.


XIX.


Joan Fabre, yeu ai fach un deman

A ton fraire, et a m' en bel espos.

G**, dis ieu, per que es fabre vos?

E respondec: Car ieu vau fabregan

D' aquel mestier que hom a, cal que sia,

O d' aquel art lo vay lo mons seguen,

C' aysi n' a faitz dretz adhordenamen.


Doncx qui foudat fay per aital semblan

Dic ieu qu' es fols, c' aisi 'l jutja razos;

Et es tracher sel que fay trassios;

Et es layres aysel que vay emblan:

Qui malvestat fay nulhs hom non poiria

Tolre lo nom del malvat sertamen,

Per que fay bon renhar adrechamen.


Per tu, Joan, que vey anar obran

Malvayzamen, soi per sert cossiros;

S' ieu dizia que savis iest e pros,

Mon cor dira: Bertran, tu vas faulan,

Que anc nulh homs mays no fetz de fulia

Ni d' avoleza que Joans vay fazen

En son alberc, prezen de tota gen.


Qu' ab ta molher et ab tu va s colcan

E manj' e beu la femna d' un gibos;

Tos temps devetz esser fort doloiros,

Caitieu, dolens de ta folia gran.

A joc de datz o en bordelairia

Te troba hom, cant hom te vay queren,

Joan, per sert, mens vales de nien.


Totz hom savis garda per adzenan;

Doncx veyas y, e cals es tos ressos,

E 'l mal c' adutz fol' e vils messios,

On non yray mon sirventes selan,

Ans lo volray ensenhar cascun dia

A tot home per so c' an retrazen

La malvestat del teu cor recrezen.


Joan, car ieu t' ay amat ses bauzia,

E t' am encars, te vau aiso dizen,

C' amicx non es qui non o fay parven.


Bertrand Carbonel.


XX.


Messonget, un sirventes

M' as quist, e donar l' o t' ay

Al pus tost que ieu poyrai

El son d' En Arnaut Plagues;

Que autr' aver no t daria,

Que non l' ay; ni s' ieu l' avia,

Non t' en seria amicx,

Que s' era de mil marcx ricx,

D' un denier no t' en valria.


Qu' en tu non es nulha res

De so qu' a joglar s' eschai,

Que tos chans no val ni play,

Ni tos fols ditz non es res;

E croya es ta folia,

E paubra ta joglaria

Tan que si no fos N Albricx

El marques que es tos dicx,

Nulhs hom no t' alberguaria.


Mas d' una res t' es ben pres 

Que d' aisso, qu' aras pus play, 

As pus qu' anc non aguist may 

Follia e nescies;

E si negus hom que sia 

De ta folhor te castia,

Tu non creiras sos casticx,

Quar per folhor t' es abricx

Tal que per sen no t valria.


Per tu blasmon lo marques

Li croy joglar e 'l savay,

Per lo ben que elh te fay;

Per qu' ieu vuelh qu' en Verones

Al comte tenhas la via;

Mal dig, que mais li valria

Us braus balestiers enicx

Que traisses als enemicx

Que s' ieu tu li trametia.


Hugues de Saint-Cyr.


XX.


Per solatz revelhar,

Quar es trop endormitz,

E per pretz qu' es fayditz

Aculhir e tornar,

Mi cuyei trebalhar;

Mas er m' en sui giquitz,

Per so quar sui falhitz,

Quar non es d' acabar;

Cum plus m' en ven voluntatz e talans, 

Plus creys de lai lo dampnatges e 'l dans.


Greu es a sofertar,

A vos o dic, qu' auzitz

Cum era jois grazitz

E tug li benestar,

Hueymais podetz jurar,

Que ja de fust no vitz

Ni vilas miels formitz

Estra grat cavalgar:

Lagz es l' afars e greus e malestans

Don hom pert dieu e reman malanans.


Ieu vi torneis mandar

E segre gens garnitz,

E pueys dels miels feritz

Una sazo parlar;

Ar es pretz de raubar

Buous, motos e berbitz;

Cavaliers si' aunitz

Que s met a domneiar,

Pus que toca dels mans motos belans,

Ni que rauba gleizas ni viandans.


On son gandit joglar

Qu' ieu vi gent aculhitz,

Qu' a tal mestier fo guitz

Que solia guidar?

E vey senes reptar

Anar tals escarits,

Pus fon bos pretz failhitz

Que solia menar

De companhos, e no sai dire quans,

Gent en arneis e bels e benestans.


E vi per cortz anar

De joglaretz petitz

Gen caussatz e vestitz,

Sol per domnas lauzar;

Ar non auzon parlar,

Tant es bos pretz delitz,

Dont es lo tortz issitz

De las mal razonar.

Diatz de quals d' elhas o d' els amans,

Ieu dic de totz, qu' el pretz n' a trag enjans.


Qu' ieu eys que suel sonar

Totz pros hom issernitz,

Estauc tant esbaitz

Que no m sai cosselhar,

Qu' en luec de solassar

Aug en las cortz los critz,

Qu' aitan leu s' es grazitz

De lans e de bramar

Lo comtes entre lor cum us bos chans 

Dels ricx afars e dels temps e dels ans.


Mas a cor afrancar,

Que s' es trop endurzitz,

Non deu hom los oblitz

Ni 'ls viels faitz remembrar,

Que mal es a laissar

Afar pus es plevitz,

E 'l mal don sui guaritz

No m qual ja mezinar,

Mas so qu' om ve, volv e vir en balans,

E prenda e lais e forss' e dams los pans.


D' aitan me puesc vanar

Qu' anc mos ostaus petitz

No fon d' els envazitz;

Sels cui aug totz duptar

Anc no fetz mas honrar

Los volpils mal arditz;

Doncs mos senher chauzitz

Si deuria pensar

Que non l' es ges pretz ni laus ni bobans 

Qu' ieu que m laus d' el sia de lui clamans.


Eras non plus per que no m' o demans,

Que blasmes er, si vau d' aissi clamans,

So di 'l Dalphins que conois los bons chans.


Giraud de Borneil.


XXI.


Pus chai la fuelha del garric

Farai un guai sonet novelh,

Que trametrai part Mongibel

Al marques qu' el sobrenom gic

De Monferrat, e pren selh de sa maire,

Et a laissat so que conquis son paire;

Mal resembla lo filh Robert Guiscart

Qu' Antiocha conques e Mongizart.


Marques, li monges de Clunhic

Vuelh que fasson de vos capdel,

O siatz abbas de Cystelh,

Pus lo cor avetz tan mendic,

Que mais amatz dos buous et un araire

A Monferrat qu' alhors estr' emperaire;

Ben pot hom dir qu' ancmais filhs de lhaupart 

No s mes en crotz a guiza de raynart.


Gran gaug agron tug vostr' amic

Quant agues laissada la pel

Don folretz la capa e 'l mantelh;

Quar tug cuideron estre ric

Silh que per vos son liurat a maltraire,

Que son tondut et an paor del raire:

Quascus aten socors de vostra part;

Si no y venetz, qui dol y a, si 'l guart.


Marques, li baron vair' e pic

An contra cel trait un cairel

Que lor tornara sus capel;

E de l' emperador Enric

Vos dic aitan que ben sembla 'l rey Daire

Que sos baros gitet de lor repaire,

Dont elh ac pueys de morir gran reguart; 

Mas mantas vetz qui s cuida calfar s' art.


Lo regisme de Salonic,

Ses peirier e ses manguanel,

Pogratz aver, e man castel

D' autres, qu' ieu no mentau ni dic;

Per dieu, marques, Rotlan dis e sos fraire,

E Guis marques e Rainaut lur cofraire,

Flamenc, Frances, Burgonhos e Lombart

Van tug dizen que vos semblatz bastart.


Vostr' ancessor, so aug dir e retraire,

Foron tug pros, mas vos non soven guaire;

Si 'l revenir non prendetz geynh et art, 

De vostr' onor perdretz lo tertz e 'l quart.


Elias Cairels.


XXII.


Belha m' es la flors d' aguilen,

Quant aug del fin joy la doussor

Que fan l' auzelh novelhamen

Pel temps qu' es tornat en verdor,

E son de flors cubert li reynh

Gruec e vermelh e vert e blau.


De molherat ges no m' es gen

Que s fasson drut ni amador,

Qu' ab las autruis van aprenden

Engienhs ab que gardon las lor;

Mas selh per que hom las destrenh

Port' al braguier la contraclau.


Vilas cortes hi eis de son sen,

E molherat dompneiador,

E l' azes quan brama eyssamen

Cum fai lebriers ab son senhor,

Mas ieu no cre pros dompna denh

Far drut molherat gelos brau.


Molherat fan captenemen

De veziat enguanador,

Que l' autruy pan guasta e despen, 

E l' sieu met en luec salvador,

Mas selh a cuy grans fams en prenh

Manja lo pan que non l' abau.

Maritz que marit vay sufren

Deu tastar d' atretal sabor,

Que car deu comprar qui car ven;

E 'l gelos met li guardador,

Pueys li laissa sa molher prenh

D' un Girbaudo filh de Girbau.


D' aqui naisson li recrezen,

Q' us non ama pretz ni valor:

Ai! cum an abaissat joven

E tornat en tan gran error!

Sest ama l' aver e l' estrenh,

Li folh e 'l gars son naturau.


Sancta Maria, en Orien

Guiza 'l rey e l' emperador,

E faitz lor far ab la lor gen

Lo servizi nostre senhor,

Que 'lh Turc conosco l' entressenh

Que dieus pres per nos mort carnau.


Aissi vay lo vers definen,

Et ieu que no 'l puesc far lonjor,

Qu' el mals mi ten e lo turmen

Que m' a mes en tan gran languor,

Qu' ieu no suy drutz, ni drutz no m fenh, 

Ni nulhs joys d' amor no m' esjau.


Dieus, que nasques en Betlehen,

Tu los capdela e 'ls acor,

Que per lo nostre salvamen

Prezes en cros mort e dolor;

Vers dieus, vers hom, vai m' accoren,

Trinus unus n' aor e 'n lau.


Non er mais drutz, ni drutz no s fenh

Los pitars, ni joys non l' esjau.


Pierre d' Auvergne.


XXIII.


Chantarai d' aquetz trobadors

Que chantan de manhtas colors;

El sordeyor cuida dir gen,

Mas a chantar lor er alhors;

Qu' entremetre n' aug cent pastors

Q' us no sap que i s monta o i s dissen.


D' aisso m' er mal Peire Rogiers,

Per que n' er encolpatz premiers,

Quar chanta d' amor a presen;

E covengra 'l mielhs un sautiers

En la gleisa, o us candeliers

Portar ab gran candela arden.


El segonz Guirautz de Bornelh,

Que sembla drap sec al solelh

Ab son magre chantar dolen

Qu' es chans de vielha portaselh;

E si s mirava en espelh,

No s prezaria un aguilen.


El tertz Bernatz del Ventadorn

Qu' es menres d' En Bornelh un dorn;

Mas en son paire ac bon sirven

Per trair' ab arc manal d' alborn;

E sa maire calfava 'l forn,

Et amassava l' issermen.


El quartz de Briva 'l Lemozis,

Us joglaretz pus prezentis

Que sia tro en Benaven;

E semblaria us pelegris

Malautes, quan chanta 'l mesquis,

Qu' a pauc pietatz no m' en pren.


En Guillems de Ribas lo quins

Qu' es malvatz defors e dedins,

E dis totz sos vers raucamen;

Per qu' ieu non pres ren sos retins, 

Qu' atrestan s' en faria us chins;

E dels huelhs sembla vout d' argen.


El seizes N Elias Gausmars

Qu' es cavayers e s fai joglars;

E fai o mal qui lo y cossen

Ni 'l dona vestirs belhs ni cars,

Qu' aitan valria 'ls agues ars

Qu' en joglaritz, s' en son ja cen.


E Peire Bermon se baysset,

Pus qu' el coms de Toloza 'l det,

Qu' anc no soanet d' avinen;

Per que fon cortes qui 'l raubet,

E fe o mal, quar no 'l talhet

Aquo que hom porta penden.


L' ochen es Bernatz de Sayssac 

Qu' anc negun bon mestier non ac 

Mas d' anar menutz dons queren; 

Que despueys no 'l prezei un brac 

Pus a 'N Bertran de Cardalhac 

Queri un mantelh suzolen.


El noves es En Raymbautz

Que s fai per son trobar trop bautz;

Mas ieu lo torni a nien,

Que non es alegres ni cautz;

Et ieu pres trop mais los pipautz

Que van las almornas queren.


En Ebles de Sancha 'l dezes

A cuy anc d' amor non venc bes,

Sitot se canta de Coyden;

Vilanetz es e fals pages,

E ditz hom que per dos poges

Sai si logua e lai si ven.


E l' onzes Guossalbo Rozitz

Que s fai de son chan trop formitz,

Tan qu' en cavallairia s fen;

Et anc no fon tan ben guarnitz

Que per elh fos dos colps feritz,

Si doncs no 'l trobet en fugen.


El dozes us petitz Lombartz

Que clama sos vezins coartz,

Mas elh es d' aquelh eys parven;

Per q' us sonetz fai gualiartz

Ab motz amaribotz bastartz;

E luy apellon Cossezen.


Peire d' Alvernhe a tal votz

Que chanta cum granolh' en potz,

E lauza s trop a tota gen;

Pero maiestres es de totz

Ab q' un pauc esclarzis sos motz,

Qu' a penas nulhs hom los enten.


Lo vers fo faitz als enflabotz

A Poivert tot jogan, rizen.


Pierre d' Auvergne.


XXIV.


Pus mos coratge s' esclarzis

Per selh joy dont ieu suy jauzens,

E vey qu' amors part e chauzis,

Per qu' ieu n' esper estrenamens,

Ben dey tot mon chant esmerar,

Qu' om re no mi puesca falsar,

Que per pauc es hom desmentitz.


Selh en cui sest' amors cauzis

Joves, cortes e sapiens,

E selh cui refuda delis

E met a totz destruzemens;

Quar qui fin' amor vol blasmar

Elha 'l fai si en folh muzar

Que per art cuida esser peritz.


So son fals jutges raubador,

Fals molheratz e jurador,

Homicidi e lauzengier,

Lengu' a loguat, creba mostier,

Et aissellas putas ardens

Qui son d' autrui maritz cossens; 

Cyst auran guazanh ifernau.

Homicidi e traidor,

Simoniaix, encantador,

Luxurios e renovier

Que vivon d' enoios mestier,

E cill que fan faitilhamens,

E las faitileiras pudens

Seran el fuec arden engau.


Ebriaicx et escogossatz,

Fals preveires e fals abatz,

Falsas reclusas, fals reclus

Lai penaran, dis Marcabrus,

Que tuit li fals y an luec pres,

Car fin' amors o a promes,

Lai er dols dels dezesperatz.


Ay! fin' amors, fons de bontatz,

Quar tot lo mon enlumenatz,

Merce ti clam, lai no m' acus

Em defendas, qu' ieu lai non us,

Qu' en totz luecx me tenh per ton pres,

Per ton lairon en totas res;

Per tu esper estre guidatz.


Mon cor per aquest vers destrenh,

Quar mi plus qu' els autres reprenh,

Que qui autrui vol encolpar

Dregs es que si sacha guardar

Que no sia dels crims techitz

De que lieys encolpa e ditz,

Pueis poira segur castiar.


Pero si er asatz cauzitz

Sel que ben sap dire e 'l ditz,

Que pot si se vol remembrar.


Marcabrus.


XXV.


Auiatz de chan com enans se meillura,

E Marcabrus, segon s' entensa pura,

Sap la razo e 'l vers lassar e faire,

Si que autr' om no l' en pot un mot traire.


Pero sospir, quar mouta gens abura

De malvestat, c' ades creis e peiura,

C' aquist baro an comensat estraire,

E passat per un pertuis de taraire.


Li sordeior an del dar l' aventura,

E li meillor badon ves la penchura;

La retraissos fai trist e sospiraire,

C' a rebuzos fant li ric lur affaire.


No i a conort en joven mas trop surra,

Ni contra mort ressort ni cobertura;

Qu' ist acrupit l' an gitat de son aire

E de cami per colpa de la maire.


Qui per aver per vergonh' e mezura,

E giet honor e valor a non cura,

Segon faisson es del semblan confraire

A l' erisson et al goz et al laire.


Proeza franh e avoleza mura,

E no vol joi cuillir dins sa clauzura;

Dreitz ni razo no i vei mais tener guaire,

Quan per aver es un gartz emperaire.


Coms de Peiteus, vostre pretz s' asegura

Et a 'N Anfos de sai, si gaire ill dura,

Lai Avignon e Proensa e Belcaire

De meils per sieu no fes Tolzan son paire.


S' aquest N' Anfos far contenensa pura,

Ni envas mi fai semblan de frachura,

Sai vas Leo en sai un de bon aire,

Franc de sazo, cortes e larc donaire.


De malvestat los gart sanct' escriptura,

Que no lur fassa c' a floquet ni peintura

Sel qu' es e fo regom, recx e salvaire;

La sospeiso del rei 'n Anfos m' esclaire.


Marcabrus.


XXVI.


Belh m' es quan vey pels vergiers e pels pratz

Tendas e traps, e vey cavals armatz,

E vey talar ortz e vinhas e blatz,

E vey gienhs traire, e murs enderrocatz,

Et aug trompas e grans colps dels nafratz,

E mal lur grat meto 'ls en las postatz;

Aital guerra m' agrada mais que patz,

Non tals treguas ont hom si' enganatz.


Tot aisso dic per l' Enfant d' Arago;

E deu aver nom Enfant per razo,

Quar leu s' ave qu' enfans fa fallizo,

Et elh falhi quant aucis son baro

Raymon Guillem, qu' anc treguas no 'l tenc pro,

Ni en sa cort jutjamens datz no 'l fo;

Per que totz selhs a cuy elh treguas do

Devon duptar aquelh enfant fello.


Treguas trencar escien esta lag

E quant a fe no s' emenda 'l forfag;

Per que l' enfant a fag un sol assag,

Qu' ab un mal sag qu' als Catalas a fag,

E dizon tug qu' om de selhs treguas gag,

E qu' el son cors y fo mes en fol plag;

Qu' a filh de rey esta mal atrazag,

Quant ampara nulh offici de sag.


En aissi par qu' el sag no fon certas,

Quar n' a lauzor d' aul gent e de vilas

E gran blasme de totz los sobiras;

E si d' est sag no s clamon Catalas,

Hom los tenra totz per flacx e per vas,

E plus suffrens que negus hermitas;

E meta hi quascus per si sas mas,

Ostenra pus que rabia de cas.


Al vescomte de Cardona despley

Mon sirventes, ans que alhors desrey,

Que mai vol pretz que laire pres mercey,

Quar en valor se banha, don ieu crey

Que pro a pretz, qui s vuelha so plaidey,

Tot vescomte qui n' a egal d' un rey.


A gran poestat esta mal, fe que us dey, 

Que trenc treguas ni que tan lag desrey,

Quar de guerra no s pot honrar lo rey,

Trencan treguas, o vol tornar so crey.


Bernard de Rovenac.

XXVII.


No m laissarai per paor

C' un sirventes non labor

En servizi dels fals clergatz;

E quant sera laboratz,

Conoisseran li plusor

L' engan e la fellonia

Que mov de falsa clerzia;

Que lai on an mais forsa ni poder

Fan plus de mal e plus de desplazer.


Aquist fals prezicador

An mes lo segl' en error,

Qu' il fan los mortals peccatz:

Pois cill cui an prezicatz

Fan so que ven far a lor,

E tuit segon orba via;

Doncs si l' uns orbs l' autre guia,

Non van amdui en la fossa cazer?

Si fan, so dis dieus, qu' ie 'n sai ben lo ver.


Vers es que notre pastor

Son tornat lop raubador,

Qu' il rauban deves totz latz,

E mostran semblan de patz,

E confortan ab doussor

Los oveillas noit e dia,

Pois quant las an en bailia

Et ill las fan morir e dechazer

Ist fals pastor, don eu m' en desesper.


Pois fan autre desonor

Al segle, et a dieu maior;

Que s' uns d' els ab femna jatz,

Lendeman tot orrejatz

Tenra 'l cors notre seignor;

Et es mortals eretgia,

Que nuls preire no deuria

Ab sa putan orrejar aquel ser

Que lendeman deia 'l cors dieu tener.


E si vos en faitz clamor,

Seran vos encusador,

E seretz n' escumeniatz;

Ni, s' aver non lor donatz,

Ab els non auretz amor

Ni amistat ni paria.

Vergena, sancta Maria,

Domna, si us platz, laissatz me 'l jorn vezer 

Qu' els puosca pauc doptar e mens temer!


Vai sirventes, ten ta via,

E di m' a falsa clerzia

Qu' aicel es mortz qui s met en son poder; 

Qu' a Tolosa en sab hom ben lo ver.


Guillaume Figueiras.


XXVIII.


Sirventes vuelh far

En est son que m' agensa,

No 'l vuelh plus tarzar

Ni far longu' atendensa,

E sai, ses duptar,

Qu' en aurai malvolensa,

Car fauc sirventes

Dels fals d' enjans ples,

De Roma que es

Caps de la dechasensa

On dechai totz bes.


No m meravilh ges,

Roma, si la gens erra,

Qu' el segl' avetz mes

En trebalh et en guerra,

Car pretz e merces

Mor per vos e sosterra:

Roma enganairitz,

Qu' etz de totz mals guitz

E sims e razitz;

Lo bon reys d' Anglaterra

Fon per vos trahitz.


Roma trichairitz,

Cobeitatz vos engana,

Qu' a vostras berbitz

Tondetz trop la lana;

Mas sayns Esperitz

Que receup carn humana

Entenda mos precx,

E franha tos becx,

Roma, e no m' en precx, 

Quar yest falsa e trefana 

Vas nos e vas Grecx.


Rom', als homes pecx

Rozetz la carn e l' ossa,

E guidatz los secx

Ab vos ins en la fossa;

Trop passatz los decx

De dieu, quar es tan grossa

Vostra cobeitatz,

Quar vos perdonatz

Per deniers peccatz; 

De trop mala trasdossa,

Roma, vos cargatz.


Roma, be sapchatz

Que vostr' avols barata

E vostra foldatz

Fetz perdre Damiata.

Malamen renhatz,

Roma, dieus vos abata

En dechazemen,

Quar tan falsamen

Renhatz per argen;

Roma, de mal' escata

Es ab fals coven.


Roma, veramen

Sabem senes duptansa

Qu' ab gualiamen

De falsa perdonansa

Liuretz a turmen

Lo barnatge de Fransa,

La gent de Paris;

E 'l bon rey Loys

Per vos fon aucis,

Qu' ab falsa prezicansa

'L gitetz del pays.


Rom', als Sarrazis 

Faitz petit de dampnatge,

Mas Grecx e Latis 

Geratz a carnalatge: 

Ins el foc d' abis,

Roma, avetz vostr' estatge

E 'n perdicio;

Mas ja dieus no m do,

Roma, del perdo

Ni del pellegrinatge

Que fetz d' Avinho.


Roma, ses razo

Avetz manta gent morta,

E ges no m sap bo

Quar tenetz via torta,

Qu' a salvatio,

Roma, serratz la porta;

Per qu' a mal govern

D' estiu e d' ivern

Qui sec vostr' estern,

Qu' el diables l' enporta

Ins el foc d' ifern.


Roma, ben dessern

Los mals qu' om ne pot dire,

Quar faitz per esquern

Dels crestias martire;

Mas en qual cazern

Trobatz qu' om dey' aucire,

Roma, 'ls crestias?

Vers dieus e vers pas

E vers cotidias

Me don so qu' ieu dezire

Vezer dels Romas.


Roma, vers es plas

Que trop etz angoissoza

Dels prezicx trefas

Que faitz sobre Toloza;

Lag rozetz las mas

A ley de cer rabioza

Als paucs et als grans:

Mas si 'l coms prezans

Viu encar dos ans,

Fransa n' er doloirosa

Dels vostres enjans.


Roma, tant es grans 

La vostra forfaitura, 

Que dieus e sos sans 

En gitatz a non cura, 

Tant etz mal renhans, 

Roma falsa e tafura;

Per qu' en vos s' escon 

E s baissa es cofon 

L' enguan d' aquest mon, 

Tant faitz gran desmezura 

Al comte Ramon!


Roma, dieus l' aon, 

E 'l don poder e forsa

Al comte que ton

Los Frances e 'ls escorsa,

E 'ls pen e 'n fai pon,

Quant ab luy fan comorsa;

Et a mi plai fort,

Roma, dieus recort

Li vostre gran tort,

Si 'l plai, qu' el coms n' estorsa 

De vos e de mort.


Roma, be m conort,

Qu' abans que trigue guaire

Venretz a mal port,

Si l' adreitz emperaire

Endressa sa sort,

E fai so que deu faire:

Roma, ieu dic ver,

Que vostre poder

Veyretz dechazer,

E dieus, del mon salvaire,

Lais m' o tost vezer!


Roma, per aver 

Faitz manta fellonia, 

E mant desplazer, 

E manta vilania;

Tan voletz aver

Del mon la senhoria,

Que res non temetz

Dieu ni sos devetz,

Ans vei que fairetz

Mais qu' ieu dir non poiria

De mal per un detz.


Roma, tan tenetz 

Estreg la vostra grapa 

Que so que podetz 

Tener, greu vos escapa; 

Si 'n breu non perdetz 

Poder, a mala trapa

Es lo mon cazutz

E mortz e vencutz. 

Roma, la vostra papa 

Fai aitals vertutz.

Roma, selh qu' es lutz

Del mon e vera vida

E vera salutz

Vos don mal' escarida,

Quar tans mals saubutz

Faitz, don tot lo mons crida.

Roma desleyals,

Razitz de totz mals,

Els focs yfernals

Ardretz, senes falida,

Si non pessatz d' als.


Roma, als cardenals

Vos pot hom ben rependre

Per los criminals

Peccatz que fan entendre; 

E non pensan d' als

Mas cum puoscan revendre

Dieu e sos amicx,

E no y val casticx.

Roma, grans fasticx

Es d' auzir e d' entendre

Los vostres prezicx.


Roma, ieu suy enicx

Quar vostre poders monta

E quar grans destricx

Totz ab vos nos afronta

Quar vos etz abricx

E capdelhs de gran anta

E de dezonor,

E vostre pastor

Son fals e trachor,

Roma, e qui 'ls acointa

Fai trop gran folhor.


Roma, mal labor

Fa 'l papa, quar tensona

Ab l' emperador,

Ni 'l dreg de la corona

Li met en error,

Qu' a sos guerriers perdona,

Et aitals perdos,

Qui non siec razos,

Roma, non es bos,

Ans qui 'l ver en razona

Es trop vergonhos.


Roma, 'l glorios

Que sufri mort e pena

En la crotz per nos,

Vos don la mala estrenha;

Quar totas sazos

Portatz la borsa plena,

Roma, d' avol for;

Quar tot vostre cor

Avetz en tezor;

Don cobeitatz vos mena

El foc que non mor.


Roma, del mal cor

Que portatz en la gola

Nais lo sucx don mor

Lo mons e s' estragola

Ab dossor del cor;

Per qu' el savis tremola,

Quar conois e ve

Lo mortal vere,

E de lai on ve,

Roma, del cor vos cola

Don li pietz son ple.


Roma, ben ancse

A hom auzit retraire

Qu' el cap sem vos te,

Per qu' el faitz soven raire;

Per que cug e cre

Qu' ops vos auria traire,

Roma, del cervel;

Quar de mal capel

Etz vos e Cystelh,

Qu' a Bezers fezetz faire

Mout estranh mazelh.


Rom', ab fals sembelh 

Tendetz vostra tezura,

E man mal morselh

Manjatz, qui que l' endura;

Car' avetz d' anhelh

Ab simpla guardadura,

Dedins lop rabat,

Serpent coronat

De vibra engenrat,

Per qu' el diable us apella

Com al sieu privat.


Guillaume Figueiras.


XXIX.


Greu m' es a durar,

Quar aug tal descrezensa

Dir ni semenar;

E no m platz ni m' agensa;

Qu' om non deu amar

Qui fai desmantenensa

A so don totz bes

Ven e nais et es

Salvamens e fes;

Per qu' ieu farai parvensa

En semblan que m pes.


No us meravilhes

Negus, si eu muov guerra

Ab fals mal apres

Qu' a son poder soterra

Totz bos faitz cortes,

E 'ls encauss' e 'ls enserra:

Trop se fenh arditz,

Quar de Roma ditz

Mal, qu' es caps e guitz

De totz selhs qu' en terra

An bos esperitz.


En Roma es complitz 

Totz bes, e qui 'ls li pana

Sos sens l' es falhitz; 

Quar si meteys enguana, 

Qu' elh n' er sebellitz, 

Don perdra sa ufana: 

Dieus auia mos precx,

Que selhs qu' an mals becx,

Joves e senecx,

Contra la ley romana,

Caion dels bavecx.


Roma, selhs per pecx

Tenc totz e per gent grossa,

Per orbs e per secx,

Que lur carns e lur ossa

Cargon d' avols decx,

Don caion en la fossa,

On lur es sermatz

Pudens focx malvatz,

Don mais desliatz

No seran del trasdossa

Qu' an de lurs peccatz.


Roma, ges no m platz 

Qu' avols hom vos combata;

Dels bos avetz patz, 

Q' usquecx ab vos s' aflata: 

Dels fols lurs foldatz

Fes perdre Damiata;

Mas li vostre sen

Fan sels ses conten

Caytiu e dolen,

Que contra vos deslata,

Ni regna greumen.


Roma, veramen

Sai e cre ses duptansa,

Qu' a ver salvamen

Aduretz tota Fransa;

Oc, e l' autra gen

Que us vol far ajudansa.

Mas so que Merlis

Prophetizan dis

Del bon rey Loys

Que morira en pansa,

Ara s' esclarzis.


Piegz de Sarrazis

E de pus fals coratge,

Heretiers mesquis

Son qui vol lur estatge;

Ins el foc d' abis,

Vay en loc de salvatge,

En dampnatio, 

Quar selhs d' Avinho 

Baysses, don m' es bo, 

Roma, lo mal pezatge, 

Don grans merces fo.


Roma, per razo

Avetz manta destorta

Dressad' a bando;

Et uberta la porta

De salvatio

Don era la claus torta,

Que ab bon govern

Bayssatz folh esquern;

Qui sec vostr' estern,

L' angel Michel lo 'n porta,

E 'l garda d' ifern.


L' estiu e l' yvern

Deu hom ses contradire,

Roma, lo cazern

Legir, si que no s vire;

E quan ve l' esquern

Cum Iehus pres martire,

Albir se lo cas

Si 's bos crestias;

S' adoncx non a cossire,

Totz es fols e vas.


Roma, los trefas

E sa leys sospechoza

Als fols gigz vilas,

Per que fos de Tolosa

On d' enjans certas

Non es doncx vergonhoza,

Ni ans de dos ans;

Mas si 'l coms prezans

Cove qu' els engans

Lays e la fe duptoza,

E restaur' els dans.


Roma, lo reys grans

Qu' es senhers de dreytura,

Als falses Tolzans

Don gran mal' aventura,

Quar tot a sos mans

Fan tan gran desmezura,

Q' usquecx lo rescon

E torbon est mon:

E 'lh comte Raymon

S' ab elhs plus s' asegura,

No 'l tenray per bon.


Roma, be s cofon

E val li pauc sa forsa,

Qui contra vos gron,

Ni bast castelh ni forsa,

Quar en tan aut mon

No s met ni no s' amorsa,

Que dieus non recort

Son erguelh e 'l tort

Don pert tota s' escorsa,

E pren dobla mort.


Roma, be m conort,

Qu' el coms ni l' emperaire,

Pueys que son destort

De vos, no valon gayre;

Quar lur folh deport

E lur malvat veiaire

Los fatz totz cazer,

A vostre plazer,

Q' us no s pot tener;

Sitot s' es guerreiayre,

Non li val poder.


Roma, ieu esper 

Que vostra senhoria

E Fransa, per ver, 

Cuy no platz mala via, 

Fassa dechazer 

L' erguelh e l' eretgia, 

Fals heretges quetz 

Que non temon vetz, 

Ni cre als secretz; 

Tan son ples de feunia 

E de mals pessetz!


Roma, be sabetz

Que fort greu lur escapa

Qui au lor decretz;

Aissi tendon lur trapa

Ab falces trudetz,

Ab que quascus s' arrapa;

Totz son sortz e mutz,

Qu' el lur tolh salutz

Don quecx es perdutz, 

Qu' ilh n' an capel o capa,

E remanon nutz.


Clauzis e sauputz

Naysson, senes falhida,

Crematz o perdutz,

Que lur malvada vida

Qu' anc negus vertutz

No fe, ni ges auzida,

Non avem sivals,

E si fos leyals

Lur vida mortals,

Dieus crey l' agra eyssauzida;

Mas non es cabals.

Qui vol esser sals

Ades deu la crotz penre

Per heretiers fals

Dechazer e mespenre;

Qu' el celestials

Hi venc son bras estendre,

Tot per sos amicx;

E pus tals destricx

Pres, ben es enicx

Selh que no 'l vol entendre 

Ni creyr' als chasticx.


Roma, si pus gicx

Renhar selhs que us fan anta

Al Sant Esperitz,

Quant hom lor o aconta,

Tan son fols mendicx

Q' us ab ver no s' afronta,

No y auras honor;

Roma, li trachor

Son tan ples d' error

Qu' on plus pot quascus monta

Quecx jorn sa follor.


Roma, folh labor

Fa qui ab vos tensona;

De l' emperador

Dic, s' ab vos no s' adona,

Qu' en gran deshonor

Ne venra sa corona,

E sera razos.

Mas pero ab vos

Leu troba perdos

Qui gen sos tortz razona,

Ni n' es angoissos.


Roma, 'l glorios

Que a la Magdalena

Perdonet, don nos

Esperan bona estrena;

Lo fols rabios

Que tans ditz fals semena,

Fassa d' aital for

Elh e son thezor

E son malvat cor

Cum heretiers mor.


Germonde, dame de Montpellier.


XXX.


Ieu ai ja vista manhta rey

Don anc no fis semblan que vis,

Et ai ab tal joguat e ris

Don anc guaire no m' azautey;

Et ai servit a manht hom pro

Don anc no cobrey guazardo;

Et a manh nesci, ab fol parlar,

Ai ja vist trop ben son pro far.


Et ai ja vist per avol drut

A domna 'l marit dezamar,

Et a manh nesci acaptar

Plus qu' a un franc aperceubut,

E per domnas ai ja vist ieu

A manht hom despendre lo sieu;

Et ai ne vist amat ses dar,

E mal volgut ab molt donar.


Ieu ai vist donas demandar

Ab plazers et ab honramens,

Pueys venia us desconoyssens

Abrivatz de nesci parlar

Qu' en avia la mielher part.

Esguardatz si son de mal art!

Manthas n' i a qu' els plus savays

Acuelhon mielhs en totz lurs plays.


Ieu ai vist en domnas ponhar

D' ensenhatz e de ben apres,

E 'l nescis avinen nemes

Qu' el plus savis ab gen preyar;

Et ai vist nozer chauzimens

A trops valer ab trichamens,

Per que val mais, a mos entens,

En luec foudatz que sobriers sens.


A domn' ai vist hom encolpar

De so que no meria mal,

E que so laissavon de tal

On se pogron a dreg clamar;

Et ai ja tal ren esguardat

On n' er en ren mon cor virat,

Per que m' an fait mos rics volers

Manthas vetz dons e desplazers.


Guillaume Adhémar.


XXXI.


Qui se membra del segle qu' es passatz

Com hom lo vi de totz bos faitz plazen,

Ni com hom ve malvais e recrezen

Aquel d' aras, ni com er restauratz

Non er per cel qui venra plus malvatz,

Totz hom viura ab gran dolor membran

Cals es ni fo ni er d' aissi enan.


Mas non es dreitz c' om valens ni prezatz

Se recreza per aital membramen,

Ans taing s' esfortz tot jorn plus vivamen

C' om sufra 'l fais de pretz qu' es mesprezatz;

Car cel n' a mais que plus fort n' es cargatz,

E car es dreitz s' esforso ill prezan

De ben, on plus l' avol s' en van laisan.


En plus greu point non pot nuillz esser natz

Com cel que pert dieu e 'l segl' eissamen,

Tot aital son li trist malvatz manen

C' an mes a mort domnei, joi e solatz;

Tan los destreing non fes e cobeitatz

C' onor e pretz en meton en soan,

E dieu e 'l mon en geten a lor dan.


Ai! com pot tan esser desvergoignatz

Nuls hom gentils que an' enbastarden

Son lignatge per aur ni per argen;

Que l' avers vai leumens e la rictatz,

E 'l vida es breus, e la mortz ven viatz;

Per c' om degra leialmen viure aman,

Deu retener del mon grat gen regnan.


Dels maiors mov tota la malvestatz

E pois apres de gra en gra deissen

Tro als menors, per que torn en nien

Fins jois e pretz, e qui vol pretz ni 'l platz

Pot l' aver leu, car tan n' es granz mercatz

Que per cinc solz n' a hom la peza e 'l pan,

Si 'l tenon vil li ric malvatz truan.


Na Gradiva, qui que estei malvatz,

Per vos n' azir malvestat et enjan,

Et am valor e joi e pretz e chan.


Al rei tramet mon sirventes viatz

Cel d' Aragon, qu' el fais lo plus pesan

Sosten de pretz, per qu' el ten entre man.


Sordel.


XXXII.


Lo segle m' es camjatz

Tan fort, don suy iratz,

Qu' a penas sai que m dia,

Qu' ieu suelh esser uzatz

De chans e de solatz,

E de cavalairia

Mesclat ab cortezia;

E so per qu' om valia

Era ma voluntatz

Et en ditz et en fatz

Et en tot quan podia;

E las domnas vezia,

Selhas cuy valor tria,

Ab lur plazens beutatz,

Don era conortatz

De gran joy qu' en avia,

E trac en garentia

Amor que mi movia;

Del tot m' era donatz.

A so que valor platz,

E 'l segles m' o sufria.


Aras tem que blasmatz

En fos e condampnatz,

S' ieu res d' aisso fazia;

Del tot mi suy viratz,

Totz enicx e forsatz,

A so que no m plai mia;

Que me coven de platz

Pensar e d' avocatz,

Per far libelhs tot dia;

E pueys esgart la via

Si nulh corrieu veiria,

Qu' ilh venon daus totz latz,

Polsos et escuyssatz,

Que la cortz los m' envia,

E si dizon folhia

Blasmar non l' auzaria,

Pueys me dizon: Puiatz

En cort e demandatz,

La pena s' escieuria,

Qu' om no us perdonaria,

Si 'l jorn en vos falia.


Veus a que suy tornatz,

Senhors, ar esgardatz

Si sui be a la lhia,

Qu' ieu am trop mais lo glatz

No fas las flors dels pratz;

Que no sai on me sia,

Senhors, a dieu siatz,

Quar hom que viu iratz

Val meyns que si moria;

Qu' al rey Castellan platz,

Qu' es sobre totz honratz,

Qu' ieu tengua lai ma via,

Qu' en elh m' er restauratz

Joys e chans e solatz

Qu' alhors no m revenria.


Bertrand d' Alamanon.


XXXIII.


Per lo mon fan l' us dels autres rancura

Li clerc dels laicx, e 'l laic d' elhs eissamen,

E li poble s planhon de desmezura

De lors senhors, e 'l senhors d' elhs soen;

Aissi es ples lo mons de mal talen:

Mas er venon sai deves Orien

Li Tartari, si dieus non o defen,

Qu' els faran totz estar d' una mensura.


Per manh forfag e per mantha laidura

Qu' an fag e fan clerc e laic malamen,

Venra, si ven esta dezaventura

A crestias, s' a dieu merce non pren,

Que fass' al papa metr' atempramen

En so don an li clerc e 'l laic conten;

Quar si 'lh los fai ben d' un acordamen,

Non lor pot pueys nozer nulh' aventura.


A! per que vol clercx belha vestidura,

Ni per que vol viure tan ricamen,

Ni per que vol belha cavalgadura?

Qu' el sap que dieus volc viure paubramen:

Ni per que vol tan l' autrui ni enten?

Qu' el sap que tot quan met ni quan despen

Part son manjar e son vestir vilmen,

Tolh als paubres, si non men l' Escriptura.


Els grans senhors per que no y s prendon cura

Que no fasson tort, ni forson la gen?

Qu' ieu non tenc ges per menor forfaitura

Qu' om fors' els sieus cum quan l' autrui dreg pren;

Ans es mager, quar falhis doblamen,

Quar so de se ni d' autrui non defen

A son poder los sieus, adrechamen

Falh en dreg lor tan qu' en pert sa drechura.


Mas totz pobles a de bon sen frachura

Qu' a son senhor fassa en re falhimen;

Quar totz hom deu amar d' amistat pura

Son bon senhor e servir leyalmen:

A senhor tanh qu' am los sieus bonamen,

Que lialtatz lor ne fai mandamen

Que l' us ame l' autre tan coralmen

Que no s puesca entr' els metre falsura.


Reys Castellas, l' emperis vos aten;

Mas sai dizon, senher, qu' atendemen

Fai de Breto, per que s mov grans rancura,


Que d' aut rey tanh, quant un gran fag enpren,

Qu' el tragu' a cap o 'n segua s' aventura.


Guillaume de Montagnagout.


XXXIV.


Del tot vey remaner valor

Qu' om no s n' entremet sai ni lay,

Ni non penson de nulh ben say,

Ni an lur cor mas en l' aor;

E meron mal clercx e prezicador,

Quar devedon so qu' a els no s cove,

Que hom per pretz non do ni fassa be;

Et hom que pretz ni do met en soan

Ges de bon loc no 'l mov al mieu semblan.


Quar dieus vol pretz e vol lauzor,

E dieus fo vers hom, qu' ieu o say;

Et hom que vas dieu res desfay,

E dieus l' a fait aitan d' onor,

Qu' al sieu semblan l' a fait ric e maior,

E pres de si mais de neguna re;

Doncx ben es folhs totz homs que car no s te,

E que fassa en aquest segle tan

Que sai e lai n' aya grat on que s n' an.


Ar se son faitz enqueredor

E jutjon aissi com lur play;

Pero l' enquerre no m desplay,

Ans me plai que casson error,

E qu' ab belhs digz plazentiers ses yror

Torno 'ls erratz desviatz en la fe,

E qui s penet que truep bona merce;

Et en aissi menon dreg lo gazan

Que tort ni dreg no y perdan so que y an.


Enquers dizon mais de folhor

Qu' aurfres a dompnas non s' eschay,

Pero si dompna piegz no fay

Ni 'n leva erguelh ni ricor,

Per gen tener no pert dieu ni s' amor;

Ni ja nulhs homs, si 'lh estiers be s capte,

Per gen tener ab dieu no s dezave;

Ne ylh per draps negres ni per floc blan

No conquerran ja dieu, s' al re no y fan.


Tug laisson per nostre senhor,

Nostre clercx, lo segle savay,

E no pessan mas quan de lay

Aissi 'ls guart dieus de dezonor,

Cum elhs non an ni erguelh ni ricor,

Ni cobeytatz no 'ls enguana ni 'ls te,

Ni volon re de so belh que hom ve;

Res no volon, pero ab tot s' en van;

Pueys prezon pauc qui que s' i aia dan.


Sirventes, vay al pros comte dese

De Toloza, membre 'l que fag li an,

E guart se d' elhs d' esta hora enan.


Guillaume de Montagnagout.


XXXV.


Un sirventes fas en luec de jurar,

E chantarai, per mal e per feunia,

De malvestat que vey sobremontar

E decazer valor e cortezia,

Qu' ieu vey als fals los fis amonestar

Et als lairos los lials prezicar;

E 'ls desviatz mostron als justz la via.


Enguanatz es en son nesci cuiar,

Folhs qui cuia que enjans e bauzia

Fassa son don decazer e mermar,

Enans los sors e 'ls creys e 'ls multiplia;

Meravilh me cum totz no van raubar,

Pus malvestat ama hom e ten car,

E lialtat ten hom a fantaumia.


Glotz emperier no vol vezer son par,

E li clerc an aquelha glotonia

Qu' en tot lo mon no volrion trobar

Home mas els que tengues senhoria,

Qu' els feyron leys per terras guazanhar,

Cum poguesson creysser e non mermar;

Ades fai pron un petit de baylia.


Ab totas mas vey clergues assajar

Que totz lo mons er lurs, cuy que mal sia;

Quar els l' auran ab tolre o ab dar,

O ab perdon, o ab ypocrizia,

O ab asout, o ab beur', o ab manjar,

O ab prezicx, o ab peiras lansar,

O els ab dieu, o els ab diablia.


En Gostia, diguatz m' a 'N Azemar,

Si defendre si vol de la clercia,

Miels qu' en lur fag si guart en lur parlar,

O si que non en bada s' armaria,

Qu' els trazon so don hom no s pot guardar

Que quant autres fan enguanas farguar

Et elhs enguans per maior maystria.


Non aus dire so que elhs auzon far,

Mas anc rascas non amet penchenar,

Ni elhs home qui lur dan lur castia.


Pierre Cardinal.


XXXVI.


Falsedatz e desmezura

An batalha empreza

Ab vertat et ab dreytura,

E vens la falseza;

E deslialtatz si jura

Contra lialeza;

Et avaretatz s' atura

Encontra largueza:

Feunia vens amor

E malvestatz honor,

E peccatz cassa sanctor

E baratz simpleza.


Si es hom que dieu descreza,

Sos afars enansa,

Ab que non aia grineza

Mas d' emplir sa pansa:

A cui platz dreitz e tortz peza

Soven a grevansa,

E qui s' enten en sancteza

Tray greu malanansa;

Et an l' enguanador

De lur afar honor;

Mas li mal entendedor

Jutjon per semblansa.


Aras es vengut de Fransa

Que hom non somona

Mas selhs que an aondansa

De vin e d' anona,

E qu' om non aia coindansa

Ab paupra persona,

Et aia mais de bobansa

Aquelh que meyns dona,

E qu' om fassa maior

D' un gran trafeguador,

E qu' om leve lo trachor,

E 'l just dezapona.


Coms Raymon, ducx de Narbona,

Marques de Proensa,

Vostra valors es tan bona

Que tot lo mon gensa;

Quar de la mar de Bayona

Entro a Valensa,

Agra gent falsa e fellona

Lai ab viltenensa;

Mas vos tenetz vil lor,

Que Frances bevedor

Plus que perditz ad austor

No vos fan temensa.


Ben volon obediensa

Selhs de la clercia;

E volon ben la crezensa,

Sol l' obra no y sia:

Greu lur veyretz far falhensa

Mas la nueg e 'l dia;

E no porton malvolensa

Ni fan symonia;

E son larc donador

E just amassador;

Mas li autres n' an lauzor,

Et ilh la folhia.


No sai dire l' error

Del segle fals traytor,

Que fai de blasme lauzor

E de sen folhia.


Dieu prec per sa doussor

Que ns gar d' enfernal dolor

E ilh verge Maria.


Pierre Cardinal.


XXXVII.


Ricx hom que greu ditz vertat e leu men,

E greu vol patz e leu mov ochaizo,

E dona greu e leu vol qu' om li do,

E greu fai be e leu destrui la gen,

E greu es pros e leu es mals als bos,

E greu es francx e leu es orgulhos,

E greu es larcx e leu tol e greu ren,

Deu cazer leu d' aut luec en bas estatge.


De tals en sai que pisson a prezen

Et al beure rescondo s dins maizo;

Et al manjar no queron companho,

Et al talhar queron en mais de cen;

Et a l' ostal son caitiu e renos,

Et a tort far son ric e poderos;

Et al donar son de caitiu prezen,

Et al tolre fortz e de gran coratge.


Malditz es hom qui 'l ben laissa e 'l mal pren;

E 'ls ricx an pres enguan e tracio,

Et an laissat condug e messio;

Et an pres dan e gran destruzimen,

Et an laissat lays e vers e chansos;

Et an pres plaitz, e novas e tensos,

Et an laissat amor e pretz valen;

Et an pres mal voler e far outratge.


Aissi cum son maior an meyns de sen

Ab mais de tort et ab meyns de razo,

Ab mais de dan tener, ab meyns de pro,

Ab mais d' orguelh, ab meyns de cauzimen,

Ab mais de tolre et ab meyns de bels dos,

Ab mais de mals, ab meyns de bels respos,

Ab mais d' enueg, ab meyns d' ensenhamen,

Ab mais d' enguan, ab meyns de bon coratge.


Ara diguatz, senhors, al vostre sen

De dos barons qual a maior razo,

Quan l' un dels dos pot dar e tolre no,

L' autre pot tolr' e dar no pot nien:

Ar diran tug que dars val per un dos,

E veyretz los tolre totas sazos;

A que far doncx van emblan ni tolen,

Pus lo donars a dos tans d' avantatge?


Mos chantars es enueg als enoios

Et als plazens plazers; cui platz razos

Tug li dig son enoios e plazen;

So qu' als us platz als autres es salvatge.


Pierre Cardinal.


XXXVIII.


Li clerc si fan pastor

E son aucizedor;

E semblan de sanctor

Quan los vey revestir

E pren m' a sovenir

d' En Alengri q' un dia

Volc ad un parc venir,

Mas, pels cas que temia,

Pelh de moton vestic,

Ab que los escarnic;

Pueys manjet e trahic

Selhas que l' abellic.


Rey et emperador,

Duc, comte e comtor,

E cavallier ab lor

Solon lo mon regir;

Aras vey possezir

A clercx la senhoria

Ab tolre et ab trazir

Et ab ypocrizia,

Ab forsa et ab prezic,

E tenon s' a fastic

Qui tot non lor o gic, 

Et er fag quan que tric.


Aissi cum son maior,

Son ab mens de valor

Et ab mais de follor,

Et ab mens de ver dir

Et ab mais de mentir,

Et ab mens de clercia

Et ab mais de falhir,

Et ab mens de paria;

Dels fals clergues o dic,

Qu' ancmais tant enemic

Ieu a dieu non auzic

De sai lo temps antic.


Quan son al refector,

No m' o tenc ad honor,

Qu' a la taula aussor

Vey los cussos assir,

E primiers s' eschausir;

Auiatz gran vilania,

Quar hi auzon venir,

Et hom non los en tria;

Pero anc non lai vic

Paupre guarso mendic

Sezer latz qui son ric;

D' aisso los vos esdic.


Ja non aion paor

Alcays ni Almassor

Que abbas ni prior

Los anon assalhir,

Ni lurs terras sazir,

Que afans lur seria;

Mas sai son en cossir

Del mon quossi lur sia,

Ni cum En Frederic

Gitesson de l' abric;

Pero tal l' aramic

Qu' anc fort no s' en jauzic.


Clergues, qui vos chauzic

Ses fellon cor enic

En son comde falhic,

Qu' anc peior gent no vic.


Pierre Cardinal.


XXXIX.


Per folhs tenc Polles e Lombartz

E Longobartz et Alamans,

Si volon Frances ni Picartz

A senhors ni a drogomans;

Quar murtriers a tort

Tenon a deport;

Et ieu non laus rey

Que non guarde ley.


Et aura 'l ops bos estandartz

E que fieira mielhs que Rotlans,

E que sapcha mais que Raynartz, 

Et aia mais que Corbarans;

E tema meyns mort

Qu' el coms de Monfort,

Qui vol qu' a barrey

Lo mons li sopley. 


Mas sabetz quals sera sa partz

De las guerras e dels mazans?

Los critz, las paors e 'ls reguartz

Que aura fagz, e 'l dol e 'l dans

Seran sieu per sort.

D' aitan lo conort,

Qu' ab aital charrey

Venra del torney.


Ben petit val tos giens ni t' artz,

Si pertz l' arma per tos efans;

Per l' autruy carbonada t' artz,

E l' autruy repaus t' es afans;

Pueys vas a tal port

On cre que quecx port

L' enguan e 'l trafey

E 'ls tortz faitz que fey.


Anc Carles Martel ni Girartz

Ni Marsilis ni Aigolans

Ni 'l rey Gormons ni Yzombartz

Non aucizeron homes tans

Que n' aion estort

Lo valen d' un ort;

Ni non lur envey

Thezaur ni arney.


Non cug qu' a la mort

Negus plus enport

Aver ni arney,

Mas los faitz que fey.


Pierre Cardinal.


XL.


Tos temps azir falsetat et enjan,

Et ab vertat et ab dreg mi capdelh,

E si per so vauc atras o avan,

No m' en rancur, ans m' es tot bon e belh,

Qu' els uns dechai lialtatz mantas vetz,

E 'ls autres sors enjans e mala fes;

Mas si tant es qu' om per falsetat mon,

D' aquel montar dissen pueys en preon.


Li ric home an pietat tan gran

De paubra gen, com ac Caym d' Abelh;

Que mais volon tolre que lop no fan,

E mais mentir que tozas de bordelh:

Si 'ls crebavatz en dos locx o en tres,

No us cugessetz que vertatz n' issis ges

Mas messongas, don an al cor tal fon

Que sobrevertz cum aigua de toron.


Mans baros vey, en mans luecx, que y estan

Plus falsamen que veyres en anelh;

E qui per fis los ten falh atrestan

Cum si un lop vendia per anhel;

Quar els no son ni de ley ni de pes;

Ans foron fag a ley de fals poges, PUGESA

On par la cros e la flors en redon,

E no y trob om argent quan lo refon.


Daus Orient entro 'l solelh colguan

Fas a la gent un covinent novelh;

Al lial hom donarai un bezan,

Si 'l deslials mi dona un clavelh;

Et un marc d' aur donarai al cortes

Si 'l deschauzitz mi dona un tornes;

Al vertadier darai d' aur un gran mon,

Si m don' un huou quecx messongier que y son.


Tota la ley qu' el pus de las gens an

Escriuri' eu en un petit de pelh,

En la meitat del polguar de mon guan;

E 'ls pros homes paysseria d' un tortelh,

Quar ja pels pros no fora cars conres; 

Mas si fos hom que los malvatz pagues, 

Cridar pogra, e non gardessetz on: 

Venetz manjar li pro home del mon.


Sel que no val ni ten pro per semblan,

Pros ni valen non tanh que hom l' apel

Ni vertadier, quan met dreg en soan,

Quan dreitura ni vertat non l' es bel;

Car qui fai mal ni tort, razos non es

Qu' en cueilla grat ni lauzor ni pretz ges;

E se ditz ben un reprochier pel mon:

Sel q' una ves escorja autra non ton.


A totas gens dic e mon sirventes

Que si vertatz e dreitura e merces

Non governon home en aquest mon,

Ni sai ni lai no cre valors l' aon.


Faidit, vai t' en chantar lo sirventes

Drech al Tornel a 'N Guigo, qui que pes,

Car de valor non a par en est mon

Mas mon senher En Ebles de Clarmon.


Pierre Cardinal.


XLI.


Tals cuia be

Aver filh de s' espoza,

Que no y a re

Plus que selh de Toloza;

Quar s' esdeve

Que la molher coitoza

Acuelh ab se

Alcun baratador,

Don ilh rete,

Plus vilh d' un' autra toza,

Un filh de que

Fai heres al senhor:

Per so ai fe

Que malvestatz si noza

En tal qu' ieu cre

Que fon filhs de prior.


Tant es viratz

Lo mons en desmezura

Que falsetatz

Es en luec de drechura,

E cobeitatz

Creys ades e melhura,

E malvestatz

Es en luec de valor,

E pietatz

A d' hoste sofrachura,

E caritatz

Fai del segle clamor,

Et es lauzatz

Qui de dieu non a cura,

E pauc prezatz

Qui vol aver s' amor.


Qui des en sai

Entro en la Turquia,

E daus en lai

Tro que part Normandia,

Ad un savai

Baron tot o daria,

Non cug ni sai

Que visques ses rancor;

Que greu si fai

Que fort gran manentia

Son don apai

De conquerre maior;

Mal li eschai

Aitan grans baronia

Pus non l' estrai

Del nom de raubador.


Mais val assatz

Un ribaut ab pauprieyra,

Que viu en patz

E sofre sa nescieyra,

Q' us coms malvatz

Que tot jorn fai sobrieira

D' avols peccatz,

Que non tem dezonor;

Qu' al ribaut platz

La via dreitureira,

E 'l coms es las

De dieu e de sanctor;

E quar lo bas

Hom a valor entiera

E 'l coms non pas,

Pretz ieu mais lo melhor.


E que faran

Li baron de mal aire

Que tot jorn fan

Lo mal e 'l be non guaire?

Quossi poiran

Los tortz qu' an faitz desfaire?

Que lur enfan

Seran plus tolledor,

E non daran

En l' arma de lor paire

Lo pretz d' un guan,

Ni negus en la lor;

E li enguan

Qu' auran fag l' enguanaire

Retornaran

Sobre l' enguanador.


Non ai talan

D' aver aital repaire,

Qu' eras en chan

E totz temps mais en plor.


Pierre Cardinal.


XLII.


Pus ma boca parla sens

E mos chantars es faitis,

Vuelh ab belhs motz ben assis

Dressar los entendemens

Dels malvais mal entendens, 

Que cuion que valha mais 

Hom messongiers que verais; 

E 'l sen tenon a folhia,

E 'l dreit tornon en biais.


Ves yfern fay son eslais,

E 'l govern ten ves abis,

Selh que vertatz aborris

Ni ab dreitura s' irais;

Quar tals bast murs e palais

Del dreit de las autras gens,

Qu' el segles deconoyssens

Ditz que mot fa bona via,

Quar es savis e creyssens.


Tot atressi com l' argens

El foc arden torna fis,

S' afina e s' adoussis

Lo bons paupres paciens

En las trebalhas cozens;

E 'l malvatz manens savais,

On plus gent si viest e s pais,

Conquier de sa manentia

Dolor e pena e pantais.


Mas d' aisso no 'l pren esglais,

Quar gallinas e perdis

Lo conorton e 'l bos vis,

E 'l ben qu' en la terra nais,

Dont el es jauzens e gais;

Pueys ditz a dieu en ligens:

Ieu suy paupres e dolens.

E si dieus li respondia,

Poiria 'l dire: Tu mens.

Semblans es als aguilens

Croys hom que gent si guarnis,

Que defora resplandis

E dins val meyns que niens;

Et es mager fenhemens

Que si us escaravais

Si fenhia papaguais,

Quan se fenh que pros hom sia 

Us malvatz manens savais.


Tals si fenh pros e valens,

Quar sol gent si viest e s pais,

Que es malvatz e savais;

Mas si los autres payssia,

Per aquo valria mais.


Pierre Cardinal.


XLIII.


Qui ve gran maleza faire

De mal dir no se deu traire;

Per qu' ieu vuelh dir e retraire

Que ricx hom dezeretaire

Es piegers que autre laire,

E fai diablia

Peior que negun raubaire,

E tart se castia.


Ricx hom, quan va per carreira,

El mena per companheira

Malvestat, que vai primeira

E mejana e derreira;

E gran cobeitat enteira

Li fai companhia;

E tort porta la senheira,

Et erguelh la guia.


Ricx hom mals quan vay en plassa

Que cuiatz vos que lai fassa?

Quant autr' om ri e solassa,

A l' un mov plag, l' autre cassa,

L' un maldi, l' autre menassa,

E l' autre afolhia;

E no y fai joy ni abrassa,

Si com far deuria.


Ricx hom, quan fai sas calendas

E sas cortz e sas bevendas,

De toutas e de rezendas

Fai sos dos e sas esmendas,

Sos lums e sas oferendas,

E de raubaria;

Et en guerras met sas rendas

Et en plaideria.


Ricx hom mals, quan vol far festa, 

Auiatz quossi fai sa questa:

Tant bat la gent et entesta

Tro que denier non lur resta,

Que no y qual venir tempesta

Ni fam ni moria;

Pueys fai cara mout honesta,

Qui no 'l conoyssia.


Un pauc ai dig de la gesta

Que dire volia;

Mas tan gran massa n' y resta

Que fort pauc embria.


Pierre Cardinal.


XLIV.


Tartarassa ni voutor

No sent plus leu carn puden

Com clerc e prezicador

Senton ont es lo manen:

Mantenen son siei privat,

E quan malautia 'l bat,

Fan li far donatio

Tal que 'l paren no y an pro.


Frances e clerc an lauzor

De mal, quar ben lur en pren;

E renovier e trachor

An tot lo segl' eyssamen;

Qu' ab mentir et ab barat

An si tot lo mon torbat,

Que no y a religio

Que no sapcha sa lesso.


Saps qu' esdeven la ricor

De selhs que l' an malamen?

Venra un fort raubador

Que non lur laissara ren,

So es la mortz, qu' els abat;

Qu' ab quatr' aunas de filat

Los tramet en tal maizo

Ont atrobon de mal pro.


Hom, per que fas tal follor

Que passes lo mandamen

De dieu, que es ton senhor,

E t' a format de nien?

La trueia ten el mercat

Selh que ab dieu se combat,

Qu' el n' aura tal guizardo

Com ac Judas lo fello.


Dieus verais, plens de doussor,

Senher, sias nos guiren;

Guardatz d' enfernal dolor

Peccadors e de turmen;

E solvetz los del peccat

En que son pres e liat;

E faitz lur verai perdo

Ab vera confessio.


Pierre Cardinal.


XLV.


Tot atressi com fortuna de ven

Que torba 'l mar e fa 'ls peyssos gandir,

Es torbada en est segle la gen

Per un fort ven que dels cors fan salhir

Fals messongiers, deslial e trahire,

Ab que s cuion eyssaussar e formir;

Et en aissi fan veritat delir,

E 'n pert son dreg hom bos qui 'l ver vol dire.


A! greu sera est segl' en l' estamen

Que a estat, segon que auzem dir;

Que hom era crezutz ses sagramen,

Ab sol la fe, si la volgues plevir,

E veritatz era sens escondire;

Ar es tornatz lo segl' en tal azir

Que quecx pessa de son par a trazir;

Per qu' ieu apelh aquest segle trazire.


Qui auzes dir quals son li falhimen

Que fan en cort selhs qui degron regir,

Et an jurat de tenir lialmen

Dreg a quascun? primiers los vey fallir,


E fan semblan aqui mezeis de rire;

E 'ls clamatiers, quan ven al departir,

Ab penhoras, ab dar et ab servir

Perdon lo sen, quant auzo 'l jutge dire.


Entr' els clergues non truep departimen,

Tut son d' un sen, d' un cor e d' un albire,

E siervon dieu aitan honestamen,

Nulh' autra ren non lur pot abellir,

Ni es nulhs hom que mal en puesca dire

Mas selh que y es, si doncx no vol mentir,

Qu' el cavalguar e 'l manjar e 'l dormir

E 'l juec d' amor tenon a gran martire.


No y truep cosselh mas qu' estem lialmen,

E que pensem e Ihesum Crist servir,

Quar el nasquet pel nostre salvamen,

E volc en crotz per nos la mort sofrir;

Aital senhor, qui 'n poiri' autr' eslire,

Qu' el fes de se nau per nos reculhir

Als grans perils don no podem gandir

Ses cofessar, e so qu' aurem fag dire.


Pierre Cardinal.



XLVI.


Tan son valen nostre vezi,

E tan cortes e tan huma,

Que si las peiras eran pa

E que las aiguas fosson vi,

E li pueg bacon e pouzi,

No serion larc, tals n' i a.


Tals n' i a, mas non dirai qui,

Que foron porc en Guavauda,

Et en Vianes foron ca,

Et en Velaic foron masti,

Seguon l' afaitamen cani;

Mas, quar non an coa, rema.


En jurar de femna no m fi,

Ni son sagramen no vuelh ja;

Quar si 'l metiatz en la ma

Per ver dir un marabeti,

E per mentir un barbari,

Lo barbari guazanhara.


Tals a lo semblant effanti

Qu' el sens es de Trebellia,

E 'l lengua de logicia,

E 'l voluntatz d' En Alengri:

Tals a belh cors e saura cri

Que dins a felh cor e vila.

Dig vuelh aver de Sarrazi

E fe e ley de crestia,

E subtileza de paia,

Et ardimen de Tartari;

E qui es guarnitz en aissi

Val be messongier Castella.


Quar fai tort e messongas di

Atressi com de tals n' i a.


Pierre Cardinal.


XLVII.


Razos es qu' ieu m' esbaudey,

E sia jauzens e guays

El temps que fuelha e flor nays,

Et un sirventes despley,

Quar lialtatz a vencut

Falsedat; e non a guaire

Que ieu ai auzit retraire,

Q' uns fortz trachers a perdut

Son poder e sa vertut.


Dieus fai e fara e fey,

Si com es dous e verays,

Dreitz als pros et als savays,

E merce segon lur ley:

Quar a la pagua van tut

L' enguanat e l' enguanaire, 

Si com Abels e son fraire; 

Que 'l traytor seran destrut 

E li trahit ben vengut.


Dieu prec que trachors barrey

E los degol e 'ls abays

Aissi com fos los Alguays,

Quar son de peior trafey:

Mas aisso es ben sauput,

Pieger es tracher que laire.

Atressi com hom pot faire

De covers morgue tondut,

Fai hom de trachor pendut.


De lops e de fedas vey

Que de las fedas son mays;

E per un austor que nays 

Son mil perditz, fe que us dey: 

Ad aquo es conogut

Que hom murtrier ni raubaire

No platz tant a dieu lo paire,

Ni tan non ama son frut

Com fai del pobol menut.


Assatz pot aver arney

E cavals ferrans e bays,

E tors e murs e palays,

Ricx hom, sol que dieu reney:

Doncx ben a lo sen perdut

Totz hom a cuy es veiaire

Que, tollen l' autrui repaire,

Cuge venir a salut,

Ni 'l don dieus quar a tolgut.


Quar dieus ten son arc tendut

E trai aqui on vol traire;

E fai lo colp que deu faire

A quec, si com a mergut,

Segon vizi e vertut.


Pierre Cardinal.


XLVIII.


Un sirventes novel vuelh comensar

Que retrairai al jorn del jutjamen

A selh que m fetz e m formet de nien;

Si 'l me cuia de ren ochaizonar;

E si 'l me vol metre en la diablia,

Ieu li dirai: Senher, merce no sia,

Qu' el mal segle trebaliey totz mos ans,

E guardatz me, si us plai, dels turmentans.


Tota sa cortz farai meravilhar,

Quant auziran lo mieu plaideyamen;

Qu' ieu dic qu' el fai ves los sieus fallimen,

Si 'l los cuia delir ni enfernar;

Quar qui pert so que guazanhar poiria,

Per bon dreg a de viutat carestia;

Qu' el deu esser dous e multiplicans

De retener sas armas trespassans.


Ja sa porta non si degra vedar,

E sans Peires pren hi gran aunimen,

Quar n' es portiers, mas que y intres rizen

Quascun' arma que lai volgues intrar,

Quar nulha cortz non er ja ben complia

Que l' uns en plor e que l' autres en ria,

E sitot s' es sobeirans reys poyssans,

Si no ns obre, sera li 'n faitz demans.


Los diables degra dezeretar

Et agra en mais d' armas pus soven,

E 'l dezeret plagra a tota gen,

Et el mezeis pogra s' o perdonar

Tot per mon grat; totz los destruiria,

Pus tug sabem qu' absolver s' en poiria;

Bel senher dieus, siatz desheretans

Dels enemicx enoios e pezans.


Ieu no mi vuelh de vos dezesperar,

Ans ai en vos mon bon esperamen;

Per que devetz m' arma e mon cors salvar,

E que m valhatz a mon trespassamen;

E far vos ai una bella partia,

Que m tornetz lai don muec lo premier dia,

O que m siatz de mos tortz perdonans;

Qu' ieu no 'ls feira, si no fos natz enans.


S' ieu ai sai mal, et en yfern ardia,

Segon ma fe, tortz e peccatz seria;

Qu' ieu vos puesc be esser recastinans,

Que per un ben ai de mal mil aitans.


Per merce us prec, dona sancta Maria

Qu' ab vostre filh nos siatz bona guia,

Si que prendatz los paires e 'ls enfans,

E 'ls metatz lay on esta sanhs Joans.


Pierre Cardinal.


XLIX.


Una cieutat fo, no sai quals,

On cazet una plueia tals

Que tug l' ome de la cieutat

Que toquet foron dessenat.

Tug dessenero, mas sol us;

Aquel escapet e non plus,

Que era dins una maizo

On dormia, quant aco fo:

Aquel levet, quant ac dormit

E fon se de ploure gequit,

E venc foras entre las gens

On tug feiron dessenamens.

L' us fo vestis, e l' autre nus,

L' autr' escupi vas lo cel sus;

L' uns trais peira, l' autre astelas,

L' autre esquisset sas gonelas,

L' uns feri e l' autre enpeis,

E l' autre cuget esser reis

E tenc se ricamens pels flancx,

E l' autre sautet per los bancx;

L' us menasset, l' autre maldis,

L' autre ploret e l' autre ris,

L' autre parlet e no sap que,

L' autre fes metoas de se.

Et aquel qu' avia son sen

Meravilhet se molt fortmen,

E vi ben que dessenat son;

E gard' aval e gard' amon

Si negun savi n' i veira; 

E negun savi non i a:

Grans meravelhas ac de lor;

Mas molt l' an els de luy maior,

Qu' el vezon estar saviamen;

Cuion qu' aia perdut lo sen,

Car so que ill fan no ill vezon faire.

A quascun de lor es veiaire

Que ill son savi e ben senat,

Mas lui tenon per dessenat;

Qui 'l fer en gauta, qui en col;

El no pot mudar no s degol.

L' uns l' enpenh, l' autre lo bota,

El cuia eissir de la rota;

L' uns l' esquinta, l' autre l' atrai,

El pren colps e leva e chai.

Cazen, levan, a grans ganbautz

S' en fug a sa maizo de sautz,

Fangos e batut e mieg mortz;

Et ac gaug quan lor fon estortz.


Aquesta faula es al mon

Semblan et a tug silh que i son;

Aquest segles es la cieutatz,

Que es totz ples de dessenatz;

Qu' el maior sen c' om pot aver

Si es amar dieu e temer,

E gardar sos comandamens:

Mas ar es perdutz aquel sens;

La plueia sai es cazeguda;

Una cobeitatz es venguda,

Uns orgoills et una maleza

Que tota la gen a perpreza;

E si dieu n' a alcun onrat,

L' autr' el tenon per dessenat

E menon lo de tom en vil,

Car non es del sen que son il,

Qu' el sen de dieu lor par folia;

E l' amicx de dieu, on que sia

Conois que dessenat son tut,

Car lo sen de dieu an perdut;

E 'lh tenon lui per dessenat

Car lo sen del mon a laissat.


Pierre Cardinal.


L.


Pus Peyre d' Alvernhe a chantat 

Dels trobadors qu' en son passat, 

Chantarai a mon escien

D' aquels que pueissas an trobat;

E no m' aion ges cor irat,

S' ieu lor malvatz fatz lur repren.


Lo premiers es de Sanh Desdier

Guillems que chanta voluntier,

Et a chantat mot avinen;

Mas, quar son desirier non quier,

Non pot aver nulh bon mestier,

Et es d' avol aculhimen.


Lo segons de Sanh Antoni

Vescoms qu' anc d' amor non jauzi,

Ni no fes bon comensamen,

Que la primeyra 'l a tray;

Et anc pueis re non li queri,

Siei huelh nueg e jorn ploran s' en.


E lo ters es de Carcasses

Miravals que fai motz cortes,

E dona son castel soven;

E no y estai l' an ges un mes,

Et ancmais kalendas no y pres;

Per que no i ha dan qu' il se pren.


Lo quartz Peirols, us alvernhatz, 

Qu' a trent' ans us vestirs portatz,

Et es pus secs de lenh' arden,

Et es sos chantars peiuratz;

Qu' anc, pus si fon enbaguassatz

A Clarmon, no fes chan valen.


E 'l cinques es Gaucelms Fayditz

Que es de drut tornatz maritz

De lieys que sol anar seguen;

Non auzim pueis voutas ni critz,

Ni anc sos chans no fon auzitz,

Mas d' Uzercha entro qu' Agen.


E 'l seizes Guilems Azemars,

C' anc no fo pus malvatz joglars;

Et a pres manh vielh vestimen,

E fai de tal loc sos chantars

Don non es a sos trenta pars;

E vey l' ades paubr' e sufren.


Ab Arnaut Daniel son set,

Qu' a sa vida ben non cantet

Mas uns fols motz qu' om non enten;

Pus la lebre ab lo buou casset,

E contra suberna nadet,

No valc sos chans un aguillen.


En Tremoleta 'l catalas

Qui fai sos sos leuetz e plas,

E sos cantars es de nien,

E peinh sos peills cum s' er' auras;

Ben a trent' ans que for' albas,

Si no fos lo negrezimen


E 'l noves N Arnautz de Maruelh,

Qu' ades lo vey d' avol escuelh;

E si dons non a chauzimen,

E fay o mal, quar no l' acuelh;

Qu' ades claman merce siei huelh,

On plus canta l' aigua 'n dissen.


Salh de Scola es lo dezes

Que de joglar s' es faitz borges

A Brajairac o compr' e ven;

E quant a vendut son arnes,

El s' en va pueis en Narbones

Ab un fals cantars per prezen.


L' onzes es Guiraudetz lo Ros

Que sol vieure d' autrui chansos;

Es enoios a tota gen,

Mas quar cuiava esser pros, 

Si se partic dels filhs N Anfos 

Que l' avian fag de nien.


E lo dotzes es en Folquetz

De Marcelha, us mercadairetz;

Et a fag un fol sagramen

Quan juret que chanso no fetz;

Perjur nos an say dig pro vetz

Que s perjuret son essien.


E lo trezes es mos vezis

Guillems lo marques mos cozis,

E non vuelh dire mon talen;

Car ab los seus chantars frairis

S' es totz peiuratz lo mesquis,

Et es viells ab barba et ab gren.


Peire Vidals es dels derriers

Que non a sos membres entiers;

Et agra l' obs lenga d' argen

Al vilan qu' er uns pelliciers;

Que anc, pus si fetz cavaliers,

Non ac pueys membransa ni sen.


Guilhems de Ribas lo quinzes

Qu' es de totz fatz menutz apres,

E canta voluntiers non jen;

E percassa s fort, s' il valgues,

Car nulh tems no 'l vim bel arnes,

Ans vieu ses grat e paubramen.


Ab lo sezesme n' i aura pro

Lo fals Monge de Montaudo

Qu' ab totz tensona e conten;

Et a laissat dieu per baco,

E quar anc fetz vers ni canso, 

Degra l' om tost levar al ven.


Lo vers fe 'l monges, e dis lo

A Caussada primeiramen,

E trames lo part Lobeo

A 'N Bernat son cors per prezen.


Le Moine de Montaudon.


LI.


L' autre jorn m' en pugiey al cel,

Qu' aniey parlar ab sanh Miquel

Don fui mandatz;

Et auzi un clam que m fon bel:

Eras l' auiatz.


Sanh Jolias venc denan dieu,

E dis: Dieus, a vos mi clam ieu

Com hom forsatz,

Dezeretatz de tot son fieu,

E malmenatz.

Quar qui ben voli' alberguar,

De mati m solia preguar

Qu' ieu 'l fos privatz;

Eras no y puesc cosselh donar

Ab los malvatz.


Qu' aissi m' an tolt tot mon poder, 

Qu' om no m pregua mati ni ser; 

Neys los colgatz

Laissan mati dejus mover;

Ben suy antatz.


De Tolza ni de Carcasses

No m plang ta fort ni d' Albiges,

Com d' autres fatz:

En Cataluenh' ai totz mos ces,

E y suy amatz.


En Peiragorc e 'n Lemozi,

Mas lo coms e 'l reys los auci,

Sui ben amatz;

Et a 'n de tals en Caerci

Don sui paguatz.


De lai Roergu', en Gavauda,

No m clam ni m lau qu' aissi s' esta;

Pero assatz

Y a d' aquelhs q' usquecx mi fa

Mas voluntatz.

En Alvernhe ses aculhir

Podetz alberguar e venir

Descovidatz,

Qu' il non o sabon fort gent dir,

Mas ben lur platz.


En Proensa et els baros

Ai ben enquera mas razos;

Non sui clamatz

Dels Proensals ni dels Guascos

Ni trop lauzatz.


Le Moine de Montaudon.


LII.


De sirventes aurai gran ren perdutz,

E perdrai en enquera un o dos

Els rics malvatz on pretz es remasutz,

Qu' a lor non platz donars ni messios,

Ni lor platz res que taingna a cortezia,

Mas be lor platz quant ajoston l' argen;

Per so n' a mais cel que lo met plus gen,

C' onors val mais que avols manentia.


Ja non serai desmentitz ni vencutz

Qu' anc hom escars non fo aventuros;

E si n' i a un qu' en sia cregutz,

Doncs n' a el faig alcun fag vergoignos:

C' avers non vol solatz ni leugaria,

Ni vol trobar home larc ni meten,

Ans lo vol tal qu' estia aunidamen

E tal qu' endur so que manjar deuria.


Que val tesaurs qu' ades es rescondutz,

Ni cal pro tenc a nuill home qu' anc fos?

Aitan n' ai eu, sol non sia mogutz,

Com an aquil que lo tenon rescos.

C' a mi non costa un denier si s perdia,

E ill an tot l' esmai e 'l pessamen;

E quan perdon l' aver perdon lo sen,

Et a mi an pro donat de que ria.


Per valens faitz es hom miells mantengutz

Et acuillitz et honratz per los bos;

E n' es hom miells desiratz e volgutz,

E 'n pot menar plus honratz compaignos:

Que malvestatz ab pretz no s' aparia,

Ni s' acordon per lo mieu escien;

Que pretz vol dar e metre largamen,

E malvestatz estreing e serra e lia.


Lai a 'N Guillem Augier, on pretz s' es clutz,

Tramet mon chant, car el es cabalos;

E 'ls enemics ten sobratz e vencutz,

Et als amics es francs et amoros,

Larcs et adregs e senes vilania;

E tot quant a dona e met e despen,

E non o fai ges ab semblan dolen;

Per qu' en val mais, ja tan pauc non metria.


Bertrand du Pujet.


LIII.


Ab gran dreg son maint gran seignor del mon

Sempre de bos servidors sofraichos,

Et ab gran dreg prendon maintas sazos

Danz e destrics, quan se pogran gandir,

Et ab gran dreg faillon a conquerer

Terras e gent, quan n' an cor e voler,

Car an mes tot so per qu' om vai pueian

En honrament et en pretz, en soan.

E car il tan senz tota valor son

Non dur' ab els servire fiz ni bos,

Car s' esdeve, sia tortz o razos,

Que cascuns vol l' us aprendr' e seguir

De son seignor per miels ab lui caber:

Doncs si fezesson aissi lur dever

Li croi seignor com il s' en van loingnan,

Grieu aurion servidor mal obran.


E sol per so si dechai e s cofon

Lo segl' e s pert, car il son nuaillos

E nonchalen de totz faitz cabalos;

E m meravil com pot esdevenir

Qu' il no voillan proeza mantener,

Car s' ab proeza pueion en poder

Et en ricor, don tan gran talent an,

Per qu' eu m' en vau trop fort meraveillan.


Car totz seingner, on mais a cor volon

D' aver mais e d' esser mais poderos,

De valer deu esser mais voluntos

E de tot so que fassa 'ls pros grazir,

E maiorment de dar, car fai tener

Per pro maint hom a pauc d' autre saber,

E de tot' autra valor sol que n' an,

Qu' el don si gart qu' o met en luec prezan.


E s' om prezatz, que don pren, no i respon

Gent, quant obs es l' onors e 'l pretz e 'l pros

Qu' en ven, celui per cui faig es lo dos,

Restaura tot; car chascus que l' au dir,

Si s preza ren ni sab en re valer,

A tan bon cor vas lui com degr' aver

Cel que n' a pres lo don, per qu' a afan

No s deu nuls hom tener dar si onran.


Als seingnors cug aver faig gran plazer 

En aquest chant, al pros per mantener 

Lur bel capteing, et als autres montran, 

S' il volon far lur pron, so qu' a far an.


Boniface Calvo.


LIV.


Per tot so c' om sol valer

Et esser lauzatz

Deval et es encolpatz,

Car es proeza folia

E leialtatz non sabers

E gaieza leujaria,

C' aissi es camjatz valers

En avoles' e il en lui, qu' om te

Lo croi per pro, e qu' el pros non val re.


E sitot * eu saber

De far malvestatz,

Per q' eu seria prezatz,

Et en poder puiaria;

Conoissenza e devers

Mi capdellon tota via

De guiza, que mos volers

No m sofre ges que m plaia fais, per que

Mi prezon cil qu' el mal tenon per be.


Anz voill ab aital voler

Meinz poder assatz,

Que dels crois mal enseingnatz

Ples de tota vilania

Mi plai en re lurs plazers

Ni lur mendiga paria,

Car mi par lur chapteners

Tant laitz e tant aunitz, que per ma fe, 

Qan sovinenza n' ai, m' enueg de me.

E sai qu' eu faria parer

Ab mos ditz serratz,

Que m lau com outracuidatz,

Non a totz, que s' o fazia

De messoini' auri' el vers

Semblanz', e tant se valria;

Mas sitot no m faill lezers,

Ges de chantar no m membra ni m sove,

Mas sol per cels qu' entendemenz soste.


Domna, tan mi fai plazer

Bels faitz e honratz,

Lo senz e la granz beutatz,

La valors e 'l cortezia

De vos que res fors poders

No m sofraing a far que sia

Perdutz l' auzirs e 'l vezers

E 'l senz dels avols, per cui s' esdeve

C' om lau celui c' avinen no s capte.


Boniface Calvo.


LV.


Qui ha talen de donar

Tal don que sia lauzatz

Entr' els savis, deu pensar

Tres chauzas, ben o sapchatz:

Cals es el eis taing que s pes,

E cals cel qu' el don deu penre,

E cals los dos; qu' estiers res

No 'l pot de blasme defendre.


Qu' om don tan gran non deu dar

Qu' en sia trop fort grevatz,

Ni tant pauc qu' a soanar

Lo taingna cellui qui er datz;

Ni dons avinens non es

C' om lo 'n poiria rependre,

O chauzir qu' el non saubes

So que s taing a far entendre.


E quant hom per si honrar 

Da 'l sieu e n' es desonratz, 

No s pot maiorment desfar; 

Qu' avers e l' honors prezatz 

Val mais que nuls autre bes; 

Doncs qui 'ls pert non pot contendre 

Que d' autra guiza pogues

Tan bassa valor descendre.


Per que requer' e pregar

Lo rei castellan mi platz

Qu' el deia mos chanz membrar,

E non crei' uns sieus privatz;

Car il an tal us apres

E tal art, so il vol aprendre,

Que quecs, per pauc qu' el n' agues,

Son pretz volri' escoiscendre.


Tan mi fai ma dompn' amar

Amors, qu' en sui fol jugatz;

Que can deuria poingnar

El rei de servir, li fatz

Plazers; e no m' en tueil ges,

Car sai qu' il m' en degra rendre

Bon guierdon, s' il plagues

Adreg sa merce despendre.


Boniface Calvo.


LVI.


Mon sirventes tramet al cominal

De tota gen, e si 'l volon auzir

Ni l' entendo ni 'l sabo devezir,

Quascus hi pot triar lo ben del mal;

Que cobeytatz a tant sazit en brieu

Lo mon que no y cort dreg ni tem hom dieu,

Ni no y trob om merce ni chauzimen,

Ni vergonha ab lo pus de la gen.


Clergue volon trastot l' an per engual

Ab cobeitat gent caussar e vestir;

E 'l ric prelat volo s tant enantir

Que ses razo alargan lor deptal

E si tenetz de lor un honrat fieu

Volran l' aver; e no 'l cobraretz lieu,

Si no lor datz una summa d' argen,

E no lor faitz plus estreg covinen.


Rey e comte, baylo e senescal

Volo 'ls castels e las terras sazir,

A lur gran tort las paubras gens delir;

E li baro son tornat atretal;

E ditz quascus: Ieu penrai d' aquo mieu; 

Et ab tot son plus paubres que romieu; 

E no tenon vertat ni sagramen;

E nos autres em tug d' aquelh eys sen.


Si monge nier vol dieus que sian sal

Per pro manjar ni per femnas tenir,

Ni monge blanc per boulas a mentir,

Ni per erguelh Temple ni Espital,

Ni canonge per prestar a renieu,

Ben tenc per folh sanh Peir' e sanh Andrieu 

Que sofriro per dieu aital turmen, 

S' aquest s' en van aissi a salvamen.


Si capelan per pro beure a Noal,

Ni legistas per tort a mantenir,

Et ostalier per son oste trahir,

E loguadier per falsar lor jornal,

E raubador e metje e corrieu,

Rauban la gen, se salvo, non cre ieu

Que menudet no vivon folhamen

E selhs qu' estan cofes e peneden.


Revendedor, obrier e menestral

Iran a dieu, si lor o vol sofrir,

Ab car vendre et ab pliven mentir;

E camjador et home de portal,

E renovier yssamen com Juzieu,

E noyriguier panan so qu' om lor plieu,

E laurador terras sensals tenen,

Festas obran e mezinas crezen.


A l' autra gen darai cosselh leyal,

Sitot no 'l say a mos ops retenir,

Que quecx pesses de be far e de dir,

Que non aurem negus plus de cabal,

Ni 'n portarem escrit el nostre brieu

Ad aysselh jorn que rendrem comt' a dieu,

Al derrier jorn' que tenra parlamen

Ayselh senhor que ns formet de nien.


De totz los reys ten hom per pus cabal

Lo rey 'N Anfos, tan fay bos faitz grazir,

E dels comtes selh de Rodes chauzir

Fai sa valor e son pretz natural,

E dels prelatz selh de Memde, qu' el trieu

Sec drechamen e despen gent lo sieu,

E dels baros son fraire, tan valen

Son tug siey fag e siey captenemen.


Qui mon chantar me repren no m' es grieu, 

Si maynt fan be sitot pauc m' en fatz ieu; 

Ab que las gens renheson leyalmen,

Pueys poirion dir: De folh apren hom sen.


Raimond de Castelnau.


LVII.


Cristias vey perilhar

Per colpa dels regidors,

Quar entr' elhs no cap amors

Ni patz ni dreitz, qu' ab tortz far

Son d' autruy dreg enveyos,

E creys lurs iniquitatz,

Creyssen lurs possessios.


En aisso truep voluntos

Lo pus de las poestatz;

Ja non dirai dels prelatz

Qu' ilh devon governar nos,

Mostran via per salvar;

Si s fan don lur tanh lauzors,

E dieus fassa 'ls drech guidar!


Per sas obras deu mostrar

Selh que repren las follors,

Si que 'l n' eschaya honors;

Qu' ayssi deu hom essenhar,

Quar non es maiestres bos

Per sol dictar apelatz,

Si 'ls faitz no fay cabalos.


Aisso lais, qu' autra razos

M' o tolh don suy apessatz,

Qu' els reys truep desacordatz,

Que d' un voler non sai dos;

Tant vol quascus contrastar

Ab l' autre, don es paors

Que dieus tot o desampar.


Un temps vol dieus yssausar

Crestias, e 'l fon sabors,

Quar el pus era valors;

E pessavan d' elh honrar

Contra Sarrazis fellos,

Et avian entr' elhs patz

Et amor totas sazos.


Mas er es contrarios

L' us a l' autre, que duptatz

No y es enjans ni baratz

Ni cuberta tracios;

L' us cuia l' autr' enjanar:

Mas pus greu m' es dels maiors,

Qu' el mals pot a mais montar.


Quan l' us ve l' autre baissar,

Se deurian far socors,

Quar qui val a valedors;

Mas estiers los vey obrar,

Que del creysser son gilos

E del mermar fan solatz,

Qu' om val als pus poderos.


Bos reys castellas, N Anfos,

Ab dreg faits tot quant fassatz

Et auretz pro companhos.


El devers sia gardatz

Vostres, e 'l pretz per vos.


Giraud Riquier.


LVIII.


Qui m disses, non a dos ans,

Qu' el laus me fos desgrazitz

Del rey 'N Anfos, de pretz guitz,

Mot me fora greus afans;

Qu' er es tant vil tengut sai

E blasmatz, que sol parlar

Non aus de luy ad honor,

Don ai al cor tal dolor

Qu' ab pauc chant no 'n desampar.


A moutz homes l' aug blasmar

Que li foran valedor,

Si guerra l' agues sabor

Tant com a cor de donar:

Mas ieu las! suy en esmai,

Com me sol lauzar mos chans,

Per elh que m' er abelhitz

Tant qu' ieu serai sebelhitz,

Ans que dreg alhors los lans.


Mala veyra sos efans,

Si 'l pus de la gent ver ditz, 

Que vius n' er despostaditz; 

E dieus don me mort enans, 

Quar ja gran joy non aurai 

Tro per ver auia comtar

Que 'l sieu enemic maior

Aian ab luy tal amor

Que d' elhs no 'l calha gardar.


Ab dreg a volgut renhar

Et ab pretz et ab valor,

Creyssen de terr' ab lauzor,

Lo reys N Anfos que dieus gar;

Et aras deu mielhs e mai

Voler dreg e patz dos tans,

Sol que non si' escarnitz;

Per que de dieu si' aizitz,

E sos pretz no s desenans.

Mos ditz sera pro bastans

Sol que per luy si' auzitz,

Qu' ieu parti totz esferzitz;

E si m' enten, non l' er dans;

Pero aitan li dirai

Que reys deu amicx amar,

Mas de l' als dir ai temor,

E 'lh chauzisca son melhor

Per son dreg dever a far.


Jamais no m' esforsarai

D' el rey castellan lauzar,

Ni d' autre, si en error

Ven son pretz, qu' a deshonor

Me pogues ab dan tornar.


No suy astrucx de senhor

Que m vuelha de cor amar.


Giraud Riquier.


LIX.


Fortz guerra fai tot lo mon guerreiar

E destruir, per que tot er destrutz,

Qu' ab totz esfortz vey las gens esforsar

De dechazer us austres dechazutz

De drechura, q' us non es drechuriers,

Ans es ab tort qui pot pus torturiers,

Tant que temors de dieu no y fai temensa,

E qui conoys mescre sa conoyssensa.


Per qu' el mons es estranhatz de mondar,

Quar hom no cre autre ni es crezutz,

Ni es amatz per ren ni pot amar

Ni ben voler, ans es totz ben volgutz

Qu' om dona dreg, dat per dieu, per deniers;

E per aver avera 'ls messongiers

Per que dieus fa ses pro far penedensa 

Als crestias crestatz de paciensa.


Q' us ab son par no s pot apariar

Ses decebre, don quecx es deceubutz

E gualiatz, tan vol quecx gualiar,

Creyssen lo sieu, don mals es tant cregutz

Qu' om no vol far ben, e fa voluntiers

Mal, per que patz nos fug, qu' el vers paziers

Par que nos falh per la nostra falhensa,

E no nos val quar nos no 'l faym valensa.


Mas qui fes totz los bes que pogra far,

E que s tengues dels mals on es tengutz,

Et oblides so que deu oblidar,

E decores de cor so qu' es salutz,

E volgues dreg quar dreitz es dreitz semdiers,

Qu' aissi viven viu hom e non estiers,

Et obezis so qu' es d' obediensa,

De belh saber agra belha sabensa.

Vers paires dieus, don no ns podem pairar,

Vera via, vertatz e vera lutz,

Vers salvamens per que ns devem salvar,

Vera bontatz don totz bes es vengutz,

Amaires vers als amadors entiers,

Defendemens defendens d' aversiers,

Faitz nos obrar tals obras ab crezensa

Qu' entr' els gueritz trobem ab vos guirensa.


Amples camis ab trops de caminiers,

Leus per saber e per tener leugiers,

Es selh de mort, e mortals ab temensa

Selh de vida, per qu' a paucx vius agensa.


Si be m falhic no crey que y fes falhensa,

Mos Belhs Deportz, deport truep e guirensa.


Giraud Riquier.


LX.


Vertatz es atras tirada

E messonja enantida

E lialtatz encaussada

E falsetatz aculhida,

Qu' om ten per dreg son voler 

Et obra de son poder

Don tortz es tan poderos

Que dreitz es a non chaler

Vengutz, que no y val sermos.


Sancta fes es sermonada

Mot, e pauc l' obra seguida;

Tant es plazens e privada

Selha de mondana vida,

Qu' om, per complir son plazer,

Desconoys dreg e dever,

E d' aver es tant curos

Hom, e pro non pot aver,

Que no sap que s' es razos.


E crey qu' a dieu non agrada

Quar amors non es aizida,

Ni merces non es trobada;

Per que patz nos es falhida,

Qu' om non la vol enquerer;

Don deu lo mons dechazer,

Quar dieus totz savis, totz bos, 

No vol en loc remaner

On baratz renh e tensos.


Mas si patz fos essercada

Tant com es guerr' afortida,

Erguelhs non agra cassada

Merce qu' al mon fort oblida,

Per qu' amors no y pot caber

Ni sens no y pot res valer,

Qu' erguelhs e baratz ginhos

Tolhon auzir e vezer

Ad home totas sazos.


Ihesus Cristz nos a mostrada

Via qu' es del ver gaug guida,

Mas tant es pauc ademprada,

Per que petit es polida,

Quar mot es greus per tener

Qu' om manjar be ni jazer

No y pot, ans viu sofrachos

Del mon que deu fort temer,

Quar tot l' es contrarios.


Lo mons no dona lezer

De be, e fai mal plazer;

E qui pus l' es amoros

Mens a de ben far poder,

Tant es lo mals saboros!


Sanctz paires dieus glorios,

Senher, datz nos tal saber

Qu' el mon azirem per vos.


Giraud Riquier.

Pièces morales et religieuses.

Index:

I, Senher dieus, que fezist Adam,

II, Vers dieus, el vostre nom e de sancta Maria

III, Patz passien ven del senhor

IV, Razos es e mezura,

V, Ben volgra, s' esser pogues,

VI, Verges, en bon' hora

VII, Dieus, vera vida, verays,

VIII, Ja hom pres ni dezeretatz

IX, Pus lo dous temps ve jogan e rizen,

X, Lo pair' e 'l filh e 'l sant espirital

XI, Mantas vetz sui enqueritz

XII, Nueg e jorn suy en pensamen

XIII, Oi! Maire, filla de dieu,

XIV, Un decret fauc drechurier,

XV, Vera vergena Maria,

XVI, Dels quatre caps que a la cros

XVII, Ihesum Crist, nostre Salvaire,

XVIII, Ben es adreigz E sap qu' es alegranza,

XIX, Sirvens suy avutz et arlotz,

XX, Domna, dels angels regina

XXI, Be volria de la mellor

XXII, Cor ai e voluntat

XXIII, Luecx es qu' om si deu alegrar;

XXIV, Esperansa de totz ferms esperans


Tome 5:

Appendice - Biographies (+ Index)

Tome 6:

Grammaire comparée langues Europe latine - chapitre 1, Substantifs (+ Index)