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lunes, 20 de noviembre de 2023

Résumé de la grammaire romane. Observations préliminaires. (+ Index)

Résumé de la grammaire romane.

Observations préliminaires.

Lorsque je publiai la Grammaire de la langue romane, il ne s' agissait que de préparer à la lecture des poésies des Troubadours, et je me bornai à exposer les règles qu' il était nécessaire de connaître pour comprendre facilement ces poésies.

Depuis cette publication, et à mesure que j'ai travaillé au lexique roman, j'ai reconnu que, pour le rendre véritablement curieux et utile, il était indispensable d' y insérer les mots que fournissaient d' autres documents de cette langue, surtout les ouvrages écrits en prose, et je n' ai pas hésité à donner à mon travail une latitude, un développement, qui l' a augmenté de plus de la moitié.

Ces ouvrages, appartenant à différents pays et à diverses époques, ont offert quelques accidents grammaticaux qui, sans rien changer aux règles générales que j' avais déjà recueillies, méritent pourtant d' être signalés.

Je les ai donc compris dans ce résumé, avec d' autant plus de raison que ces accidents grammaticaux se trouvent dans des exemples du lexique et même, pour la plupart, dans les nouvelles poésies romanes que je publie.

C'est ainsi que j'ai dû indiquer, dans le tableau des articles, LE, sujet au singulier, au lieu de LO, pour le masculin, et LI, en place de LA, également sujet féminin au singulier, par le motif que ces deux modifications, et quelques autres introduites successivement par l' usage ou la prononciation locale, se rencontrent assez fréquemment dans divers ouvrages en prose et en vers de la fin du XIIIe siècle, et dans les manuscrits dont l' écriture est postérieure à cette époque.

Je ferai remarquer que ce changement de désinence, quoiqu'il n' eût pas lieu régulièrement, fut peut-être occasionné par le besoin de distinguer quelquefois l' article LO, sujet, du même article LO, régime direct.

Une cause semblable fit probablement adopter au singulier l' article LI, féminin sujet, tandis que les articles féminins, régimes directs et indirects, au singulier, conservèrent LA.

Dans ma grammaire j' avais déjà indiqué DES, AS, comme contraction des articles DELS, ALS; j' ajoute aujourd'hui DEU, DEUS, et AU, AUS, comme employés quelquefois pour DEL, DELS, du, des, et pour AL, ALS, au, aux.

Quelques substantifs et adjectifs reçurent l' E final, tels que om, sanct, homme, saint, qu'on écrivit ome (1: Om prit parfois la terminaison EN, on disait omen, nomen.), sancte, au singulier, et omes, santes au pluriel.

Quelques noms, en adoptant cette nouvelle désinence, ne furent employés qu'au pluriel, tels furent verses, vers, corses, corps, grosses, gros.

De même, ayant rencontré assez fréquemment LAUS, LAUN, l' un, pour LO US, LO UN ou L' US, L' UN, je n' ai pas hésité à placer ce mot dans le lexique, et à ne pas rejeter, dans ce nouveau choix de poésies romanes, les vers où ce mot se trouve employé.

Il en a été ainsi de senhen, contraction de senher En, seigneur sire. 

Je me borne à ces indications; elles expliquent assez le but que je me suis proposé en comprenant ces légères modifications dans le résumé de la grammaire de la langue romane.

Je classerai les règles de cette grammaire dans sept chapitres.

// Index:

Articles

Substantifs

Adjectifs

Pronoms

Noms de nombres

Verbes

Adverbes, prépositions, conjonctions.


Roman de Flamenca

Roman de Jaufre

Roman de Gerard de Rossillon

Chronique des Albigeois

Roman de Fierabras

Roman de Blandin de Cornouailles et Guilhot Ardit de Miramar


miércoles, 3 de abril de 2024

Lexique roman; Gramatica - Grasula

 

Gramatica, s. f., lat. grammatica, grammaire.

Las oit partz que hom troba en gramatica. Gramm. prov.

Les huit parties qu'on trouve en grammaire. 

Per lo maistre de las escolas de gramatica. 

(chap. Per lo maestre o mestre de les escoles de gramática.)

Tit. de 1248. Hist. de Nîmes, t. III, pr., p. 230. 

Pour le maître des écoles de grammaire. 

Loc. Per gramatica sai parlar latinamens. 

Pierre de Corbiac: El nom de.

Par grammaire je sais parler en latin.

CAT. ESP. Gramática. PORT. Grammatica. IT. Gramatica, grammatica.

(chap. Gramática, gramátiques. Es mol interessán la de Loís Alibèrt.)

och, occitan, hoc, oc, òc, languedoc

2. Gramaira, s. f., grammaire.

Las arts liberals: gramaira, etc. Cat. dels apost. de Roma, fol. 75.

Les arts libéraux: Grammaire, etc.

3. Gramayrian, s. m., grammairien. 

No prendem pas assi gendre ni especia, com fan li gramayria.

Leys d'amors, fol. 139. 

Nous ne prenons pas ici genre ni espèce, comme font les grammairiens.

Adjectiv. Donat gramairia. Cat. dels apost. de Roma, fol. 41. 

Donat grammairien. (N. E. Donatus Provincialis : gramática del provenzaloccitano.)

4. Gramaje, Gramatje, s. m, grammairien, sophiste.

Plus parliers qu'uns gramajes.

Rambaud de Vaqueiras: Leu sonet. 

Plus bavard qu'un sophiste. 

Seigner Giralt, el mon non a gramatje

C' ieu non vences en plac de drudaria. 

T. de Giraud et de Peyronet: Peronet. 

Seigneur Giraud, au monde il n'y a grammairien que je ne vainquisse en discussion de galanterie.

5. Gramazi, s. m., grammairien, sophiste.

Eschivar las fablas dels gramazis. Trad. de Bède, fol. 83. 

Éviter les fables des sophistes.

6. Gramavi, s. m., grammairien, sophiste, docteur.

Meinhs suy savis

Que gramavis

Que la gent ensenha.

Gavaudan le Vieux: Aras quan. 

Je suis moins sage que le docteur qui enseigne la gent.

- Greffier, écrivain.

Autras personas i an obs... so son li gramavi.

Atrestal razos es dels gramavis que fan covenent ab autre.

Trad. du Code de Justinien, fol. 4 et 43.

Autres personnes y ont besoin... ce sont les greffiers.

Telle raison est des écrivains qui font accord avec un autre.

7. Gramatical, adj., grammatical.

Los ditz gramaticals. Leys d'amors, fol. 6. 

Les termes grammaticaux. 

CAT. ESP. Gramatical. PORT. Grammatical. IT. Gramaticale, grammaticale.

(chap. Gramatical, gramaticals.)


Gran, Gra, s. m,, lat. granum, grain. 

Torn ferir en la palha,

D' on esper qu'el gras salha. 

Giraud de Borneil: Qui chantar.

Je reviens frapper sur la paille, d'où j'espère que le grain sorte.

- Genre, race.

Gals... quar de beltat es lo plus bel de son gran. Liv. de Sydrac, fol. 116.

Le coq... car en beauté il est le plus beau de son genre.

Deguna autra bestia de son gran.

Eluc. de las propr., fol. 54. 

Aucune autre bête de son genre.

- Grain, poids.

Si n' era maihs a dire d'un gra, deven esser refondut.

Tit. de 1276. Commune de Périgueux.

S'il en était à dire plus d'un grain, ils doivent être refondus.

(Il s'agit de la monnaie de Périgueux.)

Fig. Sens aporta grans e mesura.

P. Vidal: Abril issic. 

Sens apporte poids et mesure.

Ce mot a été employé en diverses figures et locutions:

Mescla 'l gran ab la palha.

Bertrand de Born: Un sirventes on. 

Mêle le grain avec la paille. 

Mays Dieus triara lo gra de la palha al jorn del jutjamen.

(chap. Pero Deu triará lo gra de la palla lo día del juissi.)

V. et Vert., fol. 54.

Mais Dieu triera le grain de la paille au jour du jugement.

Chanson, vai t'en... 

Al gran de bon espic.

P. Vidal: Mout viu. 

Chanson, va-t'en... vers le grain de bon épi. 

No cre que nulh hom que viva 

Vis anc dona de tan bel gran.

Amanieu des Escas: A vos qu'ieu am. 

Je ne crois pas que nul homme qui vive vit oncques dame de si beau grain.

Ben cobram lo gran segon l' espic.

(chap. Be cobram – cullim - lo gra segons la espiga.)

Aimeri de Peguilain: En aquel. 

Bien nous recueillons le grain selon l'épi.

Amors, ieu vi la sazo 

Que vos eratz flors e gras.

Elias de Barjols: Amors be m. 

Amours, je vis la saison que vous étiez fleur et grain. 

E 'ls motz d' amdos d' un gran e 'l chan d' un to. 

Aimeri de Peguilain: Mantas vetz. 

Et les mots des deux de même grain et le chant de même ton.

Mos Bels Miraills, voill que m lais

Sa gaiesa e son bel gran.

Bertrand de Born: Domna puois. 

Mon Beau Miroir, je veux qu'il me laisse sa gaîté et son beau grain. 

Nég. expl. Non daran

En l'arma de lor paire 

Lo pretz d' un gran.

P. Cardinal: Tals cuia be. Var. 

Ne donneront pour l'âme de leur père le prix d'un grain.

ANC. FR. D' Angloys ne leur train 

Ne me challoit grain. 

Vigiles de Charles VII, t. 1, p. 74. 

Ceste-ci n'est mie la mienne, je n'en veulx grain.

Rabelais, liv. IV, Nouv. prologue.

Comme celuy qui disoit: En nostre cave on n'y voit goutte, en nostre grenier on n'y voit grain.

Henri Estienne, Apologie pour Hérodote, t. II, p. 179. 

ANC. ESP. Non vos miente un grano.

Gonzalo de Berceo, P. de S. Vicente, st. 2. 

CAT. Gra. ESP. MOD. Grano. PORT. Grão. IT. Grano. (chap. Gra, grans.)

2. Granet, s. m. dim., petit grain. 

Tres granetz li donaretz 

D' aurpimen. 

De solfre ardent, un granet.

Deudes de Prades, Auz. cass. 

Vous lui donnerez trois petits grains d'orpiment. 

De soufre ardent un petit grain. 

Hom serca los porcs als granetz de la lengua.

V. et Vert., fol. 103. 

On apprécie les porcs aux petits grains de la langue. 

CAT. Granet. ESP. Granillo. IT. Granello. (chap. Granet, granets. Tamé es diminutiu de gran: mosso granet o grandet, mossos granets o grandets, mossa graneta o grandeta, mosses granetes o grandetes.)

8M Valderrobres , si natros o natres mos aturem

3. Grana, s. f., graine.

De l' api polveratz la grana.

Deudes de Prades, Auz. cass.

De l' ache pulvérisez la graine.

Er can li rozier

So ses flor ni grana.

B. Arnaud de Montcuc: Er can li. 

Maintenant quand les rosiers sont sans fleur ni graine. 

Fig. La grana del celestial lavor. Évangile de li quatre Semencz. 

La graine du céleste travail. 

CAT. ESP. IT. Grana. (chap. Grana, coló granate.) 

- Spécialem. Écarlate, garance.

Fos tan gays ni bobansiers

C' auzes portar grana.

Raimond de Miraval: Anc chantars.

Fut si hardi et fastueux qu'il osât porter écarlate.

Aissi coma tenhs en grana.

V. et Vert., fol. 41.

Ainsi comme teint en écarlate.

E XX del meiller drap de grana.

Roman de Jaufre, fol. 101. 

Et vingt du meilleur drap d' écarlate. 

Ieu tenherai ben e lialmen ab grana et ab alum.

Cartulaire de Montpellier, fol. 117. 

Je teindrai bien et loyalement avec garance et avec alun.

ANC. FR.

Puis vestit drap de lin et bliaut teint en graine. 

Roman de Guillaume au Court Nez. Du Cange, t. I, col. 1203.

Amour d'omme envers fame n'est mie teinte en graine, 

Por trop pou se destaint.

Jehan de Meung, Testam., v. 437. 

CAT. ESP. IT. Grana.

4. Granella, s. f. dim., petite graine.

Granella roia, cairada.

Deudes de Prades, Auz. cass. 

Petite graine rouge, carrée. 

ESP. Granilla.

5. Granage, s. m., grain, céréale.

Granages, vinoly

Granages de camps.

Joan Lluis Camps Joan, Cretas, Queretes, Ascuma, la comarca

Fors de Béarn, p. 1086 et 1088. 

Céréales, vin, huile. 

Grains des champs.

6. Granier, s. m., lat. granarium, grenier.

Si avetz deniers, 

Et avetz de blat vostres ples graniers.

(chap. Si teniu dinés, y teniu vostres granés plens de blat.)

Le Moine de Montaudon: Manens.

Si vous avez deniers, et avez de blé vos pleins greniers.

Reculhir los blas... e metre en graniers.

Del blat que el tenia en sos graniers. 

Joseph fes ubrir los graniers.

Hist. abr. de la Bible, fol. 17. 

Recueillir les blés... et mettre en greniers. 

Du blé qu'il tenait en ses greniers. 

Joseph fit ouvrir les greniers. 

CAT. Graner. ESP. Granero. PORT. Granel. IT. Granaio. (chap. Grané, granés; a vegades se fique a la pallissa, pallisses, com la palla, aufals, etc.)

7. Grani, s. m., lat. granarium, grenier.

Ades m' escont en grani o en seillier.

G. Rainols d'Apt: Quant aug. 

Alors je me cache en grenier ou en cellier.

8. Granja, Granga, s. f., grange, métairie.

De las proprias vinhas, de la maio e de las granjas de Granselva.

Tit. de 1262. DOAT, t. LXXIX, fol. 125. 

Des propres vignes, de la maison et des granges de Granselve.

Quatre sestiers de seguel a la granja de Banis. 

Tit. de 1222. DOAT, t. CXIV, fol. 88. 

Quatre setiers de seigle à la métairie de Banis. 

Devers la granga de Donzac.

Tit. de 1270. DOAT, t. XCI, fol. 85. 

Devers la grange de Donzac. 

CAT. ESP. PORT. Granja. (chap. Granjagranges o granjes.)

9. Grangier, s. m., granger, celui qui avait la direction d'une métairie, d'une grange appartenant à un monastère.

Prior, celarier, obrier e grangier.

Tit. de 1263. DOAT, t. XCI, fol. 238.

Prieur, cellérier, maître de l'oeuvre et granger.

Adjectiv. Frayre... grangier.

Tit. de 1254, DOAT, t. CXV, fol. 89. 

Frère... granger. 

CAT. Granger. ESP. Grangero (granjero). (chap. Grangé, grangés, granjera, grangeres.)

10. Granulos, adj., granuleux, grenu.

Carn porcina granuloza. Eluc. de las propr., fol. 100.

(chap. Carn de gorrino granulosa.)

Chair de porc granuleuse.

- Spécial. Couleur de garance, rouge.

Blavenc ni vert ni granulos.

Eluc. de las propr., fol. 58.

Bleuâtre ni vert ni couleur de garance. 

ESP. Granujoso (granuloso). IT. Granelloso. (chap. Granulós, granulosos, granulosa, granuloses; gránul d' aufals, granuls per als conills.)

11. Granar, v., grener, produire des graines.

Vezem granar e florir.

(chap. Veém graná y florí.)

P. Raimond de Toulouse: Ar ai ben. 

Nous voyons grener et fleurir. 

Terra que ses labor grana.

Pierre de Corbiac: Domna dels angels. 

Terre qui sans labour produit. 

Fig. Mas si anc nulhs joys poc florir, 

Aquest deu sobre totz granar.

Le Comte de Poitiers: Mout jauzens. 

Mais si oncques nulle joie pût fleurir, celle-ci doit au-dessus de toutes grener. 

CAT. ESP. Granar. IT. Granare. (chap. Graná.)

12. Engranar, v., engrener. 

Part. pas. Que negun blat pezat que sia engranatz, non sia levatz de la tremueia tro que sia moutz. Cartulaire de Montpellier, fol. 140. 

Que nul blé pesé qui soit engrené, ne soit enlevé de la trémie jusqu'à ce qu'il soit moulu.

13. Milgrana, s. f., grenade. 

Met un estront per milgrana.

T. de Bonnefoy et de Blacas: Seing' En. 

Met un étron pour grenade. 

ANC. ESP.

Ond nació tal milgrana, feliz fó el milgrano, 

Et feliz la milgrana, que Dió tanto buen grano. 

Salió un sancto grano de la sancta milgrana.

V. de S. Domingo de Silos, cop. 675 et 689. 

ESP. MOD. Granada. IT. Melagrana. (chap. Mangrana, mangranes; mansana o poma granada.)

Mangrana , granada

14. Milgranier, s. m., grenadier.

Oliviers, milgraniers. Leys d'amors, fol. 51. 

(chap. Olivés u oliveresmangranés o mangraneres.)

Oliviersgrenadiers.

Beceite lanza olivos mandarinos al mercado

15. Grus, s. m., grain. 

Gru de razim negre. Eluc. de las propr., fol. 37. 

Grain de raisin noir. 

Adv. comp. Manja I razim gru e gru, o pauc e pauc.

(chap. Se minge un raím gra a gra, o poc a poc.)

Leys d'amors, fol. 114.

Mange un raisin grain à grain, ou peu à peu.

16. Engrunar, v., égrener, séparer, détacher. 

Part. pas. Saumada de cebas... si son engrunadas.

Cartulaire de Montpellier, fol. 106. 

Charge d'oignons... s'ils sont séparés. 

CAT. Engrunar.

17. Esgrunar, v., égrener, mettre en débris.

Sa tor e so mur fragna et esgru.

Roman de Gerard de Rossillon, fol. 28.

Que sa tour et son mur il brise et mette en débris.

CAT. Esgrunar.

18. Degrunar, v., égrener, ôter grain à grain.

Fig. Marcabruns, lo filhs Marcabruna

Fo engendratz en tal luna 

Qu'el sap d' amor com degruna.

Marcabrus: Dirai vos.

Marcabrus, le fils de Marcabrune, fut engendré en telle lune qu'il sait touchant l'amour comment il égrène.

Marcabrus, Marcabruns, Marcabrun, Marcabrunela,

Gran, adj., lat. grandis, grand, large.

Gran ben e gran honor 

Conosc que Dieus me fai.

B. de Ventadour: Pus me. 

Grand bien et grand honneur je connais que Dieu me fait.

Fa gran nueg.

G. Riquier: Ab plazen. 

Il fait grande nuit.

Dans la langue des troubadours et dans celle des trouvères cet adjectif fut un adjectif commun; cependant, des troubadours l'ont employé au féminin, mais très rarement: 

Sa beutat es tan granda.

A. Daniel: Ans qu'els cims. 

Sa beauté est si grande.

Substantiv. Que tengatz dreytura als paucs e alhs grans. Philomena.

Que vous teniez justice aux petits et aux grands. 

I pertus del gran d'una cavilha. Liv. de Sydrac, fol. 139.

Un trou du grand d'une cheville. 

De pauc en gran e de gran en maior.

Aimeri de Peguilain: A vos amors. 

De petit en grand et de grand en plus grand. 

Comparatif. Que uns palais granors fon fatz. V. de S. Honorat. 

Qu'un palais plus grand fut fait.

ANC. FR. En grant chierté l' aveit Rou por sa grant valor. 

E complaintes granz è petites.

Roman de Rou, v. 1725 et 9562.

Ma grant dolour et mes maus alégier. 

E tant me fi en sa grant loïauté. 

Le Comte d'Anjou. Ess. sur la Mus., t. II, p. 154. 

De deux grands déitez la faveur je désire. 

Premières œuvres de Desportes, fol. 24.

Grand a conservé dans la langue actuelle son genre commun en diverses circonstances, telles que grand mère, grand messe, grand salle, grand chambre, grand route, etc.

La langue des trouvères eut aussi grenor, graindre, greignor, etc., pour exprimer les termes de comparaison:

Ainz mais ne n'ot joie graignor. 

Nouv. rec. de fables et cont. anc., t. 1, p. 293. 

N' éussent-il pas grenor joie.

Roman du Renart, t. I, p. 119. 

Cayn, qui frères fu d' Abel, 

Ne fist pas greignor trahison. 

Six jours après la Saint-Jehan, 

Que li jours sont gregneur de l'an. 

Fables et cont. anc., t. 1, p. 193, et t. II, p. 229. 

Ambedeux sunt moult grans, mais charité est graindre.

Jehan de Meung, Test., v. 1849. 

Loc. Pogra m guerir ses afan

Que ja no 'n traysses pauc ni gran. 

P. Raimond de Toulouse: Enquera. 

Pourrait me guérir sans peine que jamais je n'en tirasse petite ni grande. Gran temps a. Declaramens de motas demandas. 

Grand temps il y a. 

Adv. comp. Gran ren d' armatz ensems brugir. 

Bertrand de Born: Be m play lo. 

Beaucoup de soldats ensemble gronder.

Voyez Ren.

L'ancien italien a souvent employé gran. Des lexicographes ont dit que c'était una voce sincopata di grande; ils auraient pu reconnaître que c'était un emprunt à la langue provençale. 

CAT. ESP. Gran. PORT. IT. MOD. Grande. (chap. Gran, grans; granet o grandet, granets o grandets, graneta o grandeta, granetes o grandetes.)

2. Granmen, Grandamen, adv., grandement, beaucoup.

Car ab tot so qu' el vos hi val granmen,

Vos an il tout tan, q' en vivetz dolen.

B. Calvo: Ges no m'es. 

Car avec tout cela qu'il vous y vaut grandement, ils vous ont enlevé tant, que vous en vivez dolents. 

Aparellet se granmen d' anar al rei. 

V. de Guillaume de Baux. 

S' apprêta grandement d'aller au roi. 

De leys ni de decretz non apris anc granmens. 

Pierre de Corbiac: El nom de. 

De lois ni de décrets je n'appris oncques beaucoup. 

Melhuret... tan grandamen sanhta Glieia.

Cat. dels apost. de Roma, fol. 35. 

Améliora... si grandement sainte Église. 

ANC. FR. Lor ad grantment le soen doné. 

Marie de France, t. I, p. 158. 

Quant il partit de son pays 

Pas grammant d'argent il n'avoit. Repues franches, p. 21. 

ESP. PORT. IT. Grandemente. (chap. Granmen)

3. Grandesa, Grandeza, Grannessa, s. f., grandeur, étendue, hauteur, puissance.

La grandesa de la terra. Trad. du Code de Justinien, fol. 13. 

(chap. La grandesa de la terra.)

L' étendue de la terre.

Los murs nauts de la grandesa de L coydats.

L'Arbre de Batalhas, fol. 33. 

Les murs hauts de l' étendue de cinquante coudées.

Fig. De grandeza e d' eternitat. Brev. d'amor, fol. 7.

De puissance et d' éternité. 

Charitaz cobre la grandesa dels pechaz. 

Trad. de Bède, fol. 19.

Que charité couvre la grandeur des péchés. 

Cobrira la grannessa dels peccatz. Épître de S. Jacques.

Couvrira la grandeur des péchés. 

ANC. FR. Qui toutes fois n'oublie sa grandesse, 

A ces seigneurs parlant comme maistresse. 

Histoire d'Anne de Boleyn.

CAT. Grandesa. ESP. PORT. Grandeza. IT. Grandezza.
(chap. Grandesa, grandeses.)

4. Granditat, s. f., grandeur, étendue.

Cove... que la cauza haia granditat. 

En lors dimencios, granditat.

Eluc. de las propr., fol. 15 et 107. 

Il convient... que la chose ait grandeur. 

En leurs dimensions, grandeur.

ANC. FR. Sa force et sa grandité.

B. de Sainte-Maure, Chron. de Norm., fol. 149.

5. Grandir, v., lat. grandire, grandir.

Qui en loc remanra de vos tres,

Ben deu aver fin cor e ferm cossir

De totz bos aips enansar e grandir.

G. Faidit: Fortz chausa.

Qui en place restera de vous trois, doit bien avoir pure volonté et ferme pensée d' augmenter et de grandir de toutes bonnes qualités.

ANC. ESP. Grander. IT. Grandire.


Granat, s. m., lat. granatus, grenat.

Es faitz granatz, 

Qu'a maracde retray.

Serveri de Girone: Sitot s'es. 

Est fait grenat, qui revient à émeraude. 

CAT. Granat. ESP. (chap.) Granate. IT. Granato.

2. Granada, s. f., grenat.

Car aqui avia carboncles, saphirs, maracdas, dyamans, turquisas, granadas et totas manieyras de peyras preciosas. Libre de Tindal.

Car là avait escarboucles, saphirs, émeraudes, diamants, turquoises, grenats et toutes espèces de pierres précieuses. 

PORT. Granada.


Granissa, Granzissa, s. f., grêle. 

Granissa es gota de ploia... en l' ayre congelada.

Eluc. de las propr., fol. 137. 

Grêle est goutte de pluie... en l'air congelée. 

Gran granzissa, si co bezans, deycendet del cel. 

Trad. de l'Apocalypse, ch. 16. 

Large grêle ainsi comme besant, descendit du ciel. 

CAT. Granis. ESP. PORT. Granizo. (chap. Granís, pedra; granissada o pedregada. Granissat: beguda en gel. Ha granissat o pedregat.)

2. Gressa, Greza, s. f., grêle.

Gressa fu faita.

Li home blastemeron Dieu per la plaga de la greza.

Trad. de l'Apocalypse, ch. 8 et 16.

Grêle fut faite.

Les hommes blasphémèrent Dieu à cause de la plaie de la grêle.

3. Grandinar, v., lat. grandinare, grêler. 

Cum ades plova, ades grandine, ades neve. 

Eluc. de las propr., fol. 135. 

Comme maintenant il pleuve, maintenant il grêle, maintenant il neige.
IT. Grandinare. (chap. Granissá, pedregá.)


Granoilla, Granolha, s. f., du lat. rana, grenouille.

Ans que chant la granoilla.

Guillaume de Berguedan: Chanson. 

Avant que chante la grenouille. 

Peire d'Alvernhe a tal votz 

Que chanta cum granolh' en potz.

Pierre d'Auvergne: Chantarai. 

Pierre d'Auvergne a telle voix qu'il chante comme grenouille en puits.

Granolha... no cura de sos filhs. Eluc. de las propr., fol. 154. 

Grenouille... ne se soucie de ses petits. 

CAT. Granota. (chap. Rana, ranes; los embrions se diuen cullerotcullerots.)

San Pere, baturro, Zirigoza, rana

Grapaut, Crapaut, s. m., crapaud. 

La terra que porta e noyris los porcs e los grapautz aysi ben com los reys. V. et Vert., fol. 34. 

La terre qui porte et nourrit les porcs et les crapauds aussi bien que les rois.

Serps lai ac e grapautz enviro, per totz latz. 

Roman de Fierabras, v. 2000. 

Il y eut là serpents et crapauds à l'entour, de tous côtés.

Peyra precioza engendrada el cap del crapaut.

Eluc. de las propr., fol. 159. 

Pierre précieuse engendrée en la tête du crapaud. 

Nég. expl. No t pres un grapaut.

Raimond l' écrivain: Senhors l'autr'ier. 

Je ne te prise un crapaud.

ANC. CAT. Grapalt, grapaut. CAT. MOD. Calapat (gripau).
(chap. Saposapos.)

2. Crapaudina, s. f., crapaudine.

Crapaudina es peyra precioza, engendrada el cap del crapaut.

Eluc. de las propr., fol. 159.

Crapaudine est pierre précieuse, engendrée en la tête du crapaud.

Crapaudine est pierre précieuse, engendrée en la tête du crapaud.


Graissan, Graixant, s. m., crapaud. 

Graissans ni serps que s'amola

No m fai espaven.

Marcabrus: Pus la fuelha.

Crapaud ni serpent qui s' amoncelle ne me fait peur.

Dyable no pot suffrir la bona odor del enguen de misericordia, aytan pauc com graixant la odor de razi. V. et Vert., fol. 74; 2e Ms.

Diable ne peut souffrir la bonne odeur de l'onguent de miséricorde, aussi peu comme crapaud l'odeur du raisin.


Gras, adj., lat. crassus, gras. 

Fo pus gras que calha.

Rambaud de Vaqueiras: El so que. 

Fut plus gras que caille.

Fructifica pus en magra terra que en grassa. 

Coma aquell que fay oly, que reten lo plus gras, e gieta por la caca.

V. et Vert., fol. 75 et 35. 

Fructifie plus en maigre terre qu'en grasse. 

Comme celui qui fait huile, qui retient le plus gras, et jette dehors la lie.

- Fertile, fécond.

La plus grassa cauza que sia, es la terra. 

Es la terra plus grassa que res que sia.

Liv. de Sydrac, fol. 112. 

La plus grasse chose qui soit, c'est la terre. 

La terre est plus grasse que chose qui soit. 

Subst. et loc. No y reman gras ni mesquis. 

Gavaudan le Vieux: Senhors per los. 

N'y reste gras ni chétif. 

ANC. FR. S' éusse bone poule crasse. Roman du Renart, t. II, p. 259.

Un singe cras è parcréu. Marie de France, t. II, p. 191.

Ge les voi, les jengléors, 

Plus cras qu' abbés ne que priors.

Roman de la Rose, v. 2568. 

CAT. Gras. ESP. Graso. IT. Grasso. (chap. gort, gorts, gorda, gordes, que té molta grassa, greix, sagí. Gros, grossos, grossa, grosses. Sebós, sebosos, sebosa, seboses. De bon añ; majetón; com un jónec

Juaquinico MonclúsOriol Junqueraslo rey de Fransa Louis VI le Gros.)

Joaquim Montclús, Joaquín Monclús, gordo, seboso, gort, gras, craso, crassus

2. Grassament, adv., grassement.

Loc. Viure grassament. Lo novel confort. 

Vivre grassement.

ANC. CAT. Grassament. IT. Grassamente.

3. Grasset, Grazet, adj. dim., grasset, grassouillet.

Grasset e de fresca color. Brev. d'amor, fol. 55. 

Grassouillet et de fraîche couleur. 

Grazet c' ades iesca del niu.

Deudes de Prades, Auz. cass. 

Grassouillet qui maintenant sorte du nid. 

ANC. FR. Si le trova grasset e gros.

Roman du Renart, t. II, p. 300. 

Tant l'a trové plain e craset. 

Roman de Partonopeus de Blois, t. 1, p. 44. 

ESP. Grasete. IT. Grassetto. (chap. Gordet, gordets, gordeta, gordetes; grosset, grossets, grosseta, grossetes.)

dicsionari chapurriau castellá, M

4. Grasseza, s. f., embonpoint, graisse.

Dedins ab grasseza, defora ab magreza

Eluc. de las propr., fol. 250. 

Dedans avec graisse, dehors avec maigreur. 

ANC. CAT. Grassesa. ESP. Graseza. IT. Grassezza.

5. Grais, s. m., graisse.

De grais de porc ben fondut.

(chap. De greix de gorrino ben fos; sagí, grassa que se fa aná per a fé les ensaginades o ensanginades.)

ensaginada

Deudes de Prades, Auz. cass.

De graisse de porc bien fondue.

Loc. fig. Sel que d' autrui grays s' engrayssa. 

B. Alaman de Narbonne: No puesc. 

Celui qui de la graisse d'autrui s' engraisse. 

CAT. Grex. (chap. greix, grassa, sagí; v. engrassá.)

6. Graissa, s. f., graisse, embonpoint.

Ab graissa d'auca o de galina.

(chap. En grassa de oca o de gallina.) 

Deudes de Prades, Auz. cass. 

Avec graisse d'oie ou de poule.

De que ve la graissa el cors. Liv. de Sydrac, fol. 35. 

De quoi vient la graisse au corps. 

ESP. Grasa. (chap. Grassa, grasses.)

7. Grayshos, adj., graisseux.

Leu crema, cum sia unctuos et grayshos. Eluc. de las propr., fol. 218.

Brûle facilement, comme il soit onctueux et graisseux. 

CAT. Grexos. (chap. Greixós; engrassat, engrassats, engrassada, engrassades.) 

8. Engrayshament, s. m., engrais. 

Cabra... dona... so fems et urina a terra engrayshament.

Eluc. de las propr., fol. 242. 

Chèvre... donne... sa fiente et urine engrais à la terre. 

ANC. CAT. Engressament. IT. Ingrassamento. (chap. Engordimén, engreixamén, engrassamén.)

9. Engraissar, Engruaissar, v., engraisser.

La vianda del cors non deu esser per delechar ni per engraissar, mais per noyrir. V. et Vert., fol. 60. 

La sustentation du corps ne doit pas être pour delecter ni pour engraisser, mais pour nourrir.

Bueus e bocx e cabra autressi 

Engraisson tot auzel mesqui.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Boeuf et bouc et chèvre pareillement engraissent tout oiseau chétif.

Rosiers, per aiga que l' engrueis,

Non a tal briu.

A. Daniel: Sols sui. Var. 

Rosier, pour eau qui l'engraisse, n'a pas telle valeur.

Fig. L' offerenda del just engraissa l'altar.

Trad. de Bède, fol. 69.

L'offrande du juste engraisse l'autel.

De Dieu se noyriss, de Dieu se engrayssa. V. et Vert., fol. 100.

De Dieu se nourrit, de Dieu s'engraisse.

ANC. CAT. Engrassar. ESP. Engrasar. PORT. Engraxar. IT. Ingrassare.

(chap. Engrassá: engrasso, engrasses, engrasse, engrassem o engrassam, engrasséu o engrassáu, engrassen; engrassat, engrassats, engrassada, engrassades.)


Grasal, Grazal, Grazaus, s. m., cratère, vase, jatte.

No remanra a donar aurs ni deniers 

Ni enabs ni grasals ni candeliers.

Roman de Gerard de Rossillon, fol. 74.

Ne restera à donner or ni deniers ni coupe ni vase ni chandelier. 

Saumada de grazals, I grazal.

Cartulaire de Montpellier, fol. 114. 

Charge de vases, un vase. 

En lo bacin, o en grazal. Trad. d'un Évangile apocryphe.

Dans le bassin, ou en jatte.

(Chap. Grial, grials; grela, greles; griala, griales.)

San bassí san bassá ting caguera y no puc cagá

Saint-Gréal, vase fameux dans la chevalerie, et qui a fourni le titre d'un roman.

Que s' esbaic d' esguardar

Tan, que no saup demandar

De que servia

La lansa ni' l grazaus.

Richard de Barbezieux: Atressi cum Persevaus.

Qui s'ébahit à regarder tellement, qu'il ne sut demander de quoi servait la lance et le Saint-Gréal.

ANC. FR. Comme icelle femme eust appareillé un grasal ou jatte plain de prunes... et ledit grasal ou jatte eust mis à son huis.

Lett. de rém. de 1416. Carpentier, t. II, col. 654.

ANC. CAT. Gresal. ANC. ESP. Grial.


Grasula, s. f., fruit de la joubarbe.

De grasula de barbaiol 

Que sobre peiras estar sol.

Deudes de Prades, Auz. cass. 

Du fruit de joubarbe qui a coutume d'être sur les pierres.

joubarbe, grasula, barbaiol, jovibarba, barbe de Jupiter

jueves, 28 de septiembre de 2023

APPENDICE. manuscrits.

Raynouard, choix, poésies, troubadours, kindle

APPENDICE 

Contenant l' Indication des divers ouvrages manuscrits cités dans cette grammaire, et des explications touchant les élisions, apocopes,
aphérèses, contractions, soustractions, etc., et touchant les variantes, les changements et suppressions de lettres, et les mutations de désinences pour la rime.

En attendant que je publie des notices détaillées sur les divers ouvrages écrits en langue romane, soit en prose, soit en vers, et que je paie à plusieurs personnes qui m' ont aidé de leur zèle et de leurs soins, le tribut public de ma reconnaissance, voici l' indication sommaire des manuscrits qui m' ont fourni les nombreux exemples qui autorisent les règles établies dans cette grammaire. Cette indication m' a semblé indispensable; et je la donne dans la première partie de cet appendice.

Je consacre la seconde à expliquer le mode que j' ai adopté pour exprimer à l' œil et à l' esprit des lecteurs, les élisions, apocopes, aphérèses, et quelques-unes des nombreuses contractions et soustractions, qu' offrent ces manuscrits.

J' expose la détermination que j' ai prise, lorsque les textes présentaient des variantes, ou lorsque les divers manuscrits attribuaient les mêmes ouvrages à différents auteurs. Et enfin je parle des changements que les troubadours se permettaient quelquefois pour la facilité de la rime.

Indication des manuscrits romans cités en cette grammaire. 

Serment de 842, dans Nithard, MS. n° 1964, Bibl. du Roi. 

Actes de 960, dans le n° 165, fol., des MSS. de Colbert, Bibliothèque du Roi.

Poëme sur Boece; le manuscrit unique du fragment considérable de ce poëme, très antérieur à l' an 1000, jadis dans la bibliothèque de Fleury-sur-Loire, se trouve actuellement à la bibliothèque publique d' Orléans.

La Nobla Leyçon, et autres poésies en dialecte Vaudois, de l' an 1100. MS. de la bibliothèque de Genève.


Manuscrits des Troubadours.

A la bibliothèque du Roi:

1091, supplément, jadis de Caumont;

2701, jadis de Durfé, (Urfé) et après, de la Vallière;

3204, ancien n°;

3794, ancien n°;

N°s 7225, 7226, 7614, 7698.


Manuscrit de la bibliothèque de M. Mac-Carty à Toulouse, actuellement dans celle de Mr. Richard Heber, à Londres.

Manuscrit de Peyresc; j' en ai une copie moderne.

Manuscrit de Chasteuil Galaup, écriture moderne; ce MS. qui avait appartenu au président de Mazaugues, est actuellement dans la bibliothèque de M. de Fauris de Saint-Vincens, à Aix.


Copies des manuscrits étrangers.

De la bibliothèque Laurenziana à Florence:

Cod. 42, plut. 41; cod. 43, plut. 41; cod. 26, plut. 90.

Les copies m' en ont été délivrées, d' après l' autorisation de S. A. I. le grand duc de Toscane.

De la bibliothèque Riccardiana à Florence:

Cod. 2909.

La copie m' en a été délivrée par le bibliothécaire.

Copies de manuscrits étrangers appartenant à la collection de M. de Sainte-Palaye:

De la même bibliothèque Riccardiana:

Cod. 2901.

De la bibliothèque de Modène:

Le MS. de Modène porte la date de 1254.

De la bibliothèque Ambrosiana de Milan

MS. n° 71. 

A Rome:

MS. de la bibliothèque Chigi, 2348;

MSS. de la bibliothèque du Vatican, 3206, 3207, 3208, 5232; 

MS. de la bibliothèque Barberini, 2777.

J' ai pris connaissance de ces divers manuscrits d' après les copies, les extraits, ou les notes qui se trouvent dans la collection de M. de Sainte-Palaye, déposée à la Bibliothèque de Monsieur, à l' Arsenal.


Manuscrits en langue romane provençale.

A la bibliothèque du Roi:

Roman de Jaufre, fol.

Le même, n° 7988, in-4°.

Roman de Gérard de Roussillon, in-12, fonds de Cangé.

Nouveau Testament, 8086, in-4°.

Philomena, autrefois de Baluze, n° 658, actuellement n° 10307.

Lo libre de vicis e de vertutz,  MS. in-4°, 7693.

La Passio de Jhesu Crist, MS. in-4°, 7693.

La vida de San Alexi, MS. in-4°, 7693.

Etc. etc.

Après avoir indiqué les principales pièces qui m' ont fourni les exemples, je dois expliquer la manière dont j' ai procédé à l' égard des élisions, aphérèses, soustractions, et contractions, etc., qui, pour être comprises, exigeaient d' être représentées de manière que personne ne pût s' y méprendre.

L' élision écrite est l' un des caractères de la langue romane.

Les manuscrits anciens ne marquant jamais l' apostrophe qui indique à nos yeux les apocopes ou les aphérèses, il m' a paru indispensable de présenter le signe qui sert à expliquer ces apocopes ou aphérèses, c'est-à-dire de marquer l' élision.

J' ai exposé dans la grammaire les motifs qui m' ont déterminé à détacher dans l' impression les pronoms affixes.

Je réunirai ici diverses explications que les détails suivants feront comprendre.


Changements de lettres.

Je ne parle ici que des changements faits à la fin du mot.

U pour L: 

Far mi podetz o ben o MAU. (1: Faire me pouvez ou bien ou mal.)

Bernard de Ventadour: Ges de chantar.


Suppression de lettres.

Souvent l' N final ou pénultième fut supprimé.

A pour AN.  Lendema 241. Pla 229. Sobeira 229.

As pour ANS.  Soteiras 201. Vilas 201.

E pour EN. Ve 141. Rete 232. Sove 176.

Es pour ENS. Ples 133. Bes 132. 

I pour IN. Meschi 165.

IS pour INS. Sarrasis 255. Vezis 189.

O pour ON. Ausiro 184. Chanso 156.  Do 179.

OS pour ONS. Bos 149. Capos 259. Chansos 148.

US pour UNS. Us 258.

 

Je ne dis rien de la suppression du T final. Elle ne peut causer aucun embarras.

Quelquefois le mot, dont l' N final a été retranché, fait subir l' aphérèse au mot suivant qui commence par une voyelle:

Qu' aissi m pes qu' o FASSO 'L leial. Pour FASSON IL. (1)

Arnaud de Marueil: Ab pauc ieu.

COL pour COM IL.

IL pluriel masculin:

Aissi COL peis an en l' aigua lor vida. (2)

Arnaud de Marueil: Aissi col.

IL singulier féminin:

Mais de lieis, COL pogues servir,

E far tot quan l' er bon ni 'l platz. (3)

Geoffroi Rudel: Ges en bon vers.

COLS pour COM ELS:

“Contec lor COLS portero a la Grassa”. (4) Philomena, fol. 57.

COS pour COM SE:

“Demandec COS podia esser endevengut.” (5) Philomena, fol. 58.

NON pour NOS EN:

“Al plutost que pusquam lo, NON tornem.” (6) Philomena, fol. 29.

NOS pour NON SE:

NOS partira nulh temps. (7)

Arnaud de Marueil: Dona sel que.  

(1) Qu' ainsi me pèse que cela fassent les loyaux.

(2) Ainsi comme les poissons ont en l' eau leur vie.

(3) Mais d' elle, comment la pusse servir,

Et faire tout quand lui sera bon et lui plaît.

(4) “Conta leur comment les portèrent à la Grasse.”

(5) “Demanda comment se pouvait être devenu.”

(6) “Au plutôt que puissions le, nous en retournions.”

(7) Ne se séparera nul temps.  

   

PEL pour PER EL, PER IL; PELS pour PER ELS:

"PEL castel a recoubrar.” (1)

Acte de 1059. Pr. de l' Hist. du Languedoc, t. II, col. 230.

PEL dous chanz de rossinhol

C' aug chantar la nueg escura,

Per los verdiers e PELS plais. (2)

Pierre d' Auvergne: Bel m' es quan la rosa.

Amors mi destrenh e m greya

PEL genser dona del mon,

E PEL plus plazen qu' ieu veia. (3)

Giraud le Roux: Amors mi.

PELOS pour PER LOS:

Aicel sera fil de Dieu apelatz

C' aura fait al camp lo vensimen;

PELOS clerges er leu coronatz. (4)

Bertrand d' Alamanon: D' un sirventes.

VON pour VOS EN:

“E per aquo no VON devetz meravelar.” (5) Philomena, fol. 58.

“Si mais ne voletz, mais VON trametra.” (6) Philomena, fol. 90.


Lettres ajoutées; changements pour la rime.

Entre deux noms, dont le premier finit et le second commence par une voyelle, souvent le Z se trouve dans les manuscrits, pour avertir que l' élision ne doit pas avoir lieu entre ces deux voyelles: en transcrivant j' ai négligé ce Z.

(1) “Pour le château à recouvrer.”

(2) Pour le doux chant du rossignol

Qu' ouis chanter la nuit obscure

Par les vergers et par les bois.

(3) Amour m' opprime et me sèche

Pour la plus gente dame du monde

Et pour la plus agréable que je voie.

(4) Celui-ci sera fils de Dieu appelé

Qui aura fait au camp la victoire;

Par les clercs sera bientôt couronné.

(5) “Et pour cela ne vous en devez émerveiller.”

(6) “Si plus en voulez, plus vous en transmettra.”


Senher Blacas, aquo lor es granz pros

Qu' a vos parec q' AZ els fos destorbers. (1)

Blacas: En Pelicer.

Qu' eras sai ben AZ escien. (2)

Geoffroi Rudel: Belhs m' es.


Quoique ce ne soit point ici le lieu de parler des licences poétiques, je ne dois pas omettre celles qui tiennent à des changements qui modifient les règles ordinaires et générales de la grammaire.

Le besoin ou le privilége de la rime a fait souvent modifier la finale des mots qui devaient rimer. En voici des exemples:

Dona, pros e valenta,

Genser de las plus GENTA. (3)

Bernard de Ventadour. Quan la doss' aura.

Il eût fallu dire GENTAS, l' S étant la finale caractéristique du pluriel des substantifs et adjectifs féminins en A.

L' odor de l' erba FLORIA,

E 'l dos chan qu' el auzels cria. (4) Bernard de Ventadour: En abril.

FLORIA est pour FLORIDA.

Quelquefois, mais plus rarement, des lettres sont ajoutées.

Si m preges eras la pros comtessa

Silh de Turet qu' es de pretz senhoressa... 

Gardatz se dic ardimen e follor... 

Qu' ieu no volgra que neguna m' AGUESSA

Colgat ab si desotz son cubertor. (5)

Bernard de Ventadour: En amor.

SA n' a été ajouté à AGUES que pour la rime.

(1) Seigneur Blacas, cela leur est grand profit

Qui à vous parut qu' à eux fût malheur.

(2) Qu' ores sais bien à escient...

(3) Dame généreuse et vaillante,

La plus gente des plus gentes.

(4) L' odeur de l' herbe fleurie,

Et le doux chant que l' oiseau crie.

(5) Si me priât ores la généreuse comtesse

Celle de Turet qui est de prix maîtresse...

Regardez si dis hardiesse et folie...

Que je ne voudrais que nulle m' eût

Couché avec soi dessous sa couverture.  


On rencontre d' autres modifications ou changements, mais je ne crois pas nécessaire d' entrer dans de plus grands détails.

Il suffira de se souvenir que les désinences qui servent à la rime sont parfois contraires aux règles générales, et alors l' on entendra le mot, et l' on résoudra la difficulté grammaticale qu' il peut offrir, comme s' il était écrit conformément à la manière ordinaire.

Je terminerai cet appendice par deux observations relatives aux différences qu'on pourra remarquer dans quelques exemples, quand je cite les mêmes plus d' une fois.

Il arrive que les mêmes citations offrent des variantes, ou que je désigne l' auteur tantôt sous un nom, tantôt sous un autre: c'est que j' ai cru pouvoir choisir, selon le besoin, les variantes qui m' offraient des exemples, afin que les personnes qui vérifieraient mes citations sur un seul manuscrit, ne fussent pas étonnées des différences qu' il leur présenterait. Ainsi des manuscrits écrivent VUELH, je veux, et d' autres VUOILL, VUOL, etc.; QUE, que, et d' autres CHE, C'; CUM, comme, et d' autres COM, QUOM, etc. (1) J' ai donc rassemblé des exemples de ces variétés, dans diverses citations du même passage, quand je m' en servais de nouveau. (2)

(1) Dans plusieurs endroits, j' ai indiqué les mutations, transpositions ou suppressions, soit de voyelles, soit de consonnes.

(2) J' en ai averti en quelques occasions qui me paraissaient l' exiger, comme aux pages 276 et 304.

Ayant trouvé assez souvent dans les manuscrits Des pour Dels, et AS pour ALS, articles au pluriel, j' ai cru devoir indiquer Des et AS parmi les articles romans, quoiqu' ils ne soient que des contractions des articles ordinaires.

Il est des pièces attribuées à différents auteurs par les différents manuscrits; lors de l' impression de ces pièces, un avertissement expliquera les raisons qui peuvent faire décider à qui elles appartiennent; mais, en attendant cet examen, j' ai tâché de remédier à l' inconvénient de citer, sous un nom seul, des pièces attribuées à divers auteurs, et j' ai nommé tantôt l' un, tantôt l' autre, quand j' ai eu occasion de citer plusieurs fois la même pièce. Ainsi, la pièce EN AMOR TRUEP est attribuée à Bernard de Ventadour par le MS. no 2701; et à Albert de Sisteron, ou Albertet, par le MS. n° 7226: j' ai cité tantôt Bernard de Ventadour, tantôt Albertet.

Enfin j' ai respecté le texte des manuscrits jusqu' à imprimer des fautes évidentes; ainsi, p. 287, j' ai copié d' après le MS. 3794: 

E se ellas, etc. au lieu de si,

Qu' aurait exigé la règle grammaticale; mais n' ayant trouvé la pièce que dans ce manuscrit qui porte se et non si, je me suis fait un scrupule d' altérer sciemment le texte.

On ne serait pas étonné sans doute si, dans une entreprise littéraire où il m' a fallu presque tout établir, et tout coordonner, depuis les plus hautes règles de la grammaire, jusqu' aux moindres détails qui concernent l' orthographe, il se trouvait quelque erreur, quelque inadvertance, et sur-tout quelque omission. Je regarderais comme un véritable succès, comme un fruit heureux de mon travail, que cet ouvrage même eût enseigné à les reconnaître.

FIN DE l' APPENDICE.


Tome 2 - dissertations troubadours